Cartes de visites collectées une à une, répertoires d'adresses, photos de classe, albums, cartes postales envoyées ou collectionnées selon des principes oubliés...
Avec ce projet, aussi plastique que littéraire, l'artiste propose de faire surgir des histoires possibles - banales ou extraordinaires - d'archives en dormance, révélant ainsi la puissance d'évocation de ce que Maurice Olender appelle le « matériau du rêve ». En intervenant dans la matière même des documents pour composer de nouveaux objets (effets de zoom, recadrages, mise en série...), Valérie Mréjen prête vie et langage à l'archive devenue, dans la continuité de ses derniers travaux, point de départ de narrations inédites.
Les mêmes images, selon qui s'en empare, génèrent des récits radicalement différents. Valérie Mréjen a voulu l'observer en conviant à ses côtés cinq autres auteurs à donner voix à certains documents et à se prêter au jeu d'une réactivation de l'archive par la narration : Tania de Montaigne, Dominique Gilliot, Stéphane Bouquet, Bertrand Schefer et Laurent Mauvignier. Chacun nous montre à sa manière que travailler avec l'archive, c'est d'abord inventer.
Soustraction est le 4e ouvrage de la collection « Le lieu de l'archive ».
À partir des archives de l'IMEC, Gilles A. Tiberghien propose un voyage à travers nos représentations du monde.
Comment se sont-elles construites ? À quelles sources puisent-elles ? Du roman au journal de voyage, de la correspondance d'explorateur au compte rendu scientifique, de Jules Verne à Jean Rouch, de Jules Supervielle à Georges Devereux, le monde s'ouvre, se donne à voir, à comprendre, à méprendre.
Dans cette fabrique de l'imaginaire, les représentations occidentales de l'Afrique, de l'Asie, du Grand Nord s'élaborent dans un moment de conquête coloniale, versant incontournable de l'inconscient collectif. Entre centrement et décentrement, entre stéréotypes et voeux d'objectivité, quelles parts prennent les sentiments d'exotisme et les rêves d'aventure ? Récits de voyage, études de terrain anthropologiques, photographies, l'explorateur prend aussi le visage du rapporteur désireux de rendre compte d'une réalité nouvelle. Les archives racontent ces histoires, disent le monde, le saisissent ou l'inventent, elles nous livrent la trace de pérégrinations entre réel et imaginaire, où il est toujours aussi question de soi et de l'Autre.