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Sciences humaines
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" tout le monde est d'une certaine manière occupé et employé comme travailleur à domicile.
Un travailleur à domicile d'un genre pourtant très particulier. car c'est en consommant la marchandise de masse - c'est-à-dire grâce à ses loisirs - qu'il accomplit sa tâche, qui consiste à se transformer lui-même en homme de masse. alors que le travailleur à domicile classique fabriquait des produits pour s'assurer un minimum de biens de consommation et de loisirs, celui d'aujourd'hui consomme au cours de ses loisirs un maximum de produits pour, ce faisant, collaborer à la production des hommes de masse.
Le processus tourne même résolument au paradoxe puisque le travailleur à domicile, au lieu d'être rémunéré pour sa collaboration, doit au contraire lui-même la payer, c'est-à-dire payer les moyens de production dont l'usage fait de lui un homme de masse (l'appareil et, le cas échéant, dans de nombreux pays, les émissions elles-mêmes). il paie donc pour se vendre. sa propre servitude, celle-là même qu'il contribue à produire, il doit l'acquérir en l'achetant puisqu'elle est, elle aussi, devenue une marchandise.
" " le monde comme fantôme et comme matrice ".
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Le mythe de la machine ; technique et développement humain (1966)
Lewis Mumford
- Encyclopedie Des Nuisances
- 22 November 2019
- 9782910386474
Dans cette magistrale synthèse de l'histoire du développement humain, Lewis Mumford, face à l'énigme de l'asservissement total de l'homme moderne au système technique qu'il s'est créé, est amené à repenser de fond en comble le processus de l'humanisation. Il bat en brèche l'idée d'un homme essentiellement fabricant et utilisateur d'outils et montre que l'intelligence humaine s'est développée, tout autant sinon davantage, grâce à la création de symboles, de rites et d'idées.
Pour Mumford, la nouvelle organisation sociale qui apparaît au quatrième millénaire, fondée sur la royauté de droit divin et sanctifiée par un corps de prêtres professionnels, fut bien plus le produit des mythes et du rituel que le résultat d'innovations techniques majeures. C'est à ce moment que prit corps un archétype de « machine invisible », baptisée « Mégamachine » par l'auteur et dont sont tributaires les grands ouvrages de l'Antiquité.
Depuis lors, sous des formes variables nous la retrouverons à travers l'histoire au fondement de toutes les organisations sociales complexes, sous les triples espèces de la machine travail, de la machine militaire, de la machine bureaucratie.
À travers sa généalogie de la violence mécanique, Mumford nous dévoile cette cruelle vérité que devraient méditer les chantres de la rédemption informatique de l'humanité globalisée : à attendre des remèdes aux méfaits de la technique en recourant à des solutions techniques, on ne fait que précipiter le désastre. Il démonte la façon dont le système technologique détruit l'autonomie individuelle, les bases d'une démocratie authentique et la civilisation elle-même. Ainsi, cinquante ans après sa parution, le livre de Mumford garde son caractère prémonitoire.
Paru en deux tomes aux États-Unis en 1966 et 1970, Le Mythe de la machine, qui clôt le cycle d'ouvrages amorcé avec Technique et civilisation (1934), avait été traduit en français de façon quelque peu indigente et publié chez Fayard en 1974. Espérons que la présente version du premier tome saura mieux que la précédente rendre justice à ce texte prophétique.
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La vie sur terre ; réflexions sur le peu d'avenir que contient le temps où nous sommes ; Tome 1 et Tome 2 ; deux notes additionnelles
Baudouin de Bodinat
- Encyclopedie Des Nuisances
- 16 October 2008
- 9782910386290
Cet ouvrage présente une vision pessimiste du monde actuel, très critique sur le progrès technique, le génie génétique et la pollution, considérés comme ennemis conjoints de l'intelligence, de la culture et de l'humanité dans ce qu'elle a de plus noble : la liberté, et de plus précieux : le temps.
L'essai n'est pas politique au sens où il ne propose pas de remède aux maux du "temps où nous sommes". Baudouin de Bodinat considère, en effet, qu'il n'est plus temps de sauver quoi que ce soit, que nous ne sommes pas dans une période précédant une catastrophe, mais déjà dans le cataclysme lui-même.