Dans cet essai, Eve Tuck et K. Wayne Yang rappellent une chose simple : la décolonisation, c'est la restitution aux autochtones de leurs vies et de leurs terres. Elle n'est pas la métaphore d'autre chose, quand bien même cette autre chose tendrait à améliorer nos sociétés. Les luttes pour la justice sociale, l'élaboration de méthodologies critiques ou le décentrement des perspectives coloniales, si importants soient-ils, ont des objectifs qui ne convergent pas nécessairement avec le processus de décolonisation. La métaphorisation de la décolonisation donne accès à toute une gamme d'évasions, ou manoeuvres de disculpation, qui permet souvent de se réconcilier avec la situation coloniale.
La crise de la société française - et des sociétés occidentales en général - conduit à se poser une question de fond : faut-il envisager la disparition du système démocratique ? Et, par voie de conséquence, quel système serait alors susceptible de le remplacer ?
Cet ouvrage combine l'analyse instantanée et l'étude des processus de longue durée pour envisager la situation de la politique et de l'économie et l'évolution des structures familiales. De ce travail d'investigation se dégagent, entre autres thèmes, le caractère fondamentalement religieux de la crise actuelle (le religieux étant considéré comme structurant la société), le pessimisme culturel ambiant (conséquence de la stagnation éducative), la réapparition d'une stratification de la société (l'ascenseur social cher à la démocratie fait place à l'instauration d'une nouvelle oligarchie), l'impact du libre-échange provoqué par la mondialisation, la possibilité d'une réémergence de la lutte des classes (conséquence de la disparition des classes moyennes).
L'élection de Nicolas Sarkozy semble avoir placé la France en état d'apesanteur : cadeaux fiscaux aux plus riches, socialistes passés à droite, atlantisme, exhibitionnisme présidentiel, désignation de boucs émissaires immigrés ou musulmans, etc.Dénoncer l'action de Nicolas Sarkozy ne suffit pas. C'est en partie grâce à ses défauts qu'il a été élu. Sous la diversité des symptômes, c'est d'une véritable crise de la démocratie qu'il s'agit. Pour la comprendre, il faut identifier, au présent et dans la longue durée de l'histoire, ces fadeurs lourds que sont le vide religieux, la stagnation éducative, la nouvelle stratification sociale, l'impact destructeur du libre-échange, l'appauvrissement des classes moyennes, l'égarement des classes supérieures.
Emmanuel Todd ne ménage personne, dans aucun camp. Son approche permet de comprendre pourquoi la société française hésite entre ethnicisation et retour de la lutte des classes. Elle oblige à se demander si les hommes politiques, incapables de manipuler plus longtemps notre " démocratie d'opinion ", ne vont pas devoir purement et simplement supprimer le suffrage universel. A moins que, cédant à la pression de la société, ils n'acceptent d'envisager une nouvelle politique économique, protectionniste à l'échelle européenne.
Parler des réfugiés sans faire de préconisation politique, d'analyse historique, ou géopolitique. Parler des réfugiés en explorant beaucoup plus radical, la condition humaine. Telle est la force d'Ai Weiwei. Nous donner à sentir l'extranéité à travers sa propre expérience d'exilé. Nous faire entendre que la question de l'exil est avant tout un problème d'être, pas un problème d'avoir, aussi démunis soient les réfugiés. Et le faire entendre avec des mots simples. Au passage, nous trouvons bien des réponses à l'engagement d'Ai Weiwei et aux motivations de sa créativité débordante...
Communiste et révolutionnaire français dont la devise était : "Le devoir d'un révolutionnaire, c'est la lutte toujours, la lutte quand même, la lutte jusqu'à extinction." Il fut fidèle à cette devise. Il fait le coup de feu en juillet 1830, encore en mai 1839, participe à la révolution de février 1848. Il peut entendre les fusillades des journées de juin enfermé dans la forteresse de Vincennes.
Lors de la Commune il est en prison. Il passera d'ailleurs selon les calculs précis d'un biographe trente-trois ans, sept mois et seize jours en prison, sans compter la résidence forcée, la haute surveillance et l'exil. Il y gagnera le surnom de "L'enfermé". En 1868-69 il rédige ces Instructions pour une prise d'armes qui ne seront publiées pour la première fois qu'en 1930. Il s'agit d'un manuel de la barricade, d'un précis, d'un vademecum de l'insurrection. Les villes, et Paris en particulier, sont des champs de bataille.
Ce programme est purement militaire et laisse entièrement de côté la question politique et sociale.
Dans ce livre à la fois historique et politique, Alain Gresh, directeur adjoint du Monde diplomatique et spécialiste du Proche-Orient, prolonge une réflexion de longue date sur les relations israélo-palestiniennes, dans lesquelles chaque nouvel épisode a des retombées internationales. Un livre brillant qui parle de blessures, de mémoires qui s'entrechoquent, de carrefour de civilisations, et qui pourrait modifier radicalement notre façon d'envisager ce conflit.
Pourquoi la Palestine suscite-t-elle de si furieuses polémiques ? Pourquoi ce conflit, autour d'un territoire qui a perdu son importance stratégique et qui ne contient pas une goutte de pétrole, soulève-t-il de si dévastatrices passions ? La Palestine est-elle le nom d'un nouvel antisémitisme qui n'ose dire son nom ?
En réalité, si la Palestine est devenue une cause universelle, c'est d'abord parce qu'elle se situe sur la ligne de faille entre le Nord et le Sud, entre l'Orient et l'Occident, à un moment où l'on assiste à un basculement du monde : l'affirmation de la Chine, de l'Inde, du Brésil, de l'Afrique du Sud marque la fin de deux siècles de domination occidentale et tourne la page de l'entreprise coloniale. Ce bouleversement n'est pas seulement économique, politique ou militaire, il touche aussi à l'histoire et à son interprétation : l'Occident a perdu le monopole du récit et les vaincus d'hier ont pris la plume.
Longtemps, l'histoire de la Palestine s'est limitée à celle, tourmentée, du peuple juif aspirant, après deux mille ans d'exil, à retrouver une patrie. Pour les autochtones, en revanche, elle se résume à une spoliation, spoliation qui perdure et qui rappelle, de l'Asie à l'Amérique latine en passant par l'Afrique, une oppression pas si ancienne.
Ce livre veut remettre la Palestine dans le contexte de cette mutation de la scène internationale. Tout en rappelant le lien entre ce territoire et "la question juive", il cherche à modifier radicalement notre perspective sur le conflit, changement indispensable si l'on veut, demain, aboutir à une solution.
Dans le numéro de mars 1973 de Rosso, le journal du groupe Gramsci de Milan, les ouvriers des ateliers Mirafori (Fiat) à Turin racontent que " tout commence le jour où ils font une assemblée sans les bonzes du syndicat ". Les déflés dans les usines vont bientôt se faire avec de jeunes ouvriers à leur tête, le visage masqué par un foulard rouge, qui punissent les chefs, les gardiens, les jaunes et les indics, cassent les machines, sabotent les produits finis. C'est le début d'une période où le langage, les comportements politiques, les formes de vie même sont bouleversés par le mouvement autonome, du nord au sud de l'Italie. L'Autonomie, écrit Tarì, n'est pas le nom d'une organisation : il désigne un communisme " impur, qui réunit Marx et l'antipsychiatrie, la Commune de Paris et la contre-culture américaine, le dadaïsme et l'insurrectionnalisme, l'opéraïsme et le féminisme ". Et il faudrait toujours se référer aux autonomies, celles des ouvriers, des étudiants, des femmes, des homosexuels, des prisonniers, des enfants, " de quiconque aurait choisi la voie de la lutte contre le travail et contre l'Etat, de la sécession avec le fantasme de la société civile et de la subversion de la vie ensemble avec d'autres. " Si le mouvement finit par succomber sous les forces conjuguées de la machine étatique et du Parti communiste, son histoire est celle d'une aventure révolutionnaire dont l'incandescence est plus que jamais actuelle.
Lors de l'attaque de Naplouse en avril 2002, les soldats israéliens évitaient les rues, les allées et les cours : ils progressaient à travers les maisons, par des trous qu'ils creusaient dans les murs, les planchers, les plafonds. Cette stratégie a été ensuite utilisée par des instituts et des think tanks aux États-Unis : la nouvelle guerre urbaine, mise au point en Israël, devient un sujet d'étude international. Les Israéliens ont construit dans le Néguev une ville entière, où les murs des maisons sont « pré-percés », et qui est louée par toutes les armées qui le souhaitent pour l'entraînement à la nouvelle guerre urbaine. Eyal Weizman explique comment cette nouvelle pensée, mal comprise par les réservistes israéliens, a été l'une des causes de la défaite israélienne au Liban à l'été 2006. Il montre aussi comment cette façon de penser la guerre recouvre en réalité une lutte de pouvoir entre les anciens et les modernes, à l'intérieur même de l'establishment militaire israélien.
Qui n'a jamais eu de tract entre les mains ? Diffi cile d'imaginer que ce modeste bout de papier, tout juste bon à être jeté, fut pendant longtemps une arme capable de provoquer des séismes politiques.
Depuis qu'il existe sous la forme de libelle, de mazarinade ou de pamphlet, son pouvoir de nuisance n'est plus à démontrer.
Si l'affi che couvre les murs, le tract occupe la rue où il circule facilement de main en main. Grâce à son petit format et à son impact visuel, il devient à l'approche du XXe siècle un outil essentiel pour mener des actions politiques et militaires. Information, contre-information, désinformation, guerre psychologique, propagande électorale et manifeste, la bataille du tract se joue sur tous les fronts.
Pourtant, le rôle de cette « littérature de rue » reste encore largement sous-estimé voire méconnu. À travers l'étude de centaines de documents, souvent inédits, Agit-tract nous fait découvrir autrement un siècle de batailles idéologiques.
De l'affaire Dreyfus à Mai 68, en passant par la Grande Guerre, le Front populaire, la Seconde Guerre mondiale, la guerre d'Indochine ou encore celle d'Algérie, le tract fut un moyen de diffuser des vérités souvent crues et affranchies de toute censure.
S'il comble jusque dans les années 1970 les vides d'une information sous contrôle, le tract abreuve aussi d'illustrations une société dans laquelle les images étaient rares. Or, à l'instar de l'affi che, le tract fut un important support de créations graphiques. Pour appâter, convaincre ou informer, les mots ne suffi sent pas, il faut aussi des idées et de bons visuels. Toutes les techniques sont mobilisées pour amadouer l'homme de la rue : bandes dessinées, caricatures, photomontages, illustrations à la plume, au fusain ou à la gouache, rien n'est trop bien pour l'intox, rien n'est trop beau pour triompher.
Il n'est pas difficile de constater, aujourd'hui que nous avons du recul, que Provo fut, avant l'apparition des partis Verts dans le monde, le premier mouvement écolo, et que tous ces partis et mouvements qui lui ont succédé ont été, peu ou prou, inspirés par lui, parfois sans le savoir. Il suffit d'abord de faire une parallèle avec les questions soulevées par les partis écologistes (elles sont les mêmes partout), dans les trois axes de base de l'écologie : environnement, solidarité sociale, citoyenneté/démocratie.
Avi Mograbi est connu en tant que documentariste engagé, du côté de? la?????? gauche??????? isra?él???????ienne, p????our l?? ap??ai?? x???et la fin de l'occupation. Ses films, sélectionnés dans les plus importants festivals internationaux, sont toujours attendus par le public frança??????is.?? Dès?????? son pr????????emier, Comment j'aia?? apprisappr??? à?? ?surur??????????monter ma p?euuru????? et ?? àaaia?????mer AArikr???
Sharon (1997), il s'???????????????????????est efforcé de montrer l?????e con??fl???????????it entre cel??????????ui qui réal???????ise et l?????????????e monde qui s'???????????????????????offre ou qui se refuse à sa caméra ; et comment ce même conflit génère une narration impure, mi-documentaire mi-fictionnelle, apte à saisir l'état effectif du moment présent.
Mon occupation préférée, qui sortira en concomitance avec la rétrospective Avi Mograbi organisée par le Jeu de Paume (14-31 mars 2015), est d'une part l'histoire de ce monde double, fictionnel et documentaire à la fois et, d'autre part, l'histoire d'un homme qui, depuis toujours, s'occupe, avec l'ironie et la pugnacité caracté????????????????????????????????ristiques de son cinéma, à démoli???r le??????????????s raisons de l'l'O????ccupa???????tion. Le?? li????????vre compo????????rte un lo?????????????????ng entretien en cinq parties et sera introduit par un essai de Jean-Pierre Rehm.
L' entretien commence à Venise, en 2008, lors de la présentation de Z32 et se poursuit à Paris, trois ans plus tard. Mograbi prép?????????are un fil?????m insp????ir??é pa???r l'hl'hi??????????????????stoire de sa familllle???. C'C'e????st l'l'o????????????ccasion de pa??rle???????????????????r de son enfance, de son engagement, des premiers films: Dépo?rt?at????ion, La Reconstruction, Sharon. En 2013, Mograbi vient de terminer Dans un jardin je suis entré, son intervieweur et lui en discutent à Tel-Aviv. Le lendemain, le cinéaste conduit son invité à Jérusalem et dans les territoires occupés, la conversation revient sur des films tournés à la veille et au lendemain de la deuxième Intifada : Happy Birthday, Mr. Mograbi, Août, Pour l'un de mes deux yeux. Un an plus tard, en 2014, l'entretien se termine sur le nouveau projet de Mograbi, dans une prison, au milieu du désert...
Troisième ouvrage issu de la collaboration entre Antonio Negri et Michael Hardt, Commonwealth poursuit la critique du triumvirat république, modernité et capital, en affirmant la nécessité d'instituer et de gérer un monde de richesses partagées. Le commun en question est de nature écologique mais aussi biopolitique, puisque ce sont les connaissances, langages, images, codes, affects et réseaux de communication qu'une société produit de manière collective. Face à une république devenue république de la propriété privée - tant au niveau national que global - au fil des constitutions et des grandes révolutions bourgeoises, la multitude doit apprendre à se réapproprier le commun, et devenir par là un projet d'organisation politique.
Pour ce faire la critique ne suffit pas, aussi Negri et Hardt esquissent-ils les ligne de fuite de l'alter-modernité - ces forces de résistance mais aussi de renouvellement. Negri et Hardt confient donc la lutte des classes à l'autonomie croissante du travail biopolitique. Ainsi les aptitudes économiques montrent la voie aux aptitudes politiques de la multitude. Cet ouvrage, et l'étude des manières d'instituer le commun qu'il propose, gagne une nouvelle perspective au vu des événements récents, notamment du printemps des révoltes arabes.
Fin 2015,Pavlenski a mis le feu aux portes de la "Loubianka", le siège historique du KGB, qui abrite désormais son successeur, le FSB, à Moscou. L'activiste s'est filmé devant le bâtiment en flammes, une capuche noire rabattue sur la tête, silencieux, avant de se faire arrêter.
Comme l'analyse Jonathan Jones, le critique Arts du Guardian, en s'attaquant à ce bâtiment historique, Pavlenski dénonce "un symbole vivant de tout ce qui est allé de travers en Russie depuis les années 90." En définitive, si le FSB contient aujourd'ui un musée du KGB, il accueille surtout les services secrets russes, ce qu'il qualifie de "grotesque et honteux" pour un bâtiment ayant "supervisé la souffrance et la mort de millions de personnes sous l'ère soviétique." Conclusion : Pavlenski a bien choisi sa cible. En mettant le feu aux portes de ce palace sinistre, il épingle une continuité historique sinistre."
L'hypothèse de départ de cette étude est qu'Al-Qaida aurait probablement déjà disparu sans l'élaboration d'une stratégie de propagande particulièrement complexe dont la production audiovisuelle est devenue le premier instrument. Cette thèse s'inscrit en partie dans le champ de l'histoire politique car l'analyse de cette production révèle l'historiographie officielle d'Al-Qaida.
Après avoir évoqué les principaux producteurs de la propagande jihadiste puis présenté une première approche de son langage visuel et de ses symboles clés, l'auteur analyse l'évolution du « Grand Récit » jihadiste et de sa production audiovisuelle dans le monde au cours des trois dernières décennies.
De cette analyse découle qu'au-delà de la propagande, la production audiovisuelle d'Al-Qaida vise à détourner la mythologie de l'islam pour en créer une nouvelle dans laquelle l'eschatologie du martyre joue un rôle central en présentant cet acte comme l'unique voie de salut pour les musulmans. Ce détournement permet à Al-Qaida de créer une nouvelle cosmologie dans laquelle Ben Laden a rang de prophète. Ce fait catégorise l'organisation comme une « secte » au sens wébérien du terme.
En conclusion, l'étude montre qu'en dépit de son échec à mobiliser les masses musulmanes, Al-Qaida est néanmoins parvenue à créer des images et des symboles qui sont aujourd'hui reconnus par de nombreux croyants et pourraient inspirer les générations à venir.
Crise de régime, menace climatique, luttes fratricides pour le pouvoir, majorité méprisée et humiliée par des gouvernants eux-mêmes contrôlés par des institutions financières sans visage... Les similitudes entre le monde de Game of Thrones et le nôtre sont nombreuses et troublantes, et expliquent sans doute le succès d'une saga populaire éminemment politique.
Il n'en fallait pas plus pour que Pablo Iglesias réunisse autour de lui universitaires, intellectuels et activistes de Podemos, le parti issu du mouvement des Indignés qui bouscule la politique traditionnelle en Espagne comme en Europe, afin de nous faire part des réflexions que leur a inspiré la série.
Pouvoir, légitimité, raison d'État, identités collectives, hégémonie culturelle, assignations de genre, constructions d'antagonismes : autant de concepts sur lesquels reviennent en détail les auteurs, dans un passionnant ouvrage de politologie collective où les situations et personnages de la série et les grandes théories de Nicolas Machiavel, Thomas Hobbes, Antonio Gramsci, Lénine, Carl Schmitt et Ernesto Laclau s'éclairent réciproquement.
Mais ces réflexions et enseignements resteraient incomplets si ce livre ne revêtait un aspect performatif, en questionnant les stratégies et moyens destinés à passer d'une opposition au système - confortable mais inopérante - à un réinvestissement du politique dans une optique de changement réel, dans un monde où le pouvoir constitue l'enjeu majeur d'un rapport de force permanent.
La revue Hérodote avait choisi, en 2012, de présenter diverses situations européennes pour mieux les comprendre. Devant l'actualité et les enjeux de cette question, cette édition de poche reprend, sous la direction de Béatrice Giblin, de nombreux articles tirés de son numéro 144, qui avait eu un très large écho, articles actualisés, voire totalement refondus afin de tenir compte des évolutions de fond importantes, et nouveaux articles inédits. Une synthèse de référence, au coeur de l'actualité.
L'arbitraire, selon le Robert, est "une autorité qui s'exerce selon le bon vouloir d'une personne ou d'un groupe".
Ce livre s'en prend à cette autorité et à ce bon vouloir sur les terrains où ils s'exercent aujourd'hui avec le plus de dégâts, aux dépens des plus vulnérables : la prison et la police, la garde à vue et l'antiterrorisme, la justice des enfants et l'utilisation policière de la psychiatrie... Magistrats, avocats, juristes, historiens ou psychiatres, les auteurs ne se contentent pas d'un énième état des lieux : tous terminent par des propositions, dont certaines pourraient être mises en application du jour au lendemain et d'autres - comme l'élimination du racisme d'État ou la liberté totale de circuler à travers les frontières - imposeront de grands bouleversements.
Peu importe qu'on crie à l'utopie, à l'irréalisable : il n'est pas question ici de faire consensus mais bien plutôt de provoquer le débat sur ce que nous subissons, en silence le plus souvent.
Une forme cinématographique du politique conforme à ce dont elle prétend traiter, finit par entrer en contradiction avec elle-même et se supprimer comme autonome, trouvant sa vérité dans son autre. Accomplissant l'esprit de la « distanciation » brechtienne, le film sabote la police qui le gouvernait, et le spectateur ne peut plus fuir, se retrancher dans le noir de la salle du cinéma ou la berçante illusion de la séparation. La politisation du film est totale : les contradictions sortent du film pour être du monde et c'est au spectateur seul qu'il incombe maintenant de décider si, oui ou non, il va se faire révolutionnaire.
Plus de vingt ans avant le « printemps arabe », le régime du parti unique s'est subitement effondré en Algérie pour laisser place à un système pluripartisan. Comment cette première expérience démocratique de la région s'est-elle organisée ? Et comment a-t-elle échoué trois ans plus tard ?
L'ouvrage reconstitue ce processus, à partir d'un matériau d'une ampleur inégalée : entretiens avec les responsables des principaux partis politiques (FLN, FIS, RCD, FFS), des ministres, des généraux, des fonctionnaires locaux et départementaux ; décryptage de nombreuses archives originales (du FIS et du ministère de l'Intérieur notamment), de la presse et de textes juridiques. Il retrace la mise en place des nouvelles règles du jeu politique, la sélection des acteurs habilités à participer à la compétition électorale, les apprentissages politiques soutenant la construction d'un système partisan pluraliste, les alternances de confiance et de méfiance.
Tel un laboratoire du changement démocratique, où s'éprouvèrent toutes les conditions nécessaires à ce passage, l'expérience algérienne n'a résulté ni d'un simple basculement, ni d'une évolution linéaire consécutive à une crise de régime. Mais plutôt d'un processus erratique et imprévisible livrant à chaque étape de nouvelles configurations d'acteurs pris collectivement dans une dynamique que personne ne maîtrisait.
Un livre clé pour comprendre la place singulière de l'Algérie ainsi que sa « stabilité » lors des « révolutions arabes ». Une grille d'analyse pour porter un regard plus averti sur les bouleversements actuels du monde arabe.
Depuis le 11 septembre 2001, deux grands récits opposés se sont disputé l'intelligence du monde : la guerre américaine contre la terreur et l'exaltation du martyre par les jihadistes.
En voulant nous sauver du mal - l'un pour parachuter la démocratie au moyen-orient, l'autre pour assurer l'apothéose de l'islamisme radical sur la planète -, ils ont enfanté la barbarie. en restent des images d'abjection et de violence qui peuplent les écrans de télévision et d'ordinateur. mais sur le terrain, ni les néo-conservateurs ni al qa'ida ne l'ont emporté, basculant au contraire dans la déchéance morale.
Et ils ont ouvert la voie à leur ennemi commun de téhéran - ravivant les conflits entre chiites et sunnites, entre persans et arabes, sur les rives pétrolifères d'un golfe désormais hanté par la menace nucléaire. avec les succès remportés par le hezbollah face à israël, la conquête de gaza par le hamas, le fiasco de l'occupation de l'irak, la paix américaine s'est avérée une chimère. comment rompre le cercle vicieux de la terreur et du martyre ? l'europe, pourtant marginalisée depuis le 11 septembre, cible d'attentats islamistes, prise en otage par l'affaire des caricatures du prophète, secouée par les émeutes des banlieues françaises, représente paradoxalement le vecteur de la rencontre concrète entre tous ceux qui partagent la même volonté de relever le défi, de civilisation face à cette barbarie.
En construisant un espace de prospérité qui s'étende jusqu'au golfe à travers la méditerranée, elle établira les contours d'une nouvelle région fournissant le seul cadre adéquat pour la paix - à condition qu'elle fasse preuve de courage politique.
Ce livre retrace l'histoire des régions qui ont été réunies sous le nom de Yougoslavie de 1918 à 1991, et les péripéties du sanglant divorce qui s'en est suivi. La présente édition a été complétée jusqu'aux événements tragiques du Kosovo. Paul Garde, professeur émérite de l'université de Provence, est spécialiste de la linguistique slave. Depuis près d'un demi-siècle, il a parcouru les différentes régions de l'ex-Yougoslavie dont tous les peuples lui sont familiers.
"Le livre de Paul Garde demeure une base irremplaçable pour ceux qui veulent comprendre." Béatrice Toulon, La Croix."Un excellent livre et un livre indépendant où le lecteur trouve tous les repères à la compréhension des événements." Nicola Wafler, Etudes."Le labyrinthe yougoslave déroute. Le fil d'Ariane de paul Garde est d'abord un excellent et lumineux exposé de toutes les données du problème." Jean-Marc Gonin, L'Express."Tout à la fois essai, manuel d'histoire, livre de voyage et analyse des derniers événements, le livre de Paul Garde représente une clé indispensable pour décrypter le déferlement quotidien d'informations contradictoires." Marc Sémo, Libération."Le premier livre sérieux sur la question yougoslave... Le premier à proposer une nouvelle approche sans sentimentalisme sur l'"amitié historique" et sans dogmes idéologiques sur l'"Etat centralisé"." Mirko Galic, Zrcalo nad Hrvatskom (Miroir sur la Croatie)."Le livre de Paul Garde représente une lecture utile... qu'il vaudrait la peine, malgré quelques divergences d'opinion, de proposer en traduction au lecteur yougoslave." Djordje Dimitrijevic, NN (Belgrade).
ÿþGérard Rondeau en a eu le premier l'idée. Un photographe garde toujours dans le ventre de son appareil l'atmosphère d'une cour d'école, un détail caché au cSur des dorures de Palais nationaux, une rosette à la boutonnière.J'avais en mémoire, pour ma part, des histoires crues de combats électoraux, des plaidoiries devant les tribunaux de l'Histoire, les drapeaux rouges de plusieurs révolutions.C'est peu dire qu'il y eu confrontation entre nos deux regards. " La République est une anarchie positive " avait écrit Proudhon. C'est bien le mot. Nous avons agité le tout. Mélangé. Confronté. Entrechoqué la photo et le récit pour construire cette République qui nous agace et nous émeut, ce carcan de notre histoire et cette valeur si fragile qu'elle paraît sans cesse menacée. Ce " machin " dont personne ne veut mais auquel tout le monde tient.Notre République a donc des champs de bataille dans la Somme. Un rideau rouge qui s'ouvre et pffft..., un président apparait. Une flopée de courtisans derrière lui, comme un monarque ! Et puis, des récits tragiques ou amusants. Un député battu qui se suicide. Des rituels plein de superstition au cSur de l'Assemblée nationale. Un écolier nez en l'air et des phrases définitives sur les monuments de pierre.Car les hommes y ont laissé la trace de leurs combats glorieux comme de leurs faiblesses. La République n'est donc pas qu'un grand chant lyrique. Elle est aussi anecdotes et clins d'Sil. Images et mots. Petite histoire et grands tableaux.
Soudain, le peuple tunisien s'est soulevé! Nul n'avait prévu cet événement qui a donné le signal de révoltes populaires et de renversements de régimes tyranniques dans un monde arabe que l'on disait le plus souvent sans aspiration à la liberté. Pourquoi ce peuple, réputé pour sa modération, a-t-il inventé la première révolution du XXIe siècle? Quelles en ont été les causes profondes, au-delà des explications socio-économiques, insuffisantes pour penser ce moment où des femmes et des hommes se sont levés ensemble pour s'émanciper?
Il faut s'interroger sur les dimensions à la fois politique et subjective de ce bouleversement pour pouvoir en rendre compte. C'est cette double approche que privilégie Fethi Benslama, qui a suivi ce processus révolutionnaire avec passion. Pour l'éclairer, il use des ressources de la psychanalyse et de la philosophie.
Auteur prophétique d'une Déclaration d'insoumission publiée en 2006, fort de son engagement de longue date pour la défense de la démocratie et des libertés, il livre aussi dans cet ouvrage le fruit de ses réflexions sur l'état du monde arabe. Il met l'accent sur la mutation inaperçue qui a conduit ses sujets à sortir de la double entrave qu'ils subissaient, entre pouvoirs autoritaires et régimes islamistes, afin de ne plus sacrifier leur désir de liberté à la quête d'identité. De la Tunisie au monde arabe, on n'observe pas seulement un effet mimétique, mais un mouvement de fond qui bouleverse l'histoire de la Méditerranée. Notre histoire.
Voilà qui peut paraître étrange tant les médias nous parlent d'Israël. Mais les raisons du conflit sont-elles claires ?
Israël : terre sans peuple pour un peuple sans terre ? Démocratie en légitime défense ou Etat d'apartheid ? Choc des civilisations, conflit religieux ou enjeu pétrolier ? Pourquoi une solution paraît-elle impossible ?
Michel Collon a interrogé 20 témoins et spécialistes. Israéliens et Arabes, juifs et musulmans, Européens et Américains. Chacun éclaire une question spécifique dans un langage simple et direct.
Pourquoi parler d'Israël ? Pour tenter de mener un débat raisonné. Entre ceux qui crient à l'antisémitisme dès qu'on critique le gouvernement israélien et ceux qui imaginent un grand complot juif.
Comment parler d'Israël ? En laissant de côté les préjugés et en découvrant tous les faits, les pages d'Histoire occultées.
Lever tous les tabous c'est permettre à chacun de se faire son opinion librement. Et de débattre autour de soi. Car ce conflit se joue aussi bien au Moyen-Orient qu'en Europe. C'est de la discussion entre citoyens de tous horizons que surgiront les solutions pour la paix.
Depuis la fin de l´année 2010, la légitimité des pouvoirs en place a été mise à mal dans de nombreux pays arabes. Des manifestations de masse ont cherché, avec plus ou moins de réussite, à défaire la violence d´État devenue, au fil du temps, une procédure naturelle de gouvernement des hommes. Mais ces soulèvements populaires ne doivent pas être interprétés comme des « réveils », des « printemps » ou des « révolutions ».
Éloigné des thèses idéologiques sur la « glaciation islamiste » ou sur les « révolutions arabes » comme nouveaux modèles d´émancipation, cet ouvrage analyse les transformations en cours dans cette région du monde d´abord comme des transgressions symboliques produisant un effet émancipateur, parce qu´elles font croire à l´incroyable et permettent de penser l´impensable.
Quelles sont les conditions qui doivent être réunies pour que ces sociétés, que l´on dit arabes, inventent en chacune d´elle un espace démocratique ? Tel est l´enjeu fondamental des derniers soulèvements. La tâche actuelle est aussi immense qu´urgente, puisqu´il s´agit de comprendre ce qui est arrivé et d´anticiper sur le probable ou l´inévitable.