Dans ses dernières années, le grand écrivain américain James Baldwin a commencé la rédaction d'un livre sur l'Amérique à partir des portraits de ses trois amis assassinés, figures de la lutte pour les droits civiques : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr. Partant de ce livre inachevé, Raoul Peck a reconstitué la pensée de Baldwin en s'aidant des notes prises par l'écrivain, ses discours et ses lettres. Il en a fait un documentaire - salué dans le monde entier, sélectionné aux Oscars et remportant le César 2018 - aujourd'hui devenu un livre, formidable introduction à l'oeuvre de James Baldwin. Un voyage kaléidoscopique qui révèle sa vision tragique, profonde et pleine d'humanité de l'histoire des Noirs aux États-Unis et de l'aveuglement de l'Occident.
Cette histoire des Etats-Unis présente le point de vue de ceux dont les manuels d'histoire parlent habituellement peu. L'auteur confronte avec minutie la version officielle et héroïque (de Christophe Colomb à George Walker Bush) aux témoignages des acteurs les plus modestes. Les Indiens, les esclaves en fuite, les soldats déserteurs, les jeunes ouvrières du textile, les syndicalistes, les GI du Vietnam, les activistes des années 1980-1990, tous, jusqu'aux victimes contemporaines de la politique intérieure et étrangère américaine, viennent ainsi battre en brèche la conception unanimiste de l'histoire officielle.
1685, année terrible, est à la fois marquée par l'adoption du Code Noir, qui établit les fondements juridiques de l'esclavage « à la française », et par la révocation de l'édit de Nantes, qui donne le signal d'une répression féroce contre les protestants. Prendre cette date pour point de départ d'une histoire de la France moderne et contemporaine, c'est vouloir décentrer le regard, choisir de s'intéresser aux vies de femmes et d'hommes « sans nom », aux minorités et aux subalternes, et pas seulement aux puissants et aux vainqueurs.
C'est cette histoire de la France « d'en bas », celle des classes populaires et des opprimé.e.s de tous ordres, que retrace ce livre, l'histoire des multiples vécus d'hommes et de femmes, celle de leurs accommodements au quotidien et, parfois, ouvertes ou cachées, de leurs résistances à l'ordre établi et aux pouvoirs dominants, l'histoire de leurs luttes et de leurs rêves.
Pas plus que l'histoire de France ne remonte à « nos ancêtres les Gaulois », elle ne saurait se réduire à l'« Hexagone ». Les colonisés - des Antilles, de la Guyane et de La Réunion en passant par l'Afrique, la Nouvelle-Calédonie ou l'Indochine - prennent ici toute leur place dans le récit, de même que les migrant.e.s qui, accueilli.e.s « à bras fermés », ont façonné ce pays.
À la fin des années 60, l'Irlande du Nord s'embrase dans un conflit armé qui durera trois décennies. Sorj Chalandon, envoyé spécial pour le quotidien Libération fut un exceptionnel témoin des « Troubles ». Relire ses articles, c'est pénétrer au coeur des événements, percevoir et comprendre l'un des conflits les plus marquants d'Europe.
Long ou court, opaque ou diaphane, masculin ou féminin, porté serré ou flottant au vent, le voile est un objet vestimentaire malléable et familier dont, en terres chrétiennes, toutes les femmes (et occasionnellement quelques hommes) durent longtemps se parer. Pour obéir aux injonctions des Pères de l'Église et dire leur soumission à l'ordre patriarcal, mais aussi pour séduire, se distinguer, devenir adulte, se marier, entrer en religion, pleurer les morts, jouer les élégantes, travailler...
Parce que les voiles occultent et suggèrent la présence de la chair et du cheveu, ils suscitent aussi fantasmes et peurs. Parce qu'ils mettent en cadre nos visages, ils attisent les talents des plus grands artistes et la suspicion des moralistes. Parce qu'ils sont un patrimoine français, enfoui et presque disparu, ils méritent d'être proprement envisagés.
Paris n'est plus ce qu'il était : oui, c'est vrai, et heureusement ! Que ne dirait-on pas s'il était resté comme au temps où Diderot allait chaque soir rêver sur son banc au Palais-Royal ? Paris est un organisme vivant qui change sans cesse depuis lors et même avant, en mal ici, en bien ailleurs. Ce livre est une incitation à ouvrir les yeux, à tendre l'oreille pour percevoir le tumulte de cette capitale indomptable, du périphérique à la place Vendôme, du marché d'Aligre au marché de Belleville, du tabac au zinc, de Balzac à Sartre - Paris, tel qu'en lui-même enfin l'éternité le change.
Martin Luther King, Malcolm X, Rosa Parks. Dans la mémoire collective, ces trois noms résument trop souvent à eux seuls le long combat des Noirs américains pour l'égalité, la justice et la dignité. Au-delà du récit convenu centré sur ces grandes figures héroïques, Black America retrace la lutte des Afro-Américains, depuis l'émancipation des esclaves en 1865 jusqu'à nos jours, en redonnant toute leur place aux acteurs - et aux actrices - anonymes mais essentiels de cette histoire inachevée.
Proposant une analyse globale des mouvements de revendications noirs, l'auteure décrit avec talent la longue sortie de la ségrégation dans l'ancien Sud esclavagiste et les luttes radicales engagées par les Noirs pour y mettre un terme. Mais elle raconte aussi une histoire moins connue : celle de l'« apartheid américain » dans le Nord et l'Ouest et des mobilisations quotidiennes des Afro-Américains pour l'amélioration de leurs conditions de vie.
Alors que l'élection de Barack Obama en 2008 à la Maison-Blanche semblait annoncer l'avènement d'une Amérique post-raciale, le mouvement Black Lives Matter, né en réaction aux violences policières dont les Noirs sont victimes, rappelle que le problème des discriminations et des inégalités raciales reste entier.
Grâce à des recherches originales dans les archives, à une analyse minutieuse de la presse afro-américaine et à un suivi précis des recherches les plus récentes sur ces sujets, l'auteure offre avec Black America une grande fresque appelée à devenir une référence incontournable sur cette question essentielle de l'histoire des États-Unis.
Les textes d'Archéologie des trous se déroulent dans une Afrique du Sud oscillant entre fantastique et réalisme cru. Une narratrice aux yeux perçants et médusés ausculte les trous, qui sont partout : dans les corps, les désirs, la terre saccagée, les vies et les mémoires effacées, les amours et les massacres oubliés.
Dans cette fresque hallucinée, on pourra tout aussi bien autopsier son propre cadavre, vivre à l'intérieur d'une vache, fomenter une révolte de travailleurs migrants, découvrir un empire déchu au fond d'un terrain vague, se livrer au trafic de poux, explorer un trou noir en creusant dans son jardin, ou être présent le jour où les Blancs sont repartis par la mer.
Cette biographie passionnante nous plonge au coeur de l'effervescence révolutionnaire mondiale des luttes anticoloniales. Dans ces mémoires, Elaine Mokhtefi fait de l'internationalisation des luttes son grand combat.
Militante dès son plus jeune âge au sein du Mouvement des jeunes pour la paix et la justice dans le monde, Elaine Mokhtefi quitte New-York pour l'Europe en 1951.
Elle restitue une fresque du Paris d'après-guerre, encore traumatisée par l'occupation. Elle s'immisce alors dans le milieu étudiant, de la Sorbonne aux Beaux-Arts, avant d'épouser la cause de l'indépendance algérienne.
À partir de 1959, elle décide de se dédier pleinement à cette tâche au sein l'Office algérien de New York - un petit groupe de travail qui s'évertue avec succès à faire une place au FLN au sein des Nations Unies Débarquée à Alger en octobre 1962, Elaine Mokhtefi la qualifie de « capitale du Tiers-Monde ». Elle est notamment en charge du premier Festival panafricain en 1969 ainsi que de l'accueil de nombre mouvements de libération : Angola, Mozambique, Afrique du Sud...
La section internationale du Black Panther y trouve également refuge avec l'arrivée clandestine d'Eldrige Cleaver. Elaine Mokhtefi nous raconte au plus près leur relation militante, son travail d'interprète, de compagnonne de route.
Plus de soixante-dix ans après le soulèvement militaire contre la république qui marqua le début de la guerre d'espagne,antony beevor réussit un véritable tour de force en nous proposant,sur ce sujet encore brûlant, un livre capital.
La terreur rouge, la terreur blanche,les règlements de comptes dans chaque camp, les interventions étrangères, intéressées (les soviétiques et les nazis) et désintéressées (les brigades internationales) sont racontés ici avec rigueur et objectivité, à la lumière, notamment, d'archives soviétiques et allemandes récemment et brièvement rendues accessibles, et qu'a consultées l'auteur à moscou.
Ce livre fondamental éclaire bien des zones d'ombre d'une guerre particulièrement cruelle qui devait sonner le glas des espérances et montrer le vrai visage des totalitarismes prêts à se déchaîner en europe.
La décolonisation africaine n'aura-t-elle été qu'un accident bruyant, un craquement à la surface, le signe d'un futur appelé à se fourvoyer ? Dans cet essai critique, Achille Mbembe montre que, au-delà des crises et de la destruction qui ont souvent frappé le continent depuis les indépendances, de nouvelles sociétés sont en train de naître, réalisant leur synthèse sur le mode du réassemblage, de la redistribution des différences entre soi et les autres et de la circulation des hommes et des cultures. Cet univers créole, dont la trame complexe et mobile glisse sans cesse d'une forme à une autre, constitue le soubassement d'une modernité que l'auteur qualifie d'« afropolitaine ».
Ce livre raconte l'itinéraire d'un homme et l'histoire d'une maison d'édition. La maison, c'est Panthéon Books, fondée en 1941 à New York par des émigrés (dont Jacques Schiffrin, le fondateur de La Pléiade). L'homme, c'est André Schiffrin, qui va faire de Panthéon l'une des plus prestigieuses maisons d'édition américaines, publiant entre autres Foucault, Sartre, Chomsky, Medvedev... Comment il résiste quand Panthéon est racheté par Random House, comment il démissionne avec toute son équipe quand à son tour Random House est rachetée par le tycoon Newhouse, comment il parvient à faire prospérer The New Press, une nouvelle maison à but non lucratif, telle est sa passionnante aventure. A l'heure de la concentration massive de l'édition mondiale (en particulier en France où deux grands groupes publient les deux tiers des livres), L'édition sans éditeurs est un ouvrage révélateur et salutaire, indispensable pour ceux qui considèrent le livre comme autre chose qu'un " produit " et souhaitent le maintien d'une édition et d'une librairie indépendantes.
Vingt-huit ans après sa parution, cet ouvrage reste une référence. Livre pionnier, il a fait date en démontant le schéma mythique et apologétique du « roman national » fabriqué pour l'école de la III e République.
À l'heure où certains inventent une France aux racines exclusivement chrétiennes et gauloises, où la campagne électorale place la question de l'identité nationale au coeur des débats, la réédition de ce livre pionnier de l'historienne Suzanne Citron, qui critique la construction du mythe national français, semble indispensable.
Revisitant d'anciens manuels scolaires, Suzanne Citron montre la volonté de leurs auteurs de présenter l' histoire de France comme un récit continu et linéaire, occultant victimes et vaincus, exaltant pouvoir et conquêtes, et donnant aux écoliers une représentation magnifiée de leur pays.
Elle s'attache à repérer les diverses strates historiographiques qui ont notamment abouti à l' histoire républicaine nationaliste d'avant 1914. Or ce récit d'une France pré-incarnée dans la Gaule n'est-elle pas encore présente dans les programmes et les manuels élémentaires actuels ? Par ailleurs, les avancées de la recherche des trois dernières décennies sur l' histoire de Vichy, sur celle de la colonisation, de l'immigration, de la guerre d'Algérie ont-elles suffi à réviser la logique historiographique héritée du XIX e siècle, ou n'en ont-elles égratigné que quelques pans ? En s'appuyant sur la rigueur du travail historique, Suzanne Citron s'attache à revisiter le passé pour donner sens à une France aux multiples racines, morceau de la planète et segment de l' histoire humaine.
Vendu à plus de 5000 exemplaires, actualisé lors de la précédente édition en 2008, l'ouvrage présent propose une nouvelle préface qui montre que la question du mythe national est plus que jamais d'actualité.
« À treize ans, je perds toute ma famille en quelques semaines. Mon grand frère, parti seul à pied vers notre maison de Phnom Penh. Mon beau-frère médecin, exécuté au bord de la route. Mon père, qui décide de ne plus s'alimenter. Ma mère, qui s'allonge à l'hôpital de Mong, dans le lit où vient de mourir une de ses filles. Mes nièces et neveux. Tous emportés par la cruauté et la folie khmères rouges. J'étais sans famille. J'étais sans nom. J'étais sans visage. Ainsi je suis resté vivant, car je n'étais plus rien. » Trente ans après, l'enfant, devenu cinéaste, décide de questionner un des responsables de ce génocide : Duch, qui n'est ni un homme banal ni un démon, mais un organisateur éduqué, un bourreau qui parle, oublie, ment, explique, travaille à sa légende.
L'Élimination est le récit de cette confrontation hors du commun. Il a été traduit dans de nombreux pays.
Prix Joseph Kessel, Prix Aujourd'hui, Prix essai France Télévisions, Grand prix des lectrices de ELLE, Grand prix SGDL de l'essai.
Tabac, coca, quinquina, cacao, gaïac, peyotl, poisons, abortifs... De 1492 au milieu du xviiie siècle, les Européens s'approprient en Amérique d'innombrables plantes médicinales. Au moyen d'expéditions scientifiques et d'interrogatoires, ils collectent le savoir des Indiens ou des esclaves pour marchander des drogues, et élaborent avec elles les premières politiques de santé. Dans le même temps, inquisiteurs et missionnaires interdisent l'usage rituel de certaines plantes et se confrontent aux résistances des guérisseurs. Botanique, fraudes et sorcellerie : entre les forêts américaines et les cours du Vieux Monde, ce livre raconte l'expansion européenne comme une colonisation du savoir.
Voici enfin publié pour la première fois, plus de soixante-quinze ans après sa rédaction, un reportage signé James Agee que l'on croyait à tout jamais perdu, une enquête sur le métayage du coton dans l'Alabama qui devait donner lieu, plusieurs années plus tard, au célèbre ouvrage Louons maintenant les grands hommes (1941).
En 1936, le magazine Fortune, pour lequel Agee travaille, décide de l'envoyer dans l'Alabama afin de décrire les conditions de vie de trois familles de métayers du coton. Agee insiste pour que le photographe Walker Evans l'accompagne et c'est ainsi que les deux hommes vivront plusieurs semaines durant avec les Burroughs, les Tingle et les Fields. Tandis qu'Evans réalise certains de ses clichés les plus célèbres, Agee décrit minutieusement les existences de ces hommes, femmes et enfants, afin que nous en comprenions parfaitement chacun des aspects, qu'il s'agisse du travail, de la nourriture, des maisons, des vêtements, de la santé, de l'éducation ou des loisirs.
Profondément bouleversé et indigné par les conditions de vie ces trois familles de métayers, Agee a produit un compte rendu journalistique qui émeut par sa beauté et sa virulence, une charge contre le capitalisme qui explique, à n'en pas douter, pourquoi Fortune rejeta l'article et qui demeure, de nombreuses décennies plus tard, d'une féroce actualité.
Lire Saint-Just ?
La cause semble, depuis quelques années, a priori entendue : ombre portée de Robespierre, Saint-Just est l'homme de la Terreur et de la Révolution glacée.
Pourtant, qui prendra le temps de lire cette édition inédite des oeuvres complètes découvrira autre chose que l'actuel discours commun.
Saint-Just fut un théoricien de la souveraineté du peuple, persuadé que l'état de nature, dans lequel se trouvent les hommes avant l'institution du gouvernement civil, est immédiatement social. Leur malheur provient des régimes politiques et de l'asservissante domination du pouvoir.
Comment expliquer, dès lors, que Saint-Just passe pour l'homme de la contrainte et de l'accusation politique ? Voulant forcer, par le double jeu de la crainte pour les ennemis et de l'espoir pour le peuple, les Français à être libres, Saint-Just entendait les arracher à l'altération imposée par des siècles de gouvernement monarchique. Devenus majeurs, ils vivraient désormais debout. Toute l'aporie de la Révolution tient dans ce grand dessein. Ces textes permettent de le repenser à nouveaux frais.
Les structures élémentaires de la parenté, thèse d'État soutenue à la Sor- bonne par Lévi-Strauss en 1948 et publiée l'année suivante, renouvelle la perception des systèmes de parenté et d'union, de la place de la famille, de la prohibition de l'inceste et des échanges entre groupes sociaux. Texte majeur, précurseur du structuralisme français et également controversé, cet ouvrage constitue le premier résultat des longues recherches de Lévi- Strauss qui l'ont aussi conduit vers l'analyse des systèmes de classification du langage et de la mythologie.
L'idée centrale des Structures élémentaires de la parenté tient en quelques phrases.
L'échange matrimonial, par le lien qu'il instaure et par le renoncement qu'il impose, se trouve au fondement de toute société humaine. Il signale le passage de la nature à la culture ; il est inhérent à l'ordre social. L'ouvrage s'inspire des travaux de l'anthro pologie anglosaxonne et de certains écrits de l'école de L'Année sociologique. Au fil des pages, le lecteur passe des affiliations totémiques des Aborigènes d'Australie à l'étiquette du deuil dans la Chine ancienne, de l'ethnographie des tribus des hautes terres de Birmanie à la féodalité en Europe médiévale ou encore à l'Inde des brahmanes, de la psychologie de l'enfant à la théorie mathématique des groupes.
" Les aventures qui figurent dans ce livre ont été écrites comme une histoire de Paris racontée par de nombreuses voix différentes.
Elles débutent à l'aube de la Révolution française et s'achèvent à l'époque actuelle, s'autorisant parfois quelques incursions dans le passé médiéval et préhistorique. Par cette entreprise, je me proposais de composer une mini Comédie humaine de Paris, dans laquelle l'histoire de la ville serait éclairée par l'expérience vécue de ses habitants. Rien n'a été artificiellement ajouté et personne - mis à part le baron Haussmann, Adolf Hitler et quelques présidents de la République - ne disserte sur l'évolution du système d'égouts ou du réseau de transports ".
Au lecteur, amoureux de Paris ou curieux d'Histoire, de se délecter de ce merveilleux livre, pour y rencontrer une foule de personnages inconnus ou illustres : le tout jeune lieutenant Buonaparte, en goguette au Palais-Royal ; l'architecte Guillaumot, l'homme qui sauva Paris, dont aucune rue de la capitale ne porte le nom aujourd'hui ; Marie-Antoinette, reine en détresse, perdue un certain jour de 1791 aux abords du palais des Tuileries ; le grand Vidocq, qui pouvait se changer à volonté en hotte de foin ; mais aussi Proust, Charles de Gaulle, Juliette Gréco, et tant d'autres.
Une douzaine de tableaux à peine peuvent être attribués à léonard avec quelque certitude ou quelque vraisemblance ; et si l'on se référait au témoignage de ses contemporains, ce nombre se trouverait tout juste doublé ou triplé.
L'emploi de son temps demeurerait donc une énigme, n'était l'existence des carnets. ceux-ci, en effet, comptent plus de cinq mille pages dont j'ai cherché à répartir le contenu sous quarante rubriques. je sais ce que mon classement a forcément de sommaire et d'incomplet, étant donné la variété infinie de la matière. car de cet homme qui exécuta quelques oeuvres d'art avec la plus divine perfection, on peut dire que toutes les branches du savoir lui furent familières et que ses travaux ont résumé tous les aspects d'une époque.
Pour qui les a étudiés, ces manuscrits, produits de milliers d'heures d'activité cérébrale, attestent le travail de la plus puissante machine intellectuelle que fut jamais cerveau humain. nous sommes en présence d'ébauches d'un plan immense, approfondi, médité, mais jamais réalisé, et dont les traités - somme de recherches anatomiques, physiologiques et géologiques - ne forment qu'une partie, l'esquisse d'une vaste encyclopédie de la connaissance humaine.
(e. maccurdy)
Alors que l'europe se débattait dans un moyen age de conflits et de blocages, le monde arabe était le théâtre d'une admirable civilisation fondée sur les échanges économiques, intellectuels et spirituels.
Dans toutes les disciplines - mathématiques, astronomie, médecine, architecture, musique et poésie -, les arabes multiplièrent les plus prodigieuses réalisations.
Venant d'italie, de sicile, d'espagne et autres territoires soumis à la domination ou à l'influence arabe, passant par l'entremise de grands princes, comme frédéric ii de hohenstaufen ou par le canal de nombreux voyageurs (négociants, pèlerins, croisés, étudiants), les réalisations de cette prestigieuse civilisation ont peu à peu gagné l'europe oú elles jouèrent un rôle déterminant dans l'éclosion de la civilisation occidentale.
Sigrid hunke brosse un tableau saisissant de cette rencontre entre l'orient et l'occident. l'influence décisive de la civilisation arabe sur celle de l'europe - influence trop souvent passée sous silence, sinon ouvertement contestée - est enfin mise en pleine lumière.
Publié pour la première fois en 1974, working [le boulot] est sans doute l'un des livres les plus connus de studs terkel.
Composé de près de soixante-dix entretiens, il donne notamment la parole à un comédien, une réceptionniste, un éboueur, un releveur de compteurs à gaz, un critique de cinéma, un joueur de base-ball, un directeur de société, un fossoyeur, un prêtre, un professeur, un policier, un accordeur de pianos, une prostituée, un bibliothécaire, une enseignante, une garde-malade, un propriétaire de station-service, un courtier, un musicien de jazz, un grutier et le président d'une chaîne de radio.
Tous parlent de leur expérience du travail, des sentiments qu'il leur inspire, avec la liberté, la verve et l'intelligence, mais aussi la lucidité, l'humour ou encore la gravité que studs terkel partage avec les personnes qu'il interviewe. working est ainsi un témoignage d'une qualité exceptionnelle sur l'histoire sociale des etats-unis et sur la réalité et les transformations du travail dans le monde contemporain.
Sauvegarder la grandeur de la France tout en faisant le bonheur des Français: le défi qu'eut à relever en 1715 Philippe d'Orléans, neveu de Louis XIV, était redoutable. Il s'en acquitta avec un sérieux et un succès que l'on a longtemps niés, oubliés ou dénigrés. Si nul aujourd'hui ne s'avise plus d'en faire un ambitieux ayant empoisonné une partie de la descendance du Grand Roi pour s'emparer du pouvoir, on le voit encore volontiers sous les traits d'un libertin veule, blasé de lui-même et de son rang, se désintéressant de l'Etat, bref comme ordonnateur des plaisirs d'une société raffinée mais corrompue, alors que se multipliaient les signes avant-coureurs de la Révolution.
Ce cliché reste bien léger. Comment ne pas voir que le Régent, personnalité complexe et insaisissable, fut un prince à l'intelligence lumineuse, aux dons aussi surprenants que multiples, curieux de tout, et aussi un travailleur acharné, un soldat brillant en même temps qu'un politique d'une habileté extrême
Comment traiter d'un pays qui n'aurait jamais existe ou d'un Etat qui n'existe pas encore ? Telle pourrait être l'équation en apparence impossible posée par ce Dictionnaire amoureux de la Palestine. Sans faire l'impasse sur les grandes interrogations liées à un conflit emblématique, véritable " caisse de résonance " des passions et des délires du monde. l'auteur entend ramener le pays et son peuple à leur réalité, leur banalité quotidienne, à l'ambition profonde d'être enfin un pays comme les autres. Fort de son vécu, mais sans renoncer à l'analyse, il fait le choix ici d'aborder une autre Palestine, plus réelle, une Palestine intime, subjective, née de la profonde relation entre une terre natale et un enfant réfugié en 1948 qui. malgré ou grâce à l'exil, découvrira le monde et se transformera sans jamais se renier.