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Poésie
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Présages d'innocence est le premier recueil de poèmes de Patti Smith depuis plus de dix ans.
Il constitue un accomplissement majeur de la part d'une artiste qui a transcrit sa vision du monde dans des hymnes puissants, des ballades et des paroles de chansons. Elle s'inscrit ainsi dans la grande tradition des troubadours, des artisans et des artistes qui font écho au monde qui les entoure par une voix unique et incantatoire. Ses influences sont aussi éclectiques que saisissantes : Blake, Rimbaud, Picasso, Arbus et John Appleseed.
Et ses poèmes sonnent comme des oracles des temps modernes.
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L'école des lettres : les fleurs du mal
Charles Baudelaire
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 15 January 2005
- 9782070307661
«Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'inconnu, pour trouver du nouveau !» Ces vers du «Voyage» éclairent à eux seuls l'entreprise du poète. Esprit vagabond, toujours mobile, Baudelaire explore les dédales de la conscience. Il atteint tantôt à l'extase, tantôt se perd dans les abîmes du péché. À travers ses poèmes, il nous fait partager le drame qui se joue en lui et qui n'est autre que la tragédie humaine. Baudelaire, premier poète moderne, donne à la poésie sa véritable dimension : exprimer, par-delà les mots, ce vertige absolu qui s'empare de l'âme. Tout chez lui, en lui affirme la nécessité de la souffrance, la fatalité du péché. Tout traduit en lui une âme profondément troublée mais charitable. Baudelaire fait des Fleurs du Mal un immense poème de la vie et du monde.
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Poésies, une saison en enfer, illuminations
Arthur Rimbaud
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 7 March 1973
- 9782070319558
Le désordre somptueux d'une passion exotique, éclat d'un météore, selon Mallarmé ; un ange en exil aux yeux d'un bleu pâle inquiétant, pour Verlaine. Un «éveil génial», et c'est Le Bateau ivre, une «puberté perverse et superbe», puis un jeune homme brièvement «ravagé par la littérature», le maître d'une «expression intense» aux sujets inouïs - tout cela dans un mince volume, dû au poète touché, puis déserté, par le génie, «aventure unique dans l'histoire de l'art».
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Le parti pris des choses ; proêmes ; douze petits écrits
Francis Ponge
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 15 February 1967
- 9782070302239
L'huître L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir:il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles:c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos. À l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger:sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en-dessus s'affaissent sur les cieux d'en-dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords. Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner.
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Cortège [...] Un jour Un jour je m'attendais moi-même Je me disais Guillaume il est temps que tu viennes Pour que je sache enfin celui-là que je suis Moi qui connais les autres Je les connais par les cinq sens et quelques autres Il me suffit de voir leurs pieds pour pouvoir refaire ces gens à milliers De voir leurs pieds paniques un seul de leurs cheveux Ou leur langue quand il me plaît de faire le médecin Ou leurs enfants quand il me plaît de faire le prophète Les vaisseaux des armateurs la plume de mes confrères La monnaie des aveugles les mains des muets Ou bien encore à cause du vocabulaire et non de l'écriture Une lettre écrite par ceux qui ont plus de vingt ans Il me suffit de sentir l'odeur de leurs églises L'odeur des fleuves dans leurs villes Le parfum des fleurs dans les jardins publics O Corneille Agrippa l'odeur d'un petit chien m'eût suffi Pour décrire exactement tes concitoyens de Cologne Leurs rois-mages et la ribambelle ursuline Qui t'inspirait l'erreur touchant toutes les femmes Il me suffit de goûter la saveur du laurier qu'on cultive pour que j'aime ou que je bafoue Et de toucher les vêtements Pour ne pas douter si l'on est frileux ou non O gens que je connais Il me suffit d'entendre le bruit de leurs pas Pour pouvoir indiquer à jamais la direction qu'ils ont prise Il me suffit de tous ceux-là pour me croire le droit De ressusciter les autres Un jour je m'attendais moi-même Je me disais Guillaume il est temps que tu viennes [...]
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«Les Lettres à un jeune poète sont tout autant des lettres écrites par un jeune poète - Rilke a vingt-sept ans lorsqu'il répond pour la première fois, trente-deux ans lorsqu'il écrit la dernière lettre publiée - à un jeune homme dont la figure précise reste dans l'ombre de sorte qu'il devient, pour ainsi dire, l'éponyme, moins d'un âge, que d'une période de la vie, définie par un type de dilemmes. La force de ces lettres et leur très vaste lectorat tient d'abord à ceci que ce qu'on lit dans les réponses de Rilke prend un tour quasi universel en même temps qu'il y a suffisamment d'indications particulières pour ancrer la personne de Franz Kappus dans une réalité individuelle. C'est que ce dernier traverse ce moment inévitable, mais irréductiblement singulier dans l'expérience, au cours duquel chacun s'efforce de passer vers le monde adulte et de parvenir à être enfin vraiment soi-même:Ne vous laissez pas troubler dans votre solitude par le fait que quelque chose en vous cherche à s'en évader. C'est précisément ce désir qui, pourvu que vous en tiriez parti calmement, à la façon d'un outil, et sans vous laisser dominer par lui, peut vous aider à étendre votre solitude à de vastes domaines [...]. Mais l'apprentissage est toujours une période longue et close... Par la suite, Kappus a voulu, avec beaucoup de justesse et d'exactitude dans la reconnaissance, rendre hommage à celui qui, à ce moment-là, lui a permis d'accomplir ce passage.» Marc B. de Launay.
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Fêtes galantes / romances sans paroles / poèmes saturniens
Paul Verlaine
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 17 May 1973
- 9782070320530
«Toute voix neuve éclate dans un temps gouverné par des modes de penser et de sentir, par des habitudes, par des formes elles-mêmes tyrannisées par une idéologie, et elle est condamnée à être en effet inouïe : dans ce sens, il est significatif, non pas peut-être que tous les grands recueils de Verlaine, y compris, en 1885, Jadis et Naguère, aient été publiés à compte d'auteur, mais que tous, malgré quelques articles, et les plus amicaux ne sont pas les moins aveugles, soient passés, sans exception, inaperçus : artistes, critiques, juges attitrés, tous adonnés aux jeux anciens ; la modernité, c'est du côté du Parnasse qu'elle se cherche, ou dans le réalisme de Coppée, de Mérat (auquel il est vrai que Verlaine se montrera lui-même très attentif, mais c'est pour aussitôt, dans les Paysages belges, dans les pièces des Fêtes galantes où se laissent reconnaître ses motifs, l'entraîner dans une autre aventure) : qui eût pu, dans cette voix en allée, secrète et vertigineuse, la reconnaître, et avec elle, imperceptiblement et pour jamais, c'étaient les formes mêmes qui bougeaient. Si, Mallarmé, reconnaissant dès les Poèmes saturniens l'effort conscient de Verlaine vers la sensation rendue (et c'est déjà, par places, cette traduction immédiate du senti qu'exigera un jour Rimbaud), le rejet des favorites usées, la naissance d'un métal vierge et neuf ; Rimbaud, lecteur, dès leur parution, des Fêtes galantes et, dans la lettre fameuse à Paul Demeny du 15 mai 1871, tenant Verlaine, avec Baudelaire, pour un vrai poète, pour un voyant. C'est-à-dire, essentiellement, le texte est là (Les inventions d'inconnu réclament des formes nouvelles), pour ce créateur d'une autre langue poétique, que Baudelaire, à ses yeux, n'a pas été (la forme si vantée en lui est mesquine) et que Verlaine lui-même, un jour, très tôt, ne saura plus ou n'osera plus être.» Jacques Borel.
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Les contemplations
Victor Hugo
- Le Livre de Poche
- Les Classiques D'aujourd'hui
- 28 November 1972
- 9782253014997
Les Contemplations, que Hugo fait paraître en 1856, sont à un double titre marquées par la distance et la séparation : parce quele proscrit qui, dans Châtiments, vient defustiger Napoléon III, est en exil à Guernesey ;mais aussi parce que le recueil, en son centre, porte la brisure du deuil, et ses deux parties - « Autrefois », «Aujourd'hui» -sont séparées par la césure tragique de l'année 1843 où Léopoldine, la fille de Hugo, disparut noyée. La parole poétique prend naissance dans la mort, et « ce livre », nous dit l'écrivain, « doit être lu comme on lirait le livre d'un mort ».
Mais Les Contemplations construisent aussi une destinée. Il se peut qu'elle emprunte à la biographie de l'écrivain ; on se tromperait pourtant à la confondre avec la sienne. Car si le lyrisme de Hugo touche à l'universel, c'est que le poète précisément dépouille ici l'écorce individuelle pour atteindre à l'intime : le sien propre et celui du lecteur qui saura ainsi se retrouver dans le miroir que lui tendent ces Mémoires d'une âme. -
«Dans une lettre adressée à André Billy pour le remercier d'un compte rendu, Apollinaire déclarait : Quant aux Calligrammes, ils sont une idéalisation de la poésie vers-libriste et une précision typographique à l'époque où la typographie termine brillamment sa carrière, à l'aurore des moyens nouveaux de reproduction que sont le cinéma et le phonographe. Certes la carrière de la typographie, en donnant à ce mot son acception la plus large et en y intégrant tous les perfectionnements récents qu'Apollinaire ne connaissait pas : linotype, lumitype, etc., est bien loin d'être terminée, pourtant, près de cinquante ans plus tard (quand on lit ces textes si frais, on a peine à croire qu'ils ont été composés il y a déjà si longtemps), sa vision nous apparaît comme prophétique. [...] L'intérêt que, dès sa jeunesse, Apollinaire avait marqué pour les caractères cunéiformes et chinois, la sensibilité qu'il avait pour les vieux beaux livres du Moyen Âge ou de la Renaissance, lui ont permis de sentir d'emblée ce qu'il y avait de décisif dans l'introduction flagrante de lettres et de mots dans leurs tableaux par les cubistes, et à l'interpréter dans le contexte de cette révolution culturelle en train de s'esquisser. Le recueil projeté d'idéogrammes lyriques mis en souscription en 1914 et qui devait comprendre tous les calligrammes figuratifs de la première section de notre recueil Ondes (terme que la Lettre-Océan nous oblige à interpréter comme désignant avant tout les ondes de la radio), était, comme en témoigne son titre Et moi aussi je suis peintre, une réponse poétique à la prise de possession de la lettre et du mot par la peinture cubiste, mais dès le Bestiaire ou Cortège d'Orphée de 1911 on voit posé de la façon la plus franche le problème du rapport entre le poème, son illustration et la page.» Michel Butor.
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Haïku ; anthologie du poème court japonais
Collectif
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 13 November 2002
- 9782070413065
Né il y a trois siècles au Japon, le haiku est la forme poétique la plus courte du monde. Art de l'ellipse et de la suggestion, poème de l'instant révélé, il cherche à éveiller en nous une conscience de la vie comme miracle. De Bashô jusqu'aux poètes contemporains, en passant par Buson, Issa, Shiki et bien d'autres, Haiku est la première anthologie à présenter un panorama complet de ce genre littéraire, en lequel on a pu voir le plus parfait accomplissement de l'esthétique japonaise. «Pourquoi aimons-nous le haiku ?» interrogent les préfaciers de ce livre. «Sans doute pour l'acquiescement qu'il suscite en nous, entre émerveillement et mystère. Le temps d'un souffle (un haiku, selon la règle, ne doit pas être plus long qu'une respiration), le poème coïncide tout à coup avec notre exacte intimité, provoquant le plus subtil des séismes. Sans doute, aussi, parce qu'il nous déroute, parce qu'il nous sort de notre pli, déchirant une taie sur notre regard, rappelant que la création a lieu à chaque instant. Peut-être, enfin, parce qu'il sait pincer le coeur avec légèreté. Rien de pesant, rien de solennel, rien de convenu. Juste un tressaillement complice. Une savante simplicité.»
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Ce recueil est un modèle de complicité artistique, les deux auteurs engendrant une oeuvre qui exige que les dessins de l'un et les poèmes de l'autre demeurent indissociables. Renversant l'ordre habituel des choses, Paul Éluard avait d'ailleurs tenu à préciser sur la page de titre du manuscrit de travail des Mains libres que c'était lui, le poète, qui avait «illustré» les dessins de Man Ray. En fait d'illustrations, les textes entrent plutôt en résonance intuitive avec les propositions graphiques : on dirait face à face des traits et des mots qui, tous, ont finalement fonction d'embarcadères et prennent un malin plaisir à jouer de l'égarement ou à décupler les destinations imprévues. Toutes les pages de ce livre témoignent d'une intuition active et partagée, toujours en mouvement, toujours éclairante. Deux artistes, avec leurs armes propres, y découvrent leur champ commun. Ils ont les mains libres, mais avec, en plus, le bonheur d'être ensemble.
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Anna Akhmatova publie son premier recueil en 1912 et s'impose très tôt comme une virtuose de la petite forme lyrique. Classée comme «acméiste» ou «intimiste», elle est plus authentiquement quelqu'un qui cultive un style simple, rigoureux, d'un classicisme qui l'apparente à Pouchkine, même si chez elle toute idée d'imitation est exclue. Après la révolution d'Octobre, elle refuse d'émigrer, quoique suspecte aux autorités nouvelles qui vont, peu à peu, l'interdire de publication. En 1940, cette interdiction est momentanément levée et Anna Akhmatova publie plusieurs poèmes sur la guerre, mais non les textes qui lui tiennent le plus à coeur, comme Requiem ou les suites de poèmes brefs qui évoquent les arrestations massives et le goulag. À nouveau condamnée au silence dès la fin de la guerre, elle continue de composer pour elle-même des textes plus amples comme les «Élégies du Nord», et toujours des suites de textes brefs. Elle n'obtiendra jamais l'autorisation de donner au public un «septième livre» qui réunirait ses écrits récents et prendrait la suite des six recueils publiés dans sa jeunesse. Cette anthologie aborde l'oeuvre dans son entier. Elle puise dans les premiers livres, donne in extenso Requiem et le Poème sans héros, puis reprend à son compte un plan ébauché par la poétesse pour son fantomatique «Septième livre». C'est tout le parcours d'Anna Akhmatova qui est ici restitué, c'est un demi-siècle de combat solitaire, acharné, douloureux, mais au final sans faiblesse, qui se révèle page à page. Une poésie fragile et souveraine qui, confrontée aux risques les plus grands, ne renonce jamais, et célèbre avec une rare intensité les pouvoirs d'une parole irréductible.
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Avec ce livre, au titre qui a tout d'un énoncé manifeste, François Cheng ose de déroutants alliages : l'âpreté et la joie, le silence et la lucidité, la mort et les nuages, les oiseaux et les larmes, l'émoi et les étoiles... C'est qu'à force d'avoir mordu la poussière d'ici-bas les mots n'en finissent plus de renaître. Des âmes errantes ou du phénix, on ne sait qui mène la danse. Mais il suffit de la splendeur d'un soir pour que l'univers entier résonne soudain. Il suffit de la sincérité d'un seul coeur brisé pour que la fulgurante beauté délivre de la fragilité humaine : Car tout est à revoir, Tous les rires, tous les pleurs, Toute la gloire... Il y a dans ces pages un souffle de vie qui prend à la gorge. Sans doute parce qu'il provient d'une voix sans autre exemple. D'une voix qui éperonne la pensée, avec une acuité foudroyante et douce. La parole de François Cheng est bien celle d'un penseur, d'un poète, d'un sage passionné qui ne craint rien, pas même d'affirmer que «la vraie gloire est ici».
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Ce poème s'appelle «Roman» : c'est qu'il est un roman, au sens ancien du mot, au sens des romans médiévaux ; et surtout parce que, malgré le caractère autobiographique, ce poème est plus que le récit - journal ou mémoires - de la vie de l'auteur, un roman qui en est tiré. Il faut le lire dans le contexte de l'oeuvre d'Aragon. Il s'agissait ici d'éviter les redites : on n'y trouvera pas le côté politique des Yeux et la Mémoire ou les heures de la Résistance de La Diane française ou du Musée Grévin. Le domaine privé, cette fois, l'emporte sur le domaine public. Même si nous traversons deux guerres, et le surréalisme, et bien des pays étrangers. Poème au sens des Yeux et la Mémoire, ce Roman inachevé ne pouvait être achevé justement en raison de ces redites que cela eût comporté pour l'auteur. Peut-être la nouveauté de ce livre tient-elle d'abord à la diversité des formes poétiques employées. Diversité des mètres employés qui viendra contredire une idée courante qu'on se fait de la poésie d'Aragon. Il semble que, plus que le pas donné à telle ou telle méthode d'écriture, Aragon ait voulu marquer que la poésie est d'abord langage, et que le langage, sous toutes ses formes, a droit de cité dans ce royaume sans frontières qu'on appelle la poésie. Plus que jamais, ici, l'amour tient la première place.
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Car l'adieu, c'est la nuit
Emily Dickinson
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 22 November 2007
- 9782070347599
«Celle qui a tant écrit sur l'adieu a dit adieu au monde il y a cent vingt ans, léguant à d'hypothétiques lecteurs, tandis qu'une mouche venue de ses propres poèmes cognait contre la vitre de sa chambre, "la part d'elle transmissible" : une longue lettre sans signature, composée de centaines de feuillets déposés dans un coffret au fond d'un tiroir de commode. Un tendre et solennel héritage à partager. Une énigme à résoudre par les générations à venir. Ce mode de transmission suffit à lui seul à distinguer Emily Dickinson des autres poètes, et même d'un Pessoa qui a laissé la plus grande partie de ses oeuvres à la postérité dans des circonstances un peu analogues. Le poète portugais jouissait de son vivant d'une certaine notoriété. Emily Dickinson, tout entière réfugiée dans ses écrits, n'en avait pour ainsi dire aucune. Elle livrait avec une rare confiance ce qu'elle avait de plus cher aux mains "aveugles" des générations futures.» Claire Malroux.
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«La coïncidence entre le besoin de projeter ses plus libres fantasmes et, d'autre part, celui d'une "technique poétique" font de Desnos un poète de la surréalité, et donc de la modernité, en même temps qu'un poète qui se rattache à une tradition, celle des grands baroques. C'est là peut-être l'originalité de cette voix si douée qui, avec ses intempérances et ses turbulences, ses écarts, ses inégalités, mais toujours son intensité, est une de celles qui nous forcent le plus manifestement à reconnaître la présence de cette chose spécifique, irréductible, qui s'appelle la poésie. Au reste, et c'est ce qu'il faut dire encore, cette voix était celle d'un homme chez qui le besoin d'expérimenter sous toutes ses formes le langage poétique, allait naturellement avec celui d'expérimenter la vie sous toutes ses formes aussi ; d'un homme qui était plein de passion, curieux et joueur de tout, courageux, généreux et imprudent ; et qui est mort à quarante-cinq ans, dans les circonstances que l'on sait, d'avoir eu ce goût violent de la vie, et donc de la liberté, et d'avoir voulu le pousser jusqu'à ses dernières extrémités.» René Bertelé.
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" et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique.
Et la voix prononce que l'europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences, car il n'est point vrai que l'oeuvre de l'homme est finie, que nous n'avons rien à faire au monde, que nous parasitons le monde mais l'oeuvre de l'homme vient seulement de commencer et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence, de la force et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle qu'a fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite ".
La réédition du cahier d'un retour au pays natal, la première oeuvre d'aimé césaire, saluée depuis l'origine comme le texte fondamental de la génération de la négritude.
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Laura, Lizzie et les hommes-gobelins
Christina Rossetti, Clémentine Beauvais, Diglee
- La Ville Brule
- 13 October 2023
- 9782360121588
Paru en octobre 2023, Laura, Lizzie et les hommes-gobelins est né d'une envie commune à Diglee et Clémentine Beauvais : celle de faire découvrir l'oeuvre de la poétesse Christina Rossetti, et notamment ce long poème, un classique outre-Manche, qui est totalement méconnu chez nous.
Ce magnifique volume toilé et marqué au fer contient une biographie et un portrait de Christina Rossetti par Diglee, un avant-propos passionnant (et vraiment très drôle !) de Clémentine Beauvais sur la traduction libre, le poème traduit en français dans une incroyable traduction signée Clémentine Beauvais et illustré par Diglee (est-il nécessaire de préciser que les illustrations sont sublimes ?), et enfin le poème en version originale.
C'est un livre précieux et un travail remarquable, qui donne à ce texte l'étonnante modernité qu'il mérite. Difficile de ne pas y voir, avec nos yeux d'aujourd'hui, un conte féministe qui met en garde contre les hommes - sans pour autant craindre nos désirs - et nous encourage à faire confiance à nos soeurs.
Laura, Lizzie et les hommes-gobelins est aussi une invitation à jouer, à chercher les sens cachés dans les allitérations malignes de Clémentine Beauvais, qui font naître mille images, et dans les fleurs et fruits défendus dessinés par Diglee. -
Préface inédite et choix de l'auteur
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Walt Whitman, l'homme de l'espace américain, l'homme du surgissement, du déferlement vocal, du souffle porté à sa plus vaste amplitude, cet homme-là se dresse à jamais avec ses cris, ses rages, ses ferveurs. Tant d'énergie brute, tant de puissante naïveté, tant d'intuitions sonores ne cessent d'activer le coeur, d'exalter le corps. C'est la chance d'un bain de houle, avec en plus cette joie singulière, hérétique en poésie, de voguer gaillardement sur de bons sentiments. Whitman porte et emporte, provoque, prend par le bras, allonge le pas, amplifie l'écho et révèle à chacun sa voix d'homme. «Solitaire américain poussé comme un gratte-ciel dans un désert inculte de maisons à bas étages», selon Jacques Darras, Walt Whitman apparaît bien aujourd'hui à cette place de guetteur : il respire haut, il voit loin, il préfigure un monde fraternellement habitable.
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Le condamné à mort et autres poèmes ; le funambule
Jean Genet
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 12 March 1999
- 9782070407873
Si toute l'oeuvre de Jean Genet peut être qualifiée de «poétique», l'auteur de Notre-Dame-des-Fleurs et des Paravents n'a composé que quelques poèmes, tous écrits dans la première période créatrice de sa vie, entre 1942 et 1947.C'est en prison, provoqué par des camarades de cellule qui s'essayaient à imaginer de médiocres pièces sentimentales, que Genet rédigea les strophes du Condamné à mort et la dédicace en prose à Maurice Pilorge. En prison aussi qu'il écrit Marche funèbre, La galère, La parade. Ces poèmes s'apparentent d'ailleurs à des chefs-d'oeuvre de prisonniers, dont la seule possibilité est de fabriquer des ex-votos ou de construire un bateau toutes voiles dehors dans une bouteille.Une différence majeure s'impose pourtant, qui tient à l'époustouflante maîtrise de Genet quant au maniement de la langue et à la faculté qu'il semble avoir de versifier comme en se jouant. Le voyou entend, et il l'a souvent proclamé, user de tout l'attirail classique et de toutes les séductions afférentes, afin d'en pervertir plus radicalement les valeurs et les pompes. La grâce qui hante les poèmes de Genet est celle d'un ange qui s'est volontairement dévoyé. D'où le charme trouble et violent, la fascination séditieuse et irrécupérable qui émanent de ces pages.Cette édition des poèmes de Jean Genet inclut Le funambule, magnifique texte, véritable poème en prose, qui trouve ici sa place, comme en point d'orgue de l'oeuvre poétique donnée dans son entier.
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Ce volume rassemble des poèmes de Paul Eluard (1895-1952) publiés pendant la Seconde Guerre mondiale, le plus souvent dans la clandestinité sous des pseudonymes tels que Jean du Haut ou Maurice Hervent, dans divers recueils, revues et brochures (dont L'Honneur des poètes, Minuit, juillet 1943 et Europe, Minuit, mai 1944). Ainsi le recueil Poésie et vérité 1942, publié en mai 1942 aux Éditions de la Main à la Plume, et dans lequel figurent "La Dernière Nuit et quelques autres poèmes dont le sens ne peut guère laisser de doutes sur le but poursuivi : retrouver, pour nuire à l'occupant, la liberté d'expression".
L'un de ces "quelques autres poèmes" est Liberté.
"Et partout en France, écrit Paul Eluard dans la bibliographie du recueil, des voix se répondent, qui chantent pour couvrir le lourd murmure de la bête, pour que les vivants triomphent, pour que la honte disparaisse."
Ces poèmes d'Éluard furent recueillis en un volume publié aux Éditions de Minuit en 1945, avec trois autres poèmes inspirés entre 1936 et 1938 par la guerre d'Espagne. C'est cette édition qui est reprise ici. -
Boris Vian Je voudrais pas crever Je voudrais pas crever, poème d'un homme jeune qui se sait bientôt condamné, donne son titre à un recueil de vingt-trois poèmes publiés après la mort de Boris Vian (1920-1959), et dont l'édition de 1962 a marqué, avec quelques romans et nouvelles, le début de sa gloire posthume. N'était-ce point d'ailleurs une sorte de «chanson du néant»oe Lorsque Noël Arnaud offrit à son tour l'édition de 1972, il y joignit quelques lettres de Vian au Collège de 'Pataphysique, l'institution pour laquelle celui-ci s'enthousiasma, passion qui venait après tant d'autres et qui avaient brûlé sa vie, telles que l'amour et l'amitié, le jazz, l'écriture, la liberté.
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Ce volume se compose du recueil Ferrements (1960) et d'un ensemble parcourant un demi-siècle de poésie. On y retrouve toute la force de la « parole essentielle » de Césaire : une poésie où le lyrisme vient conjurer l'informe, où l'imaginaire des Antilles, la sensualité des images, la flambée des mots rebelles éclairent les rêves et les angoisses d'un nouveau monde à forger.