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On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce.
C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur.
Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité.
Angelo Rinaldi Ce volume est aussi important que la Bible. Un Livre fonda une religion humaniste il y a des millénaires. Un autre Livre raconte la fin de l'humanité au XXe siècle. Frédéric Beigbeder -
Lambeau, subst. masc. 1. Morceau d'étoffe, de papier, de matière souple, déchiré ou arraché, détaché du tout ou y attenant en partie. 2. Par analogie:morceau de chair ou de peau arrachée volontairement ou accidentellement. Lambeau sanglant; lambeaux de chair et de sang. Juan, désespéré, le mordit à la joue, déchira un lambeau de chair qui découvrait sa mâchoire (Borel, Champavert, 1833, p. 55). 3. Chirurgie:segment de parties molles conservées lors de l'amputation d'un membre pour recouvrir les parties osseuses et obtenir une cicatrice souple. Il ne restait plus après l'amputation qu'à rabattre le lambeau de chair sur la plaie, ainsi qu'une épaulette à plat (Zola, Débâcle, 1892, p. 338). (Définitions extraites du Trésor de la Langue Française).
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« Même si la souffrance sociale la plus visible se rencontre chez les plus démunis, il y a aussi des souffrances moins visibles à tous les niveaux du monde social. [.] On peut appartenir à un univers prestigieux, mais n'y occuper qu'une position obscure. Être ce musicien perdu dans l'orchestre qu'évoque la pièce de Patrick Süskind La Contrebasse. L'infériorité relative de ceux qui sont inférieurs parmi les supérieurs, derniers parmi les premiers, est ce qui définit les misères de position, irréductibles aux misères de condition, mais tout aussi réelles, et profondes. » Pierre Bourdieu Sous la direction de Pierre Bourdieu, une équipe de chercheurs s'est consacrée pendant trois ans à comprendre les conditions d'apparition des formes contemporaines de la misère sociale. La cité, l'école, la famille, le monde des travailleurs sociaux, le monde ouvrier, le sous-prolétariat, l'univers des employés, celui des paysans et des artisans, etc. : autant d'espaces où se nouent des conflits générateurs d'une souffrance dont la vérité est dite, ici, par ceux qui la vivent.
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L'histoire commence sur une plage, quand Anne-Dauphine remarque que sa petite fille marche d'un pas un peu hésitant, son pied pointant vers l'extérieur. Après une série d'examens, les médecins découvrent que Thaïs est atteinte d'une maladie génétique orpheline. Elle vient de fêter ses deux ans et il ne lui reste que quelques mois à vivre. Alors l'auteur fait une promesse à sa fille : "tu vas avoir une belle vie. Pas une vie comme lesautres petites filles, mais une vie dont tu pourras être fière. Et où tu ne manqueras jamais d'amour."Ce livre raconte l'histoire de cette promesse et la beauté de cet amour.Tout ce qu'un couple, une famille, des amis, une nounou sont capables de mobiliser et de donner. Il faut ajouter de la vie aux jours, lorsqu'on ne peut pas ajouter de jours à la vie.
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Discours sur le colonialisme ; discours sur la négritude
Aimé Césaire
- Presence Africaine
- 11 July 2000
- 9782708705319
Comme naguère Jean-Jacques Rousseau dénonçait le scandale d'une société fondée sur l'inégalité, avec la même clarté, et un bonheur d'écriture que seule peut inspirer la passion du juste, Aimé Césaire prend ses distance par rapport au monde occidental et le juge.
Ce discours est un acte d'accusation et de libération. Sont assignés quelques ténors de la civilisation blanche et de son idéologie mystifiante, l'Humanisme formel et froid. En pleine lumière sont exposées d'horribles réalités : la barbarie du colonisateur et le malheur du colonisé, le fait même de la colonisation qui n'est qu'une machine exploiteuse d'hommes et déshumanisante, une machine à détruire des civilisations qui étaient belles, dignes et fraternelles.
C'est la première fois qu'avec cette force est proclamée, face à l'Occident, la valeur des cultures nègres. Mais la violence de la pureté du cri sont à la mesure d'une grande exigence, ce texte chaud, à chaque instant, témoigne du souci des hommes, d'une authentique universalité humaine. Il s'inscrit dans la lignée de ces textes majeurs qui ne cessent de réveiller en chacun de nous la générosité de la lucidité révolutionnaires.
Le Discours sur le colonialisme est suivi du Discours sur la Négritude, qu'Aimé Césaire a prononcé à l'Université Internationale de Floride (Miami), en 1987.
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Louons maintenant les grands hommes
James Agee, Walker Evans
- Terre Humaine
- 16 October 2003
- 9782266127875
James agee, après avoir fait ses études à Harvard, a été chargé par le groupe de presse "time-life" d'un reportage de six semaines sur les blancs pauvres de l'Alabama.
Accompagné de Walker Evans - qui deviendra le plus célèbre photographe américain -, ils vont au sein de trois familles tenter d'approcher la vérité. mais qu'est-ce que la vérité d'un homme, d'une société ? N'est-elle pas insaisissable ? Agee nous le fait percevoir. L'intention première est donc un compte rendu. Mais la personnalité fiévreuse de l'auteur va tirer de la vie la plus humble son expression la plus haute.
C'est une protestation contre la réalité, une déchirure, une brûlure intérieure qui inspirent ces portraits dont la tonalité, des plus singulières, bouscule la tradition sociologique. Comment cette pauvreté sans retour et ces détresses intérieures sont-elles possibles ?
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«Il est des livres qu'on préfèrerait ne pas écrire. Mais la misère de ce temps est telle que je me sens obligée de ne pas continuer à me taire, surtout quand on cherche trop à nous convaincre de l'absence de toute révolte.Avec le naturel des saisons qui reviennent, chaque matin des enfants se glissent entre leurs rêves. La réalité qui les attend, ils savent encore la replier comme un mouchoir. Rien ne leur est moins lointain que le ciel dans les flaques d'eau. Alors, pourquoi n'y aurait-il plus d'adolescents assez sauvages pour refuser d'instinct le sinistre avenir qu'on leur prépare ? Pourquoi n'y aurait-il plus de jeunes gens assez passionnés pour déserter les perspectives balisées qu'on veut leur faire prendre pour la vie ? Pourquoi n'y aurait-il plus d'être assez déterminés pour s'opposer par tous les moyens au système de crétinisation dans lequel l'époque puise sa force consensuelle ? Autant de questions qui me sont une raison de ne pas garder le silence.»Annie Le Brun.
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L'idéologie dominante nous enjoint de tolérer l'Autre. Les textes de Christine Delphy nous montrent que celui qui n'est pas un Autre, c'est l'homme, et l'homme blanc. C'est sur la base du sexe, de l'orientation sexuelle, de la religion, de la couleur de peau et de la classe que se fait la construction sociale de l'altérité. L'Autre c'est la femme, le pédé, l'Arabe, l'indigène, le pauvre. La république libérale tolère, c'est-à-dire qu'elle tend la main, prenant bien garde à laisser le toléré-dominé suspendu au vide. L'homo est toléré s'il sait rester discret, le musulman est toléré s'il se cache pour prier, la femme est tolérée si ses revendications égalitaires n'empiètent pas sur le salaire et le pouvoir de l'homme, l'oriental est toléré s'il laisse les armées américaines tuer sa famille pour le libérer de la dictature ? et libérer sa femme de lui-même par la même occasion. L'injonction à s'intégrer est surtout une sommation à être semblable, à suivre les règles officieuses mais bien réelles de "l?Occident". Parité, combats féministes et homosexuels, Afghanistan, Guantanamo, indigènes et société postcoloniale, loi sur le voile : autant de prismes pour analyser les dominations, tant hétérosexistes, racistes, que capitalistes. Ceux et celles qui refusent ces règles, ceux et celles qui se montrent pour ce qu'ils et elles sont, le paient le prix fort, combattant-e-s d'une guerre qui sera longue. Écrits dans un style offensif, incisif et souvent drôle, ces textes nous forcent à déplacer notre regard, à mettre en lien des événements toujours cloisonnés, et nous apportent ce supplément d'intelligence qui seul permet de comprendre le monde tel qu'il va.
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J'ai vu la misère ; récits d'une Amérique en crise
Martha Gellhorn
- Editions Du Sonneur
- La Grande Collection
- 24 May 2017
- 9782373850611
L'Amérique de 1934 est plongée dans la Grande Dépression. Souhaitant réunir un autre type d'informations que celles récoltées par les fonctionnaires de l'administration, Harry Hopkins, proche de Roosevelt et directeur de la FERA (Federal Emergency Relief Administration) constitue une équipe de seize « enquêteurs », composée pour l'essentiel d'écrivains et de journalistes, et confie à chacun d'entre eux une région du pays particulièrement touchée par la crise. Martha Gellhorn, la plus jeune du groupe, est envoyée en Caroline du Nord, dans les villes ruinées par la fermeture des usines textiles. Des semaines durant, confrontée à la misère et au désespoir de la population, elle accumule des dizaines d'interviews, visite villes et bidonvilles, enregistre tout ce qu'elle voit et tout ce qu'on lui raconte.
La matière de ses rapports pour la FERA nourrit quatre novellas réunies sous le titre anglais de The Trouble I've Seen, emprunté au célèbre negro-spiritual éponyme. Martha y suit le destin de cinq personnages, à l'existence brisée par la crise : Mme Maddison, admiratrice du président Roosevelt, prend part à un programme de réhabilitation rurale contre l'avis de ses enfants ; Joe et Pete, ouvriers et syndicalistes, perdent leur emploi après avoir participé à une grève visant à améliorer les conditions de travail ; Jim, jeune homme ayant fini par trouver un poste, en vient à voler son employeur afin que la femme qu'il aime et lui puissent être convenablement vêtus lors de leur mariage ; Ruby, une petite fille de onze ans, rejoint un groupe de jeunes prostituées dans le seul but de s'acheter des bonbons et des patins à roulettes.
Le livre appartient au rayon de la fiction, mais son contenu, tout ce qui en fait la chair, relève du reportage. Il parut en 1936 aux États-Unis et en Angleterre, et fut salué par une critique élogieuse. « Je tiens Martha Gellhorn pour un écrivain véritablement remarquable », écrit H. G. Wells dans la préface.
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"Écrivain, poète, fondateur du musée d'Art moderne, et l'un des premiers résistants, Jean Cassou (1897-1986) publie en 1953 "La Mémoire courte", alors que se pose en France la question de l'amnistie des collaborateurs et que le monde, plongé dans la guerre froide, semble n'avoir le choix qu'entre l'horreur de la dictature stalinienne et la frénésie anticommuniste nord-américaine.
Méditation dédiée à la mémoire de ses camarades tombés pour la liberté, mais aussi attaque violente contre la tentation de « la réconciliation dans l'aveuglement », ce texte tantôt virulent, tantôt teinté de mélancolie, entend rappeler que, pour ceux qui y engagèrent tout, jusqu'à leur vie, la Résistance fut d'abord « un fait moral, absolu, suspendu, pur »."
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Un récit dont les protagonistes sont le narrateur et un personnage disparu, auxquels il faudra sans doute ajouter le lecteur de ce livre dont le sujet est le pouvoir destructeur de la lecture. Car lorsque le narrateur s'interroge sur la disparition mystérieuse de ce personnage, nous devons comprendre qu'il s'agit de la sienne propre, et aussi de la nôtre. En effet, en lisant un livre, nous nous abandonnons tous à une sorte de jeu mortel où la personnalité s'abandonne et se perd.
Tel est le point de départ original de cette haute méditation sur la lecture, et ses effets ambigus. Mais cette réflexion est menée à travers une oeuvre qui finit par constituer elle-même une aventure poétique et romanesque, le roman du lecteur dévoreur et dévoré.
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Palestine mon pays : l'affaire du poème
Mahmoud Darwich
- Éditions du Minuit
- Documents
- 1 June 1988
- 9782707311887
Le 28 avril 1988, quatre mois après le déclenchement de la " Révolution des pierres ", dans les territoires occupés, le premier ministre d'Israël, Ytzhak Shamir, montait à la tribune de la Knesset pour dénoncer... un poème :
" L'expression exacte des objectifs recherchés par les bandes d'assassins organisés sous le paravent de l'OLP, déclare-t-il, vient d'être donnée par l'un de leurs poètes, Mahmoud Darwich, soi-disant ministre de la culture de l'OLP et dont on se demande à quel titre il s'est fait une réputation de modéré... J'aurai pu lire ce poème devant le Parlement, mais je ne veux pas lui accorder l'honneur de figurer dans les archives de la Knesset. " L'histoire de ce poème, « Passants parmi les paroles passagères », et de l'énorme tollé qu'il a provoqué en Israël et dans la Diaspora doit être située dans le cadre des rapports complexes existant entre l'État juif et le peuple palestinien.
Ce livre comporte, en dehors du poème lui-même et de deux commentaires rédigés à son propos par Mahmoud Darwich, trois contributions d'auteurs juifs israéliens : Simone Bitton fait l'historique de l'événement et de ses lointaines origines ; Mati Peled se livre à une exégèse linguistique du poème ; quant à Ouri Avnéri, il montre que cette affaire est aussi une illustration de l'arrogance dont tant de prétendus libéraux israéliens font preuve à l'égard des Palestiniens.
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Prendre dates ; Paris, 6 janvier-14 janvier 2015
Patrick Boucheron, Mathieu Riboulet
- Verdier
- La Petite Jaune
- 13 May 2015
- 9782864328001
C'était à Paris, en janvier 2015. Comment oublier l'état où nous fûmes, l'escorte des stupéfactions qui, d'un coup, plia nos âmes ?
On se regardait incrédules, effrayés, immensément tristes.
Ce sont des deuils ou des peines privés qui d'ordinaire font cela, ce pli, mais lorsqu'on est des millions à le ressentir ainsi, il n'y a pas à discuter, on sait d'instinct que c'est cela l'histoire.
Ça a eu lieu. Et ce lieu est ici, juste là, si près de nous. Quel est ce nous et jusqu'où va-t-il nous engager ? Cela on ne pouvait le savoir, et c'est pourquoi il valait mieux se taire ou en dire le moins possible - sinon aux amis, qui sont là pour faire parler nos silences. Ensuite vient le moment réellement dangereux : lorsque tout cela devient supportable. On ne choisit pas non plus ce moment. Un matin, il faut bien se rendre à l'évidence : on est passé à autre chose, de l'autre côté du pli. C'est généralement là que commence la catastrophe, qui est continuation du pire.
Il ne vaudrait mieux pas. Il vaudrait mieux prendre date. Ou disons plutôt : prendre dates. Car il y en eut plusieurs, et mieux vaut commencer par patiemment les circonscrire. On n'écrit pas pour autre chose : nommer et dater, cerner le temps, ralentir l'oubli.
Tenter d'être juste, n'est-ce pas ce que requiert l'aujourd'hui ? Sans hâte, oui, mais il ne faut pas trop tarder non plus. Avec délicatesse, certainement, mais on exigera de nous un peu de véhémence. Il faudra bien trancher, décider qui il y a derrière ce nous et ceux qu'il laisse à distance. Faisons cela ensemble, si tu le veux bien - toi et moi, l'un après l'autre, lentement, pour réapprendre à poser une voix sur les choses. Commençons, on verra bien où cela nous mène. D'autres prendront alors le relais. Mais commençons, pour s'ôter du crâne cet engourdissement du désastre.
Il y eut un moment, le 7 janvier, où l'on disait : douze morts, et on ne connaissait pas encore les noms ; on aurait pu deviner en y pensant un peu mais on préférait ne pas. Nous sommes encore dans cette suspension du temps, ne sachant pas très bien ce qui est mort en nous et ce qui a survécu dans le pli. Maintenant, un peu de courage, prendre dates c'est aussi entrer dans l'obscurité de cette pièce sanglante et y mettre de l'ordre. Il faut prendre soin de ceux qui restent et enterrer les morts. On n'écrit pas autre chose.
Des tombeaux.
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L'esthétisation du monde ; vivre à l'âge du capitalisme artiste
Gilles Lipovetsky, Jean Serroy
- Folio
- Folio Essais
- 11 May 2016
- 9782070469192
On connaît la rengaine, tant elle semble réaliste : richesse du monde, appauvrissement des existences ; triomphe du capital, liquidation des savoir-vivre ; surpuissance de la finance, «prolétarisation» et unification des modes de vie, par l'industrialisation de la camelote kitsch et des produits jetables, interchangeables, insignifiants - le capitalisme est une machine de déchéance esthétique et d'enlaidissement du monde.
Est-ce si sûr?
Le style, la beauté, la mobilisation des goûts et des sensibilités s'imposent chaque jour davantage comme des impératifs stratégiques des marques : le capitalisme d'hyperconsommation est un mode de production esthétique.
Dans les industries de consommation, le design, la mode, la publicité, la décoration, le cinéma, le show-business des produits chargés de séduction sont créés en masse. Ils véhiculent des affects et de la sensibilité, ils agencent un univers esthétique proliférant et hétérogène par l'éclectisme des styles qui s'y déploie. Partout le réel se construit comme une image en y intégrant une dimension esthétique-émotionnelle devenue centrale dans la compétition que se livrent les marques.
Tel est le capitalisme artiste, lequel se caractérise par le poids grandissant des marchés de la sensibilité, par un travail systématique de stylisation des biens et des lieux marchands, par l'intégration généralisée de l'art, du «look» et de l'affect dans l'univers consumériste. Créant un paysage économique mondial chaotique tout en stylisant l'univers du quotidien, le capitalisme est moins un ogre dévorant ses propres enfants qu'un Janus à deux visages.
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Comment, dans quelles conditions, pourquoi sont apparus ces êtres fabuleux que nous nommons « stars » ? Ce sont des marchandises et ce sont des idoles. Elles sont divines et elles sont mortelles. Que nous disent-elles sur notre civilisation ? notre société ? notre temps ? Que nous disent-elles sur nous-mêmes ?
Le phénomène des stars est ici étudié dans ses dimensions économiques, sociales, culturelles, esthétiques, et aussi mythiques.
Le « star system » qui a fait la gloire d'Hollywood est mort. Mais les stars du passé ressuscitent : Louise Brooks, Garbo, Marlène, Marylin ont acquis cette survie que nous appelons immortalité. Elles vont traverser les années-lumière.
Et notre temps ne cesse de susciter de nouvelles stars, pour une nouvelle gloire.
Edgar Morin :
Directeur émérite au CNRS, Edgar Morin est docteur honoris causa de plusieurs universités à travers le monde. Son travail exerce une forte influence sur la réflexion contemporaine, notamment dans le monde méditerranéen, en Amérique latine, et jusqu'en Chine, en Corée et au Japon.
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Bouvier, chercheur d'images et mémorialiste du cosmos, a collaboré dans les années 1990 à une revue où il tenait une rubrique intitulée Histoire de. Vingt-cinq textes sur image racontent des histoires qui ressemblent à celles de l'enfance, enchantent, instruisent, aiguisent le regard et fi xent notre mémoire.
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La télécratie contre la démocratie
Bernard Stiegler
- Flammarion
- Champs Essais
- 6 October 2008
- 9782081217829
La télécratie contre la démocratie La télécratie qui règne désormais en France comme dans la plupart des pays industriels ruine la démocratie : elle remplace l'opinion publique par les audiences, court-circuite les appareils politiques et détruit la citoyenneté. La télévision et l'appareil technologique qui la prolonge à travers les réseaux numériques de télécommunication sont en cela devenus le premier enjeu politique. À travers ce que l'on appelle les industries de programmes, c'est la relation politique elle-même qui est devenue un nouveau marché, et ce marketing confine aujourd'hui à la misère politique : au cours de la dernière décennie, l'appareil télécratique a développé un populisme industriel qui engendre à droite comme à gauche une politique pulsionnelle, et qui semble conduire inéluctablement au pire. Ce devenir infernal n'est pourtant pas une fatalité. La philosophie se constitua à son origine même contre la sophistique : celle-ci, par une appropriation abusive de l'écriture, développait une gangrène qui menaçait de guerre civile la cité athénienne. De cette lutte contre les tendances démagogiques de la démocratie grecque résultèrent les formes de savoirs qui caractérisent l'Occident. Prônant un nouveau modèle de civilisation industrielle, cet ouvrage affirme qu'un sursaut démocratique contre les abus de la télécratie est possible, et appelle l'opinion publique française et européenne à se mobiliser contre la dictature des audiences.
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Quoi de plus familier que le métro ? Comment le regard ethnologique, accoutumé à nous rapporter les pratiques lointaines, pourrait-il éclairer ce qui s'y joue ? Tel a pourtant été le pari de Marc Augé dans cet ouvrage qui révèle tout ce que le métro recèle de conventions et de rites. Mais c'est aussi l'occasion d'une présentation buissonnière des principaux thèmes classiques de l'anthropologie, depuis le « fait social total » de Marcel Mauss jusqu'à la question du symbolique, en passant par le problème de l'« individu moyen ».
Le livre inaugural d'une « ethnologie du proche », devenu un classique.
Directeur d'études à l'EHESS, après en avoir assuré la présidence, Marc Augé est ethnologue et anthropologue. Ses travaux ont d'abord porté sur l'Afrique avant de le conduire à explorer divers aspects de la vie quotidienne dans la France contemporaine. Il a notamment publié, chez Fayard, Le Sens des autres et Fictions fin de siècle. -
Berlin, Paris, Marseille, Nice et l'Italie : non dans leurs monuments grandioses, leurs décors obligés, leurs vues pour touristes, mais dans leurs recoins oubliés, leurs périphéries, leurs espaces ouverts, mêlés : rues, cafés, baraques foraines, cirques, passages désuets où s'expose une marchandise bariolée, le bric-à-brac merveilleux d'un univers énigmatique et fragmentaire. C'est à cette flânerie dans une Europe secrète des années trente qu'invite Siegfried Kracauer dans cet ouvrage unique - à la lisière de l'essai, du récit, de la description poétique et de l'enquête sociologique ou policière. «La valeur d'une ville se mesure au nombre de lieux qu'elle réserve à l'improvisation», conclut ce styliste singulier, le premier à incarner cette figure de promeneur qui fut ensuite celle, emblématique, de Walter Benjamin.
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Cultures pornographiques ; anthologie des porn studies
Collectif
- Amsterdam
- 20 May 2015
- 9782354801434
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La comédie humaine du travail ; de la déshumanisation taylorienne à la sur-humanisation managériale
Danièle Linhart
- Eres
- Sociologie Clinique
- 29 January 2015
- 9782749246321
Danièle Linhart analyse en quoi la logique du management moderne n'est pas si éloignée de celle qui a prévalu dans le taylorisme. Dans les deux cas - déshumanisation et sur-humanisation - c'est la dimension professionnelle des salariés qui se trouve attaquée.
Désormais le management moderne revendique l'idée que le salarié est avant tout un être humain dont il faut prendre en considération les besoins, les aspirations, comme les faiblesses. Ce livre montre que derrière cette idée louable s'organise en réalité une disqualification des métiers, de la professionnalité, de l'expérience qui tend à renforcer la domination et le contrôle exercés par les dirigeants. Gérer les salariés en fonction de leur seule condition humaine, c'est nier le fait qu'au travail, ils tiennent des rôles, exercent des fonctions dont ils sont les experts et qui mettent des limites à l'envahissement de leur vie personnelle.
Danièle Linhart est sociologue, directrice de recherches émérite au CNRS, membre du laboratoire GTM-CRESPPA UMR-CNRS-Universités de Paris 8 et Paris 10. Elle a publié de nombreux livres dont La comédie humaine du travail (2015), Perte d'emploi, perte de soi (érès 2002, rééd. 2009), Pourquoi travaillons-nous ? (érès, 2008), Travailler sans les autres ? (Le Seuil, 2009), La modernisation des entreprises (La découverte 1994, rééd. 2010).
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Il y a deux sexes ; essais de féminologie
Antoinette Fouque
- Folio
- Folio Actuel
- 5 March 2015
- 9782070462803
La féminisation de la pauvreté, l'insécurité sexuelle et la montée des intégrismes religieux motivaient en 1995 la rédaction de cet ouvrage. Refondu et augmenté en 2004, l'ouvrage mesurait l'ampleur de la régression et de la contre-libération menaçantes.Libérer à la source le pouvoir créateur des femmes, leur libido creandi, c'est lancer un défi permanent au phallocentrisme et s'ouvrir à la génialité, à la génitalité des deux sexes; c'est se souvenir que le premier environnement de chaque être humain est un corps vivant, parlant ; se souvenir que l'on naît d'une femme ( et aussi d'un hommes) et en éprouver de la gratitude, c'est abolir l'hégémonie d'un ordre tyrannique symbolique ; c'est s'évader des dogmes et des illusions des religion du Livre, stopper la spéculation du Tout-marchandise, du Tout-profit ; mais c'est aussi sans doute commencer à penser.La gestation, hospitalité psychique autant que charnelle, est-elle le paradigme de l'éthique, de la responsabilité et du don ?
Génitrices, généalogistes, archéologues, archives et archivistes de l'espère humaine, des femmes ont commencé à vivre leur nouvelle « condition historique », à inscrire la genèse d'une modernité tardive.C'est l'hypothèse positive que réaffirme cette nouvelle édition augmentée.
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Heureux ceux qui sèment et ne récoltent pas
Elias Canetti, Lea Goldberg
- Accro Editions
- 7 November 2023
- 9782931137079
Imaginez un homme, un poète, qui au cours de sa vie ne publie que onze poèmes. Rien que onze poèmes, en hébreu - une langue qui renaît après des millénaires d'oubli. Contre toute attente, son auteur se voit aussitôt reconnu par ses pairs comme l'un des poètes les plus doués et audacieux en ce début de XXe siècle. Abraham Sonne, ou Abraham Ben-Yitzhak sous son nom de plume, incarne alors l'espoir de l'ancienne langue ressuscitée. Mais cet espoir ne se concrétisera que partiellement, car Ben-Yitzhak cesse complètement de publier pendant douze longues années. Puis, en 1928, il réapparaît avec un dernier poème, intitulé « Heureux ceux qui sèment et ne récoltent pas ».
Alors Ben-Yitzhak cède la place au « Dr. Sonne ». Le premier rejoint l'Olympe des lettres, le second fréquente, tous les jours à la même table, le Café Museum de Vienne. Avec son regard d'ascète et son visage émacié, cet homme réservé mais doté d'un charisme singulier, qui avait écrit peu et à contrecoeur, impressionnait - par son érudition, son intelligence, et surtout par ses silences épiques - des intellectuels tels que Hermann Broch, Elias Canetti, James Joyce, Soma Morgenstern, Arthur Schnitzler, Robert Musil, Hugo von Hofmannsthal, le musicien Arnold Schonberg, le peintre Georg Merkel... (Marco Filoni, La Repubblica) Fascinés par le personnage, le prix Nobel de littérature Elias Canetti et la pionnière de la poésie hébraïque Leah Goldberg ont relaté de leurs plumes vivaces leurs tête-à-tête avec cet esprit exceptionnellement vaste et profond : Canetti dans la Vienne d'avant l'Anschluss, épicentre de la culture européenne, et Goldberg ensuite, à Jérusalem et dans la ville moderniste de Tel-Aviv. Leurs récits accouplés ici en un même ouvrage se lisent telle une oeuvre de fiction tant la tension y est forte et y vibre la passion. Face au Dr. Sonne, écrit Canetti, on sentait cette supériorité intangible qui faisait que quand il avait épuisé un argument on se sentait illuminé. Pour Goldberg, Sonne était le premier poète hébreu dont l'horloge n'indiquait pas seulement l'heure aux Hébreux, mais scandait le temps de la littérature mondiale.
Chapitre 1 : « L''Homme bon », de Elias Canetti, traduction de l'allemand, Walter Weideli (© Albin Michel) Chapitre 2 : « Rencontre avec un poète », de Leah Goldberg, traduction de l'hébreu, Dan Drai (© Accro Éditions) Préface : Marco Filoni -
La bibliothèque perdue
Walter Mehring
- Belles Lettres
- Le Gout Des Idees
- 19 September 2014
- 9782251200439
Né à Berlin à la fin du XIXe siècle, Walter Mehring a hérité de son père le respect de la puissance de la littérature, ainsi que sa formidable bibliothèque de milliers de livres. Comme son père, il veut croire que le livre et la lecture sont essentiels au progrès, à la compréhension mutuelle et au contentement de l'esprit. Avec la montée du fascisme ses livres sont brûlés par les chemises brunes et Mehring est obligé de parcourir l'Europe, devenant un « fugitif littéraire ». Lors d'un exil précaire à Vienne, Mehring essaie de faire en sorte que les livres de son père soient sortis clandestinement de l'Allemagne. Leur sort s'avère pire que le sien : tandis que Mehring parvient à éviter la capture et à s'enfuir, sa bibliothèque est confisquée et réduite en cendres par les Nazis en 1938. Dans La Bibliothèque perdue : autobiographie d'une culture, Mehring emmène le lecteur avec lui, déballant les caisses de livres dans son esprit, évoquant ce que chaque livre signifiait pour lui et son père. La bibliothèque paternelle devient une métaphore pour enseigner comment l'optimisme et la foi dans le progrès du XIXe siècle ont cédé la place au chaos et aux autodafés du XXe siècle.