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Témoignages
-
Si c'est un homme
Primo Levi, Martine Schruoffeneger, Philippe Claudel
- Pocket Documents Et Essais
- 1 October 1988
- 9782266022507
Ce témoignage est l'un des premiers sur les camps d'extermination nazis.
« On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce.
C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur.
Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité. »
Angelo Rinaldi
« Ce volume est aussi important que la Bible. Un Livre fonda une religion humaniste il y a des millénaires. Un autre Livre raconte la fin de l'humanité au XXe siècle. » Frédéric Beigbeder -
Lambeau, subst. masc. 1. Morceau d'étoffe, de papier, de matière souple, déchiré ou arraché, détaché du tout ou y attenant en partie. 2. Par analogie:morceau de chair ou de peau arrachée volontairement ou accidentellement. Lambeau sanglant; lambeaux de chair et de sang. Juan, désespéré, le mordit à la joue, déchira un lambeau de chair qui découvrait sa mâchoire (Borel, Champavert, 1833, p. 55). 3. Chirurgie:segment de parties molles conservées lors de l'amputation d'un membre pour recouvrir les parties osseuses et obtenir une cicatrice souple. Il ne restait plus après l'amputation qu'à rabattre le lambeau de chair sur la plaie, ainsi qu'une épaulette à plat (Zola, Débâcle, 1892, p. 338). (Définitions extraites du Trésor de la Langue Française).
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Beauté fatale ; les nouveaux visages d'une aliénation féminine
Mona Chollet
- La découverte
- Poche Essais
- 23 April 2015
- 9782707185815
Soutiens-gorge rembourrés pour fillettes, obsession de la minceur, banalisation de la chirurgie esthétique, prescription insistante du port de la jupe comme symbole de libération : la " tyrannie du look " affirme aujourd'hui son emprise pour imposer la féminité la plus stéréotypée. Décortiquant presse féminine, discours publicitaires, blogs, séries télévisées, témoignages de mannequins et enquêtes sociologiques, Mona Chollet montre dans ce livre comment les industries du " complexe mode-beauté " travaillent à maintenir, sur un mode insidieux et séduisant, la logique sexiste au coeur de la sphère culturelle.
Sous le prétendu culte de la beauté prospère une haine de soi et de son corps, entretenue par le matraquage de normes inatteignables. Un processus d'auto-dévalorisation qui alimente une anxiété constante au sujet du physique en même temps qu'il condamne les femmes à ne pas savoir exister autrement que par la séduction, les enfermant dans un état de subordination permanente. En ce sens, la question du corps constitue bien la clé d'une avancée des droits des femmes sur tous les autres plans, de la lutte contre les violences à celle contre les inégalités au travail. -
Aucun de nous ne reviendra - Auschwitz et après I
Charlotte Delbo
- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 4 October 2018
- 9782707344939
Aucun de nous ne reviendra est, plus qu'un récit, une suite de moments restitués. Ils se détachent sur le fond d'une réalité impossible à imaginer pour ceux qui ne l'ont pas vécue. Charlotte Delbo évoque les souffrances subies et parvient à les porter à un degré d'intensité au-delà duquel il ne reste que l'inconscience ou la mort. Elle n'a pas voulu raconter son histoire, non plus que celle de ses compagnes ; à peine parfois des prénoms. Car il n'est plus de place en ces lieux pour l'individu.
« Une voix qui chuchote, déchirante. Un chuchotement à fleur de vie et d'horreur. Cette voix une fois entendue vous obsède, ne vous quitte plus. Je ne connais pas d'oeuvre comparable à celle de Charlotte Delbo, sinon Guernica, sinon le film Nuit et brouillard, même pudeur, même déchirure, même atroce tendresse, chez cette femme, chez Alain Resnais. Cette douloureuse et bouleversante incantation est de ces livres rares qui laissent soudain le lecteur en pays étranger à lui-même. »
François Bott, L'Express, 1970 -
Discours sur le colonialisme ; discours sur la négritude
Aimé Césaire
- Presence Africaine
- 11 July 2000
- 9782708705319
Comme naguère Jean-Jacques Rousseau dénonçait le scandale d'une société fondée sur l'inégalité, avec la même clarté, et un bonheur d'écriture que seule peut inspirer la passion du juste, Aimé Césaire prend ses distance par rapport au monde occidental et le juge.
Ce discours est un acte d'accusation et de libération. Sont assignés quelques ténors de la civilisation blanche et de son idéologie mystifiante, l'Humanisme formel et froid. En pleine lumière sont exposées d'horribles réalités : la barbarie du colonisateur et le malheur du colonisé, le fait même de la colonisation qui n'est qu'une machine exploiteuse d'hommes et déshumanisante, une machine à détruire des civilisations qui étaient belles, dignes et fraternelles.
C'est la première fois qu'avec cette force est proclamée, face à l'Occident, la valeur des cultures nègres. Mais la violence de la pureté du cri sont à la mesure d'une grande exigence, ce texte chaud, à chaque instant, témoigne du souci des hommes, d'une authentique universalité humaine. Il s'inscrit dans la lignée de ces textes majeurs qui ne cessent de réveiller en chacun de nous la générosité de la lucidité révolutionnaires.
Le Discours sur le colonialisme est suivi du Discours sur la Négritude, qu'Aimé Césaire a prononcé à l'Université Internationale de Floride (Miami), en 1987.
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« Même si la souffrance sociale la plus visible se rencontre chez les plus démunis, il y a aussi des souffrances moins visibles à tous les niveaux du monde social. [.] On peut appartenir à un univers prestigieux, mais n'y occuper qu'une position obscure. Être ce musicien perdu dans l'orchestre qu'évoque la pièce de Patrick Süskind La Contrebasse. L'infériorité relative de ceux qui sont inférieurs parmi les supérieurs, derniers parmi les premiers, est ce qui définit les misères de position, irréductibles aux misères de condition, mais tout aussi réelles, et profondes. » Pierre Bourdieu Sous la direction de Pierre Bourdieu, une équipe de chercheurs s'est consacrée pendant trois ans à comprendre les conditions d'apparition des formes contemporaines de la misère sociale. La cité, l'école, la famille, le monde des travailleurs sociaux, le monde ouvrier, le sous-prolétariat, l'univers des employés, celui des paysans et des artisans, etc. : autant d'espaces où se nouent des conflits générateurs d'une souffrance dont la vérité est dite, ici, par ceux qui la vivent.
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Dans ce récit autobiographique bref et lumineux, Patti Smith, qui a été distinguée par le National Book Award, revient sur les moments les plus précieux de son enfance, les convoquant avec un réalisme saisissant qui confine au fantastique. L'auteur mêle l'évocation de la petite fille qu'elle était à des souvenirs à la fois authentiques et imaginaires de sa jeunesse new yorkaise, passée parmi les cafés de la rue MacDougal. Glaneurs de rêves, dont l'écriture a été achevée le jour du 45e anniversaire de Patti Smith, dans le Michigan, a été initialement publié aux États-Unis sous la forme d'un mince volume. Vingt ans plus tard, le texte est réédité et paraît enfin en France dans une version augmentée, complétée de fragments inédits et accompagnée de nouvelles photographies et illustrations.
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Louons maintenant les grands hommes
James Agee, Walker Evans
- Terre Humaine
- 16 October 2003
- 9782266127875
James agee, après avoir fait ses études à Harvard, a été chargé par le groupe de presse "time-life" d'un reportage de six semaines sur les blancs pauvres de l'Alabama.
Accompagné de Walker Evans - qui deviendra le plus célèbre photographe américain -, ils vont au sein de trois familles tenter d'approcher la vérité. mais qu'est-ce que la vérité d'un homme, d'une société ? N'est-elle pas insaisissable ? Agee nous le fait percevoir. L'intention première est donc un compte rendu. Mais la personnalité fiévreuse de l'auteur va tirer de la vie la plus humble son expression la plus haute.
C'est une protestation contre la réalité, une déchirure, une brûlure intérieure qui inspirent ces portraits dont la tonalité, des plus singulières, bouscule la tradition sociologique. Comment cette pauvreté sans retour et ces détresses intérieures sont-elles possibles ?
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Que diraient les animaux si... on leur posait les bonnes questions ?
Vinciane Despret
- La découverte
- Poches Decouverte
- 2 October 2014
- 9782707183262
Les singes savent-ils vraiment singer ? Les animaux se voient-ils comme nous les voyons ? À quoi s'intéressent les rats dans les expériences ? Pourquoi dit-on que les vaches ne font rien ? Ce livre pose vingt-six questions qui remettent en cause nos idées reçues sur ce que font, veulent et même " pensent " les animaux. Elles permettent de raconter les aventures amusantes ou stupéfiantes qui sont arrivées aux animaux et aux chercheurs qui travaillent avec eux, mais aussi aux éleveurs, aux soigneurs de zoo et aux dresseurs.
À la lecture de ces récits désopilants, on se demande si les animaux n'ont pas un sens de l'humour bien à eux : ils semblent parfois trouver un malin plaisir à créer des situations qui aboutissent à ce que les plus savants des spécialistes soient désarçonnés, obligés de faire de nouvelles hypothèses risquées et, toujours, de constater que les animaux ne sont pas si bêtes que ça...
On se délectera de ces histoires incroyables qui nous invitent à faire de l'éthologie et de la philosophie. Après avoir lu ce livre, on ne regardera plus son chien de la même manière ! -
«Il est des livres qu'on préfèrerait ne pas écrire. Mais la misère de ce temps est telle que je me sens obligée de ne pas continuer à me taire, surtout quand on cherche trop à nous convaincre de l'absence de toute révolte.Avec le naturel des saisons qui reviennent, chaque matin des enfants se glissent entre leurs rêves. La réalité qui les attend, ils savent encore la replier comme un mouchoir. Rien ne leur est moins lointain que le ciel dans les flaques d'eau. Alors, pourquoi n'y aurait-il plus d'adolescents assez sauvages pour refuser d'instinct le sinistre avenir qu'on leur prépare ? Pourquoi n'y aurait-il plus de jeunes gens assez passionnés pour déserter les perspectives balisées qu'on veut leur faire prendre pour la vie ? Pourquoi n'y aurait-il plus d'être assez déterminés pour s'opposer par tous les moyens au système de crétinisation dans lequel l'époque puise sa force consensuelle ? Autant de questions qui me sont une raison de ne pas garder le silence.»Annie Le Brun.
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Classer, dominer : Qui sont les "autres" ?
Christine Delphy
- La Fabrique
- 17 October 2008
- 9782913372825
L'idéologie dominante nous enjoint de tolérer l'Autre. Les textes de Christine Delphy nous montrent que celui qui n'est pas un Autre, c'est l'homme, et l'homme blanc. C'est sur la base du sexe, de l'orientation sexuelle, de la religion, de la couleur de peau et de la classe que se fait la construction sociale de l'altérité. L'Autre c'est la femme, le pédé, l'Arabe, l'indigène, le pauvre. La république libérale tolère, c'est-à-dire qu'elle tend la main, prenant bien garde à laisser le toléré-dominé suspendu au vide. L'homo est toléré s'il sait rester discret, le musulman est toléré s'il se cache pour prier, la femme est tolérée si ses revendications égalitaires n'empiètent pas sur le salaire et le pouvoir de l'homme, l'oriental est toléré s'il laisse les armées américaines tuer sa famille pour le libérer de la dictature ? et libérer sa femme de lui-même par la même occasion. L'injonction à s'intégrer est surtout une sommation à être semblable, à suivre les règles officieuses mais bien réelles de "l?Occident". Parité, combats féministes et homosexuels, Afghanistan, Guantanamo, indigènes et société postcoloniale, loi sur le voile : autant de prismes pour analyser les dominations, tant hétérosexistes, racistes, que capitalistes. Ceux et celles qui refusent ces règles, ceux et celles qui se montrent pour ce qu'ils et elles sont, le paient le prix fort, combattant-e-s d'une guerre qui sera longue. Écrits dans un style offensif, incisif et souvent drôle, ces textes nous forcent à déplacer notre regard, à mettre en lien des événements toujours cloisonnés, et nous apportent ce supplément d'intelligence qui seul permet de comprendre le monde tel qu'il va.
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Palestine mon pays : l'affaire du poème
Mahmoud Darwich
- Éditions de Minuit
- Documents
- 1 June 1988
- 9782707311887
Le 28 avril 1988, quatre mois après le déclenchement de la " Révolution des pierres ", dans les territoires occupés, le premier ministre d'Israël, Ytzhak Shamir, montait à la tribune de la Knesset pour dénoncer... un poème :
" L'expression exacte des objectifs recherchés par les bandes d'assassins organisés sous le paravent de l'OLP, déclare-t-il, vient d'être donnée par l'un de leurs poètes, Mahmoud Darwich, soi-disant ministre de la culture de l'OLP et dont on se demande à quel titre il s'est fait une réputation de modéré... J'aurai pu lire ce poème devant le Parlement, mais je ne veux pas lui accorder l'honneur de figurer dans les archives de la Knesset. " L'histoire de ce poème, « Passants parmi les paroles passagères », et de l'énorme tollé qu'il a provoqué en Israël et dans la Diaspora doit être située dans le cadre des rapports complexes existant entre l'État juif et le peuple palestinien.
Ce livre comporte, en dehors du poème lui-même et de deux commentaires rédigés à son propos par Mahmoud Darwich, trois contributions d'auteurs juifs israéliens : Simone Bitton fait l'historique de l'événement et de ses lointaines origines ; Mati Peled se livre à une exégèse linguistique du poème ; quant à Ouri Avnéri, il montre que cette affaire est aussi une illustration de l'arrogance dont tant de prétendus libéraux israéliens font preuve à l'égard des Palestiniens.
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"Écrivain, poète, fondateur du musée d'Art moderne, et l'un des premiers résistants, Jean Cassou (1897-1986) publie en 1953 "La Mémoire courte", alors que se pose en France la question de l'amnistie des collaborateurs et que le monde, plongé dans la guerre froide, semble n'avoir le choix qu'entre l'horreur de la dictature stalinienne et la frénésie anticommuniste nord-américaine.
Méditation dédiée à la mémoire de ses camarades tombés pour la liberté, mais aussi attaque violente contre la tentation de « la réconciliation dans l'aveuglement », ce texte tantôt virulent, tantôt teinté de mélancolie, entend rappeler que, pour ceux qui y engagèrent tout, jusqu'à leur vie, la Résistance fut d'abord « un fait moral, absolu, suspendu, pur »."
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Un récit dont les protagonistes sont le narrateur et un personnage disparu, auxquels il faudra sans doute ajouter le lecteur de ce livre dont le sujet est le pouvoir destructeur de la lecture. Car lorsque le narrateur s'interroge sur la disparition mystérieuse de ce personnage, nous devons comprendre qu'il s'agit de la sienne propre, et aussi de la nôtre. En effet, en lisant un livre, nous nous abandonnons tous à une sorte de jeu mortel où la personnalité s'abandonne et se perd.
Tel est le point de départ original de cette haute méditation sur la lecture, et ses effets ambigus. Mais cette réflexion est menée à travers une oeuvre qui finit par constituer elle-même une aventure poétique et romanesque, le roman du lecteur dévoreur et dévoré.
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L'esthétisation du monde ; vivre à l'âge du capitalisme artiste
Gilles Lipovetsky, Jean Serroy
- Folio
- Folio Essais
- 11 May 2016
- 9782070469192
On connaît la rengaine, tant elle semble réaliste : richesse du monde, appauvrissement des existences ; triomphe du capital, liquidation des savoir-vivre ; surpuissance de la finance, «prolétarisation» et unification des modes de vie, par l'industrialisation de la camelote kitsch et des produits jetables, interchangeables, insignifiants - le capitalisme est une machine de déchéance esthétique et d'enlaidissement du monde.
Est-ce si sûr?
Le style, la beauté, la mobilisation des goûts et des sensibilités s'imposent chaque jour davantage comme des impératifs stratégiques des marques : le capitalisme d'hyperconsommation est un mode de production esthétique.
Dans les industries de consommation, le design, la mode, la publicité, la décoration, le cinéma, le show-business des produits chargés de séduction sont créés en masse. Ils véhiculent des affects et de la sensibilité, ils agencent un univers esthétique proliférant et hétérogène par l'éclectisme des styles qui s'y déploie. Partout le réel se construit comme une image en y intégrant une dimension esthétique-émotionnelle devenue centrale dans la compétition que se livrent les marques.
Tel est le capitalisme artiste, lequel se caractérise par le poids grandissant des marchés de la sensibilité, par un travail systématique de stylisation des biens et des lieux marchands, par l'intégration généralisée de l'art, du «look» et de l'affect dans l'univers consumériste. Créant un paysage économique mondial chaotique tout en stylisant l'univers du quotidien, le capitalisme est moins un ogre dévorant ses propres enfants qu'un Janus à deux visages.
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Prendre dates ; Paris, 6 janvier-14 janvier 2015
Patrick Boucheron, Mathieu Riboulet
- Verdier
- La Petite Jaune
- 13 May 2015
- 9782864328001
C'était à Paris, en janvier 2015. Comment oublier l'état où nous fûmes, l'escorte des stupéfactions qui, d'un coup, plia nos âmes ?
On se regardait incrédules, effrayés, immensément tristes.
Ce sont des deuils ou des peines privés qui d'ordinaire font cela, ce pli, mais lorsqu'on est des millions à le ressentir ainsi, il n'y a pas à discuter, on sait d'instinct que c'est cela l'histoire.
Ça a eu lieu. Et ce lieu est ici, juste là, si près de nous. Quel est ce nous et jusqu'où va-t-il nous engager ? Cela on ne pouvait le savoir, et c'est pourquoi il valait mieux se taire ou en dire le moins possible - sinon aux amis, qui sont là pour faire parler nos silences. Ensuite vient le moment réellement dangereux : lorsque tout cela devient supportable. On ne choisit pas non plus ce moment. Un matin, il faut bien se rendre à l'évidence : on est passé à autre chose, de l'autre côté du pli. C'est généralement là que commence la catastrophe, qui est continuation du pire.
Il ne vaudrait mieux pas. Il vaudrait mieux prendre date. Ou disons plutôt : prendre dates. Car il y en eut plusieurs, et mieux vaut commencer par patiemment les circonscrire. On n'écrit pas pour autre chose : nommer et dater, cerner le temps, ralentir l'oubli.
Tenter d'être juste, n'est-ce pas ce que requiert l'aujourd'hui ? Sans hâte, oui, mais il ne faut pas trop tarder non plus. Avec délicatesse, certainement, mais on exigera de nous un peu de véhémence. Il faudra bien trancher, décider qui il y a derrière ce nous et ceux qu'il laisse à distance. Faisons cela ensemble, si tu le veux bien - toi et moi, l'un après l'autre, lentement, pour réapprendre à poser une voix sur les choses. Commençons, on verra bien où cela nous mène. D'autres prendront alors le relais. Mais commençons, pour s'ôter du crâne cet engourdissement du désastre.
Il y eut un moment, le 7 janvier, où l'on disait : douze morts, et on ne connaissait pas encore les noms ; on aurait pu deviner en y pensant un peu mais on préférait ne pas. Nous sommes encore dans cette suspension du temps, ne sachant pas très bien ce qui est mort en nous et ce qui a survécu dans le pli. Maintenant, un peu de courage, prendre dates c'est aussi entrer dans l'obscurité de cette pièce sanglante et y mettre de l'ordre. Il faut prendre soin de ceux qui restent et enterrer les morts. On n'écrit pas autre chose.
Des tombeaux.
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Comment, dans quelles conditions, pourquoi sont apparus ces êtres fabuleux que nous nommons « stars » ? Ce sont des marchandises et ce sont des idoles. Elles sont divines et elles sont mortelles. Que nous disent-elles sur notre civilisation ? notre société ? notre temps ? Que nous disent-elles sur nous-mêmes ?
Le phénomène des stars est ici étudié dans ses dimensions économiques, sociales, culturelles, esthétiques, et aussi mythiques.
Le « star system » qui a fait la gloire d'Hollywood est mort. Mais les stars du passé ressuscitent : Louise Brooks, Garbo, Marlène, Marylin ont acquis cette survie que nous appelons immortalité. Elles vont traverser les années-lumière.
Et notre temps ne cesse de susciter de nouvelles stars, pour une nouvelle gloire.
Edgar Morin :
Directeur émérite au CNRS, Edgar Morin est docteur honoris causa de plusieurs universités à travers le monde. Son travail exerce une forte influence sur la réflexion contemporaine, notamment dans le monde méditerranéen, en Amérique latine, et jusqu'en Chine, en Corée et au Japon.
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Bouvier, chercheur d'images et mémorialiste du cosmos, a collaboré dans les années 1990 à une revue où il tenait une rubrique intitulée Histoire de. Vingt-cinq textes sur image racontent des histoires qui ressemblent à celles de l'enfance, enchantent, instruisent, aiguisent le regard et fi xent notre mémoire.
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J'ai vu la misère ; récits d'une Amérique en crise
Martha Gellhorn
- Éditions du Sonneur
- La Grande Collection
- 24 May 2017
- 9782373850611
L'Amérique de 1934 est plongée dans la Grande Dépression. Souhaitant réunir un autre type d'informations que celles récoltées par les fonctionnaires de l'administration, Harry Hopkins, proche de Roosevelt et directeur de la FERA (Federal Emergency Relief Administration) constitue une équipe de seize « enquêteurs », composée pour l'essentiel d'écrivains et de journalistes, et confie à chacun d'entre eux une région du pays particulièrement touchée par la crise. Martha Gellhorn, la plus jeune du groupe, est envoyée en Caroline du Nord, dans les villes ruinées par la fermeture des usines textiles. Des semaines durant, confrontée à la misère et au désespoir de la population, elle accumule des dizaines d'interviews, visite villes et bidonvilles, enregistre tout ce qu'elle voit et tout ce qu'on lui raconte.
La matière de ses rapports pour la FERA nourrit quatre novellas réunies sous le titre anglais de The Trouble I've Seen, emprunté au célèbre negro-spiritual éponyme. Martha y suit le destin de cinq personnages, à l'existence brisée par la crise : Mme Maddison, admiratrice du président Roosevelt, prend part à un programme de réhabilitation rurale contre l'avis de ses enfants ; Joe et Pete, ouvriers et syndicalistes, perdent leur emploi après avoir participé à une grève visant à améliorer les conditions de travail ; Jim, jeune homme ayant fini par trouver un poste, en vient à voler son employeur afin que la femme qu'il aime et lui puissent être convenablement vêtus lors de leur mariage ; Ruby, une petite fille de onze ans, rejoint un groupe de jeunes prostituées dans le seul but de s'acheter des bonbons et des patins à roulettes.
Le livre appartient au rayon de la fiction, mais son contenu, tout ce qui en fait la chair, relève du reportage. Il parut en 1936 aux États-Unis et en Angleterre, et fut salué par une critique élogieuse. « Je tiens Martha Gellhorn pour un écrivain véritablement remarquable », écrit H. G. Wells dans la préface.
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La télécratie contre la démocratie
Bernard Stiegler
- Flammarion
- Champs Essais
- 6 October 2008
- 9782081217829
La télécratie contre la démocratie La télécratie qui règne désormais en France comme dans la plupart des pays industriels ruine la démocratie : elle remplace l'opinion publique par les audiences, court-circuite les appareils politiques et détruit la citoyenneté. La télévision et l'appareil technologique qui la prolonge à travers les réseaux numériques de télécommunication sont en cela devenus le premier enjeu politique. À travers ce que l'on appelle les industries de programmes, c'est la relation politique elle-même qui est devenue un nouveau marché, et ce marketing confine aujourd'hui à la misère politique : au cours de la dernière décennie, l'appareil télécratique a développé un populisme industriel qui engendre à droite comme à gauche une politique pulsionnelle, et qui semble conduire inéluctablement au pire. Ce devenir infernal n'est pourtant pas une fatalité. La philosophie se constitua à son origine même contre la sophistique : celle-ci, par une appropriation abusive de l'écriture, développait une gangrène qui menaçait de guerre civile la cité athénienne. De cette lutte contre les tendances démagogiques de la démocratie grecque résultèrent les formes de savoirs qui caractérisent l'Occident. Prônant un nouveau modèle de civilisation industrielle, cet ouvrage affirme qu'un sursaut démocratique contre les abus de la télécratie est possible, et appelle l'opinion publique française et européenne à se mobiliser contre la dictature des audiences.
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Les Diggers ; révolution et contre-culture à San Francisco (1966-1968)
Alice Gaillard
- L'Échappée
- 15 March 2009
- 9782915830187
«EVERYTHING IS FREE, do your own thing».
Automne 1966, c'est avec ce mot d'ordre que les Diggers, un petit groupe de jeunes révoltés issus du théâtre, cherchent à radicaliser les enfants fleurs en train de converger vers San Francisco. Référence faite aux paysans anglais du XVIIe siècle menés par Gerrard Winstanley qui s'étaient appropriés des terres seigneuriales pour les cultiver en commun, les Diggers de San Francisco s'emparent du quartier de Haight Ashbury et y cultivent les graines d'une utopie en acte. Partisans du «théâtre guérilla», ils mettent en scène leur rêve d'une vie Libre et Gratuite, distribuent des repas, ouvrent des magasins gratuits, organisent de gigantesques fêtes..., et réclament la rue comme théâtre de leurs actions politiques critiques, subversives et festives.
Entrés dans la légende de la contre-culture avec le flamboyant roman autobiographique d'Emmett Grogan, Ringolevio, les Diggers ont traversé les années 1960 comme un de ces «orgasmes de l'histoire» qui jaillissent ça et là, aussi intense que court, et pour lequel il est autant question de révolution que de plaisir
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Village de pêcheurs devenu métropole mondiale en moins de vingt ans, lieu de tous les superlatifs (plus haut gratte-ciel, plus vaste centre commercial, plus grandes îles artificielles, hôtel le plus étoilé...), Dubaï pourrait bien signaler l'émergence d'un stade nouveau du capitalisme, encore inconnu sous nos cieux : un système à la fois plus ludique, par la généralisation du loisir touristique et de la jouissance
commerciale, et plus violent, entre chantiers esclavagistes et politique de la peur, grâce aux guerres qui font rage de l'autre côté du Golfe persique - soit une société sans vie sociale ni classe moyenne, pur mirage de gadgets sans nombre et de projets pharaoniques. L'analyse de Mike Davis pointe les rapports de force à l'oeuvre derrière le phénomène Dubaï ; elle est complétée par une réflexion de François Cusset sur les défis posés aux " démocraties " occidentales par l'insolente réussite de Dubaï, Inc.
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La comédie humaine du travail ; de la déshumanisation taylorienne à la sur-humanisation managériale
Danièle Linhart
- Erès
- Sociologie Clinique
- 29 January 2015
- 9782749246321
Danièle Linhart analyse en quoi la logique du management moderne n'est pas si éloignée de celle qui a prévalu dans le taylorisme. Dans les deux cas - déshumanisation et sur-humanisation - c'est la dimension professionnelle des salariés qui se trouve attaquée.
Désormais le management moderne revendique l'idée que le salarié est avant tout un être humain dont il faut prendre en considération les besoins, les aspirations, comme les faiblesses. Ce livre montre que derrière cette idée louable s'organise en réalité une disqualification des métiers, de la professionnalité, de l'expérience qui tend à renforcer la domination et le contrôle exercés par les dirigeants. Gérer les salariés en fonction de leur seule condition humaine, c'est nier le fait qu'au travail, ils tiennent des rôles, exercent des fonctions dont ils sont les experts et qui mettent des limites à l'envahissement de leur vie personnelle.
Danièle Linhart est sociologue, directrice de recherches émérite au CNRS, membre du laboratoire GTM-CRESPPA UMR-CNRS-Universités de Paris 8 et Paris 10. Elle a publié de nombreux livres dont La comédie humaine du travail (2015), Perte d'emploi, perte de soi (érès 2002, rééd. 2009), Pourquoi travaillons-nous ? (érès, 2008), Travailler sans les autres ? (Le Seuil, 2009), La modernisation des entreprises (La découverte 1994, rééd. 2010).
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Berlin, Paris, Marseille, Nice et l'Italie : non dans leurs monuments grandioses, leurs décors obligés, leurs vues pour touristes, mais dans leurs recoins oubliés, leurs périphéries, leurs espaces ouverts, mêlés : rues, cafés, baraques foraines, cirques, passages désuets où s'expose une marchandise bariolée, le bric-à-brac merveilleux d'un univers énigmatique et fragmentaire. C'est à cette flânerie dans une Europe secrète des années trente qu'invite Siegfried Kracauer dans cet ouvrage unique - à la lisière de l'essai, du récit, de la description poétique et de l'enquête sociologique ou policière. «La valeur d'une ville se mesure au nombre de lieux qu'elle réserve à l'improvisation», conclut ce styliste singulier, le premier à incarner cette figure de promeneur qui fut ensuite celle, emblématique, de Walter Benjamin.