«À partir du mois de septembre l'année dernière, je n'ai plus rien fait d'autre qu'attendre un homme : qu'il me téléphone et qu'il vienne chez moi.»
« Légendes saisies en vol, fables ou apologues, ces Nouvelles Orientales forment un édifice à part dans l'oeuvre de Marguerite Yourcenar, précieux comme une chapelle dans un vaste palais. Le réel s'y fait changeant, le rêve et le mythe y parlent un langage à chaque fois nouveau, et si le désir, la passion y brûlent souvent d'une ardeur brutale, presque inattendue, c'est peut-être qu'ils trouvent dans l'admirable économie de ces brefs récits le contraste idéal et nécessaire à leur soudain flamboiement ».
Matthieu Galey
Je vois encore Douglas, debout, le dos au feu, les mains dans les poches, le regard baissé sur son interlocuteur. «Jusqu'à présent, personne d'autre que moi n'en a entendu parler.
C'est par trop horrible.» Plusieurs voix s'étant naturellement élevées pour déclarer que cela donnait le plus grand prix à la chose, notre ami nous regarda les uns après les autres avec un art consommé et poursuivit, ménageant son triomphe : «Cela surpasse tout. Je ne connais rien qui s'en rapproche.» Je me rappelle avoir demandé : «Rien d'aussi franchement terrifiant ?» Il eut l'air de dire que cela n'était pas si simple, de se trouver en peine de qualificatif. Il se passa la main sur les yeux et fit une petite grimace : «Rien d'aussi épouvantablement... épouvantable !» «Oh, quel délice !» s'écria quelqu'un - une femme.
Henry James Le Tour d'écrou est unanimement considéré comme le chef-d'oeuvre d'Henry James. Borges a même écrit que, selon lui, «aucune époque ne possède des romans de sujet aussi admirable que Le Tour d'écrou...» Une intrigue serrée, un mode narratif subtilement ouvragé, des personnages plus vrais que nature, une atmosphère étouffante : le fantastique rejoint le quotidien et s'impose comme une version possible de la réalité.
Pour la première fois, grâce à la magie d'une traduction réussie, l'univers de James devient directement accessible au lecteur français.
Dans ces trois textes contemporains des Fleurs du Mal - De l'essence du rire, Quelques caricaturistes français et Quelques caricaturistes étrangers -, Charles Baudelaire évoque, questionnant le rire et son innocence présumée, de nombreux noms de caricaturistes : Daumier, Gavarni, Hogarth... Alors critique d'art, il y excède cependant la forme de l'article, transformant ces réflexions sur le rire et la caricature en un petit triptyque secret pour sa poétique de la modernité.
« Loin de se résumer à une façon accidentelle de croquer le réel et d'en faire rejaillir, par un effet de déformation concertée, les irrégularités et les hideurs, la caricature est pour l'artiste un instrument de recherche et un lieu d'invention. Elle est un miroir qui pense. » Henri Scepi
«De là je suis allé à Paris, où il ne se passait rien si ce n'est que la plus belle fille du monde n'aimait pas mon sac à dos et avait rendez-vous avec un type à petite moustache debout une main dans la poche et un sourire méprisant aux lèvres devant les cinémas de nuit de Paris.» Qu'est-ce qu'être «Beat»? À travers ses thèmes de prédilection - la littérature, le jazz, le voyage, la route, le bouddhisme, le zen. - l'auteur de Sur la route nous entraîne vers la réponse à un rythme hypnotique.
« En écrivant "On nous a donné la terre", "Macario" ou "La nuit où on l'a laissé seul", Rulfo invente un langage qui n'appartient qu'à lui seul, comme l'ont fait Giono, Céline ou Faulkner à partir de leur connaissance de la guerre ou du racisme. La langue de Rulfo porte en elle tout son passé, l'histoire de son enfance. Comme l'a dit son ami des débuts, Efrén Hernández, Juan Rulfo est un "escritor nato", un écrivain-né. Son oralité n'est pas une transcription, elle est un art, qui incube le réel et le réinvente. C'est cette appropriation qui donne à son écriture la force de la vérité. Le Llano en flammes brûle dans la mémoire universelle, chacun de ses récits laisse en nous une marque indélébile, qui dit mieux que tout l'absurdité irréductible de l'histoire humaine, et fait naître la ferveur de l'émotion, notre seul espoir de rédemption. » J.M.G. Le Clézio.
«Cinq heures et demie du matin. Le réveil sonne.
Je me lève, enlève ma robe, la pose sur l'oreiller, mets mon pyjama, vais à la cuisine, monte dans la baignoire, saisis une serviette, lave mon visage, prends le peigne, me sèche avec, prends ma brosse à dents, me coiffe avec, prends l'éponge, me lave les dents avec. Ensuite je vais à la salle de bain, mange une tranche de thé et bois une tartine de pain.
J'enlève ma montre et mes bagues.
Je quitte mes chaussures.
Je vais dans l'escalier, j'ouvre la porte de l'appartement. Avec l'ascenseur je vais du cinquième au premier étage.
Puis je monte les neuf étages et je suis dans la rue.
À l'épicerie je m'achète un journal, ensuite je vais à l'arrêt du bus, m'achète un croissant et arrivée au kiosque à journaux je monte dans le tram.
Trois stations avant d'y être montée je descends.
Je réponds au salut du portier avant qu'il me salue, c'est une fois de plus lundi et encore une fois une semaine qui s'achève.
J'entre dans le bureau, je dis au revoir, accroche ma veste à la table, m'assieds sur le porte-manteau et me mets à travailler. Je travaille huit heures.»
Voici une nouvelle traduction du plus célèbre livre de Gogol dans une version inédite en France : au lieu d'utiliser un texte mutilé par la censure du XIXe siècle, dont sont partis tous les précédents traducteurs, André Markowicz est revenu à la version proposée par l'édition académique de l'URSS, le plus complet et le plus fiable. Ce volume reprend scrupuleusement l'ordre de présentation des récits tel qu'établi par Gogol lui-même dans l'édition de ses oeuvres en 1842, et, aux nouvelles strictement dites "de Pétersbourg", a été ajoutée leur étonnante conclusion, "Rome", fragment de roman qui en renverse la perspective.
"Alors même qu'elle lui enfonçait son visage dans les cheveux, elle voyait s'abattre sur elle l'ombre des années à venir comme des oiseaux aux ailes noires. Aussi clairement qu'un message écrit, cette vision lui révélait, au milieu de la joie, toute la cruauté future, la dureté, la longue privation, la souffrance. Elle accueillait ces mauvais présages, les serrait contre elle, contre ses seins, en même temps que le corps de l'homme." Après Ainsi mentent les hommes, Kressmann Taylor nous offre avec pudeur, fraîcheur et sensibilité, le portrait de quatre femmes et un homme confrontés à la cruauté des rapports entre les êtres, à la rareté des preuves d'affection, qui n'ont pour réconfort que la pureté de leurs sentiments : Harriet, qui voit lui échapper l'homme qu'elle aime dans les flammes et la jalousie; Madame, qui ne survit qu'au milieu de ses souvenirs et caresse brièvement l'espoir de faire partager ses chimères à sa jeune voisine compatissante; Anna, une toute jeune adolescente, qui se heurte à l'incompréhension et à l'indifférence de la première rencontre amoureuse; Ellie pearle, à la croisée des chemins entre les montagnes de son enfance et la sophistication de la ville; et Ruppe Gittle, qui a peut-être bien découvert le sens de la vie... Un précieux recueil qui rassemble les toutes dernières nouvelles inédites de l'auteur d'Inconnu à cette adresse. Comme une ultime invitation, en forme d'adieu, à se laisser traverser par le rêve fugace de l'amour.
«En cinq ans, on pouvait construire environ cinq cents mètres ; après quoi, il est vrai, les chefs étaient en général trop épuisés et ils avaient perdu toute confiance en eux-mêmes, toute foi dans la Contruction et les choses du monde. Alors qu'ils étaient encore dans l'exaltation des festivités célébrant la jonction de mille mètres de Muraille, on les envoyait au loin, très loin. Au cours de ce voyage, ils voyaient surgir dans le paysage des pans achevés de la Muraille, ils passaient devant les quartiers généraux des grands chefs qui les décoraient ; à leurs oreilles retentissaient les clameurs des nouvelles armées de travailleurs déferlant des profondeurs du pays.»
Sur une île tropicale, Mitchell contracte une dysenterie amibienne et découvre le sens de l'existence. Sous les yeux de son ancien amant, Tomasina cherche désespérément un donneur de sperme. Ces dix nouvelles mettent en scène des personnages terriblement humains. On côtoie leurs petites lâchetés, leurs soucis de coeur ou d'argent, leurs maladresses. L'humour les rachète. Ils nous ressemblent.
La traduction libre et audacieuse de catherine billmann et jacques cellard fait entendre mieux que jamais l'humour surprenant qui imprègne les histoires les plus étranges ou les plus inquiétantes imaginées par kafka, telles a la colonie disciplinaire, joséphine la chanteresse, un artiste du jeûne, compte rendu pour une académie...
La collection babel propose désormais l'intégralité des récits de kafka dans une nouvelle traduction : la métamorphose, la sentence, le soutier et autres récits (babel n° 285) et le présent volume réunissent les textes publiés par l'auteur ou sous son contrôle de 1912 à 1924 ; récits posthumes et fragments (babel n° 867) rassemble des manuscrits pour la plupart inédits ou inachevés, publiés par les soins de max brod après la mort de l'écrivain praguois.
Trois nouvelles composent ce recueil.
La première se déroule dans l'irlande déchirée par la guerre : mary de cork arme la main de son fils et l'engage, pour raison politique, à commettre un parricide. la deuxième se passe en russie : on prête à nestor ivanovitch makhno toutes les audaces, toutes les cruautés, mais, un jour, une jeune fille juive lui tient tête. dans le dernier récit, nous sommes à paris, l'hiver : sogoub a froid, il entre chez des émigrés russes - c'est un être vil, un déclassé douteux.
Mary, makhno, sogoub sont pourtant des coeurs purs, car, selon kessel, " les coeurs instinctifs sont purs sans qu'intervienne aucune notion morale, purs à la manière d'un vin, d'une pierre ou d'un poison, purs par leur violence et leur intégrité ".
2016. Sonia, une artiste d'origine polonaise, doit exposer à New York une série de toiles représentant le célèbre baiser donné par L. Brejnev, dirigeant de l'URSS, au chef de la RDA E. Honecker en 1979. Peu de temps avant le vernissage, elle remarque des coulures sur deux oeuvres. Alors qu'elle les emporte pour les effacer, elle les oublie dans un Uber.
écrivain, critique d'art, secrétaire de la célèbre revue blanche, éditeur de rimbaud, de laforgue, félix fénéon entre au matin en 1906 pour y tenir, au titre de rédacteur anonyme, la rubrique des " nouvelles en trois lignes ".
Il y exerce insidieusement un humour ravageur qui s'en prend au conformisme bourgeois et aux rites de la france républicaine, justifiant plus que jamais le jugement de mallarmé : " il n'y avait pas, pour fénéon, de meilleurs détonateurs que ses articles. " " f. f. " subvertit la logique du fait divers en jouant de toutes les ressources du langage. il traite la nouvelle de presse comme un genre littéraire qui sous sa plume devient une sorte de haïku journalistique.
Tout comme alphonse allais ou jarry, il s'y révèle l'un des maîtres de la fumisterie " fin de siècle ". jamais l'art de jouer du désastre n'aura été aussi précis et salutaire que dans ce recensement de l'actualité à la belle époque.
Les trois grands récits la métamorphose, la sentence et le soutier, ainsi que les dix-huit petits textes impressionnistes qui les précèdent, distillent une inquiétude extraordinairement pénétrante dans un style tout à la fois lyrique, dramatique, sobre et précis.
La collection babel propose désormais l'intégralité des récits de kafka dans une nouvelle traduction : le présent volume et a la colonie disciplinaire et autres récits (babel n° 352) réunissent les textes publiés par l'auteur ou sous son contrôle de 1912 à 1924 ; récits posthumes et fragments (babel n° 867) rassemble des manuscrits pour la plupart inédits ou inachevés, publiés par les soins de max brod après la mort de l'écrivain praguois
Ce volume, paru pour la première fois aux éditions L'Alphée/villa Médicis en 1986, est composé d'un choix de douze « récits-souvenirs » tirés du volume Riccordi-Raconti publié par Mondadori en 1956. Ces textes en prose donnent corps à l'ambition même de Saba, qui souhaitait écrire une autobiographie à demi rêvée, ou ce qu'il appelait un « portrait d'inconnu ». Un premier groupe de récits est placé sous le signe de Trieste : la ville est le décor ou l'arrière-fond du monde merveilleux que l'auteur s'est obstiné à y voir ; un second est dominé par des figures d'écrivains (Leopardi, D'Annunzio, Svevo), par la passion de la littérature dans ce qu'elle a de quotidien et de fabuleux à la fois.
« La lumière de tous les récits (sans parler du ton), écrit Gérard Macé, est la même : celle d'une rêverie où se détachent les silhouettes d'un jeune homme et d'un vieillard, qui ne cessent de s'affronter, de se faire souffrir, et d'implorer un mutuel pardon : ils se nourrissent de Saba lui-même, dont la grande inquiétude est peut-être d'avoir à devenir la figure paternelle ou tutélaire qui le hante. »
Ces nouvelles font partie des rares écrits que l'auteur avait accepté de voir publiés.
À Madrid, Preciosa, une jeune gitane, fascine tous les hommes par sa beauté, son esprit et son mystère. D'où vient-elle et qui est-elle vraiment ? Quel est son secret ? Pour départager ses prétendants, elle leur impose une épreuve : celui qui l'aime deviendra lui aussi gitan s'il veut l'épouser...
Un portrait de femme coloré et romanesque, une nouvelle poétique et baroque par l'auteur de Don Quichotte.
«Au commencement du monde, il y avait d'innombrables pensées, mais ce qu'on appelle une vérité n'existait pas encore. C'est l'homme qui fabriqua les vérités, et chaque vérité est composée d'un grand nombre de pensées vagues. Les vérités étaient éparses dans l'univers et voilées de beauté.
Le vieillard énumérait dans son livre des centaines de vérités. Je n'essaierai pas de vous les nommer toutes. Il y avait la vérité de la virginité, et la vérité de la passion, les vérités de la richesse et de la pauvreté, de l'avarice et de la prodigalité, de l'insouciance et de l'abondance. il y en avait des centaines et des centaines, et elles étaient toutes belles.
Les gens apparaissaient alors. Chacun arrachait une vérité en passant et quelques-uns, qui étaient particulièrement forts, en arrachaient une douzaine. C'étaient les vérités qui rendaient les gens grotesques. Le vieillard avait édifié toute une théorie sur ce sujet. Sa conception était qu'au moment où l'un des individus accaparait une des vérités, la nommait sienne et essayait d'y conformer sa vie, il devenait un grotesque et transformait en mensonge la vérité qu'il étreignait».
Winesburg-en-Ohio est certainement le recueil le plus connu de Sherwood Anderson, où son talent de nouvelliste amusé et incisif fait merveille.
Ce petit livre au ton piquant recense 55 métaphores animalières dont se sont vues affublées les femelles humaines à travers les âges et les continents. Laure Belhassen est allée voir aussi bien du côté de la culture populaire que des sources classiques pour composer le portrait de cette faune aussi bigarrée que fantasmée, qu'elle soit urticante ou soyeuse, portant plumes ou crinière, griffes ou pattes de velours.
Après le volume I des Nouvelles complètes de J.G. Ballard, couvrant les premières années de son oeuvre, ce deuxième volume rassemble 36 histoires publiées entre 1963 et 1970. Ballard aimait dire que « s'il n'existe pas de romans parfaits, il y a beaucoup de nouvelles parfaites ». Lui-même en a écrit un grand nombre, dont le lecteur retrouvera ici certaines des plus fameuses. Celles, envoûtantes, situées dans l'étrange station balnéaire de Vermilion Sands. Ou celles, comme « L'ultime plage » et « La traversée du cratère » (inédite), qui annoncent les chefs-d'oeuvre que seront Crash! et La Foire aux atrocités. Retraduites ou révisées par Bernard Sigaud, elles permettent de comprendre pourquoi J.G. Ballard a si souvent été présenté outre-Manche comme « le plus grand auteur anglais » de son temps.
Les hommes et la poussière regroupe l'intégralité des nouvelles d'Elio Vittorini des années 1930 et 1940 - toutes inédites en langue française - écrites au moment où Vittorini est au plus fort de son activité et de son rayonnement, et publie ses oeuvres les plus importantes. Ce livre nous font découvrir un autre Vittorini, non plus le romancier mais l'auteur de nouvelles brèves et énigmatiques, à l'écriture essentielle et d'une musicalité rare.
Ce volume commence au début des années trente, où l'on voit Vittorini expérimenter diverses directions, dans un style plutôt classique et légèrement influencé par le surréalisme, dévoilant son intérêt particulier pour l'enfance, et nous amène jusqu'à la recherche d'un langage beaucoup plus « moderniste ». Son aboutissement est le petit recueil de « nouvelles » mis en avant dans la première partie du livre. Ces récits, écrits en concomitance ou immédiatement après Conversation en Sicile, témoignent de la même mise au point d'un langage symbolique et prophétique capable d'évoquer chez le lecteur la présence d'une communauté humaine manquante et désirée. Ce geste consistait à « dire sans déclarer », et Vittorini l'avait du reste lui-même imaginé pour soustraire ses textes à la censure. Mais dans ces nouvelles du début des années quarante, naissent aussi les motifs du désert qui figure la solitude humaine engendrée par le fascisme sous toutes ses formes, de la radio qui relie les hommes aux « villes du monde », ou encore de la « bête » qui signifie la peur et son envers - le désir d'action, de transformation. On y voit se forger les images d'une « autobiographie en temps de guerre » et la trame d'une catastrophe amoureuse. Mais le symbole politique qui traverse les années quarante est celui de la ville, qui rassemble chez Vittorini les motifs d'un mythe moderne et d'une recherche d'universalité. Les « villes du monde » (expression qui donnera son titre au futur grand roman inachevé de Vittorini) sont au début des années quarante cet espace utopique que quelques personnages rêvent de loin, pour devenir dans l'après-guerre l'emblème d'un espace politique à construire. Bien que Vittorini n'abandonne pas tout symbolisme, c'est une autre écriture que l'on voit ici, qui nous rappelle aussi qu'il fut l'un des initiateurs du néoréalisme italien. En filigrane, c'est aussi une histoire politique de l'Italie du 20e siècle et de ses intellectuels, dont Vittorini est un exemple à la fois exceptionnel et exemplaire, qui apparaît dans ce volume.
Une jeune Algérienne revient à Oran pour la mort de sa tante et revit les circonstances du meurtre de sa mère, en 1962 ; une Normande catholique, mère de huit enfants franco-algériens, est enterrée en grande pompe au cimetière musulman du village de son époux ; une institutrice signe son arrêt de mort en racontant à ses élèves l'histoire de la femme découpée en morceaux...
Entre folie meurtrière et résistance farouche, des femmes tentent de survivre dans le quotidien ensanglanté de l'Algérie de ces dernières décennies. Au fil des sept textes de ce recueil, c'est la respiration heurtée d'un pays en proie à la violence que fait entendre Assia Djebar, dans une oeuvre tragique où esthétique et réalité n'ont nulle complaisance l'une envers l'autre.