Il y a une quinzaine d'années, en chahutant avec des amis, le jeune Fabien, pas encore vingt ans, fait un plongeon dans une piscine. Il heurte le fond du bassin, dont l'eau n'est pas assez profonde, et se déplace les vertèbres. Bien qu'on lui annonce qu'il restera probablement paralysé à vie, il retrouve peu à peu l'usage de ses jambes après une année de rééducation. Quand il se lance dans une carrière d'auteur-chanteur-slameur, en 2003, c'est en référence aux séquelles de cet accident - mais aussi à sa grande taille (1,94 m) - qu'il prend le nom de scène de Grand Corps Malade.
On connaît l'immense succès qui suit : trois albums plébiscités par le public et la critique, une distinction de Chevalier des Arts et des Lettres, qui récompense la qualité de sa plume, toujours subtile et surprenante. Dans ses chansons pleines de justesse, telles " À l'école de la vie ", " Roméo kiffe Juliette ", " Éducation nationale ", ou encore " Rachid Taxi ", l'artiste soulève le voile d'une réalité sociale et politique singulière. Chaque année, certains de ses textes sont proposés au baccalauréat de français.
Dans son livre, où il se fait pour la première fois auteur d'un récit en prose, il raconte, avec humour, dérision et beaucoup d'émotion, les douze mois passés en centre de rééducation et relate les aventures tragiques mais aussi cocasses vécues par lui et ses colocataires d'infortune.
Paru en 1955, Le livre du jazz de Langston Hughes propose au lecteur un merveilleux voyage dans le temps qui l'invite à parcourir les différents lieux et moments clés de l'histoire du jazz, depuis ses racines anciennes en Afrique jusqu'à son succès à Broadway et sa reconnaissance internationale en tant que musique à part entière. C'est aussi une plongée profonde à la découverte de la nature enjouée et unique de ses rythmes syncopés et de ses mélodies improvisées, joués avec des instruments nouveaux et anciens, qui rend hommage à la virtuosité des plus grands compositeurs et interprètes de jazz, de Jelly Roll Morton à Dizzy Gillespie. En suivant le tempo de la vie du trompettiste Louis Armstrong, Hughes chante en mots tout ce qui fait jazz : du souvenir des danses et des tambours des esclaves africains de Congo Square de La Nouvelle-Orléans raconté par la grand-mère du petit Louis, à l'inventivité et à l'audace des musiciens révolutionnant le plaisir du jeu en commun de la musique - des débuts faits d'instruments de fortune au coeur du Deep South américain aux orchestres prestigieux de Carnegie Hall en passant par les jam sessions entre musiciens noirs et blancs dans les clubs des grandes villes de l'Est comme Chicago ou New York. Les illustrations qui ponctuent le texte jouent elles aussi avec le noir et le blanc, et suivent à travers le trait délicieusement « fifties » du dessinateur américain Cliff Roberts la percussion dansante de la musique que l'on devine tout au long de sa lecture. La grande qualité de conteur de Langston Hughes rend vivants les lieux et les personnages de cette histoire et les mots de son récit rappellent au lecteur, qu'il soit petit ou grand, que le jazz est au coeur de l'histoire des États-Unis, et que cette musique est une contribution merveilleuse du peuple africain-américain au monde entier.
Dans cette conférence donnée à New York en 1948, John Cage jette un regard lucide sur les débuts de sa carrière ponctués d'anecdotes édifiantes. C'est avec la plus totale sincérité que John Cage décrit ici le cheminement qui l'a conduit à devenir compositeur. Il a d'abord commencé par des études d'architecture. À ce sujet, il raconte, non sans humour, un voyage en France, pays qui lui sembla totalement recouvert d'architecture gothique ! Mais très vite, il se tourne vers la peinture et la composition. Il détaille ses influences, ses préoccupations et ses envies. L'éventail de ses références est à cet égard vertigineux : les mouvements de la danse moderne, le jazz, les futuristes italiens ou encore les rites des Indiens Navajo. Sans crier gare, il livre là, de manière extrêmement limpide, une théorie de la musique avant tout tirée de son expérience. On y apprend notamment que sa musique était diffusée à la radio durant la guerre pour démontrer que l'Amérique aimait l'Orient... John Cage se révèle ici, outre un "maître du hasard" à la manière de Duchamp, un immense pédagogue.
C'est le portrait d'un homme qui ne dormait jamais puisqu'il consacrait ses jours et surtout ses nuits, toutes les nuits, à une oeuvre singulière. C'est aussi le récit d'un artiste, conscient très jeune de son destin, qui créera un projet musical et artistique sans équivalent, ni dans les musiques classiques ou savantes, ni dans l'histoire du rock.
Nul doute pour John Cage, il serait un artiste. Mais, de là à choisir une seule et unique forme d'expression artistique, il y a toute une vie : architecture, peinture, composition de musique, théâtre, art du cirque, Cage touche à tout, laisse de côté, puis revient, et décide finalement que c'est la musique qui l'anime. Cette musique, cependant, il l'expérimente : Cage repousse les règles académiques et base ses oeuvres sur le silence et le hasard. Par ces fragments de 1989, d'une écriture fluide et ramassée, le compositeur dresse un tableau à la fois succinct et complet des moments forts et charnières de sa vie pourtant extrêmement riche, tout en va-et-vient, recherches et changements d'avis. Le tout, sans jamais se défaire de son humour et de son esprit de dérision inimitables.
De 1978 à 1992, Factory Records fut l'un des plus importants labels discographiques de Grande-Bretagne. On lui doit la mise sur orbite de groupes aussi célèbres que Joy Division, New Order ou les Happy Mondays, la création des hauts lieux légendaires de la vie nocturne mancunienne que furent l'Haçienda et le Dry Bar, mais aussi l'entrée d'un graphisme d'avant-garde dans le monde de la musique. Les langages visuels élaborés pour cette scène musicale hors norme par des graphistes ou des agences tels que Peter Saville, Central Station Design ou 8vo ont profondément marqué toute une génération et continuent d'influencer de nombreux graphistes contemporains. Cet ouvrage est le premier à retracer l'intégralité des créations visuelles de Factory. L'avant-propos, rédigé par l'un des fondateurs du label, le célèbre Tony Wilson, est suivi d'une introduction qui retrace l'histoire de Factory et de ses principaux graphistes qui tous contribuèrent à initier un plus vaste public au graphisme de qualité. Organisées chronologiquement, la quasi-totalité des créations portant le célèbre numéro de catalogue Factory - pochettes de disque, éditions spéciales, flyers, affiches, papeterie et même projets architecturaux - sont illustrées et commentées. Tous ceux qui se passionnent pour le graphisme et tous les fans du cultissime Factory Records ne pourront être que séduits par ce livre qui relate l'une des aventures culturelles les plus extraordinaires du XXe siècle et transmet toute l'énergie, la créativité et l'enthousiasme d'une des maisons de disques les plus dynamiques - et chaotiques - de toute l'histoire de la musique.
Le jazz, qui apparaît comme un phénomène esthétique majeur du xxe siècle, a pourtant été délaissé par la philosophie qui en a été contemporaine. Ce désamour de la philosophie à l'égard du jazz se mesure à deux niveaux : d'une part à la rareté des écrits philosophiques qui lui sont consacrés, d'autre part à la dureté du traitement qui lui a été généralement réservé. Mais alors, quel sens donner à ce silence «philo-phonique» à propos du jazz ? Pourquoi les philosophes contemporains du siècle du jazz ne se sont-ils jamais véritablement intéressés à sa dimension esthétique ? Et pourquoi n'ont-ils pas davantage porté attention à ses revendications politiques, alors même que celles-ci ont donné lieu à de vifs débats dans les années 1960-1970 ? L'objectif de cet essai ne consiste pas à exposer des éléments conceptuels sur lesquels on pourrait faire reposer une philosophie du jazz, mais plutôt à faire émerger le sens philosophique de ce « rendez-vous manqué » entre le jazz et la philosophie. La philosophie, face au jazz, semble devoir se confronter à ce qui lui échappe : l'ampleur des processus de dénégation mis en place par certains auteurs pour ne pas le prendre en considération semble témoigner du fait que le jazz résiste bel et bien à son appréhension philosophique. Si la philosophie a bien eu du mal à tenir le jazz en respect, si ce dernier lui a opposé avec bruit et fracas un obstacle théorique l'ayant conduit à une «sortie de route», alors le diagnostic de cet échec ne nous laisse pas sans rien. Il invite la philosophie (les philosophes) à comprendre les motifs de son mutisme, à débusquer ses craintes et ses préjugés, à repenser, un à un, ses concepts traditionnels - et par là même à réinterroger le sens même du geste de l'esthétique, lorsqu'il s'agit pour elle de penser la musique.
Le point commun entre Daft Punk et Stockhausen, Public Enemy et Brian Eno ? Ils font tous partie de la plus grande aventure musicale de la fi n du XXe et du début du XXIe siècle, celle des musiques électroniques. Du futurisme italien jusqu'aux déconstructions de la house ou du downtempo, depuis les montages des précurseurs de la musique concrète jusqu'à l'extrémisme du gabber et la douceur de l'ambiant, en passant par le hip-hop et la techno de Detroit, Modulations est l'histoire raisonnée de ces musiques. Chaque chapitre, écrit par un érudit, en traite un aspect.
Panorama complété par la transcription d'interviews. S'adressant au néophyte autant qu'à l'amateur éclairé, Modulations o® re les clefs pour comprendre une musique qui a révolutionné la manière de composer et d'écouter.
En novembre 2019, Jérôme Soligny a publié David Bowie : David Bowie : Rainbowman (1967-1980), le premier tome d'une étude de l'oeuvre du musicien anglais enrichie des témoignages exclusifs de ceux qui, depuis ses débuts anonymes dans la banlieue de Londres jusqu'à ses mutations des 70s, ont participé à son odyssée fantastique ou en ont été les témoins. Dans ce second tome, après quatre années de recherche et de retranscription d'autres propos recueillis, l'auteur poursuit, sous le même angle factuel et musical, avec les quatre dernières décennies de la carrière de Bowie. De la superstar blonde qui a fait danser la planète sur «Let's Dance» à l'ermite new-yorkais qui a conçu ses deux derniers albums dans le plus grand secret, en passant par les années de réaffirmation rock (avec Tin Machine) et celles en mode exploratoire (Outside, Earthling), toutes les facettes de la personnalité de ce musicien curieux et insatiable sont examinées par Jérôme Soligny et ses interlocuteurs. Logiquement, ils sont très nombreux à s'exprimer dans le chapitre consacré à Blackstar, ultime album de David Bowie, paru deux jours avant son décès. Le rocker aux mille et un mystères, dont les techniques de création, le discernement et la sagesse impressionneront ses compagnons de route jusqu'aux derniers, n'aura eu de cesse de surprendre et de fasciner.
Secouer l'histoire, celle du jazz, celle des blues people, celle de l'amérique en lutte contre elle-même, le poids des fantômes du passé, le poids des revenants des esclaves qui reviennent danser la nuit dans les têtes, le free jazz secoue les chaînes du corps noir qui est dans l'histoire blanche, invisible, hors champ.
Quand nous avons publié ce livre, c'était en 1971, les black étaient panther, malcom x était mort assassiné et son prophète n'était pas encore vraiment né, julius hemphill formait son premier groupe à saint louis et joe mcphee, avec clifford thornton, avait déjà enregistré son nation time, spike lee était à l'école et le rideau de fer était tiré.
Le roi jones s'appelait déjà amiri baraka, le workshop de lyon s'appelait encore free jazz workshop.
George jackson était mort assassiné en prison et mumia abu jamal n'était pas encore dans le couloir des condamnés à mort, voilà ce qui n'a pas changé, voilà ce qui a changé.
Montage d'entretiens avec les protagonistes du punk-rock américain, ce livre vivant, drôle, tragique, nous plonge dans la vie quotidienne du Velvet Underground, des Stooges, des New York Dolls, de Patti Smith ou encore des Ramones. Les acteurs relatent avec gouaille des anecdotes délirantes, on rit des frasques d'Iggy Pop ou de l'impayable Dee Dee Ramone. Les amitiés indéfectibles côtoient les antipathies et les amours explosives. Tous dévoilent leur mode de vie extrême, moins centré sur l'image que le punk anglais, refusant le peace and love des années 60 et la culture de l'argent roi qui naît avec les années 80. Mais l'innocence paradoxale verse un lourd tribut à ses excès (overdoses, prostitution) et manipule la dérision comme une arme de destruction massive.
Depuis trois quarts de siècle, le kobbé est l'ouvrage de référence des amateurs d'opéra dans le monde entier.
Paru pour la première fois en 1922 quatre ans après la mort accidentelle de son auteur, gustave kobbé (1857-1918), écrasé par un hydravion alors qu'il faisait du bateau au large de long island -, cette bible des mélomanes a connu d'innombrables rééditions et de nombreuses traductions. a trois reprises (1954, 1976, 1985), lord harewood - qui a dirigé pendant plus de vingt ans le royal opera house de londres, puis l'opéra de covent garden - a complété et mis à jour cet incomparable instrument de travail.
Aujourd'hui, il présente, secondé par antony peattie, une version entièrement renouvelée.
Cet ouvrage s'est enrichi de 60 oeuvres nouvelles, présentées ici pour la première fois, portant ainsi de 400 à près de 500 les opéras du monde entier qui sont analysés. une dizaine de compositeurs, anciens et modernes, font ainsi leur entrée dans le " nouveau kobbé ", témoignant de la vitalité d'un genre et du renouvellement constant du répertoire.
De plus, afin de tenir compte du lecteur français, certains opéras particulièrement appréciés dans notre pays ou redécouverts récemment viennent enrichir la version originale de ce livre. pour rendre la consultation plus aisée, le " nouveau kobbé " présente les compositeurs de tous les temps et de tous les pays par ordre alphabétique. les opéras sont classés par compositeur dans l'ordre de leur création et, pour chacun d'entre eux, sont rappelées les plus importantes mises en scène, y compris les plus récentes.
Sur le modèle de ses Entretiens avec Francis Bacon ( Folio essai n° 289, ventes nettes à ce jour : 41114 exemplaires) , Michel Archimbaud s'entretient avec l'un des plus grands et des plus prestigieux musiciens de notre temps. Mais aussi l'un des plus « abstraits » dit-on :
Il est bien difficile de trouver dans sa musique, comme il l'avoue lui-même, des éléments un tant soit peu personnels, « l'arrière-histoire » , aurait dit René Char, de l'une des démarches créatrices les plus radicales du siècle.
Ces conversations à bâtons rompus sur la musique, et plus largement la culture, permettent au lecteur de découvrir derrière l'austère théoricien, le polémiste véhément, le chef admiré et mondialement connu, un homme passionné et chaleureux que l'amour de la musique et de la vie sous toutes ses formes constamment anime.
Point n'est besoin de grandes connaissances musicales : ceux qui sont déjà familiers de l'oeuvre y retrouveront le rythme de la phrase de Boulez, le martelé de sa voix, l'ardeur de son propos.
Les autres, grâce aux qualités didactiques bien connues du musicien et à l'enthousiasme communicatif de sa conversation, suivront le parcours d'un créateur solaire et trouveront des repères pour la musique d'hier, d'aujourd'hui et de demain.
Jonathan Cott, journaliste à Rolling Stone et biographe de Bob Dylan, a réuni dans ce livre trente et une des plus importantes interviews accordées au long de sa carrière par le créateur de « Like A Rolling Stone ». Ces témoignages directs permettent d'approcher et de mieux connaître cet artiste capital du XXe siècle qui n'a cessé de se métamorphoser au fil des décennies, de ses débuts folk en 1962 à New York jusqu'à nos jours où il est revenu au sommet. Outre six entretiens parus dans Rolling Stone, on trouvera ici la mythique interview avec Nat Hentoff de Playboy en 1966, un échange digne d'une pièce de théâtre avec Sam Shepard en 1987 et de nombreux autres textes où revivent les paroles, la musique et la vie de Dylan. Dylan par Dylan offre les indispensables clés pour entrer dans l'oeuvre légendaire d'une personnalité aussi complexe que géniale.
Quelques extraits :
« Je fuguais tout le temps parce que je n'étais pas libre. J'étais constamment sur mes gardes. En quelque sorte, à ce moment-là, je savais déjà que les parents font ce qu'ils font parce qu'ils sont coincés. S'ils se font du souci pour leurs enfants, c'est par rapport à eux. C'est-à-dire qu'il veulent que leurs enfants leur fassent plaisir, et ne les mettent pas dans l'embarras - pour qu'ils puissent être fiers d'eux. Ils veulent qu'on devienne ce qu'ils ont décidé à votre place. C'est pour ça que j'ai commencé à fuguer à dix ans. » À Nat Hentoff, The New Yorker, 1964.
« Il n'est pas nécessaire d'écrire pour être un poète. On peut travailler dans une station-service et être un poète. Je ne me considère pas comme tel, parce que je n'aime pas le mot. Je suis un trapéziste. » À Nora Ephron et Susan Edmiston, Positively Tie Dream, 1965.
« Le but le plus élevé de l'art est d'inspirer. Que peut-on faire d'autre ? Que peut-on donner aux autres en dehors de cela ? » À Jonathan Cott, Rolling Stone, 1978.
Où que nous soyons, ce que nous entendons est essentiellement du bruit. Lorsque nous n'y prêtons pas attention, cela nous dérange. Lorsque nous l'écoutons, nous le trouvons fascinant. Le son d'un camion à 50 miles à l'heure. Les parasites entre les stations de radio. La pluie. Nous voulons capturer et contrôler ces sons, les utiliser non comme des effets sonores, mais comme des instruments de musique.
Publié en 1974 avec une préface de Brian Eno, Experimental Music est l'ouvrage qui fait autorité sur la question. Cette tradition musicale anglo-américaine née en grande partie de la musique et des idées de John Cage s'est développée dans la seconde moitié du 20e siècle parallèlement et, en partie, en opposition avec l'avant-garde dominante de Boulez ou Stockhausen. Commençant par John Cage et sa fameuse pièce "silencieuse" 4'33'' Nyman étudie le travail de compositeurs et de groupes qui ont adopté des attitudes radicalement novatrices envers les concepts d'oeuvre musicale, de notation, de temps et d'espace et entrepris de bouleverser les rôles du compositeur, de l'exécutant et de l'auditoire. 25 années après la sortie de l'ouvrage on peut mesurer combien ces audaces ont modifié notre approche de la musique et renouvelé le répertoire contemporain. Steve Reich, Philipp Glass, Gavin Bryars, Michael Nyman lui-même sont issus de cette école
expérimentale, qui, d'abord décriée pour son manque de clarté et son étrangeté, a trouvé aujourd'hui un public enthousiaste. L'ouvrage de Nyman, dont il n'existe aucun équivalent en français, mêle avec bonheur les analyses et les anecdotes (contrairement à ce qu'on pourrait penser l'humour tient une grande part dans ce mouvement ainsi d'ailleurs que les revendications politiques) et parvient à faire saisir au non-initié les fondements et les enjeux d'un courant qui a influencé en profondeur toute la musique actuelle.
Samuel Sighicelli (*1972) est un compositeur en prise directe avec le monde, pleinement connecté à son époque, dont il offre une lecture sonore immédiate. Par son parcours, ses rencontres, sa démarche esthétique et son évolution, il symbolise la création contemporaine dans ce qu'elle a de plus novatrice et dynamique, et incarne une des tendances fortes de notre temps : la transversalité. Ses oeuvres ouvrent en effet des portes entre les arts, les langages et les univers stylistiques, voire entre les milieux de la musique. Son groupe Caravaggio, fondé en 2000, fusionne rock, improvisation et musique contemporaine. Depuis son plus jeune âge, le compositeur a été sensibilisé en famille au monde des images, tout d'abord par un père peintre, Gérard Sighicelli, et par un environnement particulièrement cinéphile. Cette passion pour le cinéma qui l'anime jusqu'à aujourd'hui structure sa pratique du spectacle et sa vision de la musique. Il aime à endosser comme un modèle le rôle du réalisateur pour l'élaboration d'une grande partie de ses oeuvres, mettant en relation de nombreuses spécialités et des talents distincts au coeur d'une fourmilière de compétences artistiques. Ce faisant, il s'intéresse à toutes les facettes, comme les lumières, les costumes ou la scénographie. Pendant sa formation, le jeune étudiant dévore tout, se plongeant dans l'improvisation et l'électroacoustique, deux bases importantes de son travail, mais aussi dans l'initiation à la philosophie et aux structures de la musique indienne, et se nourrit de nombreux styles comme la pop, le rock, le funk, la techno et le hip-hop. Après le récit de ces premières années si déterminantes pour la personnalité artistique du compositeur, La musique en prise directe se penche sur les étapes d'un parcours passionnant, cheminant entre les nombreux mondes sonores qui le constituent. Plusieurs oeuvres-phares sont présentées en détail, exposant toute la diversité de l'univers compositionnel de Samuel Sighicelli.
Le principe d'un tel ouvrage e´tait la possibilite´ d'apprendre sur la fac¸on dont un compositeur majeur de sa ge´ne´ration parvient a` transmettre ce qui pre´side au processus de sa cre´ation musicale. En particulier, l'application remarquable du compositeur a` dire, et non a` expliquer, « ce quelque chose d'avant la musique », cette « part confuse, celle ou` nous ignorons » que Pascal Dusapin de´signe aussi comme « l'innommable », et qui rencontre, au plus pre`s, l'objet de la psychanalyse. Sur le mode de la conversation libre, les entretiens se sont de´roule´s en plusieurs temps, au gre´ d'un d'abord autour de la question du flux, puis du temps, de la trace, de l'inconscient, et enfin de l'inquie´tude et du de´re`glement, devenus les titres qui organisent les diffe´rents chapitres de cette nouvelle e´dition. « Composer est un acte, un acte vivant » disait Pascal Dusapin lors de sa Lec¸on inaugurale au Colle`ge de France. L'audace du compositeur, la distance qu'il prend par rapport au savoir de´ja` institue´, celui de ses mai^tres, cette liberte´ inoui¨e qui pre´side a` sa musique s'entend dans chacun de ces entretiens. Le souci de maintenir une parole cre´ative, porteuse de nouveaute´ rencontre celui de la Jacques Lacan qui savait arracher la psychanalyse a` son repli dans le sommeil de l'orthodoxie.
Tenir l'accord est la nouvelle e´dition du livre d'entretiens re´alise´s par des psychanalystes, membres de l'E´cole de la Cause freudienne, avec le compositeur Pascal Dusapin en 2012, sous le titre Flux, trace, temps, inconscient.
Ont participe´ aux entretiens les psychanalystes, membres de l'E´cole de la Cause freudienne, Valentine Dechambre, François Ansermet, Jacqueline Dhe´ret, Paulo Siqueira, Nathalie Georges- Lambrichs, Serge Cottet, Hugo Freda, ainsi que le peintre Claude Luca-Georges.
Où sont les femmes ? Toujours pas là ! » affirme régulièrement la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (sacd). Cette inégalité entre les hommes et les femmes dans le spectacle vivant est aujourd'hui injustifiable. À la Renaissance, on pouvait compter sur les doigts d'une main le nombre de compositrices. Aujourd'hui, certes, elles sont plus nombreuses, mais elles restent encore très minoritaires ; ainsi en France, elles ne représentent que 10 % des compositeurs de musique.
Après la publication en 2017 de La mémoire en acte. Quarante ans de création musicale, les Éditions MF et le Centre de documentation de la musique contemporaine ont décidé d'un deuxième ouvrage autour de la situation des compositrices en activité en France. Ce livre rassemble 53 portraits de compositrices accompagnés des points de vue de la philosophe Geneviève Fraisse et des musicologues Jacques Amblard, David Christoffel, Florence Launay... Plus d'une soixantaine de contributions inédites sont ici réunies.
Le livre sera présenté sur les chaînes de Radio France (France Culture, France Musique, France Bleu), il fera l'objet de nombreuses rencontres dans les festivals de musiques contemporaines (Présences Radio France, Musica de Strasbourg...).
N. Tosches était tombé par hasard sur un disque enregistré dans les années trente par un artiste dont le nom ne lui disait rien, Emmett Miller. La voix et la musique qu'il entend le chavirent.
Il se lance alors dans une quête qui va durer des années (...) et finit par découvrir qu'Emmett Miller participait à des spectacles de ménestrel blackface, où des Blancs se grimaient en Noirs.
J'ai voulu explorer les zones obscures de l'histoire de la country music, pas sa popularité actuelle ; écrire un livre pour ceux qui s'intéressent davantage à la question de savoir d'oú vient cette musique et ce qu'elle est profondément, plutôt qu'à son développement récent.
Alors que le livre regorge de stars à moitié oubliées, de chanteurs de honky-tonk fanés, de rockabillies obscurs et de musiciens noirs des générations passées, alors que des pages et des pages sont consacrées à des gens comme jimmie rodgers, elvis presley et jerry lee lewis, ce vieux willie nelson et ce vieux waylon jennings ne sont signalés qu'en passant. et tandis que le plus long chapitre du livre est dédié au thème du sexe dans la country music, la vallée de l'ombre du décolleté de dolly parton est complètement passée à l'as.
Montage sulfureux d'entretiens avec les acteurs de la scène techno allemande, Der Klang der Familie plonge le lecteur dans la vie nocturne du Berlin de l'avant et de l'après chute du Mur. Servi par la verve de l'oralité et des témoignages de premier plan, il montre que la techno est aussi bien artistique que politique ou. apolitique. Dans un Berlin dévasté, les noctambules ont pris le pouvoir. Squats et autres clubs émergent. Les musiciens de Detroit (Jeff Mills et Juan Atkins) côtoient les Berlinois devenus stars (Westbam ou Marusha). Les DJ cultes et les artistes entrent aussi dans cette danse endiablée. Mais l'argot des fêtards le dispute à la confession intime, notamment celle de trois anciens hooligans de l'Est devenus des organisateurs réputés de rave.
Paris-Punkabilly 76-80 est le portrait d'une époque perçue à travers le regard d'une jeunesse velléitaire qui va de fêtes en fêtes au rythme des concerts rock et punk, à Paris comme en banlieue. Vincent Ostria revient sur ses jeunes années, entre la lecture de La Recherche et la formation d'un groupe appelé Zozo et les Martiens, les concerts légendaires des Sex Pistols ainsi que sa fréquentation des Stinky Toys, Elli et Jacno, Eva Ionesco, Alain Pacadis... jusqu'à son départ pour New York et sa découverte d'Eraserhead (Lynch). Ce récit est suivi par Journal d'un Crime, autre document précieux notamment pour tout jeune cinéaste indépendant qui voudrait découvrir les étapes obligées de l'obtention des crédits, en passant par le casting, le tournage, la post-production et leurs multiples aléas.
Pour composer de la musique nous avons plusieurs moyens à notre disposition. Mais comment faire le premier pas pour composer ? Sur du papier, à l'ordinateur ou dans un groupe ? Avec ou sans notes et portées de musique ? Avec ou sans connaissance musicale préalable ? Comment un monde imagé peut-il aider à donner du sens à un projet musical et par là même donner du sens à la vie ? Pour tenter d'y répondre, après une introduction sur la charge du son et un aperçu de notation musicale, l'auteur partage l'expérience de l'écriture de ses compositions et expositions sonores des plus complexes aux plus simples, en passant par l'analyse de l'écriture des partitions du Suisse Adolf Wölfli. Agencer des sons s'adresse aux futurs compositeurs qui se prêteront au jeu mais aussi au public curieux de comprendre comment une composition musicale se fabrique et voit le jour dans les coulisses d'une fabrique d'imaginaires.