«Je n'ai jamais écrit d'histoire plus vraie.» C'est à Antoine de Saint-Exupéry lui-même que nous devons cette saisissante confidence au sujet du Petit Prince. Ainsi, celle de ses oeuvres qui appartient avec le plus d'évidence au domaine de l'imaginaire soutiendrait-elle le plus étroit rapport avec la vérité. Mais le paradoxe n'est qu'apparent. Car tout, dans Le Petit Prince, signifie, exprime, témoigne; non à la manière d'un traité de morale ou d'un récit édifiant, mais comme le fruit gorgé des richesses amères d'une vie intensément vécue, ayant trouvé dans la fable sa plus juste et sa plus simple expression. Aller à la rencontre du petit prince, c'est donc essayer de s'approcher de cette vérité en empruntant les multiples chemins de la création, de l'enfance à l'exil. C'est tenter de rendre visible la trame existentielle et morale d'un livre dont le rayonnement universel n'a d'égal que sa très grande authenticité intime.Manuscrits, aquarelles originales, esquisses et études, documents biographiques, souvent inédits ou méconnus, livrent de précieux indices sur la naissance d'un personnage qui, s'étant soulevé de la chair et de l'âme mêmes de son créateur, en devint le double littéraire et le vibrant messager. Car rien ne tenait plus à coeur au pilote et à l'écrivain Antoine de Saint-Exupéry que de sensibiliser ses contemporains, comme les générations futures, à la menace qui pesait sur une humanité trop oublieuse d'elle-même, devenue incapable de saisir l'essentiel de sa condition. Il fallait une histoire comme celle-là pour se le dire, et pour longtemps.
Il s'agit du troisième volume de la série à succès consacrée à l'histoire culturelle des animaux, dans lequel, à travers 80 illustrations et un plan la fois chronologique et thématique, Michel Pastoureau retrace l'histoire symbolique, littéraire, lexicale et artistique d'un animal, en l'occurrence ici celle du corbeau, qui tout à la fois intrigue, fascine ou terrifie. Oiseau noir, célébré par toutes les mythologies, le corbeau européen ne cesse de se dévaloriser au fil des siècles. Si l'Antiquité gréco-romaine loue sa sagesse, son intelligence, sa mémoire, le christianisme médiéval à sa suite le rejette violemment : c'est un oiseau impie qui occupe une place de choix dans le bestiaire du Diable, symbolisant l'incarnation du démon et de toutes les forces du mal. À l'époque moderne, la symbolique du corbeau continue de se dévaloriser, comme l'attestent les fables, les proverbes, les faits de langue et de lexique. Il reste un animal au cri lugubre, un oiseau noir de mauvais augure et devient même, dans un sens figuré, un dénonciateur, un auteur de lettres anonymes. On en a peur car il a partie liée avec l'hiver, la désolation et la mort. De nos jours, cependant, le corbeau semble prendre sa revanche : les enquêtes les plus récentes sur l'intelligence animale montrent que non seulement il est le plus sagace de tous les oiseaux mais qu'il est probablement aussi le plus intelligent de tous.
«J'ai vu ses yeux de fougère s'ouvrir le matin sur un monde où les battements d'ailes de l'espoir immense se distinguent à peine des autres bruits qui sont ceux de la terreur et, sur ce monde, je n'avais vu encore que des yeux se fermer.»En cet été 1927, au manoir d'Ango en Normandie, André Breton travaille à un court livre autobiographique évoquant sa rencontre avec une jeune femme, Léona Delcourt, que la postérité littéraire retiendra sous le nom de Nadja. De cette brève et intense attraction réciproque, le poète tire un texte parsemé d'images qui met en scène les hasards, les pérégrinations, les coïncidences, comme déterminants de l'aventure amoureuse, de l'écriture et des arts.Au gré du récit, cet ouvrage propose une déambulation à travers l'univers unique de Nadja, du surréalisme alors à son acmé, et lève le voile sur celle qui en fut l'héroïne.
Hervé Le Tellier, "oulipien patenté", lauréat du prix Goncourt en 2020 avec "L'anomalie" (Gallimard) se livre ici à un exercice de poésie urbaine. Chacune des doubles pages de son "urbier" est composée d'une image de détritus, accompagnée de son haïku et de son étiquette érudite. Un régal d'humour et de poésie.
À cause du sujet traité ainsi que du ton humoristique qui soustend rien de moins qu'une 'Philosophie' en quête de la chambre idéale nous sommes face à un texte atypique dans la productio littéraire d'Edgar Allan Poe.
Le Catalogue de la mort est une exploration décomplexée de la dernière grande étape de notre existence : la mort. Dans cet ouvrage à la fois drôle et érudit, Bunpei Yorifuji aborde tous les aspects imaginables du « passage vers l'au-delà » :
Où meurt-on le plus ? De quelles causes ? Qui vit le plus longtemps ? Quelles sont les cultures où l'on craint le plus la mort et comment la représentent-ils ? Quelles sont les meilleures (et pires) façons de mourir ?
Bref : qu'est-ce que la mort?
À cette interrogation naïve, l'auteur répond comme à son habitude en texte et en image, mêlant dessins humoristiques et recherche approfondie. Fort d'une culture japonaise où ce sujet est appréhendé de manière décomplexée, Bunpei Yorifuji s'adresse dans cet ouvrage autant aux adultes qu'aux plus jeunes. Un livre à mettre entre les mains de toutes celles et ceux qui cherchent à aborder avec finesse le thème de la mort.
Le XIXe siècle a connu un développement sans précédent des sciences naturelles. Si les grands voyages d'exploration témoignent de la diversité du monde et de la variété des espèces vivantes, la géologie dévoile l'inimaginable antiquité de la terre, et l'étude des fossiles révèle les prémices de la vie et l'existence d'espèces disparues, dont les dinosaures. La découverte de l'homme préhistorique questionne tout autant : comment le représenter ? Qui était le premier artiste ? Dans la seconde moitié du siècle, Darwin et ses adeptes interrogent les origines de l'homme, sa place dans la Nature, ses liens avec les animaux ainsi que sa propre animalité dans un monde désormais compris comme un écosystème. Ce bouleversement dans les sciences, ainsi que les débats publics qui traversent le siècle, in?uencent profondément les artistes. L'esthétique symboliste de la métamorphose se peuple alors de monstres et d'hybrides. L'in?niment petit, la botanique et les profondeurs océaniques inspirent les arts décoratifs. À la croisée des sciences et des arts, cet ouvrage confronte les principaux jalons des découvertes scienti?ques avec leur parallèle dans l'imaginaire.
Cette année, nous fêtons les 100 ans de la naissance de Michel Audiard. On le sait peu, mais l'auteur des «Tontons flingueurs »ou de «Mélodie en sous-sol »est celui qui a le plus adapté Georges Simenon au cinéma. Entre 1956 et 1961, il a collaboré à pas moins de six films tirés de l'oeuvre de l'écrivain belge, le père de Maigret, auquel il vouait une grande admiration, le tenant pour "le plus grand romancier vivant". Ce volume donne à lire les scénarios de trois de ces adaptations, dont Audiard fut à la fois le coscénariste et le dialoguiste : «Le Sang à la tête» (1956) de Gilles Grangier, «Maigret tend un piège» (1958) de Jean Delannoy et «Le Président» d'Henri Verneuil (1961). Trois films qui ont Jean Gabin pour acteur principal, à l'époque où Michel Audiard était son dialoguiste attitré et où l'acteur était devenu l'interprète simenonien par excellence.
Ce volume donne à lire les scénarios de trois de ces adaptations, dont Audiard fut à la fois le coscénariste et le dialoguiste : «Le Sang à la tête» (1956) de Gilles Grangier, «Maigret tend un piège» (1958) de Jean Delannoy et «Le Président» d'Henri Verneuil (1961). Trois films qui ont Jean Gabin pour acteur principal, à l'époque où Michel Audiard était son dialoguiste attitré
Giuseppe Penone, né en 1947 en Italie, est associé au mouvement de l'Arte Povera. Artiste de renommée internationale, il a représenté l'Italie à la Biennale de Venise en 2007 et est intervenu dans les jardins et au château de Versailles en 2013.
Cet ouvrage passionnant, illustré par de nombreuses photographies d'oeuvres de toutes périodes de Penone, réunit l'ensemble de ses écrits présentés de manière chronologique. Ces courts textes permettent de mieux appréhender son oeuvre et sa personnalité.
Ils paraissent dans une édition augmentée de ses dernières contributions.
Comme il l'exprime dans Respirer l'ombre, iltente de « retrouver les valeurs de l'exaltation de l'oeuvre exceptionnelle, extrême, unique, impossible, absolue avec la force et l'éternité des vingt ans.
[...] Une oeuvre modelée par un vent de terre et qui laisse les empreintes de la mémoire des rêves. Une oeuvre qui renferme les valeurs recueillies à l'occasion d'un voyage dans le temps sur un astronef d'argile. Un voyage qui croise d'autres voyages, de périodes lointaines, de gens lointains, de terres lointaines. [...] en portant le regard sur l'austère, la furtive, la volubile, la superbe, la moqueuse, la rayonnante, l'infidèle, l'infime, l'immense présence poétique. »
On ose à peine présenter Tonino Guerra, poète, avant tout poète, dramaturge, artiste, et bien sûr scénariste de F. Fellini, de M. Antonioni, ainsi que de T. Angelopoulos, de De Sica, de De Santis, des frères Taviani, de F. Rosi, sans oublier d'A. Tarkoski qu'il accueillit en Italie et avec lequel il collabora à son film Nostalghia (1983)...
Paru en Italie en 1997, alors que Tonino Guerra était âgé de 77 ans, Il pleut sur le déluge se présente comme un Journal tenu à l'écart, en Émile-Romagne, durant les douze mois d'une année. Véritable calendrier de l'âme, ce livre paru en est écrit au fil des sensations cueillies au passage des saisons, empli d'épiphanies et de visions tissées dans les souvenirs. Çà et là, des poèmes en dialecte romagnol surgissent, concentrés d'impressions et d'échos d'une vie paysanne.
On trouvera en ces pages des portraits d'artistes russes et italiens dessinés avec une grande humanité, des excursions dans de petits villages romagnols... un voyage intérieur merveilleux et touchant, sans réelle frontière entre passé et présent, rêve et réalité.
Roberto Roversi, poète et critique italien, le qualifie à juste titre de livre de méditations et de chant. «Il appartient à ce genre de livre auxquels - après les avoir lus - on doit dire merci.» Précisons que ce livre comporte des dessins de l'auteur.
En 2007, TASCHEN publiait The New Erotic Photography, suivi en 2012 de The New Erotic Photography 2. Chaque volume comportait des centaines d'images fraîches et provocantes signées des talents érotiques les plus intrigants au monde. Aujourd'hui, le meilleur des deux livres est disponible sous le titre The New Erotic Photography, qui présente le travail de 62 photographes originaires de 10 pays, et explore ainsi les variations mondiales de la photographie érotique et l'évolution du médium photographique ces dix dernières années. On assiste au passage de l'argentique au numérique, tandis que ceux qui persistent à utiliser la pellicule auront autant tendance à travailler avec des Polaroids ou des appareils primitifs comme le Lomo et l'Holga plutôt qu'avec des boîtiers SLR traditionnels.
Les photographes présentés comptent notamment des nouveaux venus comme Gregory Bojorquez, Jo Schwab, Tomohide Ikeya, Frédéric Fontenoy, Andrew Pashis et Jan Hronsky, et des artistes établis comme Guido Argentini, Bruno Bisang, Eric Kroll et le défunt Bob Carlos Clarke. Plusieurs femmes remarquables figurent aussi dans cette édition, parmi lesquelles la vedette de cinéma érotique Kimberly Kane, la pionnière du numérique Natacha Merritt, la skateuse heavy metal Magdalena Wosinska, l'autoportraitiste Jody Frost et l'artiste April-lea Hutchinson. Tout cela constitue une somme étourdissante de nus pour un prix plus qu'alléchant.
Première rétrospective en France consacrée à Araki, l'un des plus grands maîtres de la photographie contemporaine japonaise, l'exposition retrace quelque cinquante années de travail d'Araki, de la série «Théâtre de l'amour» (1965) à des oeuvres inédites, dont l'installation «Tokyo-Tombeau» (2015), spécialement réalisée par l'artiste pour cette présentation au MNAAG. Nobuyoshi Araki, né à Tokyo en 1940, a publié au cours de sa carrière plus de cinq cents livres de photographies, ce qui fait de cet artiste le plus prolifique des photographes. Sa notoriété mondiale a souvent reposé sur l'érotisme de son art, et notamment sur les séries sulfureuses consacrées à l'art du kinbaku (bondage japonais né de l'art martial traditionnel du ligotage, le hojojutsu). La photographie d'Araki est cependant plus riche et plus complexe que ce seul chapitre, et l'exposition veut montrer la profondeur, l'ampleur et la poésie de son oeuvre. Ainsi, à travers un parcours en chapitres thématiques, nous sont présentées les séries consacrées aux fleurs, à Tokyo, à l'histoire d'amour passionnelle d'Araki avec son épouse Yoko ; des ciels de Tokyo, motif qu'Araki photographie chaque jour depuis plus de vingt-cinq ans ; et des extraits de son «journal intime photographié».
«Une confiance d'enfant, une confiance qui va au-devant, espérante, qui vous soulève, confiance qui, entrant dans le brassage tumultueux de l'univers [...], devient un soulèvement plus grand, un soulèvement prodigieusement grand, un soulèvement extraordinaire, un soulèvement jamais connu, un soulèvement par-dessus soi, par-dessus tout, un soulèvement miraculeux qui est en même temps un acquiescement, un acquiescement sans borne, apaisant et excitant, un débordement et une libération, une contemplation, une soif de plus de libération, et pourtant à avoir peur que la poitrine ne cède dans cette bienheureuse joie excessive...» Henri Michaux, L'Infini turbulent (1957).
Ouvrage collectif de Nicole Brenez, Judith Butler, Marie José Mondzain, Antonio Negri et de Jacques Rancière. Édition publiée sous la direction de Georges Didi-Huberman.
S'iinstaller sur les positions d'autrui, épouser le mouvement du raisonnement de la partie adverse pour en exploiter les faiblesses : l'art de la discussion, c'est l'art de la guerre. Schopenhauer sait que les mots et les arguments sont des poignards dont la pointe peut tuer ; il sait aussi que la seule réalité qui vaille est notre propre victoire, même si le vrai maître du jeu reste finalement le langage et ses ressources infinies.
Dans la capitale ottomane, comme dans les autres grandes villes de l'Empire ottoman, les Arméniens font figure de pionniers de la photographie, se passionnant très tôt pour le nouveau médium et ouvrant les premiers ateliers locaux qui se multiplient rapidement. De fait, plus d'un siècle après, leur travail nous permet de comprendre la vie quotidienne et les grands moments qui ponctuent l'histoire de toute une communauté.
Ce beau-livre illustré avec l'exceptionnelle collection photographique de Pierre de Gigord, retrace une histoire de cette communauté arménienne, du XIXe siècle, avec l'ère des réformes qui coïncide avec l'invention des premiers procédés photographiques, à la fin de la Grande Guerre, dans la capitale ottomane, comme dans les provinces.
Les fantasmes qui nous hantent n'attendent pas pour conduire nos actions que nous y consentions.
Ils n'attendent pas après le langage (qui n'envahit la tête que vingt-sept mois après notre conception, que dix-huit mois après notre naissance, qui nous quitte chaque nuit, avant de nous abandonner complètement dans la mort).
Les fantasmes déterminent les jours, les rencontres, les heures, les gestes. Ils les contraignent. Ils présagent en silence. Ils s'imposent à nos mains, à nos voix tout à coup. Les nuits s'imposent à nos jours.
P. Quignard
Tout Rimbaud poète est là, dans son écriture, ce qui est un privilège rare.
L'émotion est exaltée par la complicité qui naît avec cet extraordinaire ensemble de fac-similés. L'écriture engendre une forme de présence, une chaleur humaine, elle magnifie l'oeuvre, plus vibrante, plus violente, plus actuelle encore.
Les dernières collections privées ont désormais renoncé au secret. Cette édition est donc définitive : elle contient non seulement de nouveaux textes (« Qu'est-ce pour nous mon coeur », « Michel et Christine », « Plates-bandes d'Amarante », « Honte ») mais aussi de nombreuses variantes.
Nous reproduisons aussi pour la première fois le Rapport sur l'Ogadine car il est un exemple fondamental de la nouvelle « oeuvre » que Rimbaud avait voulu construire en corne de l'Afrique : travail rigoureux, description objective, précision « scientifique ». Était-il devenu un autre ? Non : l'écriture révèle le même homme, sa nature, son histoire, mais le trait maîtrisé dit aussi les tensions intérieures, les enfermements, la violence à soi-même, en soi-même. La magie de Rimbaud et son drame. Les espérances, les chutes, les excitations et les rêves que les mots ne disent pas, mais que l'écriture révèle. Ce livre est fait d'émotion pure.
À la fin des années 1960, l'opposition à la guerre du Vietnam, au racisme et à l'injustice sociale se radicalise aux États-Unis, avec le soutien de nombreux artistes. Le 9 septembre 1971, une révolte éclate à la prison d'Attica dans l'État de New York. Immédiatement, les détenus, en majorité noirs, font entrer journalistes, photographes et observateurs. Pour la première fois, une mutinerie est ainsi suivie de l'intérieur. Au bout de quatre jours, l'assaut est donné. La révolte se solde par quarante-trois morts et des dizaines de blessés.
L'événement a un écho immense, entraînant enquêtes et mobilisations :
Attica devient un symbole de la lutte contre l'arbitraire. C'est cette histoire, à la fois artistique et politique, que met en lumière le livre. Elle renvoie aux conflits raciaux qui traversent toujours les États-Unis et à la situation dramatique de ses prisons. Elle engage aussi à porter plus d'attention aux conditions de détention comme aux discriminations qui existent en France aujourd'hui.
Outre documents et images d'archives, le livre rassemble des photographies et oeuvres graphiques d'artistes tels que Cornell Capa, Emory Douglas, Faith Ringgold, Martha Rosler, Stephen Shames, ou Frank Stella. Il comprend également six essais d'historiens de différentes disciplines ainsi qu'une introduction et un récit des événements par Philippe Artières, historien, directeur de recherches au CNRS et responsable de l'ouvrage.
L'historienne de l'art Elvan Zabunyan consacre son essai à l'engagement des artistes américains au cours des années 1960-1970. Se plaçant du côté du « pouvoir », l'historien de la photographie Thierry Gervais analyse la manière dont Newsweek, Time ou Life rendent compte des événements tandis que, du point de vue opposé, l'historienne du cinéma Nicole Brenez revient sur les films militants réalisés à cette époque. Les historiens de la musique Jedediah Sklower et Emmanuel Parent resituent les différents morceaux consacrés à Attica dans l'évolution des musiques populaires aux Etats-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale.
Deux essais de spécialistes de l'histoire africaine-américaine complètent cet ensemble. Le livre s'ouvre sur un panorama de la situation politique et de la contestation aux Etats-Unis, au tournant des années 1960-1970, écrit par Caroline Rolland-Diamond, professeure à l'université Paris-Ouest ; il se conclut avec un texte de Tom Holt, professeur à l'université de Chicago, sur le lien entre la prison et la discrimination raciale aux Etats-Unis.
En proposant cette diversité de points de vue, Attica, USA, 1971 espère permettre aux lecteurs français à la fois de découvrir un événement exceptionnel et une histoire dont les échos sont encore sensibles aujourd'hui.
Pas de journal télévisé, d'article de presse ou de présentation d'entreprise sans une série de courbes, de diagrammes, de graphiques ou d'histogrammes, au point de parfois créer une forme de dépendance intellectuelle aux schémas en tous genres. Et pour cause : ces figures permettent de rendre une idée complexe immédiatement mémorisable par le cerveau humain, épargnant ainsi une longue démonstration. Mais saviez-vous que ce mode de pensée et d'expression, qui tient à la fois de l'image et de l'écriture, existait bien avant Microsoft et ses schémas auto-générés ? Confrontés aux mêmes difficultés que nous, érudits, hommes d'église ou simples artisans ont caché des trésors d'inventivité dans les manuscrits médiévaux où les roues, les arbres, les échelles et autres figures insolites invitent le lecteur à s'introduire, par l'oeil et l'esprit, dans le labyrinthe de l'âme et du monde.
Cartes de visites collectées une à une, répertoires d'adresses, photos de classe, albums, cartes postales envoyées ou collectionnées selon des principes oubliés...
Avec ce projet, aussi plastique que littéraire, l'artiste propose de faire surgir des histoires possibles - banales ou extraordinaires - d'archives en dormance, révélant ainsi la puissance d'évocation de ce que Maurice Olender appelle le « matériau du rêve ». En intervenant dans la matière même des documents pour composer de nouveaux objets (effets de zoom, recadrages, mise en série...), Valérie Mréjen prête vie et langage à l'archive devenue, dans la continuité de ses derniers travaux, point de départ de narrations inédites.
Les mêmes images, selon qui s'en empare, génèrent des récits radicalement différents. Valérie Mréjen a voulu l'observer en conviant à ses côtés cinq autres auteurs à donner voix à certains documents et à se prêter au jeu d'une réactivation de l'archive par la narration : Tania de Montaigne, Dominique Gilliot, Stéphane Bouquet, Bertrand Schefer et Laurent Mauvignier. Chacun nous montre à sa manière que travailler avec l'archive, c'est d'abord inventer.
Soustraction est le 4e ouvrage de la collection « Le lieu de l'archive ».
30 ans après sa disparition à la fin du XIXe siècle, un baleinier retrouve les traces d'une expédition polaire suédoise. Ces traces, Hélène Gaudy en a fait son matériau de travail. Elle est à l'origine d'une exposition d'art contemporain explorant le décalage entre le voyage et ce que le voyageur désire en montrer. Dix-sept auteurs ont écrit à partir des oeuvres. Dans ce rapport texte/image décalé, ils réinventent l'expérience du déplacement au prisme d'un monde confronté à l'impossibilité d'une exploration réelle et à la disparition des terres vierges. Ils interrogent la façon dont les mythes engendrés par le voyage en suscitent de nouveaux, s'adaptant à l'évolution de la société et aux nouvelles façons d'arpenter le monde. Ce livre rassemble leurs textes accompagnés d'une photographie.