Cinéaste et cinéphile, Bertrand Tavernier est l'auteur d'une filmographie riche et éclectique. À travers quinze témoignages inédits d'artistes et de proches du réalisateur, enrichis d'images et d'extraits de films, Laurent Delmas présente les grands thèmes qui traversent son oeuvre:les pères, les héroïnes, la guerre, la musique et les chansons, les faits divers, l'Histoire, les adaptations, l'engagement et la cinéphilie. Dans le prolongement de la série documentaire «Tavernier, le cinéma et rien d'autre» sur France Inter, on découvre un cinéaste à la fois ancré dans son époque et imprégné d'une tradition cinématographique française qui fait la part belle aux histoires, aux scénarios, aux dialogues et aux acteurs.Avec Stéphane Audoin-Rouzeau, Nathalie Baye, Luc Béraud, Christophe Blain, Thierry Frémaux, Julie Gayet, Xavier Giannoli, Marie Gillain, Laurent Heynemann, Isabelle Huppert, Stéphane Lerouge, Raphaël Personnaz, Philippe Sarde, Mélanie Thierry et Philippe Torreton.
La Fée-Cinéma est le récit autobiographique d'Alice Guy:première femme cinéaste du monde.Écrire vite. Raconter son enfance, d'abord:la jeune Alice est élevée entre le Chili, la Suisse et la France. Puis le pensionnat et la vie à Paris. Suivent des études de sténographie, avant qu'elle ne devienne en 1895 la secrétaire de Léon Gaumont au Comptoir général de Photographie. C'est à la suite de la première projection du cinématographe des frères Lumière qu'Alice a l'idée de tourner de courtes fictions pour soutenir la vente des caméras Gaumont. Déjà «mordue par le démon du cinéma», elle n'a qu'une obsession:raconter des histoires en réalisant ses propres films, dont le plus célèbre, La Fée aux choux, considéré comme le premier film de fiction...Longtemps effacée de l'Histoire, Alice Guy décrit ici avec précision les débuts du cinéma, la magie des accidents, des expérimentations et autres bouts de ficelle. Sans détour et sans romance, d'une écriture intime et urgente, elle dit la beauté du 7? art qu'elle a «aidé à mettre au monde»; elle se réhabilite.Elle meurt en 1968 et ses Mémoires, pourtant achevés en 1953, ne seront publiés qu'en 1976.
Dans les années 1960, Philippe R. Doumic réalise pour Unifrance 15 000 photographies d'actrices et d'acteurs, de techniciens, de réalisateurs, pour promouvoir le jeune cinéma français. Beaucoup de ces étoiles montantes sont devenues des stars (Catherine Deneuve, Jean-Paul Belmondo, Brigitte Bardot...) et nombre des images de Philippe Doumic ont depuis fait le tour du monde. Mais le nom du photographe est demeuré dans l'ombre. Cet ouvrage entend rendre hommage à l'homme et à l'oeuvre à travers 200 photographies de personnalités du cinéma, qui saisissent une époque autant que des regards d'une force rare. Il raconte aussi leur histoire et celle d'un homme trop discret, sous la plume d'un témoin unique, sa fille Laurence Doumic-Roux.
«Quand venait l'heure de nous coucher et de nous mettre en pyjama, notre père restait près de nous et nous apprenait à disposer nos vêtements dans l'ordre très exact du rhabillage. Il nous avertissait, nous savions que la cloche de la porte extérieure nous réveillerait en plein sommeil et que nous aurions à fuir, comme si la Gestapo surgissait. "Votre temps sera chronométré", disait-il, nous ne prîmes pas très longtemps la chose pour un jeu. C'était une cloche au timbre puissant et clair, actionnée par une chaîne. Et soudain, cet inoubliable carillon impérieux de l'aube, les allers-retours du battant de la cloche sur ses parois marquant sans équivoque qu'on ne sonnait pas dans l'attente polie d'une ouverture, mais pour annoncer une brutale effraction. Sursaut du réveil, l'un de nous secouait notre petite soeur lourdement endormie, nous nous vêtions dans le noir, à grande vitesse, avec des gestes de plus en plus mécanisés au fil des progrès de l'entraînement, dévalions les deux étages, sans un bruit et dans l'obscurité totale, ouvrions comme par magie la porte de la cour et foncions vers la lisière du jardin, écartions les branchages, les remettions en place après nous être glissés l'un derrière l'autre dans la protectrice anfractuosité, et attendions souffle perdu, hors d'haleine. Nous l'attendions, nous le guettions, il était lent ou rapide, cela dépendait, il faisait semblant de nous chercher et nous trouvait sans jamais faillir. À travers les branchages, nous apercevions ses bottes de SS et nous entendions sa voix angoissée de père juif : "Vous avez bougé, vous avez fait du bruit. - Non, Papa, c'est une branche qui a craqué. - Vous avez parlé, je vous ai entendus, ils vous auraient découverts." Cela continuait jusqu'à ce qu'il nous dise de sortir. Il ne jouait pas. Il jouait les SS et leurs chiens.» Écrits dans une prose magnifique et puissante, les Mémoires de l'auteur de la Shoah disent toute la liberté et l'horreur du XXe siècle, faisant du Lièvre de Patagonie un livre unique qui allie la pensée, la passion, la joie, la jeunesse, l'humour, le tragique.
Lorsque Takeshi Kitano décroche le Lion d'or à Venise pour Hana-bi en 1997, le public japonais ne peut s'empêcher de penser qu'il vient de gagner à la loterie. Sur l'archipel, le cinéaste est d'abord Beat Takeshi, le saltimbanque du petit écran, capable d'animer jusqu'à huit émissions par semaine, déguisé en geisha ou en porc-épic géant. Mais depuis qu'il a quitté ses études de mécanique pour être comique dans des cabarets de strip-tease, le gosse de Tokyo n'a cessé de choisir seul qui il allait devenir, quitte à prendre tout le monde à contre-pied. Ou plutôt de ne pas choisir, à la fois humoriste le plus outrancier du pays, présentateur foutraque de jeux au succès planétaire, comédien sensible aux côtés de David Bowie dans Furyo et réalisateur de films d'avant-garde. Une improvisation au rythme effréné qui aura fait de lui une légende au pays du Soleil-Levant, avec tout ce que cela comporte de fantasque et de merveilleux.
François Truffaut, l'un des visages les plus célèbres de la Nouvelle Vague, le père d'Antoine Doinel, «l'homme qui aimait les actrices»...Disparu à l'âge de cinquante-deux ans, le cinéaste a laissé une oeuvre d'une diversité remarquable, dans laquelle, pourtant, certains thèmes comme l'amour ou l'enfance réapparaissent de façon récurrente.Des Quatre Cents Coups au Dernier Métro en passant par Jules et Jim ou La Nuit américaine, il a fait tourner les plus grands - Moreau, Deneuve, Ardant, Léaud bien sûr, Belmondo, Depardieu ou encore Trintignant, pour n'en citer que quelques-uns.Ses réalisations sont émaillées de repères autobiographiques. Ainsi, en nous racontant l'histoire de chacun de ses vingt-cinq films, Christine Masson et Laurent Delmas nous parlent-ils aussi de l'homme François Truffaut, faisant un lien permanent entre sa vie et son oeuvre.Cet ouvrage richement illustré est préfacé par Arnaud Desplechin qui, dans un texte d'une rare sensibilité, rend un magnifique hommage au réalisateur.
Deux artistes de deux pays et deux générations très différentes, Ken Loach et Edouard Louis, échangent sur l'art, le cinéma, la littérature et leur rôle aujourd'hui. Comment l'art peut-il, notamment, poser et repenser la question de la violence de classe ? Comment représenter les classes populaires comme ont tenté de le faire les deux auteurs du présent livre dans leur travail ? Et quel est le rôle de l'art dans un contexte politique mondial où les plus précaires se tournent vers l'extrême-droite ? Comment repenser la gauche pour défaire cette tendance, palpable tant dans la montée du Front National, que dans l'ascension de Trump, ou encore de Bolsonaro ?
En confrontant leurs réflexions, et à partir de leurs oeuvres, Loach et Louis tentent de répondre à ces questions.
VOUS AVEZ ADORE LES CARNETS D'OZU... VOUS ALLEZ DEVORE LES CARNETS DE BERGMAN !
INGMAR BERGMAN, L'UN DES PLUS GRANDS CINEASTE DE L'HISTOIRE DU CINEMA. SES CARNETS INTIMES RACONTENT L'HOMME ET LE RÉALISATEUR. UN VOYAGE AU COEUR DE SON UNIVERS.
Du Septième Sceau (1957) à Sarabande (2004), en passant par Persona (1966), Sonate d'automne (1978) ou Fanny et Alexandre (1982), ces Carnets inédits d'Ingmar Bergman nous dévoilent les coulisses mentales de ses plus célèbres oeuvres, mais aussi de projets de films jamais réalisés, au gré de dialogues, de scènes et d'anecdotes où la réalité et les souvenirs se mêlent à la fiction et au rêve.
Tour à tour journal intime et exploration du coeur palpitant de la création, ces Carnets nous livrent un autoportrait poignant, celui d'un artiste au quotidien, avec ses moments d'euphorie et d'abattement, à la recherche éperdue de la vérité enfouie, brute et intime, des êtres et des sentiments.
Cette biographie, complétée d'un cahier photo inédit, rend hommage à une figure iconique du cinéma de la deuxième partie du XXe siècle : Margot Capelier, la reine du casting.
Séquences dérobées ou offertes au regard, dialogues en coulisses ou sur le plateau de tournage, fragments volés d'un destin entièrement voué au septième artâ€- Parce que le cinéma singulier et exigeant de François Truffaut nous parle, mieux que tout autre, de ce qui constitue la chair même de nos existences - paradis perdus de l'enfance, troubles amoureux, tourbillons des rencontres, profondes solitudes -, Anne Terral nous livre en 24 scènes saisies sur le vif, imaginaires ou soigneusement documentées, un portrait sensible et intimiste de ce réalisateur passionné dont la vie et l'oeuvre se confondent au fil des images, révélant comme en fondu enchaîné l'esprit de liberté, le goût du secret et la formidable créativité qui l'animaient. Née en 1970 à Toulouse, Anne Terral écrit des romans (Après, Dans la nuit des autres et Curiosité - éditions Stock), des fictions radiophoniques et des albums, romans et documentaires pour les enfants.
Comment filmer ce qui nous terrorise aujourd'hui ? Comment filmer ces nouveaux fanatiques d'une croyance autorisant la haine, le meurtre de tous ceux et toutes celles qui n'adhèrent pas à cette croyance ? Comment filmer cette actualité en saisissant le présent profond à l'oeuvre dans cette actualité ? Rossellini a su le faire avec Allemagne année zéro. Il a su filmer le noyau du nazisme : le mépris du père dans le mépris de l'homme faible, malade, mépris culminant dans l'autorisation de tuer ce père, de tuer celui ou celle dont la fonction est de dire la loi, d'interdire le meurtre. (24 octobre 2016) Je remarque que j'écris moins souvent dans mon journal de travail. Je ne sais pas pourquoi. Au début, après l'échec de notre film Je pense à vous, j'ai écrit pour essayer de comprendre ce que nous avions fait et essayer de sortir de l'ornière dans laquelle nous et notre cinéma étions embourbés. Mon frère et moi ne cessions de discuter pour savoir que faire, comment faire, ou peut-être ne plus rien faire. Ce sont des condensés de ces échanges que je notais sans trop bien savoir pourquoi, sans doute pour nous donner du courage, me donner du courage dans l'écriture de ce qui deviendrait le film La Promesse. [...] Je vais donc sans doute continuer d'écrire ce journal pour nous aider, m'aider, dans l'écriture des scénarios mais aussi parce que je me rends compte que j'en ai besoin. C'est étrange, mais j'ai comme l'impression que sans lui, même si j'y écris moins souvent, je serais incapable de penser un film avec mon frère. C'est ma façon d'être à deux pour faire des films, mon frère a une autre façon, l'important étant que nous désirons tous les deux faire le même film. (30 décembre 2021), L. D.
Celui qui se présente ici comme narrateur en est donc réduit à parler d'un film, d'un seul film, du même film qu'il a vu des dizaines et des dizaines de fois. Toute remarque, tout commentaire, il les a notés, consignés dans un cahier, jour après jour. Son existence est minée par le film. Ses goûts et ses jugements, il les doit au film. Ses amis comme ses ennemis, il les doit à l'opinion qu'ils se sont faite sur le film. À vrai dire, sa vie ne tient qu'à un film.
Évidemment, Cinéma est un roman, et l'on se doute qu'il ne s'agit pas de parler d'un film, de discourir sur un film. Il s'agirait plutôt d'une tentative renversée d'adaptation, au sens où ce mot est employé lorsqu'un cinéaste s'empare d'un livre, un livre qui le hanterait au point qu'il lui faille aussi en finir avec cette fascination, s'en débarrasser en tâchant d'en percer le mystère. En finir, en somme, à la manière du limier attaché aux basques de l'assassin, avec ce rapport d'admiration-répulsion que les meilleurs détectives de la littérature policière entretiennent toujours avec l'homme qu'ils chassent pour le rabattre vers le lecteur jusqu'à l'hallali final.
Bertrand Leclair, Les Inrockuptibles.
De La Belle et la Bête de Jean Cocteau aux Ailes du désir de Wim Wenders, ce sont soixante années d'une histoire d'amour entre Henri Alekan et le cinéma. C'est à un véritable traité de la lumière qu'il nous invite, nous faisant partager une vie de réflexion et de méditation, au gré des tableaux qu'il a étudiés et des films qu'il a éclairés. Dans un ouvrage devenu culte, l'un des plus grands directeurs de la photographie du cinéma mondial nous offre sa vision des lumières, des ombres et de leur influence sur le déroulement d'un film comme sur le monde.
J'ai la mémoire de toutes mes photos, elles forment le tissu de ma vie et pal Ibis, bien sûr, elles se font des signes par-delà les années. Elles se répondent, elles conversent, elles tissent des secrets. À partir d'une cinquantaine de photos, Willy Rouis dessine son autoportrait. On le suit dans ses voyages, ses virées dans les rues de Paris et sur les bords de la Marne, ses reportages aussi. Une photo, c'est un moment pris sur le vif, mais c'est aussi l'histoire d'un jour. Ce jour-là : UN autoportrait à la manière d'un Je me souviens. C'est avec émotion due ce livre feuillette à la fois son être le plus intime, son talent de photographe et son talent de conteur.
À Hollywood, elle a révolutionné les codes du glamour. À New York et Paris, ceux du style et de la mode. De Vacances romaines à Diamants sur canapé, en passant par Charade ou My Fair Lady, les chefs-d'oeuvre peuplent la filmographie d'Audrey Hepburn. Pourtant, c'est de son visage et de sa silhouette, d'abord, dont on se souvient. Tous les malheurs du monde et les drames intimes qu'elle a traversés - de son enfance sous la Seconde Guerre mondiale au début des années 90 - semblent s'éclipser derrière ce visage parfait, ce sourire bienveillant, ce regard accueillant, qui semblent dire que rien n'est grave, que tout va bien.
John Cassavetes expose en détail les étapes de réalisation de chacun de ses films, de Shadows à Love Streams, ses influences, ses méthodes et ses rencontres. Le livre alterne ses propos avec ceux de Ray Carney, qui viennent à la fois les resituer, les compléter et parfois les discuter.
Salué à sa sortie aux États-Unis en 2001, Cassavetes par Cassavetes est, selon le cinéaste Harmony Korine, le « meilleur livre jamais écrit sur le cinéma ».
Uel est le premier film parlant ? Comment se caractérise le néo-réalisme italien ? Comment les premiers effets spéciaux furent-ils réalisés ? Quelles oeuvres du XXIe siècle peuvent-elles être déjà considérées comme majeures ?
Vingt-cinq historiens du cinéma, critiques, auteurs et enseignants ont participé à l'élaboration de cet ouvrage unique pour nous aider à mieux comprendre l'évolution du cinéma mondial, depuis ses balbutiements jusqu'aux dernières réalisations en 3D.
- Près de 700 films commentés.
- 80 entrées thématiques, représentatives de l'histoire du cinéma, présentées en détail.
- 160 chefs-d'oeuvre incontournables décryptés.
- Tous les outils indispensables (repères chronologiques, biographies de réalisateurs et d'acteurs, analyses de scènes emblématiques, index).
François Truffaut livre ses secrets de cinéma.En 1981, François Truffaut, l'ancien fougueux critique de cinéma, fait l'autocritique de ses propres films.En s'appuyant sur des scènes et des anecdotes de tournage, Truffaut revisite, avec émotion et franchise, sa carrière, des Mistons (1959) à La Femme d'à côté (1981).Des échanges précieux dans lesquels il se remémore la genèse des films, révèle leurs secrets de fabrication et n'hésite pas à juger avec sévérité certains de ses partis pris de mise en scène. Un long entretien inédit et richement illustré qui dessine en filigrane le portrait d'un immense artiste.Plus qu'une leçon de cinéma, une réponse à la question fondamentale:qu'est-ce que le cinéma?
En 1968, alors que Pasolini terminait le tournage de Theorème, le journaliste Jon Halliday (alias Oswald Stack) interviewe pendant plusieurs semaines le cinéaste et poète pour qu'il approfondisse avec lui une sorte d'autoportrait personnel et intellectuel, et analyse en profondeur sa carrière littéraire et cinématographique et ses positions politiques. Un document exceptionnel sur l'artiste et l'homme.
Pasolini est à un tournant capital de son oeuvre et de sa vie. Sans avoir encore rencontré un très large public (que ses derniers films lui donneront), il est considéré, aux yeux du monde entier comme une figure majeure du cinéma, de la poésie, du roman et de la vie politique italienne, en tant qu'artiste novateur et observateur unique de l'Italie d'après-guerre. Source d'informations irremplaçables, notamment sur son enfance et sur la genèse de tous ses films, cet entretien n'a jamais été traduit, après sa double publication simultanée, en anglais et en italien. Une publication posthume en Italie (1992) ajouta des éléments concernant les films successifs, et notamment un entretien sur les Contes de Canterbury. Le traducteur ajoute un long chapitre en forme de postface qui rend compte des six dernières années de Pasolini, de ses films ultérieurs, de sa mort. De nombreux photogrammes, photos de plateau et photos d'archives illustrent la conversation.
De son apprentissage à ses plus grandes réussites, en passant par ses échecs qu'il expose avec la même humilité et le même humour, William Goldman raconte ici les grandes étapes de sa carrière, film après film. Ce livre s'adresse aux scénaristes débutants ou confirmés, mais aussi à tous ceux qui veulent revivre un certain âge d'or d'Hollywood à travers les yeux d'un de ses plus fins observateurs et découvrir comment naissent les grands films. Goldman nous montre le vrai visage des légendes avec qui il a travaillé, patrons de studio, producteurs, réalisateurs et comédiens, parmi lesquels Laurence Olivier, Paul Newman, Robert Redford, Dustin Hoffman, Susan Sarandon, Michael Douglas, Robin Wright
Un barbu californien qui fait ses courses en robe de chambre, trois bagnards évadés, un coiffeur silencieux, une photographie de femme sur la plage, un bébé sur le toit d'une voiture... Qui peut évoquer les frères Coen sans que surgissent des scènes et des personnages marquants ?
Mais loin de se limiter à sa dimension formelle, l'oeuvre de Joel et Ethan Coen est encore davantage celle de conteurs qui s'emparent, à chaque film, de la culture populaire américaine :
Musique, cinéma, littérature. Dylan, Preston Sturges, Raymond Chandler, comptent parmi les noms que les deux frères emportent dans leur grande traversée des États-Unis. Dans cette nouvelle édition de leur ouvrage paru en 2013, Marc Cerisuelo et Claire Debru les pistent film par film, de Sang pour Sang (1984) à Macbeth (2021), en s'interrogeant sur leur héritage et l'empreinte qu'ils laissent d'ores et déjà dans l'histoire du cinéma.
« Un essai dense et passionné qui, mêlant allégrement la réflexion théorique (Northrop Frye, Stanley Cavell) et la familiarité (la trilogie des péquenauds, le pognon) mime en quelque sorte la «satire» bigarrée des deux frères.» Positif.
Un passage par l'hôpital, les soins qu'on y reçoit, l'attention à l'autre qui s'y fait voir à chaque instant, le voisinage de la mort, tout cela fait que se rebattent les cartes de nos soucis, que l'on revoit sa vie en perspective, avec notamment ce que le cinéma y a laissé de traces, de réflexions et de luttes.
Alors revient, inlassable, la question de savoir si, dans les circonstances plus ou moins ordinaires de cette vie, l'on aura eu raison de jouer le jeu. De faire, comme nous y invitent les pouvoirs, ce qu'ils veulent de nous. De suivre, pour ne pas être en reste, les mouvements des majorités, fussent-ils contradictoires. De s'aligner sur les moyennes.
Questions au travail, quand bien même nous les oublions et les refoulons.
Le marché, que des choix politiques imposent toujours plus dans nos existences, ne fait que prendre nos vies pour les détruire. À chacune, à chacun de tirer son épingle du jeu.
Marguerite Duras ne fut pas uniquement l'écrivain que l'on sait mais aussi une cinéaste audacieuse dont les films appartiennent au corps tout entier de son oeuvre. Cet ouvrage rassemble pour la première fois les écrits de Marguerite Duras concernant ses propres films (dix-neuf, réalisés de 1966 à 1985), son activité de cinéaste, ainsi que les entretiens les plus significatifs qu'elle a pu donner à ce propos. Jamais un tel recueil n'avait été entrepris, même pour India Song, son film le plus célèbre. Depuis La Musica (1966) jusqu'aux Enfants (1985), en passant par Détruire dit-elle, Le Camion, Le Navire Night, le livre est organisé par films dont Duras signe la réalisation (excluant les adaptations de ses livres et les films qu'elle a scénarisés comme Hiroshima mon amour).
Pour chaque film, sont reproduits la plupart des textes qu'elle a rédigés dans le but de présenter et d'expliquer son travail au public, aux critiques, parfois aux acteurs eux-mêmes. Il lui arrive ainsi de raconter son film et son travail. On retrouve la parole vive et évocatrice de Duras, qui projette le lecteur dans son univers filmique radical et épuré, rejouant les liens dans son oeuvre entre littérature et cinéma. Duras parle de sa démarche, de ses principes d'écriture cinématographique, et surtout du paradoxe d'un cinéma qui cherche « à détruire le cinéma ». On assiste à sa tentative de dire le dépassement du cinéma, sa négation, comme celle du politique. Mais au-delà, ces textes parlent à chacun de l'existence, du monde, de l'écriture. Ici encore il s'agit de détruire, renverser, mais aussi d'aimer, d'oser. D'où l'intérêt de donner à lire ces écrits et entretiens comme des textes d'auteur à part entière.
De nombreux textes sont inédits, d'autres demeuraient très difficiles d'accès. Certains ont fait l'objet de publication dans des dossiers de presse, des journaux, et des revues spécialisées au moment de la sortie des films. Quelques-uns ont été réédités dans des ouvrages collectifs.
«Ces mots sont plus que des notes de journal d'un réalisateur expérimenté. Ces mots sont des cicatrices, des marques de souffrance, des joyaux. Dans notre nuit (la nuit de la création qui doit nécessairement venir pour que s'allume l'écran), ils brillent comme des étoiles, nous montrant le simple et difficultueux chemin vers la perfection.» J.M.G. Le Clézio.