Jamais le désastre écologique n'a été aussi évident. Pourquoi cette connaissance nous laisse-t-elle apathiques, incapables de réagir et encore moins de nous révolter ? Alors que face au danger de la pandémie, nous avons accepté, et même demandé, des mesures coercitives immédiates.
Cet essai tranchant propose une réponse : la destructivité environnementale est inscrite au plus profond de nos inconscients. Notre adhésion au dogme du progrès ou de la croissance a été nourrie par des désirs de violence et de puissance à l'égard de la nature.
S'appuyant sur de nombreuses situations concrètes, Bénédicte Vidaillet bouscule ainsi bien des évidences. Par exemple, sommes-nous sûrs de ne vouloir que du bien à nos descendants ? Ne peuvent-ils être vécus comme des rivaux risquant de nous priver de ce que nous détenons - nos modes de vie, nos privilèges, nos petits plaisirs, notre pouvoir -, de devenir « rois » à notre place, de nous tuer symboliquement ?
En révélant sur quels ressorts inconscients se développe notre contribution active au désastre, cet essai montre qu'une profonde transformation psychique est nécessaire si nous voulons nous engager politiquement dans une autre voie.
Au début des années 1990, en marge de ses propres recherches, Patrick Tort découvre que les États-Unis, par le truchement de leurs fondations philanthropiques, ont financé le nazisme avant de le combattre. Dans cet essai, il montre comment leur puissance s'est construite sur l'intégration des productions de l'Angleterre victorienne (le « darwinisme social », l'individualisme libéral, l'impérialisme et ses justifications raciales, l'eugénisme auto-protecteur des dominants) au sein desquelles Hitler, dès la rédaction de Mein Kampf, put largement effectuer ses choix.
S'appuyant sur les ressources de l'histoire politique, de l'analyse textuelle, de la psychologie sociale et de la psychanalyse, l'auteur conduit une réévaluation critique rigoureuse des usages contemporains de la notion de totalitarisme. Il met en évidence la manière dont les États-Unis ont fabriqué, grâce à la propagande politique, la publicité commerciale, la psychologie des foules et les technologies de l'influence, un nouveau totalitarisme euphorisant et consensuel dont l'effort permanent consiste à occulter sa propre violence sous le vêtement de la « liberté ».
« Le dialogue BION-LACAN n'a eu lieu qu'une seule et unique fois, dans ce moment de l'immédiat après-guerre où l'histoire du monde venait de basculer, et où aucun des deux, pourtant déjà dans la maturité, ne savait que leurs apports personnels et leur inventivité, allaient bouleverser le monde de la psychanalyse et de toutes les sciences sociales. L'un comme l'autre portaient en eux les germes de recherches alors incertaines dont il apparait que les psychanalystes du siècle suivant soient encore habités. Avec eux les théories psychanalytiques ont porté le regard vers la modernité de l'homme contemporain, dans toutes ses dimensions sociales, politiques, culturelles là où se trouve le champ de l'Autre. Depuis que l'ombre du futur s'est posée sur eux, nous savons qu'il n'y a plus de pensée sans lien.
Nous ne pouvons cependant pas nier que le rapprochement des concepts de ces deux grands penseurs de la psychanalyse soulève bien des difficultés. Se hasarder à soulever quelques-unes de ces difficultés peut-il aboutir à des rapprochements féconds ? Bion et Lacan, faux-amis ?
Au penser- rêver, nous avons choisi d'ajouter l'Imaginaire comme matière précieuse à partager, médium malléable par excellence, éminemment transmissible d'un inconscient à l'autre, quelque chose d'humain et de créatif, d'infantile.
Ce petit enfant entre en séance avec un livre. Il veut me le raconter mais me met d'abord en garde : `Je te préviens, je ne sais pas si ça va te plaire. C'est complètement imaginaire.' » MJD
Un ouvrage richement illustré
Lire l'entretien avec Michèle Forestier (propos recueillis par Audrey Minart)
De la naissance aux premiers pas : laissons les bébés bouger !
Stimulés ou pas, tous les bébés en bonne santé parviennent à marcher, sans que l'on ait besoin de leur apprendre. Toutefois, l'attitude des personnes qui les entourent peut favoriser ou freiner l'installation d'une bonne motricité.
Forte de son expérience de kinésithérapeute, l'auteur répond aux nombreuses questions que se posent les parents et les professionnels de la petite enfance :
Le passage par le quatre pattes est-il important ?
Faut-il aider le bébé à se mettre debout ou à marcher ?
Doit-on s'inquiéter d'un petit retard d'installation de la marche ?
Comment faire face à un bébé en difficulté ?
Cet ouvrage vivant et pédagogique, largement illustré de photos et de dessins, incite à mieux observer les tout-petits, à s'émerveiller devant leurs exploits moteurs, mais aussi à agir au bon moment en cas d'inquiétude. Il propose des conseils pour la vie quotidienne, pour le choix du matériel et des objets à mettre à disposition, mais aussi des jeux moteurs simples, faciles à partager, afin de donner au bébé toutes les chances d'être à l'aise dans son corps avant de savoir marcher.
Une affiche (format A3) est disponible sur demande à : a.bardou@editions-eres.com
Un nouveau genre de citoyenneté, jusque-là moins visible, est aujourd'hui mis en lumière : le « citoyen-enfant », celui qui a peu de lien avec le collectif, aucun respect pour l'autre, ne connaît pas les règles de la négociation sinon la superbe disparité entre lui et les autres. Les parents ont renoncé au rôle de guide pour devenir des protecteurs inconditionnels de leurs enfants : c'est le plusmaternel qui suspend le moment de la responsabilité.
Or c'est dans les familles que les enfants devraient s'entraîner à trouver l'élan vers le monde, en devenant adultes. Rater cette transformation les condamne à une éternelle enfance, ce qui ouvre la porte non seulement aux enfants tyrans mais aussi aux dictateurs véritables. Cette crise de l'humanisation des enfants touche l'ensemble de la société car le social se construit déjà dans la famille.
Laura Pigozzi offre un plaidoyer pour l'avenir de nos enfants, pour que nous ne les angoissions pas avec nos propres peurs et les laissions sortir de la sphère utérine. Dans une relecture inédite des origines du totalitarisme, elle les invite à apprendre à désobéir à la mère infantilisante et à construire la polis.
Cette oeuvre a été traduite avec le soutien du Centre pour le livre et la lecture du Ministère de la Culture italienne.
Quest'opera è stata tradotta con il contributo del Centro per il libro e la lettura del Ministero della Cultura italiano.
Les critiques féministes de notre temps ne veulent plus entendre parler du phallus, le considérant seulement comme un symbole du pouvoir masculin, malencontreusement promu par la psychanalyse.
Les discours et les lois ont, au long des temps, voulu intégrer le féminin entier dans une grammaire phallique, l'un qui l'a et l'autre qui l'est, à l'aide de logiques fantasmatiques et de femmes mythiques. Freud en a montré le ressort inconscient, masqué derrière les discours chrétiens, mais il a semblé considérer lui aussi que le féminin s'y résumait.
Cette grammaire toute phallique est récusée et rectifiée par Lacan qui constate au contraire qu'elle ne rend pas compte du féminin en son ensemble. Il décrit la logique nouvelle qui divise les femmes entre une position de sujet, massivement intégrée désormais dans les discours, et le choix d'une féminité qui se déploie hors de cette fonction phallique du discours, les deux cohabitant fort bien le plus souvent.
Si les savoirs feministes s'enoncent au nom de toutes les femmes et de toute la femme, les logiques analytiques se choisissent, en partie independamment du sexe, entre un tout de l'Homme et un pas-tout des feminites. Déchiffrer ainsi la fonction du phallus la rend progressivement contingente, en la montrant à l'oeuvre dans les deux sexes.
Pour les ados particulièrement, les récits de fiction, mangas, sagas, séries, univers de jeux, sont un élément vital, viral et omniprésent. Malgré le côté incontestablement commercial de certaines oeuvres à succès, ils en font quelque chose de très personnel et de collectif en même temps.
L'indétrônable Harry Potter, Naruto, One Piece... dessinent les contours d'une culture adolescente, dont ils constituent les nouveaux mythes. Loin de ne faire que consommer, les jeunes se réapproprient, réinventent, échangent, écrivent, mais surtout vivent, à travers les fictions, l'expérience, en première personne, d'une construction de soi, forcément chaotique. Supports d'une initiation singulière, ces récits les aident à entrer dans le monde adulte... tout en retardant cette échéance.
« Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort » est la devise qu'illustrent les combats, la souffrance des héros ou anti-héros, la violence omniprésente, une violence qui pourrait venir de l'intérieur... Entre bien et mal, narcissisme et charisme, les personnages les plus populaires sont aussi les plus troubles. Aux limites de l'humain. Face aux monstres de la crypte, les fameux pouvoirs des héros sont sans doute nécessaires pour affronter les risques et sauver sa peau.
Ainsi ces mythes contemporains dressent le portrait-robot d'une jeunesse désorientée, en proie à l'incertitude, mais plus créative qu'on ne le croit souvent.
Le président Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de faire de la lecture une grande cause nationale pendant une année (été 2021-été 2022) pour mobiliser l'ensemble de la chaîne du livre, redonner le désir de lire, transmettre le goût de la lecture au plus grand nombre.
Il convient dès lors, nous dit-on, d'agir dans tous les espaces et à tous les temps de la vie, en particulier le plus en amont possible, c'est-à-dire dès la très petite enfance.
La littérature au berceau est alors convoquée, ne contribuerait-elle pas à développer le langage, à favoriser l'entrée dans l'écrit ? Accompagner les plus jeunes vers la lecture, pour que, demain, ils soient de grands lecteurs ou tout simplement des lecteurs, voilà donc un projet bien ambitieux !
Mais pour remettre la lecture au coeur de la vie des petites Françaises et des petits Français, encore faudrait-il clairement saisir ce que lire signifie pour un bébé, un tout-petit.
Précisons, les bébés lecteurs, si souvent célébrés, n'existent pas. Il n'existe, aux aubes naissantes de la vie et durant toutes les premières années, que des lectures partagées. Des adultes (ou des enfants plus grands) lisent AVEC des bébés ou des tout-petits. Et dans cette rencontre autour du livre, qui précède toute lecture, le vocabulaire pédagogiste, développemental, littératique ou linguistique, doit toujours demeurer second : « lire avec » ne saurait constituer une « activité » extérieure au moment, aux personnes (leur histoire, leur milieu social, culturel), tout autant qu'au texte et aux images lus.
Encore faut-il que les livres pour enfants, et les albums en particulier, qui accordent une part importante aux images, acquièrent une légitimité culturelle qu'ils sont encore loin d'avoir conquise. Même si la critique les étudie, si l'université les consacre, si des chercheurs les analysent, ils demeurent encore trop souvent des oeuvres mineures, une petite littérature pour tout-petits. Ainsi, avant d'attirer de nouveaux lectorats, ne conviendrait-il pas de revisiter voire revitaliser la relation qu'entretiennent les très jeunes générations avec le livre et donc avec l'autre et l'humain ?
La réalité est divisée chez Freud entre réalité matérielle et réalité psychique, et chez Lacan entre réalité et réel. Le réel, tout en restant inaccessible, commande les symptômes du sujet, à son insu. Quelles en sont les conséquences sur l'enjeu d'une cure ?
À partir de là, Pierre Bruno pose les contours de ce qui, dans une cure analytique conclue de façon satisfaisante, peut apporter au sujet une réponse aux questions existentielles, dont l'abord aura été auparavant réservé à la magie et aux religions. Il en vient ainsi à revisiter les moments qui conditionnent un tel parcours, démontage du fantasme d'une part, repositionnement du Nom-du-Père d'autre part.
La vérification de cette issue implique que l'analysé soit délesté du surmoi, qu'il ait déjoué les artefacts magiques et religieux, et qu'il se soit départi du « je n'en veux rien savoir » dont la science voudrait faire son credo. En effet, celui-ci n'a rien à voir avec le « je n'en veux rien savoir » qui se décline à la fin d'une analyse, et dans le dénouement du transfert, et dans le consentement à une division, non suturable, entre savoir et vérité.
Depuis des décennies, le monde du travail est pointé du doigt comme le lieu d'un mal-être croissant, sous l'effet d'un management qui isole et dépersonnalise. L'entreprise s'épuise de la « culture du résultat », qui malmène l'activité de travail, faute d'en comprendre les ressorts. Face à ces dérives, Pierre-Olivier Monteil invite à changer de regard et à envisager le travail comme une source essentielle d'humanisation. Cela suppose de réorienter l'action du management au bénéfice d'une écologie de la relation qui mette chacun en capacité de construire des mondes communs.
En constant dialogue avec les sciences humaines, cet essai revisite le management sous le prisme successif des grandes fonctions économiques auxquelles il contribue : produire, coopérer, innover. S'y déploie une réflexion sur le pouvoir, à la recherche des conditions, notamment institutionnelles, qui permettent à l'agir managérial de se comporter loyalement.
De la sorte, tout concourt à ce que, devenu pédagogie du vivre-ensemble, le travail humanise. Pourvu que le management s'affirme comme une école de civisme au bénéfice de la démocratie, qui en a grand besoin.
Pouvoir penser librement aujourd'hui à partir de l'enseignement de Freud et de Lacan permet de faire les « petites trouvailles d'après ». Inventer, c'est poursuivre dans leurs traces. Un concept analytique ne s'attrape ni sur injonction ni par amour, il se saisit sur des chemins subjectifs singuliers. Solal Rabinovitch nous y invite en revenant sur son itinéraire en psychanalyse dans un dialogue avec Nils Gascuel et Marie-Jeanne Sala.
Le jeu entre paroles et écritures tisse la trame de ces conversations psychanalytiques. Il éclaire les thèses qu'elle soutient sur l'« essence aphonique de la voix » et la « matérialité de la pensée », ou encore « l'autre non spéculaire » et « l'irréel », mais aussi la façon dont se fabrique collectivement une école de psychanalyse (encore une affaire de paroles et de lettres).
Le rêve écrit, les voix écrivent, les noeuds s'écrivent. Depuis l'École freudienne de Paris, l'école aussi s'écrit. Si l'inconscient est une machine d'écritures, ces écritures sont la trace de ce que les paroles restent. Elles restent dans l'inconscient, elles restent dans la cure, elles sont le coeur de la transmission.
« Lorsqu'au début (mars 2020) des mesures politico-sanitaires autour de la pandémie j'ai constaté qu'une majorité de psychanalystes lacaniens s'enfermaient chez eux, renonçaient à recevoir en présence des analysants et pratiquaient éventuellement la télé-analyse, cela fut un choc et je fus envahi par des sentiments de colère et de solitude. Ainsi mes collègues désertaient-ils leur poste en pleine tempête et se calfeutraient dans leur domicile, retranchés derrière des injonctions qui en fait ne les concernaient pas puisqu'on était autorisés par dérogation à se déplacer pour des soins ! Quelle démission ! L'argument selon lequel la psychanalyse n'était pas une profession réglementée ou qu'un psychanalyste n'est pas un soignant m'apparaissait scandaleux et de mauvaise foi. La psychanalyse n'a-t-elle pas été par identifiée par Lacan, en 1973, à un poumon artificiel face à l'angoisse déclenchée par les progrès de la science ? Et là, la science était appelée en renfort d'une politique impuissante !
Je mis quelque temps à relier les sentiments que j'éprouvais à mon histoire personnelle. Suite à une tuberculose, attrapée sans doute à l'hôpital où j'étais externe et après avoir justement été vacciné par le bcg, j'avais été atteint par l'épidémie et je dus me confiner dans un sanatorium quelques mois. Expérience très riche qui m'avait conduit à demander à Lacan de faire une analyse.
L'excès des sentiments qui m'envahissaient se changea vite en réaction de ne pas en rester là et de les transformer en ce que j'appelle "épreuve de vérité". Comment des analystes lacaniens pouvaient-ils aborder les événements en se fixant sur des personnifications guignolesques du virus sans même prendre le temps d'analyser les effets des discours qui sont tenus sur lui et qui encadrent les significations et les actes que cela autorise. Qu'en était-il de l'acte du psychanalyste ? Derrière son écran d'ordinateur ?
Il me fallait prendre la parole en public. Pas pour seulement m'insurger, dénoncer ce qui me choquait, mais dire mes raisons de pratiquer autrement. » E.P.
Souligner l'importance du corps à l'adolescence, dans le développement comme dans la clinique, est presque aujourd'hui un lieu commun, à tel point que l'on pourrait un peu rapidement penser que tout a été dit et écrit. Il n'en n'est rien. L'adolescent(e) ne cesse de nous confronter aux énigmes de son développement et de la construction de son identité. Les expressions psychopathologiques que la clinique nous donne à voir, à comprendre, évoluent, et le corps est souvent en première ligne de ces manifestations.
Attaques diverses, scarifications, anorexie, dysphorie de genre... témoignent des butées et impasses de la construction identitaire et de la découverte d'une sexualité qui bouleversent le rapport à soi-même et aux autres.
Regroupant les points de vue de spécialistes de l'adolescence dans les champs d'étude anthropologique et social, psychanalytique, clinique, psychopathologique, développemental et thérapeutique, cet ouvrage propose un état des lieux actuels de certains aspects de cette clinique adolescente, de la place que le corps y occupe, ainsi que des effets thérapeutiques que différentes approches centrées sur le corps permettent.
En quelques années, les technologies numériques ont bouleversé notre vie publique, nos habitudes familiales et même notre intimité. Les parents et les pédagogues en sont souvent désorientés. Les balises que j'ai appelées « 3-6-9-12 » donnent quelques conseils simples articulés autour de quatre étapes essentielles de la vie des enfants : l'admission en maternelle, l'entrée au CP, la maîtrise de la lecture et de l'écriture, et le passage en collège. A nous d'inventer de nouveaux rituels.
Découvrez l'affiche de la campagne en téléchargement gratuit ici ou en format A1 (poster) ici au prix de 3 EUR
Que se passe-t-il dans les toilettes des établissements scolaires ? Selon qu'ils sont « filles » ou « garçons », « grands » ou « petits », quel regard portent les enfants sur ces espaces collectifs et individuels ? Comment les occupent-ils à mesure qu'ils grandissent, que les portes se ferment, que des murs s'élèvent et que la possibilité leur est offerte de se retrouver seuls à l'abri du regard des autres ? Quels sont les discours et les actions des adultes autour ces lieux et de ce qu'y font (ou non) les enfants ? Comment le corps des enfants et leurs besoins sont-ils pris en compte à l'école ?
Grâce à des enquêtes qualitatives menées de la maternelle au lycée, les auteurs apportent un éclairage inédit sur les expériences, et parfois les épreuves, que vivent les enfants et les jeunes dans les toilettes scolaires. Car loin d'être des « petits coins » rejetés aux marges de l'école, celles-ci sont bien un lieu central où se construisent des apprentissages informels au fil de la scolarité. Le livre révèle ce qui s'y joue en termes de relations adultes/enfants, de construction d'un rapport à soi, à l'intimité, aux autres. La question du genre se pose inévitablement alors que les toilettes deviennent, à partir de l'école élémentaire, le seul espace « non mixte » des établissements scolaires.
Avec le soutien des universités Sorbonne Paris Nord, Paris 8 et du laboratoire Experice.
Vingt ans après L'homme sans gravité, Charles Melman et Jean-Pierre Lebrun poursuivent leur dialogue sur les conséquences de la mutation de société à l'oeuvre depuis près d'un demi-siècle, véritable bouleversement anthropologique pour la vie collective et la subjectivité de chacun.
À partir du film Petite fille, exemplaire sur la problématique de la dysphorie de genre en pleine expansion, ils se demandent si la possible autodétermination de l'enfant qui serait capable de se penser sexué à partir de lui-même est une avancée sociétale ; ou si elle témoigne d'un déni de la réalité, en l'occurrence anatomique, d'une récusation du sexuel et d'un refus de consentir à ce qui le détermine en tant qu'être parlant.
À travers l'actualité brûlante où les présupposés implicites de la question du transgenre résonnent avec la vie politique elle-même, ils osent s'attaquer au point crucial : l'évolution de notre société nous entraîne-t-elle vers davantage de civilisation ou contribue-elle à nous déciviliser ?
Lire l'entretien avec Anna Tardos et Geneviève Appell
À travers de nombreuses descriptions, photos et séquences vidéo, Geneviève Appell nous invite à partager son regard sur le bébé et à nous émerveiller de voir chaque enfant développer à sa manière ses propres compétences pour peu qu'il soit accompagné par des adultes attentifs dans un environnement à la fois riche et sécurisant.
En s'appuyant sur les travaux originaux d'Emmi Pikler et sur leurs implications pratiques pour le bien-être quotidien de Bébé, elle nous livre ses propres observations et découvertes qu'elle accompagne de nombreuses propositions concrètes pour aider les parents et les professionnels à trouver leur chemin avec un tout-petit.
Cette approche réfléchie et empathique, qu'elle décrit minutieusement, n'a rien d'exotique. Proche de nos manières d'être et de faire habituelles, elle s'en différencie par des détails apparemment minimes mais porteurs d'effets importants. En effet, quand l'adulte a confiance en la force de développement de Bébé, il lui donne la possibilité d'être actif par lui-même dans une tout autre dynamique que « l'apprentissage classique ».
« J'essaie de comprendre pourquoi je suis, et je reste, un homme, même si je ne suis pas que cela.»
Daniel Welzer-Lang, homme et sociologue, professeur en études genre à Toulouse, décrit son parcours où expériences personnelles et recherches sont intimement liées. Il montre comment l'étude des hommes, de leurs changements comme de leurs résistances, enrichit l'analyse globale de la domination masculine hétéronormative.
Auteur de plus d'une vingtaine de livres sur le genre, le masculin et les sexualités, témoin et souvent acteur des évolutions sur le genre depuis plus d'une trentaine d'années, il ethnographie les coulisses du masculin, y compris dans les lieux de sexualités gais, bisexuels et libertins.
Tout en explicitant ses méthodes empiriques, il présente ses analyses de la révolution actuelle du genre qui traversent époques et thèmes : de l'accueil des hommes violents par des hommes antisexistes dans les années 1980 à l'expression des fluidités de genre au sein des nouvelles générations, en passant par les liens entre homophobie et violences faites aux femmes, les renégociations sur le propre et le rangé dans l'espace domestique ou les questions sur le libertinage comme utopie.
Avec ces cent mots, pour une profession longtemps restée sans mots, Philippe Gaberan parle de pratiques éducatives, dans un langage simple, mais non simpliste. En analysant ce qui se trame entre Soi et l'Autre, entre l'éducateur et la personne accompagnée, il fait le lien entre les actes posés au quotidien et le sens que ceux-ci prennent au regard des objectifs éducatifs. Au-delà des définitions, ce dictionnaire jette un pont entre l'apparente banalité des gestes quotidiens et leur fondamentale répercussion sur le développement de l'être. Il n'est pas à laisser dans la bibliothèque mais à intégrer dans la trousse à outils que tout professionnel devrait avoir à porter de main, comme tout artisan qui se respecte. Car le métier d'éducateur relève d'un savoir faire dont la complexité n'est pas toujours bien perçue parce que souvent trop mal exprimée. Philippe Gaberan, éducateur spécialisé, formateur et chercheur en travail social à l'ADEA de Bourg-en-Bresse.
Né d'une alerte scientifique qui s'est progressivement affirmée à partir des années 1970, le changement climatique constitue un élément récurrent du paysage scientifique, mais aussi politique, et médiatique. Si on note aujourd'hui une reconnaissance publiquede cet enjeu, il subsiste malgré tout face à ces problèmes climatiques une forte réticence qui prend des formes multiples, et qui joue un rôle négatif majeur dans un contexte où des décisions rapides sont nécessaires.
Des enquêtes régulières le montrent : si l'existence d'un réchauffement en cours n'est plus vraiment contestée, le rôle essentiel de l'augmentation des gaz à effet de serre n'est en revanche pas toujours bien compris, et l'ampleur des changements attendus, la responsabilité des activités humaines continuent de faire l'objet d'interrogations.
Par ailleurs, le problème climatique n'est que rarement analysé comme un problème rapidement évolutif. C'est sans doute là l'un des points les plus paradoxaux et les plus difficiles : le problème du changement climatique engage notre futur de manière irréversible sur des durées très longues. Pourtant, il suscite auprès d'une partie probablement majoritaire de l'opinion publique une forme de lassitude, face à des alertes climatiques qui sont perçues comme la répétition sans fin des mêmes arguments, comme inutilement anxiogènes et déconnectées des problèmes plus immédiats qui affectent nos sociétés. »
Les problèmes climatiques sont transdisciplinaires (au sens des disciplines scientifiques), trans-activités (au sens des activités économiques), trans-enjeux (au sens des enjeux environnementaux) et trans-acteurs... Ils doivent se concevoir en fonction d'échéances très courtes comme d'horizons plus lointains. Comment aider à élaborer aujourd'hui des solutions ?
Décider des politiques, à l'échelle des grandes transitions énergétiques comme à celle de l'aménagement du territoire, demande plus qu'un point de vue strictement descendant allant de l'information scientifique vers les décideurs et les citoyens. Si l'alerte climatique est une affaire de consensus et d'unanimité, le passage à l'action, la prise de décisions réclament des lieux de débat, où l'on puisse évaluer des actions et des stratégies alternatives, argumentées, entre lesquelles les décisionnaires trancheront.
Dans une démarche éthique réflexive et collective, les auteurs se sont attachés à dresser un panorama des problèmes liés à la vaccination, qui ont été mis en exergue dans un contexte de pandémie.
A partir du constat des hésitations, des défiances et des résistances face à la vaccination, alors que subsistent les incertitudes sur l'avenir, les auteurs proposent des cadrages interprétatifs et interrogent particulièrement l'opposition individualisme vs solidarité.
Ils abordent les questions d'éthique essentielles qui se posent à l'échelle collective : y a-t-il une façon de bien informer et communiquer sur les vaccins ? Quelle stratégie vaccinale est-elle juste et efficace ? Quelles conséquences ont eu les mesures de lutte contre le virus sur les enfants et les adolescents ? En termes d'obligation vaccinale, est-ce que la fin justifie les moyens ? Les libertés individuelles peuvent-elles être écartées au profit du bien collectif ? Quels sont les enjeux de justice internationale et globale en matière de distribution des doses de vaccin dans le monde
Littérature, arts, politique, enseignement, journalisme, culture..., toutes les strates de la société sont infiltrées de psychanalyse, et l'ont profondément intégrée. Cependant, le seul domaine dans lequel elle se trouve rejetée reste étrangement le monde de la santé et le système de soins.
La médecine, toujours plus technicienne, travaille à la disparition du symptôme considéré comme dysfonctionnement organique, alors que, pour la psychanalyse, « le corps ne ment pas, il énonce une vérité du sujet invisible à la conscience », ce que cet ouvrage s'attache à explorer par de multiples approches. De quelles complexités inconscientes les corps tentent-ils de s'extraire en multipliant symptômes, maladies et passages à l'acte ?
Psychanalystes et médecins affrontent les énigmes posées par les maladies somatiques et tentent d'améliorer les approches contemporaines de cette « clinique du fracas » : maladies graves, auto-immunes, lésions corporelles, douleurs... A partir d'exemples cliniques, les auteurs montrent la nécessité d'articuler corps et langage pour un système de soin à l'écoute du sujet.
Collection « Le corps a ses raisons » publiée avec l'Association psychanalyse et médecine
Tous deux pédiatres et contemporains, Donald Winnicott (1896-1971) et Emmi Pikler (1902-1984) sont très différents. L'un, anglais, connu pour sa fantaisie, son humour et son absence de dogmatisme, est devenu une figure emblématique de la psychanalyse. L'autre, issue de la Mitteleuropa, a dirigé avec rigueur, sérieux et exigence la pouponnière de la rue Lóczy à Budapest.
Et pourtant, entre Winnicott et Pikler, les convergences sont remarquables, tant dans leurs représentations du développement de l'enfant que dans celles du rôle de son environnement humain et matériel. Patrick Mauvais les analysent comme autant de ressources à explorer par les professionnels de l'enfance : les soins corporels, l'attention à l'environnement humain et matériel, l'activité libre et la capacité à être seul, la qualité de présence des adultes auprès du bébé, la formation des professionnels, l'observation de l'enfant, attentive, individualisée, continue et partagée en équipe...
La notion de transfert est sans doute l'une des plus déterminantes de la psychiatrie, grâce aux découvertes de la psychopathologie freudienne. Ce concept reste une invention géniale de Freud pour comprendre et soigner la névrose occidentale poids moyen, mais aussi des pathologies archaïques, et notamment des psychoses. La terminologie officielle de la psychiatrie, dominée par la classification internationale du dsm V, a délaissé ces concepts au profit d'un catalogue de comportements observables, de troubles divers, susceptibles de prescriptions médicamenteuses ou de thérapies cognitivo-comportementales, et débarrassées de toute connotation psychanalytique.
Pierre Delion revient sur l'apport de Tosquelles et de la psychothérapie institutionnelle pour repenser la métapsychologie du transfert à l'aune des pathologies archaïques. Il insiste sur la nécessité de l'institution, dont la constellation transférentielle est la plus petite forme, comme chaînon manquant dans leurs prises en charge. Ces phénomènes de transfert sont à élaborer collectivement. Mais pour qu'une équipe de psychiatrie ou toute autre équipe du médico-social ou du social accueillant ces pathologies y parvienne, encore faut-il travailler ensemble sur les conditions de possibilité d'un tel dispositif. En effet, il est important de se remémorer l'histoire de la psychothérapie institutionnelle pour apercevoir les raisons qui ont conduit à son élaboration, les résistances qu'elle a rencontrées et les stratégies qu'elle a dû composer pour l'atteindre.