Agone
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Le choix d'avorter : Sur le contrôle médical du corps des femmes
Raphael Perrin
- Agone
- 4 April 2025
- 9782748905816
Comprendre comment les médecins perpétuent les obstacles et l'inégalité dans l'accès à l'avortement, et comment s'opposer à ce contrôle. « Elle a appris, au cours de ses études, à être médecin. C'est-à-dire non pas seulement à ausculter et à opérer, mais aussi à occuper une position de pouvoir. L'expertise des médecins, le monopole du contrôle de l'accès aux soins que confie l'État à cette profession ainsi que la situation de vulnérabilité des patientes (maladie, blessure ou grossesse, désirée ou non) créent une dépendance des secondes envers les premiers. Non sans ressemblance avec le pouvoir des parents sur leurs enfants, c'est cette dépendance qui fonde la domination médicale : celle-ci ne s'exerce pas gratuitement - la médecine n'est pas tyrannique - mais bien en contrepartie d'un soin, ce qui lui donne sa force. » À partir de plusieurs années d'enquête combinant observation du travail médical dans des centres d'IVG, enquête statistique et entretiens menés auprès de professionnelles et professionnels de santé, ce livre éclaire les causes et les mécanismes de l'asymétrie de la relation entre les patientes et le corps médical. Pourquoi l'avortement reste un parcours de la combattante alors que la loi n'a cessé de le libéraliser ? En interrogeant l'évolution du rapport des médecins à l'avortement, l'auteur montre que la réponse à cette question se trouve du côté de la pratique médicale, et de la manière dont celle-ci varie en fonction des avortantes. Toutes les demandes d'avortement ne se valent pas : selon leur classe sociale, leur couleur de peau, leur langue, leur âge, leurs comportements sexuels et procréatifs, selon les médecins qu'elles consultent, les femmes accèdent plus ou moins facilement à l'avortement. En montrant comment le consentement « libre et éclairé » n'est le privilège que de quelques-unes, l'auteur révèle le rôle que joue la médecine dans la production des inégalités et, à l'instar de l'école, de l'Église ou de la justice, dans l'institution et le maintien de l'ordre social . Raphaël Perrin est docteur à Paris-I Panthéon-Sorbonne, membre du Centre européen de sociologie et de science politique (Paris) et membre invité du Centre Norbert-Elias (Marseille). Ce livre est son premier ouvrage, issu de sa thèse.
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Savoir commencer une grève : Résistances ouvrières à la désindustrialisation dans la France contemporaine
Romain Castellesi
- Agone
- 24 March 2025
- 9782748905793
Pourquoi les ouvriers perdent leurs grèves : parce qu'ils les commencent trop tard, et pas assez durement. « Histoire des luttes ouvrières contre la désindustrialisation en France, des années 1960 à nos jours, ce livre analyse les mutations du répertoire d'actions, entre mobilisations et démobilisations, à l'épreuve de la raréfaction de l'emploi. Quand la grève est lancée, les ouvriers et encore plus les ouvrières se retrouvent presque systématiquement dos au mur, dans un combat désespéré et souvent désespérant, parce que le rapport de force est alors du côté du patronat : les maigres perspectives se réduisent à un accès de violence stérile, ou à une négociation juridique interminable, qui ne permettra pas de sauver grand-chose. À rebours d'une vision parfois décliniste et condescendante de ces luttes, l'auteur souhaite néanmoins les interroger à l'aune de la désagrégation de la classe ouvrière. La disparition de l'appareil industriel a été envisagé dans une optique largement économique. Or le phénomène de désindustrialisation est un fait social qui a ravagé la main-d'oeuvre ouvrière, ses territoires, ses sociabilités et solidarités. C'est ce processus de destruction et d'invisibilisation que l'ouvrage souhaite révéler, en plaidant pour une approche historienne «par le bas. » Au-delà d'une historicisation du point de vue ouvrier, ce livre a un intérêt politique : contre le discours des élites faisant la leçon aux ouvriers et aux ouvrières de l'Hexagone qui devraient se contenter de leurs conditions de travail et salariales, après tout meilleures que celles qui ont cours dans le reste du monde , il est bon de rappeler que c'est avant la catastrophe finale qu'il faut lutter et s'organiser. Parce qu'après, c'est trop tard. Romain Castellesi (1991) est maître de conférences en histoire contemporaine à l'université du littoral Côte d'Opale. Pour la thèse à l'origine de ce livre, il a notamment gagné le prix Rolande-Trempé de l'Association française pour l'histoire des mondes du travail (AFHMT) en 2023.
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Ce que signifie travailler dans une usine
qui peut exploser d'un jour à l'autre. « On a remplacé l'équipe d'après-midi, bien heureuse de quitter l'atelier. C'est notre tour, maintenant, pour huit heures. On est installés, dans le réfectoire, autour des tasses de café. Les cuillères tournent mollement, on a tous le même état d'esprit et aussi, déjà, la fatigue devant cette nuit qui va être longue. Tous les jours pareils. J'arrive au boulot et ça me tombe dessus, comme une vague de désespoir, comme un suicide, comme une petite mort, comme la brûlure de la balle sur la tempe. Un travail trop connu, une salle de contrôle écrasée sous les néons - et des collègues que, certains jours, on n'a pas envie de retrouver. On fait avec, mais on ne s'habitue pas. On en arrive même à souhaiter que la boîte ferme. Oui, qu'elle délocalise, qu'elle restructure, qu'elle augmente sa productivité, qu'elle baisse ses coûts fixes. Arrêter, quoi. Qu'il n'y ait plus ce travail, qu'on soit libres. Libres, mais avec d'autres soucis. Personne ne parle de ce malaise qui touche les ouvriers qui ont dépassé la quarantaine et ne sont plus motivés par un travail trop longtemps subi. Qu'il a fallu garder parce qu'il y avait la crise, le chômage. Une garantie pour pouvoir continuer de consommer à défaut de vivre. » Cet ouvrage constitue la réédition, augmentée d'une préface de l'auteur, de ses écrits d'usine. On se souvient de l'explosion, le 21 septembre 2001, de l'usine AZF à Toulouse. Paru un an plus tard, ce livre décrit dans sa première partie les conditions de travail dans une usine jumelle d'AZF, qui produisait le nitrate d'ammonium à l'origine de la catastrophe. D'un livre à l'autre, puis en bande dessinée (2002), en documentaire (2006) et en théâtre (2018), Jean Pierre Levaray a donné ce qu'un ouvrier passé à l'écriture peut faire de mieux pour témoigner de la condition de sa classe. -
« Si l'éducateur est celui qui sait, si les élèves sont ceux qui ignorent, il incombe au premier de donner, de remettre, d'apporter, de transmettre comme en dépôt son savoir aux seconds. Il n'est donc pas étonnant que, dans cette vision "bancaire" de l'éducation, les élèves soient vus comme des êtres d'adaptation, d'ajustement. Et plus ils s'emploient à archiver les dépôts qui leur sont versés, moins ils développent en eux la conscience critique qui leur permettrait de s'insérer dans le monde, en transformateurs de celui-ci. En sujets. Dans la mesure où cette vision bancaire de l'éducation annule ou minimise le pouvoir créateur des élèves, qu'elle stimule leur naïveté et non leur esprit critique, elle satisfait les intérêts des oppresseurs : pour eux, il n'est pas fondamental de mettre à nu le monde, ni de le transformer.
Les oppresseurs maintiennent les masses aliénées, à travers des mythes indispensables au statu quo. Par exemple, le mythe selon lequel tout un chacun, à condition de ne pas être fénéant, peut devenir un entrepreneur ; le mythe de l'héroïsme des classes oppressives, comme gardiennes de l'ordre ; le mythe du droit de toutes et tous à l'éducation. »
À l'image d'autres grands pédagogues, en premier lieu Célestin Freinet, Freire rappelle que projet éducatif et projet social sont indissociables. Selon lui, le but de l'éducateur est de donner aux opprimés les moyens de construire une conscience claire de leur position, et de rechercher avec eux les moyens de transformer le monde. Écrit en 1968 au Chili, ce texte irrigue aujourd'hui encore la pensée de la pédagogie critique partout dans le monde.
Pédagogue brésilien, Paulo Freire (1921-1997) est mondialement connu pour ses travaux sur l'alphabétisation des adultes des classes populaires et son engagement dans la lutte contre l'oppression par l'éducation. Ses ouvrages sont traduits dans plus de vingt langues. -
Quand les travailleurs sabotaient : France, Etats-Unis (1897-1918)
Dominique Pinsolle
- Agone
- 13 September 2024
- 9782748905649
L'histoire du monde du travail, dont les médias et le monde politique négligent, méprisent et effacent la réalité historique et sociologique, n'a pas fini de nous donner des leçons sur la culture de la résistance.
« Quelle que soit la manière dont on qualifie la littérature, les discours, les représentations et les pratiques liés au sabotage en France et aux États-Unis jusqu'à la guerre, il n'en demeure pas moins que le phénomène n'a aucun équivalent ailleurs dans le monde, ni dans sa nature, ni dans son ampleur. Toutes les forces syndicalistes révolutionnaires ont été réceptives au concept, mais seuls les militants français et les Wobblies étatsuniens ont produit une doctrine originale du sabotage qui a rencontré un écho international - comme en témoigne la diffusion internationale du terme français et du symbole du chat noir. En outre, malgré leurs particularités respectives, les deux formes de cette tactique qui se développent de part et d'autre de l'Atlantique sont liées et peuvent donc être appréhendées comme les deux étapes d'une même histoire. »
L'urgence climatique et sociale a remis au goût du jour l'activisme radical, dont le recours au sabotage. Loin de se réduire à une dégradation matérielle, cette pratique a soulevé d'immenses espoirs dans les rangs syndicalistes révolutionnaires de la « Belle Époque », au point d'être théorisée et mise en oeuvre de manière collective. De la Confédération générale du travail (CGT) en France aux Industrial Workers of the World (IWW) aux États-Unis, le sabotage apparaissait alors comme une tactique légitime, imparable, et contre laquelle patrons et gouvernants ne pouvaient rien. Cette expérience syndicale éclaire la portée et les limites d'un moyen d'action marginalisé, objet de nombreux fantasmes. -
Black lives matter : le renouveau de la revolte noire americaine
Taylor Keeanga-Yamahtta
- Agone
- 21 October 2022
- 9782748905021
Comment le mouvement Black Lives Matter a-t-il pu naître sous le mandat du premier président noir ?
Une plongée dans l'histoire du racisme aux États-Unis, écrite par une universitaire et militante membre du mouvement Black Lives Matter.
Réédition avec une préface qui actualise ce classique sur le renouveau des luttes contre le racisme aux États-Unis à l'aune de l'évolution des luttes sociales au cours de la dernière décennie.
Cet essai revient sur l'« économie politique du racisme » depuis la fin de l'esclavage, le reflux des mouvements sociaux des années 1960 et l'essor d'une élite noire prompte à relayer les préjugés racistes et anti-pauvres. Il défend le potentiel universaliste de Black Lives Matter : afro-américain et tourné contre les violences policières, il peut parfaitement rallier d'autres groupes et s'étendre à une lutte générale pour la redistribution des richesses.
Dès 2017, K-Y. Taylor avait anticipé la déflagration qui suivra l'assassinat de George Floyd en 2020, comme plus tôt le meurtre de Mike Brown par un policier blanc avait marqué un point de rupture pour les Afro-Américains de Ferguson (Missouri). Peut-être était-ce à cause de l'inhumanité de la police, qui a laissé le corps de Brown pourrir dans la chaleur estivale. Peut-être était-ce à cause de l'arsenal militaire qu'elle a sorti dès les premières manifestations. Avec ses armes à feu et ses blindés, la police a déclaré la guerre aux habitants noirs.
Militante antiraciste, féministe et anticapitaliste, Keeanga-Yamahtta Taylor enseigne au Département d'études afro-américaines de l'université de Princeton. Black Lives Matter, son premier livre, a reçu de nombreux prix et a été plusieurs fois réimprimé depuis sa sortie aux États-Unis. -
Les enjeux du XXIe siècle : réflexions sur l'empire et la démocratie
Eric Hobsbawm
- Agone
- 3 March 2023
- 9782748905144
Que nous apprend le regard d'un grand historien quand il se pose sur l'avenir et non sur le passé ?
Dans ce recueil de textes rassemblés ici pour la première fois, ce n'est pas sur le passé, même récent, mais le présent et l'avenir que l'historien exerce ses compétences, puisant autant dans les époques qu'il étudia que dans son expérience de celles où il vécut - entre guerre et paix, terrorisme et démocratie, impérialisme et environnement, conséquences de la chute de l'URSS et futur des États-nations.
Invoquant une mémoire dont il estimait qu'elle « n'est pas tant un mécanisme d'enregistrement qu'un mécanisme de sélection » permettant de « lire les désirs du présent dans le passé », de cette synthèse naît un point de vue où luttent lucidité, optimisme et pessimisme. Où le militant embarque souvent l'historien.
Aussi l'intérêt de ces pages se trouve moins dans les prédictions (ou les erreurs de prédictions) de l'auteur que dans la compréhension qu'accompagnent les analyses, par un intellectuel engagé dans les luttes de son temps, offertes à celles et ceux qui vivront un temps qu'il ne connaîtra pas.
« À terme, les gouvernements mèneront une guérilla constante contre la coalition entre de petits groupes d'intérêt bien organisés et les médias. Ces derniers seront de plus en plus persuadés que leur rôle politique consiste à publier ce que les gouvernements veulent cacher, alors que - et c'est là toute l'ironie d'une société basée sur un flux illimité d'informations et de divertissements -, pour remplir leurs pages et leurs écrans, ils feront confiance aux propagandistes des institutions qu'ils sont censés critiquer. » -
« Les machines ressemblent à d'étranges créatures qui aspirent les matières premières, les digèrent et les recrachent sous forme de produit fini. Le processus de production automatisé simplifie les tâches des ouvriers qui n'assurent plus aucune fonction importante dans la production. Ils sont plutôt au service des machines. Nous avons perdu la valeur que nous devrions avoir en tant qu'êtres humains, et nous sommes devenus une prolongation des machines, leur appendice, leur serviteur. J'ai souvent pensé que la machine était mon seigneur et maître et que je devais lui peigner les cheveux, tel un esclave. Il fallait que je passe le peigne ni trop vite ni trop lentement. Je devais peigner soigneusement, afin de ne casser aucun cheveu, et le peigne ne devait pas tomber. Si je ne faisais pas bien, j'étais élagué. »
Foxconn est le plus grand fabricant du monde dans le domaine de l'électronique. Ses villes-usines font travailler plus d'un million de Chinois, produisent iPhone, Kindle et autres PlayStation. Elles ont été le théâtre de suicides d'ouvriers qui ont rendu publiques des conditions d'exploitation fondées sur une organisation militarisée de la production et une surveillance despotique jusque dans les dortoirs.
Ce livre propose une analyse du système Foxconn à partir des enquêtes de la sociologue Jenny Chan, complété par le témoignage de Yang, un étudiant et ouvrier de fabrication à Chongqing, et le parcours de Xu Lizhi, jeune travailleur migrant chinois à Shenzen, qui s'est suicidé en 2014 après avoir laissé des poèmes sur le travail à la chaîne, dans « L'atelier, là où ma jeunesse est restée en plan ».
Sous le titre « Les ombres chinoises de la Silicon Valley », la réactualisation de la postface que donne Celia Izoard analyse l'écueil des fantasmagories de l'« économie immatérielle » auxquelles succède le quadrillage électronique de nos vies, tandis que la pandémie de Covid-19 « accomplit l'organisation légiférée de la séparation physique des individus pour leur vendre les moyens de communication leur permettant de "rester en contact" ». Ce projet paradoxal, qu'ambitionnaient depuis longtemps les entreprises technologiques - remplacer les relations humaines incarnées par des transactions électroniques -, étant en prime auréolé d'une vision d'un nouvel humanisme fait de sécurité, de solidarité et d'hygiène.
Journaliste à Reporterre et essayiste critique de la technologie moderne (dont Merci de changer de métier. Lettres aux humains qui robotisent le monde, 2020) Celia Izoard est aussi traductrice, notamment de 1984, de George Orwell, de Black Lives Matter, de Guerre nucléaire et catastrophe écologique, de Freedom Summer. Luttes pour les droits civiques, Mississippi 1964 et de Le Progrès sans le peuple. -
Hussardes noires : des enseignantes à l'avant-garde des luttes. De l'affaire Dreyfus à la grande guerre
Mélanie Fabre
- Agone
- 15 January 2024
- 9782748905502
Dans les dernières décennies du XIXe siècle, quelques femmes saisissent les nouvelles opportunités qui s'offrent à elles dans l'institution scolaire. Enseignantes, directrices d'école, inspectrices, ces rares élues n'entendent pas toutes se contenter du rôle subalterne dans lequel on voudrait les cantonner.
Liberté, Égalité, Fraternité : elles prennent la République au mot.
Dans les salles de classe, les universités populaires, les revues ou sur les estrades des réunions publiques, elles font entendre leur voix. Indociles et combatives, elles défendent leur idéal d'une école émancipatrice, imaginent de nouveaux rapports entre les sexes et entre les nations. Ainsi inventent-elles, malgré les réticences et les résistances, une nouvelle figure : l'intellectuelle.
En retraçant la vie de quelques pionnières oubliées, Mélanie Fabre évoque toute une génération de femmes engagées dans un triple combat : pour une école démocratique, l'instruction laïque et l'émancipation des femmes.
Historienne à l'université de Picardie Jules Verne (CAREF), Mélanie Fabre travaille sur l'éducation, les femmes et le genre, ainsi que sur la gauche à l'époque contemporaine. -
Organiser le pouvoir ouvrier : le laboratoire opéraiste de la Vénétie (1960-1973)
Marie Thirion
- Agone
- 19 April 2024
- 9782748905588
Du point de vue opéraïste, les travailleurs de la chimie sont l'incarnation d'une classe ouvrière montrant la voie à suivre. L'intervention à ses côtés semble d'autant plus urgente que le secteur se prépare à se mobiliser pour le renouvellement des conventions collectives à la suite des métallurgistes. Ces derniers ne sont pas parvenus à surmonter la division entre public et privé, ni à créer les conditions d'une lutte commune.
Les opéraïstes sont convaincus que les chimistes peuvent éviter ces écueils en portant des revendications pertinentes (notamment sur le temps de travail et l'augmentation des effectifs) et en s'assurant de pouvoir généraliser et contrôler eux-mêmes la lutte. Pour les opéraïstes, la classe ouvrière est désormais seule face au capital. Ce sont "les premiers pas vers un nouveau type d'organisation, totalement autonome" qu'ils croient déceler dans les grèves de l'été 1963. Quant au reflux de la conflictualité ouvrière qui suit, il est inter- prété comme un refus de suivre les syndicats, et non comme un refus de la lutte.
Aux « années de plomb » italiennes est associée la violence de groupes radicalisant la contestation issue de Mai 68. Parmi eux figure l'opéraïsme, courant marxiste né en Italie au début de la décennie. Loin du cliché d'une extrême gauche enfermée dans ses spéculations théoriques et condamnée à sombrer dans une fuite en avant mortifère, l'histoire que retrace Marie Thirion restitue toute l'ampleur d'un mouvement ancré dans la classe ouvrière. Cette tentative de mener une lutte autonome, détachée des bureaucraties syndicales et politiques, fait écho à tout questionnement sur l'articulation entre production intellectuelle et mobilisation des travailleurs.
Marie Thirion est agrégée d'italien et docteure à l'université de Grenoble Alpes. Elle a mené une enquête sociologique et historique au chevet de la mémoire ouvrière et militante italienne, dont elle a tiré son premier livre. -
Quand l'art chasse le populaire : socio-histoire du théâtre public en France depuis 1945
Marjorie Glas
- Agone
- 5 May 2023
- 9782748905229
Le 25 mai 1968, les directeurs de maisons de la culture et de théâtres populaires qui signent la « déclaration de Villeurbanne » déplorent l'éloignement du théâtre et des classes populaires et plaident pour le renforcement des liens entre création et action culturelle. À cette époque, pourtant, le processus de rupture entre le théâtre public et le public lui-même est déjà commencé - et ne cessera de s'accentuer.
Marjorie Glas met à jour les logiques de cette évolution. Elle montre comment la pente vers l'avant-garde et l'innovation esthétique a joué contre l'animation culturelle, le poids de la professionnalisation et de l'affirmation de nouvelles figures dominantes (metteur en scène, programmateur), et comment les logiques structurelles de l'institution se révèlent beaucoup plus fortes que les individualités.
Fondé sur la croyance en l'utilité sociale du théâtre, de sa fonction politique et de son ouverture à tous les publics, le théâtre public s'est progressivement recentré sur lui-même et sur ses enjeux internes. L'héroïsation de l'artiste est allée de pair avec la marginalisation des profanes. Pour aboutir à l'effacement du public populaire - et même du public tout court - dans les enjeux professionnels et esthétiques. -
Quelques lignes d'utopie : Pierre Leroux et la communauté des "imprimeux" à Boussac (1844-1848)
Ludovic Frobert
- Agone
- 3 November 2023
- 9782748905366
Entre narration historique et fictive, ce récit retrace la naissance, la vie et la mort de la communauté utopique des « Imprimeux » qui s'est développée autour de deux activités : une imprimerie, puis une ferme. Rassemblée autour de la figure de Pierre Leroux, cette association entre industrie et agriculture s'est développée dans une petite commune de la Creuse - Boussac - entre 1844 et 1848, et réunit pas moins de quatre-vingts membres à son apogée.
Typographe, maçon, journaliste, mais aussi philosophe, homme politique et théoricien du socialisme, Pierre Leroux était l'ami de George Sand. En plus de lui dédier Spiridon, cette dernière le soutien financièrement dans son installation. En 1843, dans la foulée de l'obtention de son brevet d'imprimeur, Leroux installe donc ses presses au sein d'un ancien hospice, où il fabrique des revues à l'image de ce siècle : politiquement effervescentes.
Soucieux de convertir en acte sa pensée socialiste, il invité son frère - également typographe - à diriger l'imprimerie à ses côtés. Peu à peu se constitue une colonie de travailleurs basée sur l'autosuffisance et l'égalité salariale. Jusqu'à ce que la révolution de 1848 en sonne le glas : Pierre Leroux proclame la République, est élu maire de Boussac puis député de la Seine ; il quitte alors la Creuse, laissant l'imprimerie aux mains de ses camarades.
Afin de reconstituer l'existence, aussi brève qu'intense, de la communauté des imprimeux, Ludovic Frobert met à contribution sa propre imagination pour compléter les matériaux historiques qu'il a rassemblés. Évoquant autant les petits que les grands évènements, l'aventure des idées que la réalité quotidienne, il redonne vie aux échanges, discussions et polémiques que cette cohabitation a fait naître. Il ravive le souvenir d'un homme dont les idées et l'oeuvre ont marqué ses plus illustres contemporains - dont Karl Marx et Jean Jaurès - mais dont l'image s'est peu à peu effacée.
Directeur de recherche au CNRS, Ludovic Frobert travaille depuis une quinzaine d'années dans le domaine de l'histoire des idées économiques et politiques. -
« Le nom "Action directe" a surgi lors d'une réunion dans un tout petit appart donnant sur le cimetière de Montmartre. Il avait été avancé par un camarade italien. Savait-il que la puissante organisation du syndicalisme révolutionnaire italien au début du XXe siècle était Azione Diretta ? Lorsque ce nom est apparu officiellement, nombreux furent les censeurs : ils n'y voyaient que référence au militarisme ou à l'anarchisme de la propagande par le fait. C'était oublier combien ce terme appartient au patrimoine de toute la classe prolétarienne, qu'on le retrouve dans les premiers congrès de la CGT et dans les luttes de libération nationale. »
Du choix de la lutte armée à l'emprisonnement de 1980 et l'amnistie de 1981, de l'investissement avec les sans-papiers du quartier de la Goutte d'or au retour à la clandestinité en 1982 puis à l'arrestation de 1987 avec Nathalie Ménigon , Joëlle Aubron et Georges Cipriani en passant par les liens avec la Fraction armée rouge et les Brigades rouges, Jann Marc Rouillan raconte pour la première fois l'histoire interne d'Action directe. Analyse critique par l'un de ses protagonistes, ce livre est une pièce indispensable d'un fragment de l'histoire politique française et européenne. Si cette histoire attend ses historiens, elle ne se fera pas sans ses témoins.
Né en 1952 à Auch, Jean-Marc Rouillan a été incarcéré de 1987 à 2011 pour ses activités au sein du groupe Action directe. Il vit aujourd'hui dans le Sud-Ouest de la France. Auteur d'une quinzaine d'ouvrages, il a notamment publié chez Agone Je hais les matins (2015), De Mémoire I, II, III (2007, 2009, 2011), Chroniques carcérales (2008). Dernier livre paru, Dix ans d'Action directe (2018). Voir sa biographie complète sur le blog des éditions Agone.
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Les anarchistes dans la ville ; révolution et contre-révolution à Barcelone, 1898-1937
Chris Ealham
- Agone
- 3 March 2022
- 9782748904222
« L'aspect le plus novateur et le plus controversé du soutien des anarchistes aux chômeurs est leur approbation de ce qu'ils appelaient "crime social" : une lutte menée par les chômeurs, dont "la dernière option décente" était de "s'associer pour conquérir de force leur droit à la vie". Cette idéologie entraînait une attitude méprisante envers les mendiants. Un soir, Durruti provoqua un silence dans un bar : à un clochard qui lui demandait de l'argent, il donna un pistolet et ce conseil : "Va dans une banque si tu veux de l'argent !" »
Chris Ealham donne ici l'étude de référence du mouvement anarchiste à Barcelone à l'époque où il formait l'épicentre du courant libertaire. Loin de l'image convenue des utopies modernistes de Gaudí, ce livre rappelle la réalité cauchemardesque d'une capitale de la misère grandie trop vite. Le fossé entre les deux villes, bourgeoise et populaire, y est plus profond qu'ailleurs et alimente un affrontement sans merci. La fin de la dictature en 1931 ouvre une période clé de l'anarchisme hispanique. À Barcelone, les forces de la « République de l'ordre » combattent le plus puissant mouvement libertaire de l'histoire. Puis le putsch de Franco provoque à l'été 1936 un embrasement révolutionnaire dont la capitale de la Catalogne est le principal foyer. C'est tout le cycle de la naissance, du développement et finalement de l'échec de l'anarchisme barcelonais que ce livre retrace dans ses dimensions inséparablement sociales, urbaines et politiques.
Spécialiste reconnu de l'histoire de l'anarchisme ibérique au début du XXe siècle, Chris Ealham réside et enseigne en Espagne depuis de longues années. Outre la thèse dont ce livre est issu, il a récemment publié une biographie du dirigeant et historien anarchiste José Peirats. -
« C'est un travail dangereux de souder à quelques centimètres d'une cuve de pétrole. Une seule étincelle est capable d'amorcer une bombe qui peut emporter une raffinerie. C'est pour cela qu'on vous dit d'utiliser cette bâche gris sale, qui résiste aux températures élevées car elle est produite avec une substance légère et indestructible : l'amiante. Avec elle, les étincelles restent prisonnières et vous, vous restez prisonnier avec elles, et sous la bâche en amiante, vous respirez les substances libérées par la fusion de l'électrode. Une seule fibre d'amiante et dans vingt ans vous êtes mort. »
Alberto Prunetti raconte l'histoire de son père, Renato, né en 1945 à Livourne. Soudeur dans les raffineries et les aciéries italiennes depuis l'âge de quatorze ans, Renato s'empoisonne lentement au travail : il respire de l'essence, le plomb lui entre dans les os, le titane lui bouche les pores de la peau, et finalement, une fibre d'amiante se glisse dans ses poumons. Il meurt à 59 ans, après plusieurs années passées à l'hôpital.
En contrepoint de ce récit tragique, l'auteur rapporte ses souvenirs d'enfance, entre parties de foot et bagarres, et décrit une époque, sa musique, ses dialectes, ses grands événements sportifs - dans cette Toscane ouvrière où les années 1970 furent une décennie de luttes sociales, avant que les restructurations des années 1980 n'y mettent bon ordre.
L'opposition entre le père, parfait représentant de l'idéologie stalinienne du travail, et le fils qui incarne très vite la figure du précaire, n'empêche pas que s'exprime le profond amour qui les lie, teinté d'agacement et d'amusement avant que la maladie ne s'installe. L'humour constant, la délicatesse des sentiments, l'érudition historique et technique se mêlent dans ce récit.
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Racecraft ou l'esprit de l'inégalité aux Etats-Unis
Barbara j. Fields, Karen e. Fields
- Agone
- 19 February 2022
- 9782748904659
Si, dès leur enfance, on dispense aux états-uniens tout ce qu'il faut pour douter des histoires de sorcières, ce n'est guère le cas, en revanche, pour le racecraft. Pour nous, comme pour ceux qui croyaient jadis aux sorcières, la vie quotidienne produit une immense accumulation de preuves à l'appui de la croyance. Songeons simplement à la façon dont les médias classifient aux États-Unis les choses « par race » - sur des sujets aussi divers que les grossesses précoces, la « sous-représentation » des noirs parmi les donneurs de sang ou leur «sur-représentation» sur Twitter -, ne cessant d'alimenter de preuves factices le flot immense de la prétendue fracture raciale états-unienne. Formé sur le modèle du mot « witchcraft [sorcellerie] », la notion de « racecraft » est proposée par les soeurs Barbara et Karen Fields pour désigner l'ensemble des croyances partagées et des pratiques collectives qui font exister la fiction de la « race » aux États-Unis. Fruit de deux vies de réflexions, de recherches et d'engagements, cet ouvrage est d'abord un panorama complet de la réalité très particulière de la « race » dans ce pays. Au-delà, c'est déjà un classique qui alimente là-bas les vifs débats sur les manières d'aborder les questions dites raciales.
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« Le ministre socialiste avait annoncé la construction d'une prison à la place des Forges comme plan de reconversion pour les travailleurs. Idée monstrueuse et provocatrice. Nous l'avions averti que s'il venait à la manifestation, nous le jetions dans le canal. D'ailleurs nous avions mobilisé deux maîtres-nageurs pour ce jour-là. »
Aux Forges de Clabecq, usine sidérurgique située près de Bruxelles, pour Silvio et ses collègues, le quotidien, c'est d'abord le combat contre les attitudes de résignation et de peur. Rapidement élu délégué syndical en charge des questions d'hygiène et de sécurité, Silvio témoigne de trente ans de luttes pour améliorer les conditions de travail et pour empêcher la fermeture annoncée du site.
Son mandat syndical, Silvio le voit comme un moyen de faire vivre l'« esprit de Clabecq ». Pour mener leurs combats, c'est sur leurs propres forces et sur leur connaissance de leur métier que les ouvriers de Clabecq s'appuient. Quitte à mettre de côté l'appareil syndical sitôt qu'il déclare ne plus rien pouvoir pour eux. Par sa confiance jamais démentie dans le potentiel émancipateur de sa classe, Silvio donne une leçon salvatrice d'optimisme militant.
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Les classes sociales en Europe ; tableau des nouvelles inégalités sur le vieux continent
Cédric Hugrée, Etienne Penissat, Alexis Spire
- Agone
- 22 August 2018
- 9782748903348
Cartographie des inégalités sociales (niveaux d'éducation, logement, pratiques culturelles...) au-delà du revenu : une synthèse inédite des classes sociales à l'échelle européenne
Les classes populaires européennes ont été touchées de plein fouet par la crise : l'expérience du chômage et de la précarité fait partie de leur quotidien et constitue un marqueur qui les distingue des autres classes. Un autre trait récurrent est la pénibilité physique au travail, qui touche davantage les actifs peu ou pas qualifiés dans la quasi-totalité des pays européens. Pourtant, ces inégalités dans le monde du travail n'ont guère été prises en charge politiquement : la délégitimation du monde ouvrier s'est accompagnée d'une occultation de la déstabilisation des classes populaires.
Ces trente dernières années, les contours de l'Europe n'ont cessé de s'élargir, contribuant à y rendre plus visibles les inégalités. Experts et journalistes analysent ces évolutions à l'aide d'indicateurs de performance économique - productivité, taux de chômage - sans jamais s'interroger sur les conditions de travail ou les disparités selon les couches sociales. Dans un contexte où la crise économique et les réponses néolibérales incitent les peuples à se replier sur chaque espace national, il est temps de se demander ce qui rapproche et ce qui distingue les travailleurs européens. À partir de grandes enquêtes statistiques, cet ouvrage prend le parti d'une lecture en termes de classes sociales : contre la vision d'individus éclatés touchés par la crise, l'objectif est de rendre visibles les rapports de domination entre groupes sociaux. Une étape préalable nécessaire pour explorer les conditions de possibilité d'un mouvement social européen.
Cédric Hugrée est chargé de recherche au CNRS et travaille sur la sociologie des inégalités dans l'enseignement supérieur français et celles entre classes sociales en France et en Europe. Étienne Penissat est chargé de recherche au CNRS, travaille actuellement sur les inégalités entre classes sociales en Europe et en France et sur les représentations ordinaires de l'espace social. Directeur de recherche au CNRS, Alexis Spire travaille sur la sociologie des inégalités et a publié plusieurs ouvrages sur les politiques d'immigration et l'impunité fiscale chez Grasset, Raisons d'agir et La Découverte.
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« Quand tu es capitaine commandant, tu es propulsé. Tu es mis sur un piédestal en permanence. Mais le commandement, c'est du paraître. C'est du théâtre ! C'est que de la com'. Il faut attirer l'attention.
Et ce sont les subordonnés qui en redemandent. Ils demandent que tu sois mégalo... un petit peu. Un chef, il faut que, de temps en temps, il pète un câble. Ils veulent un capitaine qui a de la gueule. ta modestie, ils n'en veulent pas... Ils veulent que de la gloriole ! Du foutre, de la gloriole et de la fierté. »
Alors que la lutte contre le terrorisme nous habitue toujours plus à la présence de militaires dans l'espace public, et que certains en appellent à l'armée pour « recadrer » et « remotiver » la jeunesse déshéritée, on en sait en réalité bien peu sur cette institution. Cet ouvrage, fruit d'une enquête par immersion en milieu officier, nous ouvre les portes d'un univers encore méconnu et en renouvelle les cadres d'analyse tout à la fois sociologiques et politiques. On découvre une institution étonnante traversée par des conflits et des rapports de force qui nous éclairent sur la violence ordinaire du monde social. -
Lutte et science des femmes : Du militantisme kurde à la production de savoir
Somayeh Rostampour
- Agone
- 23 May 2025
- 9782748905854
Dans l'urgence et face à la violence de la guerre,
un mouvement de femmes organisé en non mixité
lutte non seulement pour la libération de son peuple,
mais aussi pour sa propre émancipation. « Issu d'un contexte de conflit, ce savoir est profondément ancrée dans les réalités sociopolitiques et culturelles des populations kurdes, et se distingue par sa volonté de redéfinir le féminisme en le réconciliant avec les spécificités locales et en s'opposant aux paradigmes dominants issus des institutions académiques et des discours néocoloniaux. Adoptant une approche critique du discours hégémonique sur le féminisme, qu'elles considèrent comme « eurocentriste », « élitiste », « libéral », « institutionnalisé », « positiviste » « fragmenté » et « apolitique », ces militantes se réfèrent à la Jineolojî tout en évitant en grande partie de se définir comme féministes. Principalement élaborée par des actrices extra-académiques, la Jineolojî cherche à créer un savoir indigène accessible à toutes les femmes. Elle s'oppose au savoir académique en remettant en cause la monopolisation des récits féminins dans les pays du Sud par les institutions et discours dominants du Nord, tout en visant à démocratiser les savoirs pour les populations marginalisées et insurgées. se caractérise par des publications souvent dispersées et anonymes, accompagnées de discours parfois moralisateurs. Mais La Jineolojî, malgré son approche novatrice et militante, comporte des contradictions internes significatives. Elle se trouve donc confrontée à une tension entre ses objectifs émancipateurs et les structures patriarcales qu'elle entend déconstruire. » Ce livre a pour objet un féminisme qui ne dit pas son nom, qui émerge dans un conflit armé long, un féminisme pensé par et pour des femmes kurdes, au carrefour de plusieurs oppressions. Un féminisme qui bouscule les normes et idées occidentales, qui oscille en permanence entre émancipation effective et renforcement des normes genrées, et dont la théorie et la pratique sont indissociables.
Cet objet particulier s'inscrit dans un contexte qui ne l'est pas moins : un peuple sans État depuis que son territoire a été découpé sur quatre pays (Turquie, Iran, Irak, Syrie) ; une lutte pour la libération nationale contre l'État turc menée sur tous les fronts (légaux et clandestins, armés et pacifiques) ; une guerre permanente contre Daesh, influencée par l'humeur et les intérêts des pays occidentaux ; et une société patriarcale bousculée par un mouvement qui souhaite mettre la libération des femmes au coeur de son projet de société. L'autrice parvient à analyser l'émergence de cette théorie, résolument collective, en donnant la parole aux actrices qui la crée, sans faire l'impasse sur les contradictions du mouvement. Nuancée, l'autrice ne laisse place à aucune condescendance, et critique à la fois le nationalisme, l'orientalisme et l'eurocentrisme. En se penchant sur l'histoire des combattantes kurdes et sur leur politisation, elle met en valeur leur contribution à l'élaboration d'un discours féministe ancré dans leurs pratiques, rappelle que la sororité peut être un véritable outil politique, et offre un éclairage sans précédent sur la création de savoir en temps de guerre.