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Zones Sensibles
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Peaux blanches, masques noirs ; performances du blackface, de Jim Crow au hip-hop
William T. Lhamon
- Zones Sensibles
- 19 March 2021
- 9782930601472
"Voici un livre qui donnera le vertige à ceux qui sont habitués aux standards de l'histoire culturelle", écrit Jacques Rancière dans la préface de "Peaux blanches, masques noirs". 1820, New York, marché Sainte-Catherine : près du port, des " nègres " dansent pour gagner quelques anguilles. A l'origine monnaie d'échange, ces danses deviennent une marque culturelle pour le lumpenprolétariat bigarré fasciné par le charisme et la gestuelle des Noirs.
Fin du XXe siècle, de part et d'autre de l'Atlantique et sur MTV : Michael Jackson et M. C. Hammer se déhanchent avec des pas de danse et des gestes identiques aux danseurs d'anguilles. Pourquoi ces gestes ont-ils perduré ? Quels processus d'identification ont-ils mis en uvre ? A qui appartiennent-ils ? Aux Noirs qui les ont créés, ou aux Blancs qui, une fois grimés en noir (le blackface), les ont copiés et assimilés ? Peaux blanches, masques noirs, à travers l'histoire des ménestrels du blackface et des lieux fondateurs de la culture américaine, explore cette longue mutation d'un lore limité aux frontières d'un marché multi-ethnique en une véritable culture populaire atlantique où l'échange et la reconnaissance de gestes signent une appartenance - le lore étant, au contraire du folklore, non pas la propriété d'un peuple, mais une matrice de savoir, de récits et de pratiques qui est tout entière affaire de circulation.
Esclaves ou nouveaux affranchis noirs, mariniers ou commerçants blancs, tous vivaient dans les mêmes conditions d'une classe ouvrière luttant pour que la culture dominante les laisse libres d'échanger les marques de reconnaissance culturelles qu'ils partageaient. Du sifflement de Bobolink Bob sur le marché Sainte-Catherine à celui d'Al Jolson dans Le Chanteur de jazz, du Benito Cereno de Melville au Minstrel Boy de Bob Dylan, des peaux d'anguilles portées en guise de serre-tête aux dreadlocks afros, William Lhamon offre ici une fascinante anthropologie de ces signes culturels qui, après avoir vaincu les forces d'oppression qui tentaient de les étouffer, font aujourd'hui partie de notre quotidien.
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Généalogie de la morale économique Tome 2 ; l'occupation du monde
Sylvain Piron
- Zones Sensibles
- 20 November 2020
- 9782930601441
Dans le prolongement de l'Occupation du monde paru en 2018, Généalogie de la morale économique expose quelques-unes des voies par lesquelles s'est constitué l'imaginaire économique qui gouverne les sociétés occidentales et entrave l'appréciation de la catastrophe environnementale produite par l'expansion du capitalisme industriel et financier. Nous avons à déchiffrer, pour parler comme Walter Benjamin, l'affinité qui a permis au capitalisme de proliférer comme un parasite sur le christianisme.
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Après 6/5 (2013-2014), ouvrage qui retraçait les origines historiques et technologiques du trading à haute fréquence depuis l'apparition du télégraphe au XIXe siècle jusqu'aux réseaux en fibre optique du XXIe siècle, Alexandre Laumonier poursuit ici, avec une écriture plus « humaine », son exploration des marchés financiers où désormais chaque microseconde compte. Dans ce nouvel ouvrage en deux parties de 96 pages chacune - soit deux récits indépendants -, il sera tour à tour question de religion, de la mafia ukrainienne, d'un impressionnant raid d'agents du FBI, de vol de codes, de mathématiques financières, mais aussi de réseaux de communications, de pylônes haubanés et d'antennes, de Londres, de Francfort et de la Belgique, de l'armée américaine et de Christ en croix...
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On pourrait l'appeler le tout-perdre contemporain. « On perd notre culture », « On a abandonné nos coutumes », « Les traditions se perdent », « Tout fout le camp », « Il n'y plus rien ici », « les jeunes ne s'intéressent plus au savoir », la perte se décline aujourd'hui sous toutes les formes.
Perdre sa culture, son identité, ses traditions, son savoir ou ses racines, et son corollaire - le besoin de transmettre - sont des figures mobilisées par de nombreux individus et collectifs à travers le monde. Irréversibilité du temps et lamento sur la perte, ce que l'on a perdu soimême ou pas. Au nom du tout-perdre, il faut absolument faire passer quelque chose du passé, des identités et des cultures, qu'il s'agisse des nôtres ou de celles des autres. Perdre sa culture invite le lecteur à réfléchir sur ces nostalgies patrimoniales contemporaines, en révélant les formes diverses que peut prendre le diagnostic de la perte culturelle. Alors que se multiplient partout sur le globe les revendications à la préservation culturelle, l'anthropologie nous enseigne qu'il existe des façons différentes de penser la disparition, la mémoire, la transmission et le patrimoine.
Le premier chapitre « Une impossible transmission en Afrique de l'Ouest » explore les discours liés à la perte culturelle et les mécanismes qui président à la transmission religieuse chez les Bulongic de Guinée-Conakry, une culture africaine décrite comme en train de disparaître.
Dans le second chapitre, à partir d'une recherche ethnographique menée au Laos (à Luang Prabang), j'analyse le travail de cette nostalgie patrimonialiste dans le contexte particulier d'une institution, celui de l'Unesco et de ses actions patrimoniales sur le terrain. Les chapitres 3 et 4 sont historiques et réflexifs. Le troisième chapitre expose l'histoire des liens complexes entre ethnologie et nostalgie, et invite à réfléchir sur la persistance de la figure de l'anthropologue nostalgique aujourd'hui. Enfin, l'ultime partie traîte de l'observation participante dans ces rapports avec la perte culturelle. L'anthropologue est rarement celui qui perd sa culture, mais plutôt celui qui louvoie entre différents horizons culturels et la nourrit d'influences multiples, un homme-caméléon par excellence.
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De la réception et détection du baratin pseudo-profond
Collectif
- Zones Sensibles
- 17 June 2016
- 9782930601229
Bien que le baratin fasse partie de la vie quotidienne et que les philosophes s'y soient intéressés, sa réception (critique ou naïve) n'a pas - à notre connaissance - fait l'objet d'un examen empirique. Nous nous attachons, pour notre part, au baratin pseudo-profond, à ce baratin constitué de déclarations de prime abord imposantes qui, données pour vraies et présumées sensées, ne détiennent en réalité aucun sens. Ainsi avons-nous présenté à des participants des énoncés fumeux, établis librement à partir de mots en vogue et agencés dans des déclarations qui, pour respecter la syntaxe, ne permettent pas de discerner un quelconque sens (ainsi de « la complétude apaise les phénomènes infinis »). Dans nombre de cas, la propension à juger le baratin de profond s'accompagnait de plusieurs variables conceptuellement pertinentes (comme le style cognitif intuitif ou la croyance surnaturelle). D'autres associations, moins évidentes, accompagnaient l'appréciation d'énoncés à la profondeur plus conventionnelle (« quelqu'un de mouillé ne craint pas la pluie ») voire banale (« les nouveaux nés requièrent une constante attention »). Ces résultats viennent appuyer l'idée que des personnes sont plus réceptives que d'autres à ce type de baratin, et que sa détection n'est pas tant affaire de scepticisme systématique que de discernement des approximations fallacieuses que renferment ces assertions autrement imposantes. Nos résultats suggèrent également que la tendance à accepter des déclarations comme vraies peut jouer un rôle déterminant dans la réception du baratin pseudo-profond.
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Geometria et perspectiva de Lorenz Stoër, publié en 1567, est un ouvrage étrange. Elève d'un élève de Dürer, qui quelques décennies auparavant (1525) avait posé les bases de la perspective moderne à la suite d'Alberti, Stoër n'a laissé que peu de traces dans l'histoire de l'art - en dehors de cet ouvrage inclassable ne subsistent de lui que trois recueils de dessins (souvent) répétitifs de polyèdres et quelques dessins.
Geometria et Perspectiva ne compte que 12 feuillets (soit 24 pages), sans aucun texte ni (même) introduction : chaque feuillet reproduit en son recto une gravure d'une sorte de paysage où fragments de ruines monumentales voûtées (peut-être antiques), arbres et plantes, ornements en courbes et contrecourbes en formes de S ou de C, et corps géométriques en forme de polyèdres se trouvent superposés au sein d'une perspective générale défiant les lois «naturelles» régissant la mise en oeuvre d'une profondeur de champ supposée reproduire la vision d'un paysage.
Probablement liées à la pratique de la marquetterie, ces planches étranges sont fascinantes en ce qu'elles offrent à voir des paysages totalement imaginaires dont les «fausses perspectives» ne sont pas sans rappeler l'oeuvre bien ultérieure de M. C. Escher.
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Ni vu, ni connu. Le camouflage sous l'oeil de l'objectif est une anthropologie historique et artistique du concept de « camouflage ». Si certains dispositifs de camouflage sont connus de tous (les militaires reprenant les stratégies visuelles des animaux pour se fondre dans l'environnement), cet ouvrage se propose d'étudier le concept en adoptant une approche large de son sujet : qu'il s'agisse de militaires, de photographies truquées (aujourd'hui passé au filtre de Photoshop), d'animaux prenant la forme de leur environnement, d'artistes jouant sur les codes de la dissimulation, de taxidermistes étudiant la peau ou encore d'objectifs optiques destinés à la surveillance.