Tout doit-il être montré, dit, vu ? Face à la tyrannie de la transparence, l'auteur d'«Éloge du risque» et de «Puissance de la douceur» propose une apologie du secret comme dernier rempart de l'intimité, un lieu de renaissance toujours possible : celui de l'intériorité du sujet, son for intérieur.
"Les librairies sont les points ardents d'une géographie intime ; elles sont aussi des marques et des victimes du temps. De toutes les librairies auxquelles je repense en parcourant les livres de ma bibliothèque, beaucoup, la moitié peut-être, peut-être plus encore, ne sont plus, mais elles vivent encore dans nos lectures, nos souvenirs, nos promenades. D'autres résistent, d'autres se transforment, d'autres naissent. Je veux dire ici comment, d'époque en époque, de ville en ville, elles prennent place dans l'itinéraire et la formation d'un lecteur et d'un écrivain." (Maël Renouard)
Partant de l'expérience de ses trente déménagements, dans un style de conteur très personnel, croisant les disciplines et analysant des sujets apparemment ordinaires comme la cuisine, les armoires, les lits, les couloirs et jusqu'aux salles de bains, sans négliger la parentalité, le sexe et le soin, Coccia aborde de manière passionnante un sujet ancestral et très moderne, qui nous concerne tous.
Agnes Heller dans ce recueil sur l'Europe, met en discussion les "valeurs communes européennes", s'interroge sur le rôle des simples citoyens et se demande si: "L'Europe est quelque chose de plus qu'un musée?" Dans ces textes, il est question des grands paradoxes qui caractérisent si bien le continent européen que la culture occidentale : l'universalisme humaniste et le fanatisme nationaliste, la tolérance et la xénophobie, le totalitarisme et la liberté.
Elles sont parmi les habitants les plus nombreux de notre planète et pourtant la philosophie les a négligées, voire haïes : les plantes ont depuis toujours été la cible d'un snobisme métaphysique. Malgré le développement de l'écologie, la démultiplication des débats sur la nature ou sur les questions animales, les plantes - leur forme de vie, leur nature - restent une énigme pour la philosophie. En mêlant exemples tirés de la philosophie, des sciences naturelles et de l'art, ce livre s'efforce de pénétrer le mystère de ces êtres singuliers.
La métamorphose, tout vivant y passe. C'est l'expérience élémentaire et originaire de la vie, celle qui définit ses forces et ses limites. Depuis Darwin, nous savons que toute forme de vie - l'être humain compris - n'est que la métamorphose d'une autre, bien souvent disparue. De notre naissance à notre alimentation, nous en faisons tous l'expérience. Dans l'acte métamorphique, changement de soi et changement du monde coïncident. Affirmer que toute vie est un fait métamorphique signifie qu'elle traverse les identités et les mondes sans jamais les subir passivement. Cet essai novateur jette les bases d'une philosophie de la métamorphose.
Le 27 avril 1985, Emmanuel Levinas prononce une conférence sur le thème de l'individu intitulée « De l'unicité ». À l'heure des bilans, comment la conscience de l'individu européen peut-elle véritablement demeurer en paix ? Le texte de Levinas est une invitation à penser « l'individu humain » dans sa subjectivité propre d'être unique, dans son « unicité d'unique ». Sans rompre avec la rigueur des formes logiques du langage, Levinas revient sur des questions qui lui sont chères : telles que l'amour du prochain et la justice. La réflexion éthique ouvre désormais un horizon politique. Inédit
J'ai dit à mes débuts qu'il ne fallait pas plus de quatre heures - et encore, quand on n'est pas doué - pour apprendre la mise en scène, et je le pense toujours.
Il suffit de quatre heures pour apprendre ce qui est nécessaire : à quoi correspondent les objectifs, la petite grammaire sur la direction des regards, comment réaliser les mouvements d'appareil, la profondeur de champ. Claude Chabrol Du choix du sujet à l'écriture du scénario de la recherche d'un producteur à l'aventure du tournage de la direction d'acteurs à celle des techniciens de la finition du film à la sortie en salles - le service après vente -, Claude Chabrol nous donne une vision chaleureuse et caustique de son métier.
Rebelle de naissance, toujours joyeusement subversive par son art, Catherine Deneuve est la figure exquise pour toutes celles et tous ceux qui désirent commencer leur vie sans avoir jamais à courber la nuque. Une leçon de liberté, de fantaisie, de choix souverains, de fidélité à l'anarchisme de l'enfance. (Arnaud Desplechin)
« La marche est aux loisirs ce que labourer et pêcher est aux travaux industrieux : quelque chose de simple et primitif ; cette activité nous met en contact avec la terre maternelle et la nature élémentaire, elle ne requiert aucun dispositif complexe ni excitation superflue. » De la simple déambulation à la plus aventureuse randonnée, la marche, pour Leslie Stephen, pionnier de l'alpinisme et père de Virginia Woolf, est d'abord et avant tout une activité poétique et philosophique ; un lieu de ressourcement où le marcheur fait l'expérience de sa vitalité. Ce texte est suivi d'un souvenir de Virginia sur son père.
révolution non violente est certainement l'ouvrage qui permet le mieux de comprendre, de l'intérieur, ce que fut le grand mouvement de libération des noirs américains.
dans ce livre consacré à la " révolution noire " qui éclata en 1963 en divers points des etats-unis, martin luther king, prix nobel de la paix 1964, raconte l'action extraordinaire qu'il mena avec son mouvement en faveur des droits civiques. action non violente, mais action directe, menée sur plusieurs fronts, et qui fut illustrée par la célèbre marche sur washington et par le vote au sénat de la loi sur les droits civiques.
mais les pages de ce livre n'évoquent pas seulement une action. elles révèlent aussi toute la personnalité de martin luther king, à la fois humble et passionnée, profondément attachante dans ses appels si lucides, émouvante dans la célèbre lettre, si sereine, qu'il écrivit du fond de sa cellule dans la prison de birmingham.
La recherche ici entreprise dans le sillage de «Homo sacer» ne porte pas sur les circonstances historiques dans lesquelles s'est accomplie la destruction des juifs d'Europe, mais sur la structure et la signification du témoignage. Il s'agit de prendre au sérieux le paradoxe de Primo Levi, selon lequel tout témoignage contient nécessairement une lacune, le témoin intégral étant celui qui ne peut témoigner.
Il s'agit de ceux qui « ont touché le fond », des déportés dont la mort « avait commencé avant la mort corporelle » ? bref, de tous ceux que, dans le jargon d'Auschwitz, l'on appelait les « musulmans ». On a essayé ici de regarder cet invisible, de tenir compte des « témoins intégraux » pour l'interprétation d'Auschwitz. On propose, par là, une réfutation radicale du révisionnisme. Dans cette perspective, en effet, Auschwitz ne se présente pas seulement comme le camp de la mort, mais aussi comme le lieu d'une expérience encore plus atroce, où les frontières entre l'humain et l'inhumain, la vie et la mort s'estompent ; et, mise à l'épreuve d'Auschwitz, toute la réflexion de notre temps montre son insuffisance pour laisser apparaître parmi ses ruines le profil incertain d'une nouvelle terre éthique : celle du témoignage.
En marquer le sujet en tant que reste, tel est le but de ce livre.
L'espèce humaine se trouve à un carrefour.
Dotée d'une puissance en constante extension, il lui faut désormais opérer les choix ou assumer les hésitations qui lui éviteront le sort de l'apprenti sorcier. la futurologie apparaît alors non comme un charlatanisme de plus, mais comme l'indispensable évaluation des effets à longue portée, pour les générations à venir, des révolutions technologiques déferlantes d'oú peuvent surgir le meilleur et le pire.
Dresser les critères de cette évaluation, telle est la tâche du philosophe. et s'il fait appel à l'éthique, ce ne sera jamais pour brimer ou pour briser la vie, mais au contraire pour l'aider à parer les plus graves dangers, afin de lui offrir un nouveau champ de développement.
Ce livre, qui se présente comme un petit traité de l'emploi du temps, met l'accent sur la nécessité de l'oubli.
L'oubli est nécessaire à la société comme à l'individu. il faut savoir oublier pour goûter la saveur du présent, de l'instant et de l'attente, mais la mémoire elle-même a besoin de l'oubli. mêlant les références ethnologiques et littéraires, marc augé identifie trois formes de l'oubli qui sont autant de manières de vivre le présent.
Réfuter Freud, tel est l'enjeu de ce livre majeur qui fonde en même temps une nouvelle théorie de la culture. Peut-on retrouver oedipe sous les Tropiques ? En méditant sur la théorie psychanalytique de la sexualité pendant qu'il se livre à l'étude des Trobriandais (Mélanésie), Bronislaw Malinowski, l'un des pères de l'ethnologie moderne, propose une analyse des transformations que la nature animale a dû subir dans les conditions anormales qui lui ont été imposées par la culture.
La transfiguration romanesque d'une vie, la fusion artistique d'une critique sociale et politique dans une prose inspirée et jouissive.
"Je retrouverais chez lui ce qu'on a appelé la "mentalité des grandes villes". Il y a dans cette pensée mobile et comme perpétuellement inquiète, je ne sais quoi de fiévreux, d'angoissé et de vibrant qui est spécifiquement moderne. Georg Simmel n'est pas un optimiste et ce n'est pas sa Tragédie de la culture qui peut nous promettre le repos et la quiétude : Georg Simmel, comme Pascal, approuverait volontiers ceux qui "cherchent en gémissant". Mais, comme Pascal aussi, il espère dans un Absolu qui rendra peut-être un jour à l'esprit sa confiante sérénité." (Vladimir Jankélévitch)
Six essais, six sujets qui interrogent la surmodernité, et une question : comment se libérer du mythe ? Du rituel et de la passion sportive à la « nature » du paysage, en passant par l'espace public et les non-lieux de nos villes, l'adage selon lequel les amoureux sont seuls au monde, ou des considérations sur l'écriture, Marc Augé explore notre rapport au rite, à la nature, à l'amour et au temps.
On ne résume pas un tel ouvrage - monumental, riche et foisonnant. Disons simplement qu'il est le résultat d'un pari insensé : qu'un homme puisse, à lui seul, s'emparer de la ville et nous en restituer toutes les facettes, tous les secrets.
Qu'il s'agisse de l'arrivée sous la pluie dans une petite ville, des manifestations de rue, des dérives nocturnes ou des promenades matinales, des rythmes urbains, de la symbolique de la rue, du carrefour ou du boulevard, des
transports (bus, taxi, métro), de personnages emblématiques (prostituée, clochard), des quartiers et faubourgs, ou encore des intérieurs (hôtels, studios, salles de bain, de séjour), on se laissera donc porter par la prose d'un Sansot éblouissant, au gré de ses intuitions malicieuses et de sa géographie sentimentale.
On tente ici d'organiser, autour du concept de critique, doublé de celui d'utopie, une lecture suivie - c'est-à-dire conséquente - des écrits de Walter Benjamin (1892-1940). Un troisième terme, celui de crise, dessine entre les deux premiers l'espace problématique d'une histoire en train de se faire ou de se défaire.
Sous le titre de Crise et Critique, Benjamin a envisagé avec Brecht et quelques autres, à l'heure de la montée des périls dans la jeune République allemande de Weimar, (et plus précisément au tournant de l'année 1930) la publication d'une revue engagée sur le front de l'art, de la littérature et de la culture. Ce projet avorta, mais les échanges auxquels il donna lieu alimentent la définition benjaminienne de la - tâche de la critique - (un ensemble de fragments éclatés). A vrai dire, Benjamin n'avait pas attendu ce moment pour mettre au premier plan de sa pensée la notion de critique. Chacun des objets qu'il a étudiés jusqu'alors - le concept de critique d'art dans le romantisme allemand, Les Affinités électives de Goethe, origine du drame baroque allemand - lui permet de creuser sous divers angles une théorie de la critique indissociable de la pratique de celle-ci. La critique proprement littéraire, ce faisant, ne manque pas de border la philosophie de l'art, ni de déborder vers l'histoire et la politique, ce dernier trait s'accentuant, sous la pression des circonstances, avec Sens unique (1928) et le Passagenwerk, l'Oeuvre des Passages (1928-1940).
Le recueil de textes présenté ici - coupe transversale dans les écrits de Benjamin - repose sur des extraits et des fragments significatifs, attestant d'une méthode qui se veut mobile pour affronter et exploiter tout à la fois le grand vent de l'époque. S'il y a quelque risque à bâtir ainsi sur des éléments dispersés - mais d'un autre côté tout autant rassemblés -, on est en droit de s'y sentir autorisé par la démarche de l'auteur lui-même, procédant volontiers par citation et montage.
Comment savoir qu'un chat vous envoie des signaux, comment les interpréter et comment lui répondre ? comment éviter les ravages auxquels il se livre dans l'appartement ? quelle alimentation lui donner ? un chat peut-il être jaloux, et comment cela se manifeste-t-il ? peut-on dresser son chat ? quelle attitude adopter lorsqu'une chatte attend des petits ? comment savoir si son chat est malade et quels sont les premiers soins à lui donner ? du choix du bac à litière à celui d'un bon vétérinaire, pam johnson-bennett, spécialiste du comportement félin et auteur de plusieurs best-sellers sur les chats, présente ici un guide complet, clair et accessible pour élever un chat équilibré.
On se souvient de lui au guidon d'un chopper, traçant la route dans Easy Rider. En fou visionnaire, un Nikon en bandoulière, aux côtés d'un Marlon Brando complètement cinglé, dans la jungle d'Apocalypse Now.
En terrifiant psychopathe dans Blue Velvet. En jeune voyou dans La Fureur de vivre. En acteur indomptable, jusqu'à ses derniers rôles. En metteur en scène d'une poignée de films cultes (Out of the Blue, Colors, Hot Spot), dans un Hollywood en pleine révolution. En amateur éclairé de pop art. En photographe inspiré... Dennis Hopper reste le symbole de l'artiste rebelle, sans cesse sur la brèche d'un underground à la recherche de nouvelles frontières. De « l'ami américain », bien au-delà du film de Wim Wenders...
Loin d'être une stricte biographie, ce texte électrique propose une chevauchée sauvage à travers ses nombreuses vies, folles et brillantes. Un portrait au couteau, vif et nerveux, réalisé à partir d'une multitude d'interviews de ses collègues et amis, acteurs, artistes, musiciens, ex-femmes, ou simples habitants de Taos, Nouveau Mexique, où Dennis Hopper passa d'une bonne partie de son existence. Bref, un livre à son image.
Document exceptionnel, ayant presque valeur de testament, ce livre est le journal philosophique du fondateur de la théorie critique. Sous la forme de fragment - comme dans Minima Moralia d'Adorno -, Horkheimer interprète l'Allemagne d'après-guerre, le totalitarisme, l'expansion des médias, l'Etat d'Israël, le mouvement étudiant de 1968, le féminisme, etc..., en affirmant le lien entre altérité sociale et résistance : là où l'idée d'altérité disparaît, la possibilité de la résistance s'effondre.
Toujours passé sous silence, le péché éclatant de l'Amérique est son absence de conscience de classe.
Aucune voix ne s'est élevée pour parler des classes sociales depuis les années trente, avant que l'Amérique ne devienne une économie de services, lorsque les conditions d'existence de la classe ouvrière étaient en jeu. Qu'une voix du " multiculturalisme " d'aujourd'hui ait un visage noir, un visage de femme, un visage d'homosexuel, un visage de fils d'ouvrier, n'a à présent plus d'importance. Ils parlent tous un langage de nantis.