Les textes essentiels de Walter Benjamin rassemblés en un seul volume de poche qui permettra d'aborder la pensée d'un intellectuel à l'oeuvre foisonnante, fragmentaire et hétéroclite.
On ne sait rien de la voix de Walter Benjamin ; il n'existe aucun enregistrement de ce philosophe qu'on imagine plus facilement au milieu des livres que sur les ondes. Et pourtant, l'auteur de "Sens unique" fut aussi un homme de radio : pendant cinq ans, de 1929 à 1933, il fit avec un certain succès des dizaines de causeries littéraires à la radio allemande. Pensées spécifiquement pour ce support, nerveuses et rythmées, portant sur la culture européenne, elles offrent un regard malicieux ou critique sur des auteurs fétiches ou qui l'ont marqué, de Gide à Thornton Wilder, ainsi que sur des domaines comme la graphologie, qui fut l'une de ses passions. Les neuf conférences publiées ici sont totalement inédites en français.
Depuis la Révolution française au moins et jusqu'au mouvement Black Lives Matter, les sociétés contemporaines n'ont cessé de s'en prendre aux monuments et statues de grands hommes érigés sur la place publique par des détournements, déboulonnages ou destructions divers. De la colonne Vendôme en 1871 aux figures contestées de l'esclavagisme et du racisme, en passant par les effigies de Staline ou de Lénine après la chute du communisme, les statues de dictateurs abattues lors des Printemps arabes, cette mise à mal interroge l'anthropologie de ces répertoires d'action, les discours historiques que ces monuments cristallisent et la fabrique d'événements désormais mondialisés.
Pas de changement politique sans au préalable un changement social. Tel est le but d'une révolution : vivre, plutôt que survivre. Dans cet essai inédit qui résonne avec les colères actuelles, Arendt nous invite à nous organiser nous-mêmes pour nous emparer de l'action politique et ne plus la déléguer aux partis. Retrouver ce qui anima les deux grandes révolutions, la française et l'américaine : un désir passionné, chez les citoyens, de participer aux affaires publiques.
Les mannequins dans un défilé, les danseuses d'un corps de ballet, la chaîne de montage des poupées Barbie : autant d'images interchangeables, dépersonnalisées. Elles ne se distinguent que par le détail d'un vêtement, d'une courbe, d'une teinte de cheveux. Toutes identiques, l'illusion de la perfection. Ces serial girls ne sont pas la mise en forme des filles telles qu'elles sont, mais bien telles que l'on souhaite qu'elles soient. Ce sont des femmes-objets, des femmes-ornements, des femmes-marchandises. Toutes (re) produites mécaniquement par l'usine ordinaire de la misogynie. Si elle dénonce le conformisme imposé aux femmes, Martine Delvaux expose aussi leur révolte : celle des Pussy Riot, des Femen, de Beyoncé. Leur force, celle du collectif. Dans la série s'incarne alors la résistance au féminin pluriel.
Bien plus qu'un mouvement littéraire du XIXe siècle, le romantisme est une vision du monde, une protestation culturelle contre la civilisation capitaliste et une critique radicale des dégâts infligés par celle-ci à la planète qui court de la fin du XVIIIe siècle à aujourd'hui. Pour montrer cette continuité dans le temps, ce livre analyse six thématiques à travers six figures très diverses : la critique environnementale avec le botaniste-voyageur William Bartram ; le désastre écologique avec le peintre Thomas Cole ; l'utopie écologique avec l'artisan William Morris ; la dénonciation du « meurtre » de la nature avec Walter Benjamin ; l'écologie socialiste avec le critique littéraire Raymond Williams ; et la guerre climatique avec l'essayiste militante Naomi Klein.
« Même la plus petite créature peut changer le cours de l'avenir », dit Galadriel à Frodon. Voici le livre des révolutions possibles, celles que nous pouvons faire. Nous, les gens ordinaires. Nous, les mécontents. Nous, les indignés. Il part d'un principe : l'humour (et un peu de stratégie) peut faire tomber des dictatures. Il s'appuie sur une expérience acquise dans près de 50 pays aussi bien que sur les enseignements de Gandhi et du stratège Gene Sharp. Et il prend la voix de Srdja Popovic, apôtre de la lutte non violente, qui fit tomber Milosevic et fut de toutes les révolutions fleuries, la révolution des roses en Géorgie (2003), la révolution du cèdre au Liban (2004), la révolution orange en Ukraine (2004), la démocratisation des Maldives (2008), le printemps arabe en Égypte (2011), etc. Il raconte ce qui marche et comment ça marche. Il explique aussi pourquoi cela échoue parfois. Un livre pour agir, donc. Et aller au bout des choses. Car il ne suffit pas de faire la révolution, encore faut-il aussi savoir quoi faire de sa liberté.
Tout doit-il être montré, dit, vu ? Face à la tyrannie de la transparence, l'auteur d'Éloge du risque et de Puissance de la douceur propose une apologie du secret comme dernier rempart de l'intimité, un lieu de renaissance toujours possible : celui de l'intériorité du sujet, son for intérieur.
Ce texte est probablement le plus connu de Walter Benjamin. Le philosophe y traite, notamment à travers l'exemple du cinéma et de la photographie, de la perte de l'authenticité et de l'originalité qui caractérisent la culture de masse, de la destruction de l'espace intérieur rendue possible par l'usage de la caméra, et de ce qu'il a appelé, dans une formule restée célèbre, " le déclin de l'aura ", l'aura étant le fait d'être unique, lié à un lieu précis, et inscrit dans l'histoire. Ce faisant, c'est de notre monde actuel qu'il nous parle.
Brillant et singulier. Derrière ce titre mystérieux se cachent sept histoires passionnantes, sept voyages à travers le globe, que Timothy Brook déroule à partir de six tableaux de Vermeer et une faïence. Éminent sinologue s'offrant une incursion dans la Hollande de l'Âge d'or, Brook nous convie en effet à une autre lecture des oeuvres de Vermeer. Non pas celle d'un historien d'art qui s'attacherait à l'usage de la lumière ou de la couleur, mais bien celle d'un historien qui focalise son attention sur un détail, un objet, une figure, autant de portes qu'il ouvre sur le vaste monde en mutation du xviie siècle, nous dévoilant l'ampleur des échanges culturels et commerciaux entre Est et Ouest, qui furent l'amorce de notre mondialisation actuelle. Ainsi, une simple jatte de fruits dans La Liseuse à la fenêtre (Dresde, Gemäldegalerie) nous entraîne sur les routes du commerce maritime de la fameuse porcelaine bleue et blanche en provenance de Chine, tandis qu'un somptueux chapeau de feutre dans L'Officier et la jeune fille riant (New York, Frick Collection) nous mène au Canada, jusqu'aux fourrures de castor que Samuel Champlain soutire à ses alliés hurons.
Au moment de recevoir le Prix Adorno en 2012, Judith Butler se demande après Adorno s'il est possible de vivre une bonne vie dans une mauvaise vie. Cette ancienne question de la philosophie morale prend un sens neuf si on la pose dans les conditions concrètes de nos existences. Or l'organisation politique de nos vies, la marque que le pouvoir inscrit en elle, augmente partout les inégalités.
Que peut donc signifier mener une vie bonne, une vie vraie quand la plupart sont exposés dans leur chair à la vulnérabilité d'une mauvaise vie ? Comment penser la résistance de la vraie vie à la fausse ?
Telles sont les questions que'elle aborde de front sans reculer devant les difficultés qu'elles suscitent.
Benjamin et le monde "civilisé" du XXe siècle : le plus pessimiste des penseurs révolutionnaires de l'entre-deux-guerres propose dans ce recueil de textes peu connus une critique radicale de la civilisation capitaliste-industrielle moderne et une déconstruction de l'idéologie du progrès.
Ils sont tournés les uns vers les autres. Ils s'observent et s'écoutent. Ils s'échangent des idées, des armes, de l'argent ou des femmes. Dans cet univers clos réservé aux hommes, le pouvoir se relaie et se perpétue. Le boys club n'est pas une institution du passé. Il est bien vivant : État, Église, armée, université, fraternités, firmes... et la liste s'allonge. Des clubs privés londoniens à la Silicon Valley, Martine Delvaux met en lumière ces regroupements d'hommes qui ensemble se relaient le pouvoir et font en sorte de le conserver.
"In God We Trust" : la formule orne les billets de banque américains. Mais qu'est-ce que l'argent a à voir avec Dieu ou la religion ? «Le capitalisme comme religion», l'un des textes les plus célèbres de Walter Benjamin, soutient que l'investissement, la spéculation, les opérations financières, les manoeuvres boursières, l'achat et la vente de marchandises, sont les éléments d'un culte et que le capitalisme est une religion à part entière. Les textes qui composent se recueil sont suivis du "Caractère fétiche de la marchandise et son secret", de Marx. Avec une préface de Baptiste Mylondo, philosophe et économiste, spécialiste de la décroissance et l'un des promoteurs du revenu minimum universel.
Des textes inédits de Nicolas Bouvier (1929-1998) rédigés en des pays sur lesquels il n'a rien publié de son vivant : telles sont les pépites de ces archives sur près d'un demi-siècle. En 1948, le jeune homme de dix-huit ans écrit son premier récit de voyage entre Genève et Copenhague, rempli d'illusions qu'il veut rendre réelles ; en 1992, l'écrivain reconnu sillonne les routes néo-zélandaises, à la fois fourbu et émerveillé. On découvrira aussi avec lui la France et l'Afrique du Nord en 1957-1958, l'Indonésie en 1970, la Chine en 1986 et le Canada en 1991. Autant de voyages initiatiques aux divers âges de la vie. Des pages attachantes où transparaît tout le talent de Bouvier, portraitiste et observateur hors pair, mais également reporter, historien, ethnographe, conférencier, photographe, poète.
Au printemps 1940, quelques mois avant de se suicider, Walter Benjamin rédige une suite d'aphorismes denses et étincelants, bouleversants blocs de prose poétique au centre desquels rayonne «Angelus Novus», le tableau de Klee, que le philosophe associe à l'Ange de l'Histoire. Réunis sous le titre "Sur le concept d'histoire", ces aphorismes sont le texte le plus commenté de Benjamin. Leur répondent ici deux autres essais : "Eduard Fuchs, le collectionneur et l'historien" (1937), et le célèbre "Paris, la capitale du XIXe siècle" (1935), traversés par une même question : peut-on sauver le passé ? Avec une préface de Patrick Boucheron, professeur au Collège de France.
Entre les moralistes français, Marx et les romantiques allemands, Adorno entreprend, à travers de courts chapitres, vignettes, instantanés, une critique du mensonge de la société moderne, traquant au plus intime de l'existence individuelle ce qui nous détermine et nous opprime. Un livre à méditer comme un art de penser et à pratiquer comme un art de vivre. Mieux : un art de résister.
Avec la sensibilité particulière qu'il avait à l'égard des souffrances de l'enfant, Ferenczi n'a eu de cesse de retrouver, enfoui dans l'adulte, l'enfant blessé, traumatisé qu'il a été. Comment le ramener dans la séance ? Comment l'entendre ? Comment le traiter ? Si Freud a révélé la part de l'infantile toujours active dans la vie psychique de l'adulte, c'est bien Ferenczi qui a développé cette idée jusque dans ses aboutissements les plus ultimes, montrant combien ces parties infantiles ne cessent d'orienter et d'animer l'existence.
L'étude de la structure du langage peut nous aider à mieux comprendre l'intelligence humaine. Telle est, depuis plus de quarante ans, la conviction de Noam Chomsky, père de la grammaire générative, théorie qui a révolutionné la linguistique, influencé les sciences cognitives et profondément modifié ce que nous savions de l'apprentissage du langage par les enfants. Il s'en explique dans ce livre qui reparaît aujourd'hui dans une version augmentée de quatre chapitres inédits, où Chomsky revient sur certains concepts et expressions clés de sa pensée - la grammaire universelle, la structure profonde, la biolinguistique, l'aspect créatif de l'utilisation du langage -, fournissant ainsi l'une des meilleures introductions à une théorie majeure située u croisement de la linguistique, de la philosophie et de la psychologie.
C'est dans cette fameuse histoire critique de la photographie que Walter Benjamin définit pour la première fois le concept d'aura, clé de voûte de sa théorie esthétique, ainsi que la notion d'inconscient optique, ce quelque chose qu'en prenant une photo nous captons sans le savoir et que, par exemple, certains psychogénéalogistes vont traquer pour éclairer notre histoire. «Petite histoire de la photographie» (1931) est suivi de «Un portrait d'enfant» (1934), où Benjamin, analysant une photographie du jeune Kafka baignée de tristesse, se trouve soudainement renvoyé à sa propre enfance. Avec ce livre, qui est l'autre volet de «L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique», partez en compagnie d'un maître penseur à la recherche de la puissance des images.
L'Europe est inquiète, l'Europe va voter. C'est le moment d'écouter la parole du plus grand philosophe européen actuel, connu pour sa pensée vigoureuse et ses idées iconoclastes. En quatre essais sur les thèmes de l'immigration, du Brexit, de la cohésion sociale et de la nation, il défend la réalité de l'Europe, analyse la montée des populismes et leur vision simpliste du monde, dénonce l'absurdité des ghettos et nous rappelle la nécessité vitale de lutter contre le cynisme. Et si rien n'était possible sans l'autre ?
À l'occasion d'une célèbre polémique avec Proudhon, Marx règle, dans «Misère de la philosophie», ses comptes avec une certaine idée du socialisme et de l'économie. Critiquant le socialisme "petit-bourgeois", il précise ses thèses et en donne une version très accessible dans un texte brillant - et directement écrit en français - qui peut servir d'introduction pour qui veut s'initier à cet auteur. Outre la préface de Jean Kessler, qui répond à la question: "Peut-on encore lire Marx aujourd'hui?", le lecteur trouvera ici rééditée une lettre de Proudhon à Marx dans laquelle il repousse l'idée de révolution brutale.
L'étranger : menace ou promesse ? Une étude magistrale d'un des pères de la sociologie moderne sur une question qui agite nos sociétés à l'heure des tensions communautaires et du scandale des migrants. Pour Simmel, dans ce texte culte, c'est quelqu'un qui appartient à un groupe sans en faire partie car, venu d'ailleurs, il n'en partage ni l'histoire ni la culture. Ce n'est pas un marginal, et pas non plus un exclu. Ce n'est pas un touriste. Il y a du positif en lui puisqu'il apporte au groupe des qualités étrangères à celui-ci. Ni là-bas, ni d'ici, il est l'intermédiaire idéal, le pont, entre deux groupes. Il importe des idées et des marchandises. Il est plus libre dans son jugement, moins empêtré dans les conventions et les habitudes. On se confie à lui, et il est bon juge. C'est d'ailleurs en Italie, pays de plus en plus violemment opposé aux étrangers, que certaines cités, autrefois, ont fait appel à des étrangers pour rendre la justice. Peut-être est-ce l'occasion de le rappeler.
Un homme perdu dans la foule, un flâneur en pleine nuit, un artiste déchu : pour Walter Benjamin, la poésie de Baudelaire est celle de l'homme déboussolé par le capitalisme marchand. Une lecture philosophique et novatrice de l'auteur des «Fleurs du mal» par l'un des grands penseurs de notre temps.