Un état des lieux complet des études sur la culture visuelle, de ses origines dans l'histoire de l'art aux perspectives actuelles ouvertes par les nouvelles technologies, la réalité virtuelle et l'intelligence artificielle.
Cet ouvrage présente les concepts fondamentaux, les questions principales et les nouvelles perspectives de recherche des études sur la « culture visuelle ». Après avoir retracé les origines de cette notion dans la tradition de l'histoire de l'art et dans les théories de la photographie et du cinéma des premières décennies du XXe siècle, le livre reconstruit le développement récent, au niveau international, des visual culture studies et de la Bildwissenschaft. Les chapitres suivants proposent des outils essentiels pour étudier la dimension techniquement déterminée, mais aussi historiquement et socialement située, des images comme des formes de la vision. Les exemples analysés proviennent de contextes culturels et de périodes historiques très variés et concernent jusqu'à la réalité virtuelle et la réalité augmentée, les nouvelles images produites par l'intelligence artificielle et les nouvelles technologies de machine vision.
Le végétal au premier plan de la pensée philosophique.
Là où les philosophes contemporains s'abstiennent d'aborder la vie végétale sous l'angle ontologique et éthique, Michael Marder place les plantes au premier plan de l'actuelle déconstruction de la métaphysique. Il identifie les caractéristiques existentielles du comportement des plantes et l'héritage végétal de la pensée humaine afin de confirmer la capacité qu'ont les végétaux à renverser le double joug de la totalisation et de l'instrumentalisation. Au fil de son écriture, Marder se penche sur les plantes du point de vue de leur temporalité, de leur liberté et de leur sagesse. La pensée végétale vient caractériser tant le mode de pensée non cognitif, non idéel et non imagé qui leur est propre que le processus consistant à ramener la pensée humaine à ses racines et la rendre végétale.
La traduction française du livre majeur de l'anthropologue anglais Alfred Gell, l'une des toutes premières tentatives anthropologiques de définition de l'art, un ouvrage fondamental, tant pour les historiens de l'art que pour les anthropologues, et dont le concept principal (agency, « agentivité ») a depuis longtemps été repris par maints théoriciens.
Plutôt que de penser l'
Une exploration fascinante des origines utopiques (fouriéristes) et des 130 ans d'histoire tumultueuse du légendaire Chelsea Hotel de New York, la plus grande et la plus ancienne communauté d'artistes et de musiciens au monde.
Sherill Tippins nous raconte l'histoire et la biographie du Chelsea Hotel de New York, à travers le récit captivant des vies que le Chelsea a croisées : de ses premiers jours en tant que communauté coopérative, après sa fondation en 1884 par l'architecte français Philip Hubert, en passant par ses périodes pop, rock et punk.
Le Chelsea n'a cessé d'évoluer à travers les événements et les personnes qu'il a rencontrés. Les deux récessions de 1893 et 1903 ont obligé les propriétaires à transformer l'immeuble d'appartements en hôtel. Des invités inattendus sont arrivés : des survivants du naufrage du Titanic en 1912, des marins et des soldats de la Première Guerre mondiale, des artistes du nouveau Fillmore East au début des années 1970. Même des policiers de la ville y sont passés, au moins deux fois : après la mort de Dylan Thomas en 1953 et le meurtre de Nancy Spungen, la petite amie de Sid Vicious, en 1978.
Il est difficile de citer les noms de nombreux écrivains, poètes, peintres et artistes américains importants qui n'ont pas vécu ou séjourné au Chelsea à un moment donné. De Dylan Thomas à Bob Dylan, de Virgil Thomson à Leonard Cohen, de John Sloan à Christo, le Chelsea ne s'est pas contenté de les héberger, il les a également nourris et inspirés.
Mais le Chelsea reste un mystère : pourquoi et comment cet hôtel est-il devenu la plus grande et la plus ancienne communauté connue d'artistes ? Dans le palais des rêves en est l'histoire intime et fascinante.
Dans cet essai, l'historien de l'art et philosophe Horst Bredekamp démontre l'importance de l'analyse visuelle et le rôle central des images dans le développement de la pensée philosophique de Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716). S'appuyant principalement sur le concept leibnizien de monade et sur le Théâtre de la nature et de l'art, élaboré par le philosophe et savant allemand de 1671 jusqu'à sa mort, Bredekamp place Leibniz en précurseur de la théorie de l'image.
Ce livre s'inscrit dans le contexte d'un essai de reconstruction du rôle central des images dans l'émergence de la philosophie moderne à partir de figures marquantes du XVIIe siècle. Ce projet a débuté en 2003 avec l'analyse de la théorie de l'Etat basée sur la politique des images développée dans le Léviathan de Thomas Hobbes. A partir des idées de Leibniz de créer un théâtre de la nature et de l'art ainsi qu'un atlas de la force de l'imagination, le travail se prolonge ici, ce qui pourrait se révéler hautement important pour comprendre sa philosophie. En effet, ces idées sont jusqu'à présent quasiment inconnues de la recherche, alors que Leibniz leur attribuait une place centrale et les a portées avec opiniâtreté et persévérance. Ce qui s'explique tout autant par la diffusion lacunaire et fragmentée des écrits de Leibniz que par une traditionnelle tendance de l'histoire de la philosophie à privilégier l'univers de l'haptique et du visuel chaque fois qu'est visée sa transcendance.
Les récents volumes de l'édition de l'Académie offrent cependant pour la première fois la possibilité de retracer dans le contexte la valeur que Leibniz attache à la main qui tâtonne et qui dessine ainsi qu'à l'oeil curieux et exercé. Avec son projet de Théâtre de la nature et de l'art, il complète non seulement l'incroyable vivacité et diversité de sa pensée et de ses activités, mais leur donne de surcroît un nouveau cadre. La fascination de Leibniz pour le Theatrum naturae et artis pourrait transformer la perception globale de sa philosophie. En effet, tout en creusant le fossé entre calcul et contemplation, entre l'absence de fenêtre de la Monade et la forme physique de ses modes de perception, elle n'en jette pas moins des ponts réconciliateurs.
Le lecteur découvrira ici une étude majeure du champ disciplinaire de la Bildwissenschaft, la « science de l'image », discipline encore méconnue en France mais au centre des débats internationaux sur la théorie de l'image, constituant le versant germanophone des visual studies anglophones.
Première traduction en français d'une oeuvre du philosophe japonais, ce livre, pensé à partir de la photographie et du cinéma, propose une esthétique de la résistance et du rebond indissociable du corps et des luttes qu'il implique.
L'oeuvre de Nakai Masakazu (????1900-1952) offre un nouveau regard japonais sur l'art, la technique et le monde contemporain. Loin de tout particularisme culturel et cependant profondément originale par rapport aux conceptions occidentales du beau, Introduction à l'esthétique permet de découvrir un univers sans double-fond, tout en surfaces et reflets, où se rejoignent intimement matérialisme et phénoménologie. Pensé à partir de la photographie et du cinéma, en dialogue avec Cassirer, Heidegger, Marx et les auteurs de l'École de Francfort, ce livre propose une esthétique de la résistance et du rebond indissociable du corps et des luttes qu'il implique.
Traduit du japonais, annoté et présenté par Michael Lucken, historien et professeur à l'Inalco, avec une préface de Carole Maigné, philosophe et professeure à l'Université de Lausanne.
Une réévaluation collective du rapport de Gertrude Stein aux arts, qui permet de complexifier les rapports entre écriture et arts visuels dans son oeuvre.
De profondes affinités lient Gertrude Stein aux arts, qu'ils soient visuels, plastiques, vivants. La sensibilité esthétique de Gertrude Stein a fait d'elle non seulement l'amie et la mécène des plus grands artistes du XXe siècle, mais également l'auteur d'une écriture qui répondait, dialoguait continûment avec les arts de son temps et l'histoire de l'art. Même si c'était la volonté de Stein de créer des liens entre écriture et arts, ce rapport ne serait qu'imparfaitement relaté si on s'en tenait à l'évidente sur-présence de la peinture et de la sculpture dans sa vie. Outre les études novatrices sur la relation de Stein à Duchamp et Picabia, outre les études sur la construction du mythe de Stein en peinture et la réception de ses écrits par les artistes, ce volume cherche à couvrir un terrain plus étendu, qui va de la photographie au cinéma. Ainsi, cet ensemble d'études cherche à réévaluer le rapport de Gertrude Stein aux arts et à complexifier les rapports entre écriture et arts visuels dans son oeuvre.
Un diagnostic caustique de la situation de l'art et du monde actuels, proposé par l'une de ses protagonistes majeures.
Comment penser les institutions artistiques à une époque caractérisée par la guerre civile planétaire, les inégalités croissantes et la technologie numérique propriétaire ? Les frontières de ce qu'était une institution se sont estompées. Parties de l'extorsion de tweets auprès du public, elles se prolongent dans un futur du « neurocurating » où les oeuvres surveilleront les visiteurs via des dispositifs de reconnaissance faciale et d'oculométrie, évaluant leur propre popularité et détectant la présence de comportements suspects.
Dans De l'art en duty free, l'écrivaine et vidéaste allemande Hito Steyerl questionne notre capacité à apprécier et à produire de l'art à l'époque actuelle.
Que faire lorsque les fabricants d'armes financent les musées et que les oeuvres d'art servent de monnaie d'échange sur des marchés spéculatifs déconnectés du travail productif ? Peut-on faire le tri entre l'information, les fake news et le bruit blanc numérique qui bombradent notre quotidien ? En s'emparant de thématiques aussi variées que celles des jeux vidéo, WikiLeaks, la prolifération des ports francs et l'action politique, Hito Steyerl dévoile les paradoxes qui traversent la mondialisation, les économies politiques, la culture visuelle et le statut de la production artistique.
Une science de l'expérience sensible prolongée par une théorie des atmosphères, aux origines de l'esthétique philosophique.
L'esthétique ne commence pas par le beau, mais par l'aïsthésis. L'« aisthétique » a pour but de remonter aux origines de l'esthétique philosophique, conçue d'abord comme une science de l'expérience sensible, tout en prolongeant celle-ci en direction d'une théorie des atmosphères. Comment se sent-on et que perçoit-on lorsque l'on pénètre dans un espace chargé d'une certaine ambiance ? En donnant toute sa place à cet espace intermédiaire où les expériences affectives jouent un rôle considérable, la relation entre objet et sujet se trouve profondément retravaillée. Milieux naturels ou environnements artificiels, scénographies théâtrales, architectures ou design d'objet : les atmosphères sont ce qui fait naître les choses et offrent à l'être vivant un sentiment d'existence.
Un récit captivant qui explore les coulisses de la scène artistique internationale, au fil d'enquêtes auprès de figures telles que Ai Weiwei, Jeff Koons, Yayoi Kusama, Cindy Sherman, Andrea Fraser, Laurie Simmons, Carroll Dunham, etc., pour réhumaniser et démystifier l'art contemporain.
Pour 33 artistes en 3 actes, Sarah Thornton a rencontré 130 artistes entre 2009 et 2013. Cet ouvrage nous offre un éventail éblouissant d'artistes : des superstars internationales jusqu'aux professeurs d'art moins connus.
On assiste, par exemple, à la rencontre de l'auteure avec Ai Weiwei avant et après son emprisonnement ; avec Jeff Koons alors qu'il séduit de nouveaux clients à Londres, Francfort ou Abu Dhabi ; avec Yayoi Kusama dans son studio au coin de l'asile de Tokyo qu'elle habite depuis 1973 ; avec Cindy Sherman, chez qui elle fouille dans les placards, ou encore aux moments partagés avec Laurie Simmons, Carroll Dunham et leurs filles Lena et Grace.
Témoin privilégié de leurs crises et de leurs triomphes, Sarah Thornton porte un regard analytique et ironique sur les différentes réponses à cette question centrale : « Qu'est-ce qu'un artiste ? ».
L'ouvrage est divisé en trois domaines : politique, parenté et artisanat, constituant une enquête sur le psychisme, la personnalité, la politique et les réseaux sociaux des artistes.
À travers ces scènes intimes, Sarah Thornton examine le rôle que les artistes occupent en tant que figures essentielles dans notre culture.
Une anthologie des nouvelles formes musicales au XXe siècle.
Cette publication réunit dix-huit entretiens menés par Hans Ulrich Obrist avec des musiciens pionniers des années 1950 à 1980 : compositeurs d'avant-garde (Elliot Carter, Pierre Boulez ou Karlheinz Stockhausen) ; précurseurs de la musique musique électro-acoustique (Iannis Xenakis, Robert Ashley, François Bayle, Pauline Oliveros, Peter Zinovieff) ; artistes minimalistes et post-Fluxus (Éliane Radigue, Terry Riley, Tony Conrad, Steve Reich, Yoko Ono, Phill Niblock) ; ainsi que des figures musicales influentes comme Brian Eno, Kraftwerk, Arto Lindsay et Caetano Veloso. Leurs contributions retracent l'évolution du domaine musical : des premières expériences de musique concrète et abstraite aux développements électroniques, puis à l'hybridation de la culture populaire et de l'avant-garde.
Edition française, augmentée (notamment d'un entetien inédit avec Éliane Radigue), de l'ouvrage paru en anglais en 2014.
Une contribution majeure du philosophe et historien d'art allemand aux discussions actuelles sur « l'arbre de la vie » dans la biologie évolutionniste, soulignant les enjeux esthétiques et politiques de l'image du corail comme modèle d'évolution anarchique chez Darwin, contre la métaphore traditionnelle de l'arbre.
Le darwinisme a consacré l'image de l'arbre pour représenter l'évolution des espèces. Or, cette image impose une vision hiérarchique et téléologique absente du raisonnement initial de Darwin. Dans une étude scrupuleuse des esquisses du père de l'évolutionnisme, l'historien d'art Horst Bredekamp montre que Darwin a préféré à la métaphore de l'arbre l'image du corail, de ses branches fragiles et de son développement anarchique. Avec les coraux, Darwin a introduit dans sa théorie de l'évolution naturelle une pièce maîtresse issue de la tradition des cabinets de curiosités. Il a ainsi renoué avec une vision ancienne de l'équilibre naturel et lui a ajouté la signification politique associée au XIXe siècle à ces êtres sous-marins : le pouvoir du nombre. La métaphore, au-delà de ses enjeux esthétiques et politiques, n'est pas sans intérêt pour les discussions dont « l'arbre de la vie » fait l'objet dans la biologie évolutionniste.
Les écrits et correspondances, pour la première fois disponibles dans leur ensemble en français, du peintre, sculpteur, décorateur de théâtre, scénographe et chorégraphe allemand (1888-1943), acteur essentiel du Bauhaus.
Écrits intimes d'un peintre et d'un chorégraphe visionnaire, les Lettres et journaux d'Oskar Schlemmer sont restés longtemps inédits en français, à l'exception de fragments traduits par Éric Michaud en 1978.
S'ils dévoilent peu de choses sur sa vie personnelle, l'un de leurs premiers attraits est de nous faire pénétrer au sein du Bauhaus, dont Schlemmer fut l'un des acteurs essentiels, et de révéler les relations d'enseignement et de pouvoir qui s'y tissaient. Ils consignent surtout le dialogue intense et soutenu que, sa vie durant, Schlemmer a entretenu avec lui-même à propos de ses créations, de ses angoisses, de ses contradictions, de ses espoirs. Ils ouvrent une nouvelle perspective pour appréhender cet artiste protéiforme.
La présente traduction des Lettres et journaux d'Oskar Schlemmer est conforme à l'édition des Briefe und Tagebücher de Tut Schlemmer parue en 1958.
« Le noyau de mon être - mon intimité même - est enclos dans une coquille déposée par le monde extérieur. Mon art est sans doute ce qui reflète le mieux ce noyau. Car c'est précisément dans la Forme que ce noyau, invisible et non su, se présente. » (Lettre à Tut, 12 novembre 1919) « Si les nazis prennent le pouvoir, faudra-t-il se retirer dans les forêts de Bohême, ou bien entrerons-nous directement dans la prochaine guerre ? » (Lettre à O.M., 1er décembre 1930) « Né le 4 septembre 1888 à Stuttgart, d'une mère Souabe de Heidenheim dans le Wurtemberg et d'un père de la Hesse Rhénane à Mainz. (De mon père sans nul doute le goût du théâtre et du carnaval, de ma mère la réflexion et le sérieux qui se traduisent ensuite en peinture). Un semestre à l'École des arts décoratifs de Stuttgart, puis l'Académie. Entre-temps, une année à Berlin. Rencontre avec l'art moderne : le Blaue Reiter et le Sturm. À Stuttgart, suite à cette rencontre, débat et conversion. - Débuts du Ballet Triadique. - Ouverture d'une galerie de peinture rue du Neckar. - La guerre ! - Une demi année à l'Académie. Bas reliefs et sculptures. - 1922 : première représentation du Ballet Triadique à Stuttgart. Décembre 1920 : nomination au Bauhaus d'État à Weimar par Walter Gropius (en même temps que Paul Klee). D'abord peinture murale. Plus tard atelier du métal, puis sculpture sur bois et sur pierre. - Pour l'exposition de 1923 : décoration en peinture et sculpture du bâtiment des ateliers. Première démonstration sur de grandes surfaces et dans un vaste espace. Variations sur le thème de l'Homme sous forme de peintures, lignes, surfaces, reliefs, métal, etc. » Oskar Schlemmer (Autobiographie, 1923)
L'enquête ethnographique a toujours été accompagnée par l'enregistrement de matériaux visuels et sonores auxquels les anthropologues donnent plus ou moins forme. Toutefois, rares sont celles et ceux qui considèrent cette création formelle comme une source de connaissance fondamentale.
Figure de premier plan de l'anthropologie et des sound studies de langue anglaise, Steven Feld a développé une conception de la recherche comme composition sans égal. Ses oeuvres intermédia rendent sensibles différentes manières d'habiter le monde et de recomposer sa mémoire sonore à l'ère de l'anthropocène. Du ruissellement d'une cascade de la forêt équatoriale aux klaxons de la mégalopole d'Accra, en passant par le son des cigales ou la détonation de la bombe atomique, les deux essais inédits de cet ouvrage bouleversent les perspectives acoustiques établies et ouvrent le passionnant domaine de la recherche-composition.
Une étude ethnologique de la sorcellerie en Afrique de l'Ouest, s'appuyant sur des enquêtes de terrain réalisées dans cinq pays entre 1994 et 2000. David Signer y décrit la sorcellerie comme un système de croyances à l'impact social réel, qui imprègne la politique mais surtout l'économie, et dont la fonction hautement normative et conservatrice empêche efficacement le développement de la société et de l'individu africains.
En octobre 1994, à Man, une ville de l'ouest de la Côte d'Ivoire, j'ai eu une conversation révélatrice avec un jeune homme du nom de Jean-Claude.
- La sorcellerie, me disait-il, est le plus grand obstacle au développement de l'Afrique.
Je demandai :
- Que veux-tu dire ? La sorcellerie ou la croyance en la sorcellerie ?
- La sorcellerie... la sorcellerie est une réalité. Dès que quelqu'un s'élève, a du succès, est supérieur à la moyenne, il risque toujours d'être ensorcelé. La jalousie est présente partout. Elle conduit à la peur, au découragement, à la paralysie de chaque initiative. Les sorciers « mangent » de préférence ceux qui ont du succès, les diplômés, les étudiants, les jeunes talents prometteurs... ayant une nette prédilection pour un membre de leur propre famille. Ils se le partagent et, la fois suivante, c'est à un autre d'offrir quelqu'un de son entourage. Et ainsi de suite. Si, une fois, tu partages le repas, tu as une dette. Si tu ne sacrifies pas l'un des tiens, c'est sur toi que cela retombe.
Cet ouvrage raconte l'histoire fascinante de Jack Goldstein et de quelques-uns de ses illustres camarades à CalArts (ceux-là même qui, après s'être installés à New York au début des années 1970, ont mené la transition qui a conduit de l'art conceptuel vers celui de la Pictures Generation, à partir des images filmiques et télévisuelles avec lesquelles ils avaient grandi, et qui durent dans le même temps se confronter avec un monde de l'art de plus en plus dévoré par le désir de gloire, de fortune et de succès) et dresse le portrait sans concession du monde de l'art de l'époque comme d'aujourd'hui.
Jack Goldstein & la CalArts Mafia retrace, sur le principe de l'histoire orale, la carrière et la vie de l'artiste américain d'origine canadienne Jack Goldstein, figure centrale de la Pictures Generation, qui marqua l'art contemporain américain de la fin des années 1970 et du début des années 1980. Dans cet ouvrage devenu culte aux États-Unis en une dizaine d'années, les acteurs majeurs de l'art contemporain comme John Baldessari, Robert Longo, Matt Mullican, Troy Brauntuch ou James Welling remontent le fil de leurs souvenirs en compagnie d'anciens condisciples de Goldstein à CalArts, la mythique école d'art californienne. Loin de l'aridité impersonnelle des manuels théoriques, leurs récits évoquent de manière vivante et sans concession les croisements qui s'opèrent entre « grande » histoire de l'art (telle qu'elle s'écrit en temps réel) et anecdotes intimes, dressant le portrait sans fard d'un artiste intransigeant et aussi celui d'une génération d'artistes en train de transformer profondément l'art de leur époque, aux prises avec un marché en pleine ébullition. En parallèle, émerge une scène californienne en train de se créer et un modèle d'enseignement artistique fondé à CalArts qui fera date et sera copié dans le monde entier.
L'ouvrage dans lequel Ruskin explore les rapports entre la création artistique et la production industrielle, entre l'artiste et son matériau, et démontre le lien indissociable entre la formation des artisans, l'éducation esthétique du grand public et les chefs-d'oeuvre de l'art européen (première traduction française).
Édition critique, annotée et augmentée du numéro de la Tulane Drama Review consacré au happening, traduit pour la première fois en français. Paru en 1965, ce volume de référence comprend notamment les contributions prestigieuses de John Cage, Dick Higgins, Allan Kaprow, George Maciunas, Robert Morris, Claes Oldenburg, Yvonne Rainer, La Monte Young...
Cet ouvrage est une traduction inédite du numéro de référence de la Tulane Drama Review sur le happening, publié en 1965 par Michael Kirby et Richard Schechner. Cette édition critique et annotée comprend par ailleurs un avant-propos de Richard Schechner écrit pour cette occasion, ainsi qu'une lettre d'Allan Kaprow en réponse à ce numéro et un essai théorique de Michael Kirby sur le happening. Ce numéro thématique réunit les réflexions des principaux protagonistes du happening et de l'event, qui formalisent un tournant performatif dans les arts, que ceux-ci relèvent du théâtre, des arts plastiques, de la musique ou de la danse. Pour contextualiser ce tournant, une introduction revisite l'histoire complexe du happening aux Etats-Unis dans les années 1950-1960.
Une réflexion sur la mainmise de l'industrie du logiciel sur nos usages des ordinateurs, qui invite à une stimulante relecture du matérialisme.
Sommes-nous encore maîtres de nos machines d'écriture ? Que se joue-t-il derrière la distinction entre le hardware et le software ? Dans les deux conférences Le logiciel n'existe pas (1991) et Mode protégé (1993), publiées ici pour la première fois en français, un des pères fondateurs de la théorie des médias allemande Friedrich Kittler (1943-2011) interroge la mainmise de l'industrie du logiciel sur nos usages des ordinateurs et nous invite à une stimulante relecture du matérialisme.
« La bataille aéroterrestre de 1991 l'a montré une fois de plus : parmi les stratégies post-modernes de l'apparence, aucune n'est aussi efficace que celle consistant à simuler l'existence même des logiciels... » Friedrich Kittler
Yayoi Kusama, on la savait excentrique, on la découvre scandaleuse, incorrecte, embarrassante mais sacrément juste et nécessaire.
Publié pour la première fois en 1978, à son retour à Tokyo après un long exil volontaire à New York, Manhattan suicide addict n'avait jusqu'alors connu de traduction.
Il est presque compréhensible que personne n'ait voulu se lancer dans la traduction d'un tel brûlot qui met à mal, non seulement le puritanisme américain, protestant et honteux, mais surtout la bonne forme, par la totale incorrection du propos et sa manière précise et onirique à la fois, factuelle jusqu'à l'hyperréalisme et délirante simultanément.
C'est l'histoire d'une artiste d'avant-garde qui tourne mal, qui s'affiche en Pimp Kusama, fournissant à l'élite médiatico-intellectuelle (des deux sexes) une cohorte de jeunes éphèbes gay en rupture de famille.
Mais c'est aussi l'histoire d'une souffrance, d'une jeune femme en proie à un syndrome narcissique avec dépersonnalisation et hallucinations que l'usage immodéré de drogues en tous genres apaise (et/ou accentue oe).
L'histoire d'une réécriture des années 60 à l'aune d'un Japon étouffant qui malgré tout accueillit sa prose et la célèbra.
Les relations entre l'art moderne et sa destruction.
La Destruction de l'art est le premier livre à examiner de façon systématique l'iconoclasme et le vandalisme au cours de la période contemporaine. Cette ambition est née de la chute des « monuments communistes » à partir de 1989, qui a démontré que, même en Europe, l'iconoclasme n'appartenait pas au passé. L'étude propose une vue d'ensemble, au plan international, des attaques portées contre des oeuvres d'art et des biens culturels, et recherche ce qu'elles ont en commun et ce qui les différencie, en s'appuyant sur les données empiriques et les apports de plusieurs disciplines, dont la sociologie, la psychologie et la criminologie. À l'aide d'études de cas permettant de saisir la complexité des situations et la multiplicité des acteurs, l'enquête aborde aussi bien les destructions dues à des autorités et aux propriétaires des oeuvres que le « vandalisme embellisseur » des architectes et urbanistes et que les agressions, anonymes ou revendiquées, ayant lieu dans l'espace public et à l'intérieur des musées. Attentive aux enjeux que représentent les explications, justifications et interprétations de ces actes, elle examine les changements apportés à l'iconoclasme par le « culte du patrimoine » et la condamnation politique et morale du « vandalisme », ainsi que le rôle croissant des moyens de communication et leur développement technique. Une attention particulière est apportée aux rapports paradoxaux liant l'évolution de l'art moderne à l'iconoclasme, des appels avant-gardistes à faire « table rase » de la tradition aux rejets d'oeuvres contemporaines dont on prétend les avoir prises pour des déchets. L'ouvrage interroge les liens existant entre cette histoire récente et les grands épisodes iconoclastes anciens, de la « querelle des images » byzantine à la Réforme et à la Révolution, et traite du rôle renouvelé de la religion.
Devenu un classique depuis sa publication en anglais en 1997, traduit en allemand et en espagnol, La Destruction de l'art paraît avec une bibliographie mise à jour et une préface inédite. À l'heure où l'iconoclasme artistique prospère et où les attaques contre le patrimoine culturel sont des armes politiques de première importance, il peut aider à en comprendre la généalogie et la logique.
Première traduction française de l'ouvrage majeur de l'historien de l'art allemand, photographe, critique d'art et théoricien du cinéma et de la photographie d'avant-garde.
La vie légendaire de l'artiste italien le plus célèbre et controversé : une « autobiographie » fictionnelle officiellement non autorisée (mais tout à fait encouragée), par le commissaire d'exposition italo-américain Francesco Bonami, ami et collaborateur de longue date de Maurizio Cattelan.