À l'été 1953, un jeune homme de 24 ans, fils de bonne famille calviniste, quitte Genève et son université, où il suit des cours de sanscrit et d'histoire médiévale puis de droit, à bord se sa Fiat Topolino. Nicolas Bouvier a déjà effectué de courts voyages ou des séjours plus long en Bourgogne, en Finlande, en Algérie, en Espagne, puis en Yougoslavie, via l'Italie et la Grèce. Cette fois, il vise plus loin : la Turquie, l'Iran, Kaboul puis la frontière avec l'Inde. Il est accompagné de son ami, Thierry Vernet, qui documentera l'expédition en dessins et croquis.
Ces six mois de voyage à travers l'Anatolie, l'Iran puis l'Afghanistan donneront naissance à l'un des grands chefs-d'oeuvre de la littérature dite « de voyage », L'Usage du monde, republié ici.
« J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie.
Tout menace de ruine un jeune homme : l'amour, les idées, la perte de sa famille, l'entrée parmi les grandes personnes. Il est dur à apprendre sa partie dans le monde.
À quoi ressemblait notre monde ? Il avait l'air du chaos que les Grecs mettaient à l'origine de l'univers dans les nuées de la fabrication. Seulement on croyait y voir le commencement de la fin, de la vraie fin, et non de celle qui est le commencement d'un commencement. »
" face à un eichmann réel, il fallait lutter par la force des armes et, au besoin, par les armes de la ruse.
face à un eichmann de papier, il faut répondre par du papier. nous sommes quelques-uns à l'avoir fait et nous le ferons encore. ce faisant, nous ne nous plaçons pas sur le terrain oú se situe notre ennemi. nous ne le "discutons pas", nous démontons les mécanismes de ses mensonges et de ses faux, ce qui peut être méthodologiquement utile aux jeunes générations. " ces lignes, qu'écrivait en 1981 l'historien pierre vidal-naquet, gardent toute leur actualité.
robert faurisson et ceux qui nient avec lui la réalité du génocide hitlérien n'ont pas désarmé, et certains médias continuent à réserver un accueil surprenant à leurs thèses délirantes. comprendre comment une telle aberration a pu voir le jour est donc plus que jamais nécessaire. tel est le but des essais réunis dans ce livre. " face au "révisionnisme", plus efficace qu'une législation d'exception, qui a alimenté en bois le bûcher, pierre vidal-naquet a ciselé une arme parfaite : les assassins de la mémoire.
faites-le lire autour de vous, apprenez-le par coeur, pour le contenu et la méthode. " le figaro " le combat que pierre vidal-naquet livre contre les "assassins de la mémoire" est sans doute le plus difficile de ceux qu'il a eu à mener, parce que le plus douloureux. car la mémoire qu'ils assassinent, c'est la mémoire commune de notre xxe siècle et la plus insoutenable. on appréciera d'autant plus la force d'un livre qui ne cède à aucun moment aux facilités de la confidence, de l'émotion ou de l'invective [.
]. par son acuité, sa transparence, cette leçon de méthode devrait rendre confiance à tous ceux qui en venaient à se demander si le métier d'historien a encore un sens. si vous voulez savoir tout ce qui se cache derrière le "point de détail" de jean-marie le pen, lisez pierre vidal-naquet. " le nouvel observateur.
Pour son quatrième anniversaire, le Crieur fait peau neuve, ou presque. Si l'ambition est bien de proposer une nouvelle formule, celle-ci se déclinera autour d'un même noyau, qui fait l'originalité et la notoriété de la revue : des enquêtes fouillées sur le monde des idées, des éclairages singuliers sur des pratiques artistiques méconnues, des plongées sans complaisance ni connivences au coeur de la fabrique des imaginaires et de la culture, populaire ou savante.
Sur ce socle viendront se greffer des approches, des formats et des questionnements jusqu'ici inédits dans la revue.
En ayant comme objectif de créer un espace de réflexion plus en prise avec la politique, plus vibrant et contrasté dans les formes d'écriture et plus varié sur le plan thématique, le Crieur nouvelle formule sera ainsi composé d'un grand essai, écrit par un-e intellectuel-le de renom, sur une question centrale de l'actualité ; d'une enquête littéraire engagée menée par une plume célèbre ; d'une narrative non-fiction à la New Yorker, lecture-plaisir qui fera ressurgir des histoires aussi stupéfiantes que méconnues ; et enfin d'un panorama de l'actualité des idées dans le monde (livres, revues et débats importants, courants nouveaux et inventions conceptuelles), sous la forme de papiers courts et dynamiques - une sorte de revue de presse boostée de la vie intellectuelle internationale.
Cette nouvelle formule du Crieur se voudra enfin plus positive, plus centrée sur des propositions et donc moins négativement critique. Les portraits intellectuels, par exemple, se tourneront vers des figures ou des courants théoriques qui nous semblent à la fois trop méconnus et incontournables pour penser le monde actuel. Il s'agira donc, plus que jamais, de fourbir des analyses solides sur les tendances de fond de notre époque, mais aussi de les saupoudrer des piments nécessaires au plaisir de lire, d'apprendre et de transmettre.
longtemps, le capitalisme s'est identifié à la propriété : le marché est d'abord ce lieu oú nous échangeons les biens que nous possédons et ceux que nous désirons acquérir.
aujourd'hui, l'explosion des technologies de l'information et de la communication est à l'origine d'une mutation sans précédent : les marchés laissent la place aux réseaux, les biens aux services, les vendeurs aux prestataires et les acheteurs aux utilisateurs. dans cet ouvrage passionnant, jeremy rifkin montre que les nouveaux géants de l'économie mondiale ne cherchent plus seulement à nous vendre des produits, mais à nous faire adhérer à l'imaginaire de leurs marques, à nous regrouper en clubs et à nous faire partager des émotions communes.
et internet ne fait qu'accélérer la dématérialisation de l'économie, obligeant chacun à être " connecté " s'il veut accéder aux loisirs, à la culture et au savoir. nos existences sont déjà aux mains des professionnels du marketing qui traquent nos habitudes et nos modes de vie. dans un monde oú chacun devra acquitter un droit d'accès à sa propre vie, quelle place restera-t-il aux relations humaines et à la culture ? " comme à l'habitude, l'apport factuel sur le sujet traité est inégalable.
" le monde diplomatique " son livre n'est pas un pavé de plus parmi les trop nombreux ouvrages parus sur la netéconomie, mais une réflexion philosophique sur la société de communication que symbolise internet. " le nouvel économiste.
Le numéro 15 de la Revue du Crieur s'ouvre sur un texte inédit d'un personnage singulier : l'écrivaine Nathalie Quintane. Ce qu'elle décrit ici résonne fortement avec le mouvement social sans précédent qui secoue la France depuis quelques mois. Elle y évoque, pour la première fois, son métier d'enseignante du secondaire qu'elle exerce depuis plusieurs décennies et porte un diagnostic sans appel : la mort de l'Éducation nationale.
De grandes enquêtes et récits rythment également cette nouvelle livraison du Crieur : on y découvre comment l'Organisation internationale pour les migrations finance des artistes africains afin de diffuser un message sédentariste auprès de ceux et celles qui pourraient être tentés par l'émigration ; on y apprend de quelle manière la France entend retrouver une place privilégiée dans le milieu de l'art, l'un des marchés les plus opaques du monde ; on est plongé dans le New York de l'été 1977 qui a connu, pendant une nuit, une gigantesque panne d'électricité aux conséquences inattendues ; on passe de l'autre côté de la caméra pour déambuler dans les coulisses de Strip Tease, la mythique émission de documentaires.
Mais ce n'est pas tout : les lecteurs et lectrices y trouveront aussi un portrait de Renaud Camus, l'une des idoles des suprémacistes blancs ; une réflexion sur le pouvoir exercé par les adultes sur les enfants, ou comment justifier la toute-puissance des premiers par la vulnérabilité supposée des seconds ; une analyse édifiante du modèle économique d'Uber par le politologue Timothy Mitchell ; une histoire des sex-toys qui remet en question le mythe de la révolution sexuelle... Et bien plus encore !
Dans le numéro 7 de la Revue du crieur, nous découvrons d'où vient ce qu'on appelle le « self help », ou « développement personnel », comment il s'est développé au cours des dernières années pour remplacer, dans les rayons des librairies, les ouvrages de psychanalyse. Les manuels de développement personnel figurent maintenant systématiquement parmi les meilleures ventes de livres. Quelle est l'histoire de cette recherche de bien être et d'accroissement des capacités personnelles ? De quoi est-ce le symptôme ? En quoi l'époque s'y reflète avec une acuité toute particulière ? Qu'y trouvent exactement leurs lecteurs et lectrices ?
La revue a également enquêté sur la plus grosse institution française consacrée à l'art moderne, le Centre Pompidou, en essayant de comprendre comment les logiques de gestion néolibérales ont perturbé les ambitions qui avaient initialement présidé à sa création.
Le Crieur s'intéresse aussi à la politique avec une des questions les plus chaudes du moment : comment les luttes dites « minoritaires » peuvent se coaliser et trouver une expression qui transcende chapelles et particularismes ? Il s'agit ici de mettre en question l'une des notions les plus critiquées par les gauches radicales, mais au potentiel insuffisamment exploré : l'« intersectionnalité ».
Et puis la revue s'est baladée du côté de Chicago, pour voir à quoi ressemble le « real » gangsta rap aujourd'hui. Côté culture toujours, une enquête sur l'histoire du grand livre de Franz Fanon, Les Damnés de la terre, comment a-t-il été conçu ? Quelle a été sa réception, en France, mais aussi dans les pays anglophones, et en particulier aux États-Unis.
Et bien d'autres choses encore...
Dans ce dixième numéro de la Revue du crieur, un dossier spécial francophonie avec des articles d'Achille Mbembe, Alain Mabanckou, François Vergès et Nadia Yala Kisukidi.
Pour ce quatorzième numéro de la Revue du Crieur, nous proposons une grande traduction d'un essai de l'architecte israélien Eyal Weizman qui, accompagné d'une soixantaine de photographies, analyse les révolutions à partir de la manière dont elles se déploient spatialement. Le rond-point, comme forme urbanistique, pourrait ainsi, partout à travers le monde, favoriser la construction de collectifs politiques et, partant, des soulèvements populaires.
Ces soulèvements, Bruno Latour les scrute également attentivement à l'occasion d'un grand entretien mené par l'une de ses complices, la documentariste Carolina Miranda. Ensemble, ils décortiquent les angoisses des sociétés contemporaines, que Latour nomme la « crise de l'engendrement », et imaginent ce que pourrait être la politique à venir. L'un des symptômes de cette crise, à savoir les crispations identitaires, est exploré par Lionel Cordier, dans un texte qui porte sur le mythe boréaliste sur lequel s'appuie une grande partie de l'extrême droite européenne afin de justifier ses délires racialisants ; ou encore par Laura Raim qui interroge les ressorts de l'antisémitisme aujourd'hui.
Les lecteurs et lectrices liront aussi, dans notre nouvelle rubrique « Position », une réflexion de Norman Ajari sur l'anti-essentialisme, concept clé manié par beaucoup d'intellectuels de gauche ; un « Récit » consacré au personnage d'Eldridge Cleaver, un membre historique des Black Panther au parcours rocambolesque ; et pourront découvrir, dans le « Monde des idées », le mouvement crip, qui politise la question du handicap, une historiographie des ghettos américains ou encore un éclairage sur le philosophe Mark Fisher.
Neuvième numéro de la revue lancée par Mediapart et La Découverte, mêlant journalisme d'investigation et édition d'idées engagée. Dix enquêtes et reportages et un reportage photographique pour replacer les idées au coeur du débat public et traiter de manière inédite, insolite et incisive, du monde intellectuel et culturel.
Huitième numéro de la revue lancée par Mediapart et La Découverte, mêlant journalisme d'investigation et édition d'idées engagée. Dix enquêtes et reportages et un reportage photographique pour replacer les idées au coeur du débat public et traiter de manière inédite, insolite et incisive, du monde intellectuel et culturel.
Face au monde, ses crises et son devenir, un théâtre s'invente. Il réagit, dénonce, explique, illustre, propose : ce théâtre est politique. À ce titre, il s'inscrit dans une longue histoire, bien souvent déconsidérée : celle d'un théâtre qui prend acte des batailles de son temps. Mais ce théâtre d'aujourd'hui n'est pas homogène, il défend des orientations politiques dissemblables, et fait en particulier de la place accordée au spectateur le lieu d'enjeux différents.
En effet, la politique au théâtre se découvre aussi et de façon décisive dans le rapport que le spectacle entend entretenir avec son spectateur. C'est à travers ce prisme qu'Olivier Neveux propose d'analyser le champ théâtral politique à l'heure du néolibéralisme, offrant là une cartographie originale pour se repérer dans la masse importante des spectacles qui le composent. Comment le théâtre "transgressif" conçoit-il ses spectateurs ? Quelles facultés le théâtre "postdramatique" entend-il solliciter ? Que proposent de produire sur leurs publics les théâtres documentaire ou didactique ? Que nous apprennent ces volontés de brusquer, sensibiliser, éclairer, mobiliser le spectateur ? Dans leur diversité, quelles conceptions de l'émancipation tous ces théâtres soutiennent-ils ? Car c'est bel et bien une interrogation sur la possibilité de l'émancipation et la part que peut y prendre le théâtre qui anime cet ouvrage : celle du spectateur, de l'artiste et de l'oeuvre émancipés.
Réfléchir aux politiques du spectateur signifie alors s'intéresser tout autant aux politiques que le théâtre défend, à celles qu'il applique et aux définitions implicites qu'il propose, par là, de la politique.
Le numéro 11 de la Revue du Crieur s'ouvre sur un grand dossier « Comment changer le cours de l'histoire ? ». Cette question, posée par l'anthropologue anarchiste David Graeber et l'archéologue David Wengrow dans un article qui interroge à la fois les apports récents de l'archéologie et le « sens » de l'histoire, en appelle d'autres : par quels moyens peut-on résister à la mise en place d'un ordre étatique intrinsèquement inégalitaire ? Une organisation sociale horizontale n'est-elle possible que pour la vie en petits groupes ? Jean-Paul Demoule, Irène Pereira et Emmanuel Todd ouvrent la discussion.
Ce nouveau numéro continue également à explorer les méandres du monde des idées et de la culture : une enquête sur l'envers des friches culturelles qui essaiment à travers la France montre comment public et privé avancent main dans la main et fabriquent la gentrification en engrangeant d'importants profits sous couvert de valoriser des quartiers dépréciés ; un décryptage de l'idéologie de Mike Pence permet de comprendre de quelle manière le vice-président des États-Unis navigue entre ultra-libéralisme et conservatisme religieux ; deux articles interrogent les politiques culturelles contemporaines et la façon dont s'articulent les intérêts des grands groupes privés avec les actions du service public.
Les lecteurs et lectrices entreront par ailleurs dans la boîte noire des algorithmes, qui régissent de plus en plus de pans de notre société qui est allée jusqu'à se rendre intégralement calculable, circuleront dans les allés du mythique festival Burning Man devenu le prolongement de la Silicon Valley, ou pourront réfléchir à ce qu'il reste du pouvoir critique de la littérature aujourd'hui...
Alors que la Revue du Crieur sort son douzième numéro, les rues de France se teintent hebdomadairement de jaune tandis que journalistes et intellectuels multiplient les analyses et se déchirent entre diverses interprétations. Pour le Crieur, l'heure n'est toutefois pas au bilan général. Nous proposons donc une histoire des supporters, ou comment le stade a pu déborder sur le mouvement social et fournir un nouveau répertoire d'actions par l'émeute, ainsi qu'une approche large, « à côté », pouvant éclaircir la période actuelle avec un décryptage du renouveau des clashs entre intellectuels par médias interposés.
L'histoire côtoie l'actualité dans cette nouvelle livraison du Crieur, deux longs articles se penchent sur l'historiographie du génocide au Rwanda, vingt-cinq ans après ces « quelques jours en avril », et sur les bilans jamais tirés de la guerre du Kosovo qui hante l'Europe depuis vingt ans. On y parle également féminisme, avec le déconcertant « Manifeste xénoféministe », un texte futuriste du collectif Laboria Cuboniks dans la lignée du « Manifeste accélérationniste » version queer ; antiféminisme, dans une enquête glaçante sur la galaxie masculiniste ; et analyse littéraire féministe - la new romance, entre machine normative et espace d'expression des désirs.
Sans oublier la culture et les idées : détour par d'étranges innovations architecturales au coeur des villes chinoises, déambulations dans le labyrinthe bruxellois à la recherche de ce qui reste d'une politique européenne, ou encore exploration de la scène punk à Shanghai comme à Pékin...
De 1850 à 1914, les médecins constituent l'écriture des déviants en un objet de vérité.
En lisant les écritures ordinaires, ils découvrent des objets inquiétants : des écrits qui échappent à leurs grilles de lecture, des signes graphiques qui semblent témoigner du caractère anormal de leur scripteur et enfin des gestes graphiques qui révèlent des pathologies jusqu'alors inconnues. On entreprend de décrypter les écrits des déviants pour identifier leurs caractéristiques. On tente de repérer, dans la graphie, des signes indiquant le degré de normalité du scripteur.
On observe le geste graphique afin d'isoler des pathologies propres au mécanisme de l'écriture. Les médecins font entrer l'écriture au laboratoire. On y photographie le produit graphique et on éprouve sa conformité par des substances chimiques. Enfin, devant l'engouement pour la graphologie, la médecine s'efforce de clarifier les grilles de lecture graphologique.
Ce savoir induit plusieurs modifications dans la société du tournant du siècle : l'expertise est repensée, l'enseignement de l'écriture est renouvelé et sa pratique professionnelle modifiée. à partir d'événements comme le récit de la visite d'un patient à l'hôpital ou la description de l'invention d'une machine, cet essai, le premier livre de son auteur, initialement publié en 1998 aux Empêcheurs de penser en rond cherche, à montrer comment et pourquoi la médecine s'est saisie de l'écriture pour opérer un nouveau partage entre le bien et le mal, le vrai et le faux, le naturel et l'artificiel, le normal et le pathologique.
"Ô muse, conte-moi l'aventure de l'inventif celui qui pilla troie, qui pendant des années erra, voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d'usages, souffrant beaucoup d'angoisse dans son âme sur la mer pour défendre sa vie et le retour de ses marins sans en pouvoir sauver un seul...
"faut-il présenter ce "très vieux poème" ''la superbe traduction de philippe jaccottet fait revivre l'épopée d'homère qui vient" à son lecteur ou, mieux peut-être, à son auditeur un peu comme viennent à la rencontre du voyageur ces statues ou ces colonnes lumineuses dans l'air cristallin de la grèce..." le traducteur, philippe jaccottet, est un des plus grands poètes français contemporains.
La Revue du crieur poursuit son travail d'enquête intellectuelle et culturelle sur le monde contemporain. Ce quatrième numéro fait notamment écho aux expérimentations politiques et mouvements sociaux en cours avec les articles d'Ugo Palheta sur l'influence des écrits du Comité invisible (pour le coup très visible dans les luttes contre la loi-travail), et de Mathieu Léonard sur l'utopie Kurde, lueur aux accents anarchistes-libertaires au Moyen-Orient. Yves Sintomer y traite de la post-démocratie et du devenir-autoritaire de la démocratie française. Laura Raim mène l'enquête sur les pratiques culturelles des grands patrons, entre instrumentalisation et distinction, et Dan Israel dévoile les petits secrets du journalisme culturel. On y découvrira aussi, via un reportage de Joseph Confavreux et Aurore Gorius, comment l'État français limite de plus en plus sa politique culturelle au seul pouvoir de nomination aux grandes institutions, ou encore, avec Richard Mèmeteau, comment les polémiques sur l'« appropriation culturelle » touchent de plus en plus la culture de masse, et en particulier l'industrie musicale. Le cahier photo est consacré au travail de Mikhael Subotzky, qui nous montre la brutalité de l'Afrique du Sud rural post-Apartheid, univers largement méconnu.
" La démocratie à l'échelle globale est en train de devenir, pour la première fois, une possibilité réelle, que nous appelons le projet de la multitude.
Le projet de la multitude n'exprime pas seulement le désir d'un monde d'égalité et de liberté, il ne revendique pas seulement une société démocratique globale, ouverte et inclusive : il se donne les moyens de réaliser ce désir. " La possibilité de la démocratie est aujourd'hui assombrie et menacée par un état de guerre permanent et généralisé : la mondialisation offre le visage de l'" Empire " qui étend à l'échelle planétaire son réseau de hiérarchies et de divisions, dont la fonction est de maintenir l'ordre à travers de nouveaux mécanismes de contrôle et de conflit perpétuel.
Mais elle présente aussi un autre visage : celui de la multitude, l'alternative vivante qui croît au sein de l'Empire, une multiplicité de mouvements et de sujets engagés dans un double processus d'émancipation et de collaboration. A la différence du " peuple ", des " masses " et de la " classe ouvrière ", la multitude ne désigne pas une nouvelle subjectivité politique : elle forme un réseau qui traverse les nations et les continents, et permet de travailler et de vivre en commun ainsi que de préserver nos différences.
Multitude est un ouvrage de philosophie politique. Son but principal, à la suite d'Empire, est d'élaborer les fondements théoriques sur lesquels un nouveau projet de démocratie peut se construire.
À rebours d'une panthéonisation qui pourrait bien rimer avec dépolitisation, cet essai propose de lire l'oeuvre et l'action d'Aimé Césaire (1913-2008) non pas au passé, mais au présent. En quoi cette figure reste-t-elle vivante, au sens où elle aide à penser notre actualité ?
L'oeuvre de Césaire nous invite à dépasser toute opposition entre « question raciale » et « question sociale », pour mieux prendre le parti du prolétariat (non seulement dans ses essais, mais aussi dans son théâtre).
Un livre clef pour comprendre les ressorts de l'engagement politique de José Bové.
Depuis qu'il a été projeté sur le devant de la scène publique par ses actions d'éclat, José Bové n'a cessé d'être interpellé sur le thème : " Pourquoi n'allez-vous pas au bout de vos idées en les soumettant au vote des électeurs, en vous lançant dans la "vraie" politique ? " Cette question, à ses yeux, montre que beaucoup n'ont pas compris les ressorts et la logique de son action : pour lui, la politique ne se réduit pas aux élections, on peut aussi - et surtout - contribuer à changer le monde par la désobéissance civile.
Quelle place ont occupée les arrangements sexuels et les liens affectifs dans la fabrique des empires et des métropoles ? Un magistral travail d'archive, qui plonge au coeur des Indes néerlandaises et de l'Indochine française pour saisir, en actes, le gouvernement colonial de l'intimité.