Pour son quatrième anniversaire, le Crieur fait peau neuve, ou presque. Si l'ambition est bien de proposer une nouvelle formule, celle-ci se déclinera autour d'un même noyau, qui fait l'originalité et la notoriété de la revue : des enquêtes fouillées sur le monde des idées, des éclairages singuliers sur des pratiques artistiques méconnues, des plongées sans complaisance ni connivences au coeur de la fabrique des imaginaires et de la culture, populaire ou savante.
Sur ce socle viendront se greffer des approches, des formats et des questionnements jusqu'ici inédits dans la revue.
En ayant comme objectif de créer un espace de réflexion plus en prise avec la politique, plus vibrant et contrasté dans les formes d'écriture et plus varié sur le plan thématique, le Crieur nouvelle formule sera ainsi composé d'un grand essai, écrit par un-e intellectuel-le de renom, sur une question centrale de l'actualité ; d'une enquête littéraire engagée menée par une plume célèbre ; d'une narrative non-fiction à la New Yorker, lecture-plaisir qui fera ressurgir des histoires aussi stupéfiantes que méconnues ; et enfin d'un panorama de l'actualité des idées dans le monde (livres, revues et débats importants, courants nouveaux et inventions conceptuelles), sous la forme de papiers courts et dynamiques - une sorte de revue de presse boostée de la vie intellectuelle internationale.
Cette nouvelle formule du Crieur se voudra enfin plus positive, plus centrée sur des propositions et donc moins négativement critique. Les portraits intellectuels, par exemple, se tourneront vers des figures ou des courants théoriques qui nous semblent à la fois trop méconnus et incontournables pour penser le monde actuel. Il s'agira donc, plus que jamais, de fourbir des analyses solides sur les tendances de fond de notre époque, mais aussi de les saupoudrer des piments nécessaires au plaisir de lire, d'apprendre et de transmettre.
Le numéro 15 de la Revue du Crieur s'ouvre sur un texte inédit d'un personnage singulier : l'écrivaine Nathalie Quintane. Ce qu'elle décrit ici résonne fortement avec le mouvement social sans précédent qui secoue la France depuis quelques mois. Elle y évoque, pour la première fois, son métier d'enseignante du secondaire qu'elle exerce depuis plusieurs décennies et porte un diagnostic sans appel : la mort de l'Éducation nationale.
De grandes enquêtes et récits rythment également cette nouvelle livraison du Crieur : on y découvre comment l'Organisation internationale pour les migrations finance des artistes africains afin de diffuser un message sédentariste auprès de ceux et celles qui pourraient être tentés par l'émigration ; on y apprend de quelle manière la France entend retrouver une place privilégiée dans le milieu de l'art, l'un des marchés les plus opaques du monde ; on est plongé dans le New York de l'été 1977 qui a connu, pendant une nuit, une gigantesque panne d'électricité aux conséquences inattendues ; on passe de l'autre côté de la caméra pour déambuler dans les coulisses de Strip Tease, la mythique émission de documentaires.
Mais ce n'est pas tout : les lecteurs et lectrices y trouveront aussi un portrait de Renaud Camus, l'une des idoles des suprémacistes blancs ; une réflexion sur le pouvoir exercé par les adultes sur les enfants, ou comment justifier la toute-puissance des premiers par la vulnérabilité supposée des seconds ; une analyse édifiante du modèle économique d'Uber par le politologue Timothy Mitchell ; une histoire des sex-toys qui remet en question le mythe de la révolution sexuelle... Et bien plus encore !
Dans le numéro 7 de la Revue du crieur, nous découvrons d'où vient ce qu'on appelle le « self help », ou « développement personnel », comment il s'est développé au cours des dernières années pour remplacer, dans les rayons des librairies, les ouvrages de psychanalyse. Les manuels de développement personnel figurent maintenant systématiquement parmi les meilleures ventes de livres. Quelle est l'histoire de cette recherche de bien être et d'accroissement des capacités personnelles ? De quoi est-ce le symptôme ? En quoi l'époque s'y reflète avec une acuité toute particulière ? Qu'y trouvent exactement leurs lecteurs et lectrices ?
La revue a également enquêté sur la plus grosse institution française consacrée à l'art moderne, le Centre Pompidou, en essayant de comprendre comment les logiques de gestion néolibérales ont perturbé les ambitions qui avaient initialement présidé à sa création.
Le Crieur s'intéresse aussi à la politique avec une des questions les plus chaudes du moment : comment les luttes dites « minoritaires » peuvent se coaliser et trouver une expression qui transcende chapelles et particularismes ? Il s'agit ici de mettre en question l'une des notions les plus critiquées par les gauches radicales, mais au potentiel insuffisamment exploré : l'« intersectionnalité ».
Et puis la revue s'est baladée du côté de Chicago, pour voir à quoi ressemble le « real » gangsta rap aujourd'hui. Côté culture toujours, une enquête sur l'histoire du grand livre de Franz Fanon, Les Damnés de la terre, comment a-t-il été conçu ? Quelle a été sa réception, en France, mais aussi dans les pays anglophones, et en particulier aux États-Unis.
Et bien d'autres choses encore...
Dans ce dixième numéro de la Revue du crieur, un dossier spécial francophonie avec des articles d'Achille Mbembe, Alain Mabanckou, François Vergès et Nadia Yala Kisukidi.
Pour ce quatorzième numéro de la Revue du Crieur, nous proposons une grande traduction d'un essai de l'architecte israélien Eyal Weizman qui, accompagné d'une soixantaine de photographies, analyse les révolutions à partir de la manière dont elles se déploient spatialement. Le rond-point, comme forme urbanistique, pourrait ainsi, partout à travers le monde, favoriser la construction de collectifs politiques et, partant, des soulèvements populaires.
Ces soulèvements, Bruno Latour les scrute également attentivement à l'occasion d'un grand entretien mené par l'une de ses complices, la documentariste Carolina Miranda. Ensemble, ils décortiquent les angoisses des sociétés contemporaines, que Latour nomme la « crise de l'engendrement », et imaginent ce que pourrait être la politique à venir. L'un des symptômes de cette crise, à savoir les crispations identitaires, est exploré par Lionel Cordier, dans un texte qui porte sur le mythe boréaliste sur lequel s'appuie une grande partie de l'extrême droite européenne afin de justifier ses délires racialisants ; ou encore par Laura Raim qui interroge les ressorts de l'antisémitisme aujourd'hui.
Les lecteurs et lectrices liront aussi, dans notre nouvelle rubrique « Position », une réflexion de Norman Ajari sur l'anti-essentialisme, concept clé manié par beaucoup d'intellectuels de gauche ; un « Récit » consacré au personnage d'Eldridge Cleaver, un membre historique des Black Panther au parcours rocambolesque ; et pourront découvrir, dans le « Monde des idées », le mouvement crip, qui politise la question du handicap, une historiographie des ghettos américains ou encore un éclairage sur le philosophe Mark Fisher.
Neuvième numéro de la revue lancée par Mediapart et La Découverte, mêlant journalisme d'investigation et édition d'idées engagée. Dix enquêtes et reportages et un reportage photographique pour replacer les idées au coeur du débat public et traiter de manière inédite, insolite et incisive, du monde intellectuel et culturel.
Huitième numéro de la revue lancée par Mediapart et La Découverte, mêlant journalisme d'investigation et édition d'idées engagée. Dix enquêtes et reportages et un reportage photographique pour replacer les idées au coeur du débat public et traiter de manière inédite, insolite et incisive, du monde intellectuel et culturel.
Le numéro 11 de la Revue du Crieur s'ouvre sur un grand dossier « Comment changer le cours de l'histoire ? ». Cette question, posée par l'anthropologue anarchiste David Graeber et l'archéologue David Wengrow dans un article qui interroge à la fois les apports récents de l'archéologie et le « sens » de l'histoire, en appelle d'autres : par quels moyens peut-on résister à la mise en place d'un ordre étatique intrinsèquement inégalitaire ? Une organisation sociale horizontale n'est-elle possible que pour la vie en petits groupes ? Jean-Paul Demoule, Irène Pereira et Emmanuel Todd ouvrent la discussion.
Ce nouveau numéro continue également à explorer les méandres du monde des idées et de la culture : une enquête sur l'envers des friches culturelles qui essaiment à travers la France montre comment public et privé avancent main dans la main et fabriquent la gentrification en engrangeant d'importants profits sous couvert de valoriser des quartiers dépréciés ; un décryptage de l'idéologie de Mike Pence permet de comprendre de quelle manière le vice-président des États-Unis navigue entre ultra-libéralisme et conservatisme religieux ; deux articles interrogent les politiques culturelles contemporaines et la façon dont s'articulent les intérêts des grands groupes privés avec les actions du service public.
Les lecteurs et lectrices entreront par ailleurs dans la boîte noire des algorithmes, qui régissent de plus en plus de pans de notre société qui est allée jusqu'à se rendre intégralement calculable, circuleront dans les allés du mythique festival Burning Man devenu le prolongement de la Silicon Valley, ou pourront réfléchir à ce qu'il reste du pouvoir critique de la littérature aujourd'hui...
Alors que la Revue du Crieur sort son douzième numéro, les rues de France se teintent hebdomadairement de jaune tandis que journalistes et intellectuels multiplient les analyses et se déchirent entre diverses interprétations. Pour le Crieur, l'heure n'est toutefois pas au bilan général. Nous proposons donc une histoire des supporters, ou comment le stade a pu déborder sur le mouvement social et fournir un nouveau répertoire d'actions par l'émeute, ainsi qu'une approche large, « à côté », pouvant éclaircir la période actuelle avec un décryptage du renouveau des clashs entre intellectuels par médias interposés.
L'histoire côtoie l'actualité dans cette nouvelle livraison du Crieur, deux longs articles se penchent sur l'historiographie du génocide au Rwanda, vingt-cinq ans après ces « quelques jours en avril », et sur les bilans jamais tirés de la guerre du Kosovo qui hante l'Europe depuis vingt ans. On y parle également féminisme, avec le déconcertant « Manifeste xénoféministe », un texte futuriste du collectif Laboria Cuboniks dans la lignée du « Manifeste accélérationniste » version queer ; antiféminisme, dans une enquête glaçante sur la galaxie masculiniste ; et analyse littéraire féministe - la new romance, entre machine normative et espace d'expression des désirs.
Sans oublier la culture et les idées : détour par d'étranges innovations architecturales au coeur des villes chinoises, déambulations dans le labyrinthe bruxellois à la recherche de ce qui reste d'une politique européenne, ou encore exploration de la scène punk à Shanghai comme à Pékin...
Mediapart et La Découverte ont décidé de s'associer pour créer une revue ambitieuse et novatrice destinée à un large lectorat. Si son nom sonne comme une évidence - les deux « maisons » ont un « crieur » de journaux pour logo -, sa ligne s'est, elle aussi, imposée par leurs forces complémentaires : le journalisme d'investigation et l'édition d'idées engagée. Son ambition sera donc de traiter de manière inédite, insolite et incisive, du monde intellectuel et culturel, en l'envisageant comme un objet d'investigation journalistique.
Les enquêtes porteront sur la vie de la pensée, nationale et internationale (au Nord comme au Sud), sur les idées nouvelles, les sciences ou la théologie, la littérature, l'art, les séries, le cinéma, le spectacle vivant., sous la forme de longs articles vivants, privilégiant la réflexion sur l'actualité.
L'enjeu est de taille : désenclaver les domaines de la pensée et de la culture et faire de la revue le lieu central d'un journalisme d'idées, proposant une vulgarisation de qualité. Mais il s'agit aussi, comme son nom même de « revue » le revendique, d'assumer une certaine filiation intellectuelle. Autrement dit : rendre vivantes et accessibles des idées qui nous concernent tous, sans en rabattre sur l'exigence du contenu.
Parmi les premiers auteurs : Enzo Traverso, Grégoire Chamayou, François Cusset, Joseph Confavreux, Razmig Keucheyan, Marion Rousset, Jérôme David, Marine Turchi, Olivier Alexandre, Nicolas Chevassus au Louis, Marc Saint-Upéry.
La Revue du crieur poursuit son travail d'enquête intellectuelle et culturelle sur le monde contemporain. Ce quatrième numéro fait notamment écho aux expérimentations politiques et mouvements sociaux en cours avec les articles d'Ugo Palheta sur l'influence des écrits du Comité invisible (pour le coup très visible dans les luttes contre la loi-travail), et de Mathieu Léonard sur l'utopie Kurde, lueur aux accents anarchistes-libertaires au Moyen-Orient. Yves Sintomer y traite de la post-démocratie et du devenir-autoritaire de la démocratie française. Laura Raim mène l'enquête sur les pratiques culturelles des grands patrons, entre instrumentalisation et distinction, et Dan Israel dévoile les petits secrets du journalisme culturel. On y découvrira aussi, via un reportage de Joseph Confavreux et Aurore Gorius, comment l'État français limite de plus en plus sa politique culturelle au seul pouvoir de nomination aux grandes institutions, ou encore, avec Richard Mèmeteau, comment les polémiques sur l'« appropriation culturelle » touchent de plus en plus la culture de masse, et en particulier l'industrie musicale. Le cahier photo est consacré au travail de Mikhael Subotzky, qui nous montre la brutalité de l'Afrique du Sud rural post-Apartheid, univers largement méconnu.