« Certains mots vont pendant des siècles d'une bouche à l'autre sans qu'on ne puisse jamais en dégager un contenu clair et précisément défini. » Un de ces mots est celui d'amitié, un « sentiment » sur lequel l'homme n'a jamais cessé de s'interroger. Qu'est-ce que l'amitié ? Avec qui se manifeste-t-elle ? Avec les camarades de classes, les collègues, les voisins, les personnes proche ou bien lointaine ? L'amitié est-ce ce qui se cultive dans l'enfance, ou bien un sentiment qui accompagne toute la vie et qui se renforce seulement à l'âge adulte ? Siegfried Kracauer, philosophe et sociologue proche de l'école de Francfort, analyse ici avec méticulosité les différentes facettes de l'amitié.
Trou Noir ? Une proposition d´expérience politique et charnelle du monde qui, dans ce premier volume, explore les antagonismes internes à notre société : le fascisme de Renaud Camus de sa littérature homosexuelle du Tricks à son Grand Remplacement , la violence transphobe jugée dans le théâtre d´une justice d´État , la remontée à la surface des écrits subversifs de Guillaume Dustan , la psychanalyse dans le viseur d´une politique du Monstre chez Preciado, et l´affirmation d´un gai communisme avec Mario Mieli. En renouvelant la critique du passé, du présent, et futur à l´aune de nos sexualités, Trou Noir s´inscrit d´ores et déjà dans l´histoire fiévreuse des revues sur la dissidence sexuelle.
Quel est le point de vue des Indiens sur la question du point de vue ? Comment repenser la métaphysique depuis le regard du jaguar ? Dans ce recueil d'entretiens, le grand anthropologue Eduardo Viveiros de Castro nous introduit à une pensée neuve : le perspectivisme amérindien.
À partir des cosmogonies autochtones, c'est un rapport au monde au-delà des oppositions entre Nature et Culture, Sujet et Objet, qu'il s'agit d'affirmer. Lévi-Strauss, l'extractivisme, les masques, la littérature, les jaguars, les vautours ou les sangliers, c'est tout cela qui est mobilisé dans un discours synthétique au service d'un bouleversement total de nos habitudes de penser. Un appel urgent à un autre régime de perception.
En 1925, Walter Benjamin, Asja Lacis et Alfred Sohn-Rethel séjournent ensemble dans la région de Naples. Ce voyage est l'occasion d'une fréquentation intense de la ville qui donne lieu à l'écriture des textes ici rassemblés. Benjamin et Lacis remarquent, dans la vie et l'architecture des Napolitains, la porosité entre espace privé et public. Sohn-Rethel quant à lui s'appuie sur les rapports comiques et ludiques que le peuple napolitain noue avec la technique pour élaborer une philosophie du cassé.
À Naples, "c'est seulement quand les choses sont cassées qu'elles commencent à fonctionner". Ces textes partagent une passion commune : faire de la ville un lieu d'exercice de la pensée.
Sur la plage de La Baule en 1939, alors que les divisions blindées allemandes gèrent les plaines polonaises et se préparent à envahir la France, Carlo Levi, âgé de 37 ans, tente de fixer son regard sur la crise de la culture européenne et de s'interroger sur les raisons qui ont motivé une civilisation entière à un résultat si catastrophique. Levi soumet à une critique implacable la religion (qui transforme le sacré en sacrifice), l'État (idole sociale de laquelle la politique occidentale ne peut se libérer), la guerre, le sang, la masse, l'amour et l'art. Carlo Levi est un écrivain, médecin, peintre et journaliste italien, auteur du célèbre roman autobiographique Le Christ s'est arrêté à Eboli (Gallimard).
Vers un nouveau manifeste montre Theodor Adorno et Max Horkheimer dans un échange d'idées inédit, animé et fluide. Ce livre est un compte rendu de leurs discussions au printemps 1956, enregistrées en vue de la production d'une version contemporaine du Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels.
Une jam-session philosophique au cours de laquelle les deux penseurs improvisent librement, souvent de manière sauvage, sur des thèmes centraux de leur travail - théorie et pratique, travail et loisirs, domination et liberté - dans un registre politique unique.
Un exemple passionnant de philosophie en action et une carte convaincante d'un passage possible vers un nouveau monde.
Chaosmogonie est la preuve qu'il n'y a pas deux Balestrini - d'un côté, le poète d'avant-garde ; de l'autre, le militant de l'autonomie, co-fondateur de Potere Operaio (Pouvoir Ouvrier) en 1967.
Tous les poèmes de ce recueil sont "montés", c'est-à-dire que les phrases ou fragments sont repris, déplacés, répétés, et que ce sont justement ces reprises (de Bacon, de Cage, de Godard, entre autres), ces déplacements et ces répétitions qui opèrent et analysent politiquement le monde.
Dans Chaosmogonie, Balestrini ré-invente ce qu'on pourrait appeler une poésie théorique confessionnelle, une poésie où l'intime est entièrement externalisé et prend sa force d'opposition dans l'art toujours libre et violent du montage.
Dès les années 1970, Cesarano observe que le monde comme les subjectivités sont désormais devenus fictifs. Les termes du conflit sont redistribués. Non plus "socialisme ou barbarie", mais "communisme ou destruction de l'espèce humaine." Loin d'invoquer les formes historiques de la révolution, il propose d'un même mouvement une analyse profonde des développements du capital et une critique radicale des subjectivités contemporaines.
À la survie organisée il oppose "l'insurrection érotique", c'est-à-dire une prise d'arme contre la mort quotidienne, un minutieux sabotage de la "personne sociale" et, enfin, la réalisation de la communauté humaine.
Quelle est la vocation réelle de la pensée philosophique ? Son étymologie, « l'amour de la sagesse », nous rappelle qu'elle n'a pas sa fin en elle-même. Comment a-t-elle pu s'égarer au point de devenir pour la modernité un discours séparé de la vie ? A travers l'étude des premiers textes indo-européens, sanskrits et grecs, René Daumal cherche à retrouver l'usage et le sens d'une pensée qui accompagne et nourrisse véritablement l'existence humaine : « c'est d'ici que part notre pensée, c'est ici qu'elle doit revenir , mais après quels détours ! » Le sens des textes n'est pas à chercher en eux-mêmes mais dans le quotidien et le concret qu'il éclaire pour les rejoindre et s'y résoudre.