Le dépassement de la problématique de l'art ? Yves Klein a opéré en quelques années seulement une rupture radicale avec ce qu'il appelait l'" optique apprise ", et préfiguré la plupart des courants de l'art contemporain.
Il a également beaucoup écrit à propos, et en marge, de son oeuvre plastique. Ce volume, où sont réunis pour la première fois les textes publiés de son vivant ou après sa mort, permettra de mesurer que l'écriture, loin de constituer un territoire marginal, a occupé une grande partie de son temps et qu'il s'y livre sous des jours très divers dans la tradition des avant-gardes, à travers manifestes et discours, ou notes, monologues et brevets.
Il se montre à la fois enthousiaste, audacieux et drôle mais surtout constant dans sa démonstration.
Ce livre est la transcription d'un regard porté au fil de plusieurs décennies sur l'un des plus grands chefs-d'oeuvre du XVe siècle italien, La Bataille de San Romano, de Paolo Uccello (Florence, 1397-1475).
Sans jamais quitter des yeux les tableaux, l'auteur, peintre et professeur d'Analyse des oeuvres à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, se livre à une analyse très précise de la composition, l'une des plus fascinantes et complexes jamais conçues. Il montre qu'au contraire des idées reçues, la représentation du mouvement en constitue le thème fondamental. De là, l'invention de systèmes perspectifs tout particuliers, qui prennent en charge non seulement l'espace mais aussi le temps.
Uccello dépeint différentes phases de la bataille mais s'attache aussi à représenter les actions des protagonistes, allant même jusqu'à décomposer cinétiquement certains de leurs mouvements. Dans cet exercice du regard, " tout se passe comme si le spectateur prêtait aux figures représentées la dynamique de sa propre activité perceptive. "
La nouvelle édition des écrits de François Morellet rassemble une série de textes datés de 1949 à 2010. Parmi les nouveautés figurent principalement des textes des dix dernières années, souvent écrits à l'occasion d'expositions de l'artiste et commentant son oeuvre ainsi que plusieurs entretiens (avec Serge Lemoine en 1982, Marianne Le Pommeré, Didier Fiuza-Faustino, Alice Fleury, et un long échange avec Natacha Pugnet datant). Cet ouvrage paraît à l'occasion de la rétrospective que le Centre Pompidou consacre à François Morellet (mars-mai 2011).
François Morellet (1926, Cholet) a sa première exposition personnelle en 1950 à Paris. En 1960 il est cofondateur du Groupe de Recherche d'art visuel (GRAV). Ses oeuvres au langage minimal par lesquelles il utilise des néons assemblés sur toile, sont autant dirigées par un esprit Dada et absurde que par une recherche mathématique et géométrique (lignes, carrés, nombre ?). « Je ne suis en fait qu'un amateur de mathématiques frivoles et de logique absurde ». Il est présent dans les collections des grands musées français (centre Pompidou, Musée d'art moderne de la ville de Paris, Musée d'art contemporain de Strasbourg, Musée de Grenoble .) et est particulièrement connu des collectionneurs allemands. Le Musée d'art moderne de la ville de Paris lui a consacré une rétrospective en 2008. En 2010, il a réalisé des vitraux pour une commande pérenne au musée du Louvre.
Une réflexion autour d'une nouvelle façon de penser la démocratie. Pour l'auteure, "agonisme" est l'expression d'une théorie politique qui exploite les aspects potentiellement positifs de certaines formes de conflits politiques. En évitant de se focaliser sur les rapports de classe et l'exploitation économique, elle offre un nouveau regard sur les mouvements sociaux des années 1960.
Titulaire de la chaire d'histoire de l'art européen médiéval et moderne au Collège de France, Roland Recht dévoilera ici ses lectures des oeuvres de René Magritte, Robert Filliou, Marcel Broodthears, Jean-Luc Godard, Ian Hamilton Finlay, Anselm Kieffer, Giuseppe Penone, Claudio Parmiggiani, Sarkis, Hubert Duprat, Etienne Pressager, Claire Roudenko-Bertin, Thomas Huber et Lee Ufan.
dezeuze s'exprime avec sapeur et perspicacité sur cézanne, malévitch, munch, goya, parmentier, clyfford still, et d'autres.
mais on trouve également des réflexions sur des matières plus éloignées ; qu'on en juge : les gnostiques, le mexique, l'art du colophon dans la peinture chinoise. a ce choix déjà dense, on a ajouté ici l'ensemble des interviews et des poèmes donnés par l'artiste. fondée sur une connaissance historique, linguistique, culturelle, politique, souffrant sans doute peu d'exemples parmi ses contemporains français, l'oeuvre de daniel dezeuze est paradoxalement - ou en conséquence - marquée par la transparence, le jeu, l'improbable, l'économie, la discrétion, la retenue.
elle hésite entre la litote et l'ellipse. elle fait de l'allusion sa force. elle y gagne en intonation, en tranchant, en radicalité. [extrait de la préface d'henry-claude cousseau].
Cet ouvrage, dont l'édition est établie par nathalie ergino, rassemble les! principaux textes, écrits militants ou prises de position artistiques de jimmie durham.
Traduits pour la première fois en français par laurent du pasquier, ils sont publiés à l'occasion de la rétrospective qui lui est consacrée au musée d'art moderne de la ville de paris en 2009. jimmie durham écrit depuis toujours. la poésie laisse place au cours des années 1970 aux textes militants pour venir ensuite compléter son travail d'artiste à partir des années 1980.
À pied, à cheval et en Spoutnik.
Conformément à sa logique du refus des étiquettes et des tiroirs, Jean-Jacques Lebel a abordé non seulement des thèmes divers, mais tous les genres d'écriture, du billet d'humeur à l'étude historique fouillée, du journalisme d'intervention à l'hommage respectueux ou frondeur en passant par les objets poétiques mal identifiables. On trouvera dans ce recueil tous les tons, tous les registres, toutes les allures de texte, vives ou lentes, spontanées ou mûries.
Indépendamment de la question du happening, de la poésie sonore et de Fluxus, on y distinguera trois grandes pistes: celle du passeur essentiel entre la Contre-Culture américaine et les avant-gardes européennes, celle de l'écrivain libertin/libertaire, celle de l'historien passionné par les rapports entre l'art et l'hallucination. Le tout sur fond de fidélité aux idéaux Dada et à cette valeur cardinale qu'est l'amitié.
Il faut apprivoiser les espaces avant de les filmer.
Fritz lang disait qu'un cinéaste devrait être un peu architecte ; lui, il avait étudié l'architecture. et un cinéaste devrait aussi être un peu arpenteur. les gens ne savent plus filmer une plaine ou une colline. parce qu'ils ne savent pas où se mettre, ils filment n'importe comment. pour filmer un village, il faut savoir exactement où l'on se trouve, il faut savoir où est le clocher de l'église, où est la mairie, où est le château d'eau, comment le village est construit, comment il se situe dans une vallée ; il faut tourner autour pendant un certain temps avant de trouver, pour employer un vocabulaire militaire, un point stratégiquement juste.
Il n'y en a pas beaucoup. quand on fait le tour de la question plusieurs fois, en y retournant pendant quelques mois, on s'aperçoit qu'il y en a un seul, en général, mais il faut le trouver.
Cet ouvrage rassemble les discours et les conférences prononcés par Marcelin Pleynet en écho à son enseignement aux Beaux-Arts de Paris. Il y aborde l'esthétique, l'histoire de l'art et la poésie, et consacre des textes importants à Giotto, Poussin, Cézanne, Giacometti, Matisse, Picasso ou Motherwell. Ces écrits sont introduits par un entretien inédit avec Augustin de Butler, qui met en exergue le fait qu'il ne s'agit pas là d'un ouvrage qui donne l'avis d'un critique, d'un historien de l'art ou d'un spécialiste, mais celui d'un écrivain, d'un poète. "C'est d'abord et essentiellement mon expérience d'écrivain et de poète qui ordonne mon approche de l'oeuvre d'art."
Les écrits de Buraglio, à la fois concis et elliptiques, laconiques et lapidaires (un peu à la manière de sa propre production picturale) s'apparentent à un large éventail de critiques de l'époque. Sauf ;que l'érudition, ici, est " prise à la légère " : il s'impatiente des systématisations théoriques proposées par bon nombre de ses contemporains, à partir du milieu des années 1960. À la construction de système, il préfère un zigzag et il s'agit bien là d'une forme assumée dont son parcours rend compte. Pour Buraglio, on sent que l'espace entre les lignes est aussi éloquent que le texte lui-même. Les hommages à l'art (picturaux et écrits) sont entrecoupés d'exégèses assez détaillées (mais toujours partant du point de vue d'un peintre) d'oeuvres, d'observations sur le jazz, l'architecture, le cinéma, l'éthique des commissions publiques, la pratique du carnet, d'extraits de ses lectures. Ce " parcours citationnel ", se présente sous la forme d'une suite de riffs musicaux, de thèmes et de variations, voire comme les " pancartes écriteaux " dans les films de Godard. Les écrits constituent des notes sur le monde, " en tant que citoyen, en tant que peintre ". Tout comme les Salueurs d'Hélion, Buraglio salue ceux qui furent des modèles pour sa propre évolution. Ainsi qu'il le dit lui même : " La mémoire travaille en étoile. "
Livre pratique qui présente les matériaux de peinture : à l'eau, à l'huile, à la caséine et à l'oeuf, à la cire, au pastel, les pigments, les encres. Le professeur à l'Ecole des Beaux-arts de Paris aborde aussi les supports et leur préparation, les différentes sortes de gommes, colles, siccatifs, liants, essences, résines, mais aussi la dorure, la conservation et restauration, le marouflage.
Cet ouvrage édité par Jacinto Lageira rassemble une importante sélection des écrits de Michel Verjux.
Il constitue un corpus indispensable pour les étudiants et les amateurs car il réunit des textes théoriques de première importance d'un des artistes qui se sont le plus engagé tant dans l'enseignement que dans la création en France ces trente dernières années.
un malentendu règne autour de la pensée de jean baudrillard.
on a de lui l'image d'un penseur mélancolique, contempteur du virtuel et voyageur planétaire circulant entre la patagonie et las vegas. ses anathèmes chocs et polémiques (" nous sommes tous des transsexuels", "l'art contemporain est nul", "la guerre du golfe n'a pas eu lieu", etc.) ont fini par occulter l'importance d'une oeuvre considérable s'étendant sur près de quarante ans. cet essai de ludovic leonelli vient rappeler l'amplitude, la transversalité, la pertinence d'une des oeuvres les plus singulières et solaires de notre temps.
Les Principes fondamentaux de l'art néo-plastique, traduits pour la première fois en français par Isabelle Ewig et Didier Semin, ont été publiés en 1925 chez Albert Langen dans la collection des Bauhausbücher (Livres du Bauhaus). Ces Principes fondamentaux de l'art néo-plastique, par leur forme d'essai synthétique, sont emblématiques de la démarche de Theo van Doesburg, et figurent en bonne place dans la bibliothèque idéale de l'art moderne au côté des ouvrages de Kandinsky, Klee ou Mondrian.
" respirer l'ombre est la part dévolue au langage du surprenant dialogue, pour le reste prioritairement fait de gestes, avec ce que nous appelons la nature, entamé par l'artiste voici plus de trente-cinq ans.
Un dialogue dont on remarquera qu'il est toujours mezzo voce : la conscience qu'à penone d'une fraternité avec les pierres ou les plantes (il sait, comme klee, que l'homme " est nature, morceau de nature dans l'aire de la nature "), sa familiarité décontractée avec l'antiquité (l'italie n'est-elle pas ce pays oú l'histoire de l'art tient lieu d'histoire tout court ?) le fait converser d'égal à égal avec l'arbre et le ruisseau, tutoyer leurs divinités tutélaires (empruntées surtout au panthéon gréco-romain, mais s'y invite ici ou là un dieu exotique).
Respirer l'ombre petit se lire comme un recueil de récits mythiques, de paraboles fondatrices, sans qu'on puisse y déceler la moindre trace de pathos ou de grandiloquence ; le mythe prend des allures du haïku cher à roland barthes, et les textes de renoue parlent des choses cachées et des commencements du monde avec la précision économe et discrète d'un journal de bord. ".