Chroma est le dernier livre de Derek Jarman. «Autobiographie par la couleur» d'un homme qui perd chaque jour un peu plus la vue, jusqu'à quasiment devenir aveugle, tandis qu'il en écrit les dernières pages sur son lit d'hôpital, et qui revient sur les couleurs du langage et des livres, les seules auxquelles il a désormais accès. «C'est pour cela que je n'ai pas voulu mettre de photo», écrit-il. Mais Chroma n'en reste pas moins plein de cet humour si particulier à l'oeuvre de Jarman, qui mêle à ses souvenirs d'enfance ou ceux d'une jeunesse «héroïque» dans les quartiers «rouges» de Londres, ses lectures érudites, des remarques toujours en demi-teinte sur la peinture et une réflexion sur le jeu des couleurs de fleurs sur la lande de Dungeness, où pousse son «dernier jardin».
Les Thèses « Sur le concept d'histoire » de 1940 sont le dernier écrit de Walter Benjamin et constituent peut-être le document le plus significatif dans la pensée critique du XXe siècle. T exte allusif, sybillin, dont l'hermétisme est constellé d'images et d'allégories, semé de paradoxes, traversé d'intuitions. Ce livre en propose une étude au mot à mot. Là où d'autres ne voient que contradiction ou ambiguïté, il met en évidence une cohérence fondamentale, dont la clé est constituée par la fusion de trois discours hétérogènes: le romantisme allemand, le messianisme juif, le marxisme révolutionnaire. Echappant aux classifications dans lesquelles on a voulu le ranger, Benjamin est en cela un auteur qui dérange.
L'art à l'état vif a paru pour la première fois chez Minuit en 1991, proposant une nouvelle théorie esthétique pragmatique, où s'affirmait paradoxalement et avec force, aux côtés d'un poème de T S Eliot, des formes de l'art populaire, comme le rap, le graph ou le funk. Le livre fit grand bruit et permit de faire se rencontrer des esthétiques qu'on aurait pu croire étrangères, qui se retrouvaient en fait dans la pratique artistique. Le corps prenait également une place centrale dans ce livre de Shusterman, annonçant ce qui allait devenir le thème de son oeuvre à venir : la somaesthétique, qu'il a développée ensuite dans plusieurs ouvrages dont Conscience du corps (L'éclat, 2007). 25 ans plus tard, le livre reparaît en poche, enrichi d'une nouvelle préface qui fait état du chemin parcouru.
La parution du Monde des non-A de Van Vogt, en 1945, traduit en français par Boris Vian a éveillé l'intérêt d'un grand nombre de personnes pour la Sémantique générale.
Cette discipline se fonde sur un système non-aristotélicien formulé par Alfred Korzybski (1879-1950) selon lequel il est possible qu'une chose à la fois soit ET ne soit pas. Ainsi la porte était ouverte à une exploration du monde aux horizons insoupçonnés. En 1997, L'éclat faisaient paraître pour la première fois en français une anthologie d'écrits de Korzybski, permettant de ne plus évaluer le vaste 'territoire' de la Sémantique générale à l'aune des seules 'cartes', quelquefois approximatives, qu'en ont dressées des auteurs comme A.E.
Van Vogt, mais aussi Bateson, Bachelard, Laborit ou même ... Michel Houellebecq!
Les quatre livres rassemblés sous le titre Philosophie infinitive sont l'aboutissement de plus de vingt années de recherche sur la langue infinitive et sur les possibilités qu'elle offre à notre manière de voir le monde.
1. Penser à être, pour le verbe être et le verbe dire, 2. Penser à croire, pour croire et pour vouloir et pouvoir, 3. Penser à penser, pour ce verbe et pour se libérer, et 4.
Penser à vivre, pour vivre et pour souffrir et aimer, où passent et repassent un peu plus de 1 700 verbes et quelques poignées de conjonctions et de prépositions. Ainsi, la somme des 1700 actions à la puissance 1700, combinées possibles de cette humaine comédie des verbes ouvre des perspectives de pensée infinies pour la philosophie.