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Andre Frere
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Anders Petersen
Christian Caujolle, Anders Petersen
- Andre Frere
- Juste Entre Nous
- 7 November 2013
- 9791092265101
«L'ancien élève et ami de Christer Stromhölm reste comme toujours attaché à l'humain, à son énigme, à sa solitude et à la profondeur des sentiments complexes qu'il a su mettre en évidence aussi bien à l'hôpital psychiatrique qu'en prison. Pour aboutir à cette profonde « vérité », il vit avec ceux qu'il photographie. Il résume parfaitement le dilemme qui est le sien : « Je sais que pour faire de bonnes photographies, pour être à la distance juste, il faut que j'aie un pied dedans et un pied dehors. Mon problème, c'est que je finis toujours par avoir les deux pieds dedans !
Cela date du tout début, quand, en 1967, il s'installe pour trois ans dans un bistrot du port de Hambourg, le café Lehmnitz, hanté par les marins en goguette, les prostituées, les paumés et les alcooliques du quartier. Là, on boit, on danse, on s'aime, on pleure, on chante. Anders vit là, prend des photos au vol et dresse un portrait bouleversant d'une humanité en dérive qu'il aime profondément. Et il révèle, dans des situations de marginalisation, une intensité et une vérité rares des sentiments. Poète d'un monde souvent noir, raisonnable à sa manière parce qu'excessif, Anders Petersen est en constante prise de risque.»
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À l'heure où le changement climatique s'accélère, où le réchauffement de la planète commence à modifier notre mode de vie, à l'heure où les cataclysmes météorologiques se multiplient et où les populations de notre planète commencent à migrer afin de survivre, le travail de Maxime Riché rend compte d'une catastrophe récurente : les Mégas feux de forêt. Le projet de Maxime Riché, intitulé Paradise du nom d'une de ces villes ravagées par les mégas feux dans le comté de Butte, Sierra Nevada, Californie, région qui par deux fois a connu des incendies de très grande ampleur, a été réalisé sur plusieurs années, auprès des habitants qui cherchent à reconstruire leur « paradis perdu » dans un environnement devenu particulièrement hostile. «Pour retranscrire de façon sensible leurs émotions et permettre au spectateur de voir à travers les yeux des survivants de Camp Fire, j'emploie un film infrarouge dont les tonalités embrasées viennent ponctuer la normalité ténue d'une vie qu'ils essaient de reconstruire. Ces images, flash-backs de l'enfer vécu, rappellent la mémoire des flammes gravées sur leurs rétines, telle une hallucination quotidienne alors qu'ils reconstruisent avec la peur du prochain mégafeu au ventre, cernés par les fumées des incendies successifs. Naviguant aux frontières du documentaire et de la fiction, comme un va-et-vient entre l'éveil et un mauvais rêve auquel on ne parvient pas à échapper, la série Paradise est une parabole sur notre capacité d'adaptation ». Maxime Riché, extrait. PARADISE a été exposé à : - Itinéraires des photographes voyageurs - 1er au 30 avril 2023 - Bordeaux - Festival La Gacilly photo, édition spéciale 20ans - La Gacilly, 1er juin -1er octobre 2023 - 45 photographies grand format (1m50 à 3m) - Promenades photographiques de Blois - Blois, juillet-août 2023 - 26 photographies du projet - Anticipation festival à l'académie du Climat - Paris, 17/09/23 - Quai des Savoirs - Exposition «Feu, mégafeux» de la cité des sciences de Paris - Toulouse, octobre 2023 - VR + exposition de grandes photos dans le centre du lieu. - Bibliothèque Nationale de France - Paris, octobre 2023-février 2024 - Photo Saint-Germain et CNAP (Centre National des Arts Plastiques) Paris, novembre 2023.
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Harry Gruyaert par Brice Matthieussent
Brice Matthieussent
- Andre Frere
- Juste Entre Nous
- 5 October 2023
- 9782492696169
Depuis quelques décennies, Harry Gruyaert est sans doute le plus célèbre photographe coloriste. Né à Anvers en 1941, passionné de cinéma depuis toujours, c'est cependant dans la photographie qu'il fait carrière, rejoignant l'agence Magnum en 1981. Brice Matthieussent, écrivain, critique et traducteur, est l'ami de Harry Gruyaert depuis bientôt quarante ans. De leur complicité naissent des échanges mêlant souvenirs marquants - la Belgique en noir et blanc, puis en couleurs, la découverte du Maroc, de l'Inde, des États-Unis, de la Russie, de l'Afrique - anecdotes étonnantes ou émouvantes, humour et ironie, admirations, et surtout les traces d'une farouche énergie, d'une volonté de découvrir des paysages nouveaux, des modes de vie différents et toutes les potentialités de ce médium inexploré qu'était la photographie couleur il y a une cinquantaine d'années. Chaque chapitre consacré à un pays ou à une pratique photographique explorée par Harry Gruyaert - la mode, l'industrie, le théâtre, les scènes de rue, les paysages, etc. - débute par l'évocation d'une image iconique de Gruyaert liée à ce sujet précis, avant de mêler la biographie à des réflexions passionnantes sur l'oeuvre d'une vie et, bien sûr, sur la photographie de cet immense coloriste.
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The new cubans
Jean-François Bouchard, Jorge Pere, Matthew Leifheit
- Andre Frere
- 5 November 2024
- 9782492696220
La photographie cinématographique de Jean-François Bouchard
éclaire la culture contemporaine de Cuba, jusqu'alors peu rapportée, révélant
une communauté polymorphe et intime où l'expression personnelle et la diversité
de genre sont célébrées. Les préconceptions d'uniformité sociale
communiste et les clichés de l'ère de la Guerre froide sont
subvertis dans ce voyage photographique ambitieux qui dévoile les sous-cultures
émergentes à La Havane. Les textes incluent une interview avec le
célèbre photographe et ancien directeur photo de Vice, Matthew Leifheit, ainsi
qu'un essai du critique d'art cubain Jorge Peré. The New Cubans
présente un Cuba que peu d'étrangers savent même qu'il existe, c'est un voyage
visuel dans le Cuba moins connu de la jeune génération. Loin des représentations
clichées des cigares cubains, des voitures anciennes, des complexes hôteliers
tout compris et des échos de la guerre froide, ce livre célèbre une réalité
nouvelle et vibrante définie par la non-conformité, la diversité des genres,
l'expression créative et la crise actuelle d'un exode migratoire
massif. «Il m'a fallu plus de quatre ans pour trouver mon approche.
J'ai continué à surveiller la montée de sous-cultures fascinantes à Cuba, celles
qui se sont développées parallèlement à l'expansion de l'accès à Internet sur
les téléphones mobiles. La plupart des étrangers supposent qu'un
régime communiste à Cuba réprimerait l'exposition à la culture américaine, à la
diversité des genres et, plus généralement, aux modes de vie alternatifs. Mais je voyais le contraire sur les réseaux sociaux. La
jeunesse s'épanouissait, même dans ces conditions économiques très difficiles.
Cela m'a énormément inspiré et j'ai pensé qu'il était pertinent de montrer au
monde que les jeunes Cubains ne sont pas coincés dans les clichés de la guerre
froide que les étrangers imaginent encore lorsqu'ils pensent à l'île. Un Cuba inconnu se dessinait et je voulais le montrer». J.F
Bouchard, extrait. -
The other end of the rainbow
Kourtney Roy, François Cheval, Gladys Radek
- Andre Frere
- 12 July 2022
- 9782492696060
« En substituant l'absence à la preuve directe, Kourtney Roy souligne les impossibilités d'un discours d'évidence sur ces vies « minuscules » qui n'attirent jamais l'attention. En Colombie Britannique (Canada), depuis 1969, c'est-à-dire pendant plus de 50 ans, les meurtres vont s'étaler dans le temps. Des dizaines de femmes et de filles vont disparaître, quelques unes seront retrouvées mortes, dispersées le long de ce que l'on appelle désormais « l'autoroute des larmes ». Disparitions et crimes en majeure partie non élucidés. Ainsi ce transport ne sera en rien la description pittoresque du Grand Nord. Roy nous met à l'épreuve de percevoir, depuis des lieux vides en eux-mêmes et sans vie apparente, une humanité sacrifiée et reléguée. Face au déni d'une société, le rôle que Kourtney Roy accorde à la photographie est de s'attacher, malgré tout, à partager une douleur et à faire ressentir une tension qui ne peut trouver d'exutoire que dans le drame.
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Bobby Sands est mort le 5 mai 1981 à 1h et 17mn du matin.
Bobby Sands est arrêté et condamné à 14 ans de prison pour possession d'armes à feu. Il commence le 1er mars 1981 une grève de la faim suivie par neuf autres prisonniers politiques membres de l' IRA ( Armée Républicaine Irlandaise) et de l'INLA ( Armée nationale de Libération irlandaise).
Leurs revendications : obtenir le statut de prisonniers politiques auquel ils ont droit. Ils mourront tous, les derniers dans la presque indifférence générale.
Ces épisodes qui pourraient évoquer une « histoire ancienne » rejoignent malheureusement la plus proche actualité. La Catalogne, aujourd'hui, réclame son indépendance comme d'autres états et citoyens de l'Europe, lassés de voir leur identité se diluer dans la « mondialisation ».
Le conflit entre Catholiques et Protestants, les partisans de l'indépendance et du maintien dans la couronne rappelle l'histoire passée de la Grande- Bretagne et du clivage actuel entre partisans et opposants au Brexit.
L'Irlande du Nord, terre la plus pauvre de l'Europe qui a fourni les contingents de travailleurs à la première révolution industrielle britannique et les déracinés qui ont construit l'Amérique au XIXe siècle rappelle la crise des migrants qui s'est installée durablement dans nos sociétés.
On pourrait évoquer aussi le clivage Nord-Sud, catholiques pauvres du Sud contre Protestants riches du Nord, à l'envers cette fois-ci.
Conclure par l'immense respect qu'inspire ce peuple de déshérités et d'insoumis unis jusqu'au sacrifice de ses enfants pour écrire par la souffrance cette page d'éternité.
Yan Morvan est à l'époque photographe pigiste à l'agence de presse Sipa, une des trois grandes agences de presse photographique parisienne des années 80. Il a le profil du jeune reporter déterminé risquetout qui convient à la situation d'émeutes qui règne en Irlande du Nord.
Il est alors tout naturellement envoyé sur les affrontements de Londonderry en avril 1981. Il y restera trois semaines et y retourna plusieurs fois pendant cette même année.
« Ces semaines que j'ai vécu à Derry et Belfast, vivant avec les émeutiers de quartiers catholiques, photographiant la tension, le désespoir, la foi et le courage des Irlandais, utilisant l'appareil photographique comme d'une arme servant leur cause, me persuadèrent à tout jamais du bien-fondé du témoignage photographique comme instrument de mémoire, d'émotion, de réflexion, gages d'un monde libre et démocratique ». Yan Morvan.
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Paolo Roversi par Christian Caujolle
Paolo Roversi, Christian Caujolle
- Andre Frere
- Juste Entre Nous
- 17 November 2022
- 9782492696121
Si on le connaît surtout pour ses photographies dans le domaine de la mode, Paolo Roversi n'est surtout pas photographe « de » mode. Ce grand connaisseur de la photographie - qu'il collectionne avec un goût très sûr -, cet amateur, au plus beau sens du terme, de livres qui, dès sa jeunesse l'ont familiarisé avec les classiques comme avec les auteurs de sa génération, est photographe, tout simplement.
Il considère chaque photo comme un « portrait », qu'il s'agisse d'un visage, d'une robe, d'un paysage ou d'une cafetière, et affirme sa passion pour August Sander, Diane Arbus ou Richard Avedon. Et évidemment Robert Frank dont il fut proche. Simplement parce qu'il cherche à « placer au centre du monde » ce qu'il photographie, qu'il s'efface pour pouvoir éliminer et épurer au maximum. Avec une grande élégance.
Au début, cela n'a pas été facile. Le COVID 19 nous a empêchés de nous voir en face à face et nous avons dialogué par écrans interposés, ce que ni l'un ni l'autre n'aimons et qui ne se prête guère au type d'échange qui est la règle, la base et le fondement de ces discussions. Dès la première rencontre physique sur la terrasse du Studio Luce et malgré l'intempestif passage d'un hélicoptère, la parole est devenue plus fluide. D'autant que le lieu est accueillant, que le studio, dans un immeuble des années trente au sud de Paris fait cohabiter espaces de vie et de travail. Comme une évidence. Retrouvailles complices, échanges, partage. Et toujours cette bonne humeur élégante, ce sourire qui plisse au coin des yeux, ce rire fréquent et jamais haut, cet humour léger, une façon de ne pas se prendre au sérieux, une forme de prédestination au bonheur comme une décision de vie. On sent à chaque instant une exigence, par nécessité et, tout aussi forte, l'indispensable liberté qui ouvre les portes. Le rythme est souple, musical, à la fois ferme dans ses convictions et jamais arrogant. Français parfait et précis pour le plus italien des parisiens, ou, peut-être, le plus parisien des italiens. Peu importe, d'ailleurs. Oui, une évidente élégance. Comme, plus tard, dans son appartement lumineux au dernier étage d'un bel immeuble. Un univers habité, ni en désordre ni vraiment rangé, surtout pas arrangé. Un monde de livres, dès l'entrée et dans presque toutes les pièces. Des livres de tous types, poésie, roman, philosophie, littérature, photo évidemment, livres d'art et de remarquables exemplaires reliés de belles éditions anciennes- vu une originale de Paul et Virginie, un ouvrage de 1776 sur l'Italie avec des aquarelles magnifiques ou un exemplaire des oeuvres complètes de Jules César - qui viennent de son épouse, Laetitia, ancienne top model descendante des imprimeurs typographes Firmin Didot. Un monde de photographies, partout, dans toutes les pièces, au mur ou sur des rangements en bois à croisillons. Peu de photographies du maître des lieux, finalement, mais beaucoup de pépites, de Robert Franck - beaucoup - à Diane Arbus - dont le si rare autoportrait enceinte - à Kertész - un petit tirage inédit d'une vue de Paris -, plusieurs Shoji Ueda ou Louis Faurer. Et tant d'autres, mêlés à quelques photos de famille. Face à un mur entièrement couvert de photographies, bouleversant, un Lucio Fontana blanc, d'un format inhabituellement grand, très pur d'une seule entaille verticale. On aperçoit, dans une bibliothèque dont les portes vitrées protègent des livres particulièrement précieux, un petit paquet carré, emballage mystérieux des tout débuts de Christo. D'autres peintures au mur, dont une d'un ami. Ici, rien n'est décoration, on vit dans un environnement où l'art trouve tout naturellement sa place pour que l'on vive avec lui. On le respire. Mais il ne s'agit ni d'un musée, ni d'une monstration, encore moins d'une démonstration. Pas de logique, pas de hiérarchie, une manière plutôt d'autoportrait fait de bribes de souvenirs, de moments d'une vie, d'émotions préservées.
Nous n'avons, finalement, pas tellement parlé de mode. Sans doute parce que ce n'est pas vraiment le propos, même si celui qui dit avoir été fortement influencé par August Sander est catalogué comme photographe « de mode » et que c'est son activité professionnelle principale. Mais il est évident que pour celui pour qui « tout est portrait » l'enjeu, le seul, est la photographie. Donc la lumière. Et une indispensable liberté que l'on retrouve dans la façon d'évoquer et sa pratique et des souvenirs, de se dire sans toujours se dévoiler, avec une pudeur qui n'est pas un calcul ou une cachotterie.
La parole est fluide, les émotions et les souvenirs reviennent, les convictions, les commentaires, sans affectation. On se parle. Juste entre nous. -
Raymond Depardon
Raymond Depardon, Christian Caujolle
- Andre Frere
- Juste Entre Nous
- 4 November 2014
- 9791092265217
Après Anders Petersen, Christian Caujolle, nous fait découvrir dans cet ouvrage l'univers du grand photographe de l'agence Magnum: Raymond Depardon.
En confiance, Raymond Depardon parle. Beaucoup, longuement, sans hésitation mais avec un débordement de digressions. Les repères temporels sont parfaitement en place, l'histoire présente, les souvenirs se combinent et les mots semblent en appeler toujours d'autres qui mènent la pensée ailleurs, ou plus loin qu'au moment où elle s'était mise en oeuvre.
De l'enfance rurale à «la montée à Paris», de l'agence Dalmas entre people quotidien et terrains d'actualité et de guerre à la fondation de Gamma dont il devient un jour rédacteur en chef embauchant de jeunes photographes, puis de Magnum au cinéma, puis du livre - essentiel - à l'exposition, un Raymond que l'on pense parfois taiseux se révèle volubile.
Il s'épanche sur ses motivations, ses envies, ses rapports, très importants et pensés en permanence à la technique, pour la photographie comme au cinéma. Choix d'appareil, de machines - dont il possède un très grand nombre, du Rolleiflex à la chambre grand format, et qu'il choisira en fonction du projet - qui détermineront un rapport au monde parce qu'elles imposent un angle de vision et une conception du plan. Il dit aussi sa relation à l'écriture, au texte, à la façon dont il les pratique et les lie.
Il dit, pudiquement, des aspects intimes de son parcours, les envies d'emmener avec lui en reportage celle dont il est amoureux à un moment, ses départs parce qu'une relation sentimentale n'aboutit pas, n'est pas satisfaisante, des départs entre besoin de ne pas souffrir et de prouver, à lui et à l'autre, ce qu'il est, ce qu'il peut dire et donner.
Une parole touffue qui correspond bien à ses tensions - qui ne sont jamais que des réalisations - entre photographie et cinéma qu'il transpose ou transporte l'une dans l'autre et vice-versa.
Des mots qui disent et tentent de cerner les « photos de colère » qui l'ont toujours animé, en Afrique comme en Amérique Latine ou en France, avec les paysans ou les paysages qui ressemblent encore quelque peu à ceux qu'il a connus dans sa prime jeunesse.
Des mots qui, souvent, lorsqu'ils s'apaisent, s'interrompent sur la permanence d'une solitude profonde. Celle qui le ramène toujours, sans que l'on le lui demande jamais, vers la ferme du Garet.
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Certains contextes indiquent si clairement nos intentions que nous n'avons même pas besoin de les exprimer pour être compris. Avec The Tourist, Kourtney Roy se distingue une fois encore comme une virtuose de la création contextuelle.
Les vacances devraient être un moment de détente ; mais quand on est une touriste à la recherche d'un mari, elles se muent en un labeur harassant...The Tourist contient toutes les marques de fabrique de Roy que nous aimons et attendons : l'autoportrait, une approche cinématographique, sa palette colorée bien particulière, ainsi qu'une tension entre le clin d'oeil spirituel et l'atmosphère sinistre, la convention et le bizarre, le chic et le toc, les frontières entre la réalité et l'imaginaire sont brouillées. La qualité hors pair de The Tourist tient à l'organisation méticuleuse du moment où nous quittons notre monde extensif et pénétrons dans son monde intensif. Roy crée une métaphore visuelle d'un univers que nous croyons connaître.
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Cinq itinéraires de deux semaines chacun, documentant le parcours de migrants tentant d'entrer sur le territoire de la CEE dans cinq lieux périphériques ou limitrophes de l'Europe : Tanger et la côte ouest du Maroc, Turquie/ Bulgarie, Grèce/ Albanie, Lybie / Lampedusa, Slovaquie.
L'ouvrage documente par la photographie et la vidéo, cinq fragments d'itinéraires, cinq odyssées contemporaines, cinq parcours de migrants venus de points géographiques répartis en étoile autour de la ville de Marseille. Les lieux photographiés restent anonymes, non définis, non identifiables géographiquement : installations portuaires, aire d'autoroute, cales de bateau, routes, foyers, centres de rétention, camions, etc...
La tentative est d'appréhender certaines dimensions urbanistiques et humaines de la migration contemporaine vers Marseille, la France et l'Europe à travers des trajectoires et des histoires individuelles, qu'Antoine perçois comme autant d'Odyssées contemporaines.
«Antoine D'Agata est reparti. Enfin. Traqueur traqué, il aimerait tant qu'ils s'abandonnent à sa caméra, tous ces fugitifs, ces désespérés de l'Afrique subsaharienne, ces slaves, ces afghans, etc. Ils fuient, on le sait, la misère, mais aussi l'ennui et la bêtise. Ils se cachent. Les bois les abritent. Leur donner la parole, la tâche est rude. Les passeurs, les traducteurs, les fugitifs, chacun sauve sa peau et récuse la rencontre. Derrière l'appareil, on retrouve le photographe de Mala Noche, l'homme dans la mêlée de la Porte de David, le scrutateur précis d'un monde en mouvement.
De tout cela que nous restera-t-il ? De ces voyages autour de la Méditerranée, il nous livrera des images nouvelles, un récit halluciné, à n'en point douter, les marques d'un nouveau départ.
Jamais l'urgence d'un livre d'Antoine D'Agata ne s'est autant imposée.» François Cheval, directeur du Musée Nicéphore Niepce et commissaire de l'exposition au Mucem.
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En mars 1986, dans le quartier de la Bourgogne à Tourcoing, une dynamique s'est mise en route suite au cri de souffrance d'un jeune nommé Joao lors d'une rencontre de jeunes chômeurs en JOC (Jeunesse Ouvrière Croyante : musulmans et chrétiens) : « Il faut faire quelque chose contre la came, sinon ils vont tous crever dans ce quartier ! ».Dès son origine, REAGIR a développé une approche communautaire : ce temps permet la rencontre, le dialogue, l'écoute et la prise en charge collective de la problématique liée à l'usage de drogues.
Après la prison, c'est ce terrain que Sébastien Van Mallhegem à décidé d'explorer, il vient de passer une année avec les usagers et l'équipe de l'association, l'objectif étant de produire un ouvrage afin de sensibiliser un large public aux problèmes que rencontre toute une population aujourd'hui face aux addictions.
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Jane Evelyn Atwood
Christine Delory-Momberger
- Andre Frere
- Juste Entre Nous
- 8 October 2015
- 9791092265262
Deux voix, deux personnes qui se rencontrent, qui s'entretiennent, qui se connaissent depuis longtemps. Jane Evelyn Atwood, photographe américaine et Christine Delory-Momberger, universitaire, auteur de nombreux entretiens avec des photographes, dont Antoine d'Agata.
La parole est à Jane Evelyn Atwood. Elle expose, elle raconte son parcours de photographe, l'engagement politique de sa photographie, sa relation aux gens et aux lieux qu'elle photographie, sa position de femme concernée. Elle ne va jamais «à chaud» sur ses terrains, elle s'intéresse à un sujet, le questionne avec son appareil, prend le temps de rencontrer les personnes, de laisser advenir des situations. Elle ne sait jamais combien de temps durera un travail, elle ne l'arrête que lorsqu'elle a l'impression d'avoir eu une réponse à sa question de départ et cela peut prendre des années.
Jane Evelyn Atwood parle de ses travaux où toujours il est question des exclus, de personnes en marge, de fragilité, de souffrance et sans doute aussi de destin. Arrivée des États-Unis en 1971, elle découvre pour elle la photographie et n'a eu de cesse d'y travailler. Des prostituées parisiennes de la rue des Lombards, des aveugles de Saint-Mandé, des victimes des mines antipersonnelles en Angola, des femmes emprisonnées, de Jean-Louis, premier malade du sida qui a voulu avec Jane Evelyn Atwood témoigner de sa fin de vie, de Haïti, avant et après le séisme.
Jane Evelyn Atwood est là où il lui semble qu'elle doit être, avec acuité, sensibilité, respect et intelligence.
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Camp de Rivesaltes, lieu de souffrance
Flore, Denis Peschanski
- Andre Frere
- 16 June 2018
- 9791092265736
Les deux séries photographiques présentées dans ce livre, accompagnées d'un texte de l'historien Denis Peschanski, ont été réalisées sur une période de deux ans par l'artiste FLORE sur le Camp de Rivesaltes.
Loin du photo-reportage, ce travail engagé tente de laisser une trace sensible des événements passés dans ce camp souvent oublié de l'histoire.
FLORE utilise ici l'art comme instrument de mémoire, ce qui est sa manière de se positionner face au «faisceau de ténèbres qui provient de son temps», comme dit Giorgio Agamben.
Elle a écrit à propos de ce travail :
«J'ai embrassé toutes les peines, toutes les souffrances vécues dans ce camp et dans ces autres camps dont il ne reste presque pas de traces, sinon celles laissées dans les mémoires, et je les ai réunies dans mon coeur.
Ce livre est né de la nécessité de cet accordage, d'un glissement de l'émotion violente, quasiment physique, éprouvée lors de la découverte du lieu et qui charriait avec elle, comme un torrent, à travers moi, toutes les histoires entendues de toutes ces vies englouties, les enfants et les espoirs morts, les plaintes dans l'obscurité glacée, la liberté perdue, vers la maturité d'une peine pleinement assumée et exprimée grâce à l'art, si j'ose dire.
Cette nouvelle série de photographies n'est plus tant l'hommage vibrant ou la reconnaissance de la souffrance, du destin des victimes de ce camp-ci comme symbole de tous les camps, que le témoignage d'un être humain, enfant de la deuxième génération, inscrite dans son siècle, détentrice de son passé et attentive à notre présent, à notre avenir». Flore
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Regla, qui signifie «règle» en espagnol, renvoie les Cubains à leur régime politique, mais aussi à leur patrimoine afro-cubain. Car la Regla de Ocha comme la Regla Abakuá désignent des sociétés secrètes et des croyances polythéistes venues d'Afrique. Regla est également le nom d'une petite ville portuaire de la commune de La Havane, considérée comme un centre majeur pour ces deux cultes.
Nicola Lo Calzo s'intéresse depuis 2010, avec son projet «Cham», aux diasporas africaines et aux mémoires postcoloniales, il a mené ses recherches à Cuba en 2015 et 2016.
Les images présentées ici sont le résultat de l'immersion dans des espaces marginaux, anciennement clandestins mais maintenant tolérés, et ce sont surtout ses images des abakuás qui impressionnent.
Toujours très crainte, cette société initiatique secrète masculine est née au début du XIXe siècle en périphérie de la capitale, où était concentrée la population noire, esclave ou libre. Sa tradition se rattache aux sociétés initiatiques Ekpe du Nigeria.Dans la culture populaire cubaine, la société secrète Abakuá est une des plus respectées et redoutées car elle est fondée sur une éthique stricte associée à la virilité. Dans ses temples, il existe également une forme de liberté et d'émancipation face au régime qui permet à la jeunesse de s'épanouir.
130 années après l'abolition de l'esclavage, ces espaces de liberté, basés sur des valeurs telles que la solidarité, le sacré, la mémoire, l'importance de l'individu et la liberté d'expression, sont les héritiers directs des formes de culture et de résistance développées par les Africains esclaves ou libres au cours de la période coloniale espagnole.
Le hip-hop, mouvement qui a été introduit des États-Unis dans les années 1990 joue également un rôle important en créant un espace de liberté et d'anti-pouvoir pour les nouvelles générations. Regla montre comment les rappeurs revendiquent une identité et une culture noires et font remonter à la surface l'histoire d'un passé d'esclave.
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« Dés 2009, j'ai ressenti une force inconnue monter en moi et un bien-être merveilleux qui m'envahissait. Pour la première fois, je me sentais exister. Je rayonnais et cela se voyait sur mon visage et dans mon attitude. Je me souviens de ce matin où je me suis plantée devant mon miroir et, avec un grand sourire, j'ai pu dire : je suis ». Diane Artémise Triplet, juin 2015.
Diane Artémise Tripet, est une chanteuse qui habite le petit village de Boveresse, dans la région de Môtiers, dans le Val de Travers en Suisse. Impliquée dans la politique culturelle de sa ville jusqu'en 2009, elle consacre désormais une bonne partie de son temps à la création artistique musicale, mais aussi à la cause LGBT (Lesbienne, Gay, Bisexuelle et Transsexuelle).
Renaître, redécouvrir la vie, Diane le témoigne en chanson et en mélodies parfois inspirées par Brel, Vian ou Brassens.
Ce travail, entamé début 2014, se fonde sur l'entremêlement de différentes sources et genres photographiques comme : images d'archive, portraits, détails et paysages. C'est à travers les images d'archive de Diane que Giona Mottura amène son approche et point de vue actuel et contemporain avec et sur elle.
Après une formation en Ethno-Anthropologie, à l'université de lettre et philosophie de Bologne, Giona Mottura suit une formation supérieure en photographie au CEPV, Vevey, Suisse. Il vit et travaille en suisse en tant que photographe documentaire et réalisateur de documentaire.
Le projet Diane sera présenté à travers une exposition dans le off des Rencontres Internationales de la Photographie Arles 2017.
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Smith par Christine Ollier
Shoham Smith, Christine Ollier
- Andre Frere
- Juste Entre Nous
- 10 November 2017
- 9791092265644
«SMITH est artiste « depuis son plus jeune âge », comme l'énonce si justement cette expression. Nous nous sommes rencontré(e)s peu de temps après son diplôme de l'Ecole nationale de photographie d'Arles. C'était son deuxième diplôme, pas le dernier. Il y avait déjà eu Hypocagne, puis un Master en Philosophie, et il y aurait celui du Fresnoy les années suivantes. C'est d'ailleurs au cours de ces dernières que SMITH fit son entrée à la galerie Les filles du calvaire, dont j'ai été la DA pendant plus de vingt ans.
Je découvrais SMITH lors d'une exposition personnelle qui mettait en évidence une approche sensible de son entourage. Les portraits et les paysages de divers formats, associés dans l'accrochage offraient une délicate ouverture sur un monde jeune et fragile d'êtres humains en devenir de leur genre et de leur identité. C'était personnellement la première fois que je faisais face à un travail aussi juste, porté par une véritable complicité, tout en étant associé à une mise à distance.
Ce sujet est habituellement traité avec provocation et une relative démesure, comme si ce « milieu » ne pouvait vivre que dans une atmosphère brutale et uniquement selon un mode protestataire. Chez SMITH c'était tout le contraire. Du coup, le message passait selon un mode humaniste et le geste devenait poétique. J'ai adoré cela. Sans doute, il y avait-il correspondance avec mon propre cheminement.
On me dit souvent punk, féministe et militante, alors que je suis certes un peu rock'n roll mais surtout éthiquement engagée, généreuse et humaniste, selon l'ancien sens renaissance de ce terme. J'ai dépassé il y a bien longtemps mon désespoir vitupérant d'anarchiste utopiste adolescente. Mais ce passé ainsi que douceur humaniste ont pu éventuellement nous rapprocher.
Ce soir-là nous discutâmes longtemps derrières les étagères. SMITH était incroyablement timide et pourtant si présent(e) lors de ce discret face à face. J'eus une tendre attirance intellectuelle pour cette jeune et fragile personne dont le cerveau semblait tourner à cent à l'heure.
Cet(te) artiste capte ce qu'il/elle voit à travers son prisme de vie, sans jugement ni hiérarchie, juste sa propre distance au réel - parfois avec beaucoup d'innocence. L'intime de sa vie se mêlait totalement à son travail à l'époque. Aujourd'hui c'est un peu différent, car si ses modèles sont toujours ses muses, elle a tendance de plus en plus à les choisir, à les séduire plutôt qu'à les recruter, pour qu'ils adoptent et s'immergent dans son univers fictionnel. Celui-ci peut alors prendre alors le pas sur la réalité de leur être, comme si l'artiste leur offrait une vie parallèle... Nous en reparlerons».
Christine Ollier (extrait de la préface).
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Le photographe bruxellois Sébastien Van Malleghem écume les prisons belges depuis trois ans. Dans Police, son précédent travail, il y avait de l'instinct, beaucoup, un truc d'écorché vif avec du noir très noir et du blanc très blanc. Sébastien Van Malleghem, 28 ans, suivait alors les flics belges dans leurs rondes de nuit. Deux ans après la publication de son premier livre, le jeune bruxellois revient avec Prisons et on s'attendait à quelque chose de plus noir encore. Mais plus eut été trop: «La prison, c'est assez noir comme ça, pas besoin d'en rajouter.», dit-il. La prison vous ramène a hauteur d'homme.
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Valparaiso est un essai photographique d'Anders Petersen. Le travail a été réalisé en août 2014, lors d'une résidence organisée par le Festival International de Photographie de Valparaiso, FIFV. C'était la première fois qu'Anders Petersen se rendait en Amérique Latine.
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Dans de nombreuses croyances, il existe un monde alternatif entre ce que l'on nous enseigne, le réel et ce qui se trouve au-delà.
Piotr Zbierski cherche à explorer ces chemins entre ces deux réalités en créant un registre visuel impressionniste de l'humanité.
Il a beaucoup voyagé, se concentrant sur un certain nombre de communautés différentes, photographiant et rendant hommage à leurs cérémonies et rituels quotidiens spécifiques. Pour de nombreuses tribus, ces traditions servent de pont entre la réalité matérielle et une compréhension spirituelle plus large du monde.
Dans sa pratique, Piotr Zbierski étudie comment ces différentes cultures expriment leurs liens ancestraux avec la nature et cette expérience d'un monde « intermédiaire «.
Utilisant des processus qui reflètent à la fois la nature temporelle et matérielle intrinsèque de la photographie, il enregistre ces rituels, utilisant à la fois l'image fixe en noir et blanc ou en couleur et l'image animée ; l'oeuvre résultante met en lumière des indices, suggérant une connexion intuitive plus profonde reliant ces différentes cultures. Echoes Shades n'est pas un document linéaire concret sur un lieu et une époque, mais plutôt une réponse évocatrice de la nature humaine en tant que partie intégrante de l'espèce animale.
Des rituels chamanistes en Sibérie aux cérémonies du souvenir des morts pratiquées par les Toraja, un groupe ethnique indigène de la région montagneuse du sud de l'Indonésie Sulawsi, en passant par les pratiques quotidiennes des tribus de la rivière Omo Vallery en Ethiopie, Piotr Zbierski a photographié et filmé ces multiples cultures dans le but de raconter avec sa propre sensibilité, de manière intuitive et non scientifique, dans l'esprit d'un journal, leurs histoires mêlées.
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Les images d'Antoine d'Agata sont tramées dans du politique. Il les arme de sa révolte, de sa conscience et de sa lucidité. Toujours, en creux, en saillie, en fond, en figure, le politique est là. Dans la violence aussi parce que dire ne peut se faire dans les demi-tons. C'est un cri, un soulèvement qui viennent de loin, d'abord retenus dans le silence où Antoine s'est muré pendant ses années de vie dans la rue : « Entre dix-sept et trente ans, mon existence a été essentiellement marquée par des choix absolus liés au refus de toute compromission : la rue, la zone, la défonce, l'errance ».
La photographie a ouvert la brèche, libéré le passage à un exister qui trouverait sa forme dans « un langage qui lui permettrait d'aller jusqu'au bout de mes choix ». Ceci n'est pas sans contradictions : « Le langage pris, filmé, photographié n'est jamais un équilibre. Dès qu'on est dans la vie, les images sont de la merde, dès qu'on est trop dans la photographie, la vie passe... du coup, tout ce que je peux faire, c'est tenter en permanence d'atteindre cet impossible point où la vie et le langage qui rend compte de la vie se confrontent . » Aucune image n'existe pour elle-même, chacune d'elle vient écrire une histoire sans début ni fin. Elles arrivent, portées par un souffle qui s'épuise, une fatigue de plus en plus extrême. Mais tenues par une volonté de continuer ainsi parce que c'est le seul moyen qu'Antoine a trouvé pour affronter sa position « vis-à-vis de la nuit, vis-à-vis du monde, vis-à-vis de toutes ces rencontres, de toutes ces trajectoires ». Il dit aussi : « Je suis plus radical aujourd'hui que je ne l'étais . » Ses contradictions sont ses forces, ses fragilités sont son humanité. Toujours entier, ses avancées sont des tracés d'existence où jamais le confort d'un acte photographique ne vient altérer l'image. Dressé, lucide, sensible : « Je rappelle que quand j'ai fait mes premiers textes, je disais qu'on ne peut pas vivre et se photographier en train de vivre. Tout est impur, rien n'est pur, rien n'est vrai, rien n'est faux, on est dans une tentative...
Le fait de baiser en faisant des photos en même temps, cela rendait l'acte sexuel plus intense, plus conscient, tu le vis, tu le sens, tu le regardes, de l'extérieur, de l'intérieur, tu multiplies les perspectives, tu multiplies les sensations, mais tout est faux, dès que tu mets une caméra, un appareil, tout est faux. Personne n'oublie qu'il y a un appareil mais de mettre l'appareil, ça force à aller plus loin... Et c'est ce qui s'est passé pour moi avec la photographie en général, de commencer à faire des photos m'a forcé à aller plus loin dans mes choix et le langage photographique m'a donné le moyen au moins d'être sensible à mes contradictions, à mes forces . » Une voie qu'Antoine n'a pas quittée. Obstinément, résolument, il s'y est tenu. Mais après des années, il y a le constat : « Mes tentatives de revendiquer ce que je fais et ce que je suis n'ont pas abouti. Mais je dois aller jusqu'au bout, titrer les conséquences de cette remise en question de la photographie, lui donner une forme cohérente, rendre compte de façon plus juste et lucide de mon appréhension du silence et du vide . » Aller plus loin encore, sans répit, continuer jusqu'à l'exhaustivité. L'excès comme art de faire, comme résistance...
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Ce petit opus de 64 pages uniquement composé de photographies d'Antoine d'Agata réalisées dans la plaine du Pô, pourrait accompagner ou illustrer le livre de Christine Delory-Momberger «Le geste d'Agata» publié en février 2017 chez AF Éditions.
Les vies de A et de ses personnages sont ces chemins heurtés, chaotiques et funambules, qui ne s'éprouvent qu'au bord du vide.
Elles se croisent, s'enlacent et se blessent dans leur exil permanent.
Leur sens réside peut-être dans l'errance, l'au-delà de soi, l'au-delà des corps, l'épuisement du désir. Une expérience extrême de la liberté. Il est alors évident que la route, ce nonlieu, à chaque borne tourné vers l'ailleurs, devienne le temps d'un voyage, le théâtre pathétique de la vie. A entre dans la danse, sans autre choix que sa propre dissolution, son propre éclatement, au long de la grande route. Il charrie avec lui des lambeaux de réminiscences, des peurs maladives. De son histoire, comme de la route, ne restent alors que des mots, des images, emportées par le traffic, le grand flux incessant, l'éternelle spirale.
Jean-Baptiste Del Amo.
Mai 2014: Frontière italienne / Passo della Morte / Source du Pô / Sur la France et l'Italie, le soleil descend...
Un amas de rochers et de buissons, un seul; un amas de terre, avec des pics, des creux, des courbes...
En face la montagne, le pas de la mort, le saut de la Mort. P. P. P.
/ A: Unni cci persi i scarpi u signuri...
Le monde s'ouvre à moi dans un souffle. Mon corps balance dans le vide. Je suis là où je veux être. Image fixe. Ne pas tomber. Penser ses entrailles. Approcher mes lèvres. Ce sera comme renoncer à un vice, voir resurgir dans le miroir un visage défunt, écouter des lèvres closes. Nous descendrons dans le gouffre, muets. Je revois son visage. Goût de sang dans la bouche. Là, nait le fleuve qui purifie les hommes de la mort. La montagne se fond dans l'air rouge.
L'odeur de la viande ne me quitte pas. Lui est là, qui a pleuré pour moi, ou à cause de moi.
Antoine d'Agata
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«J'ai commencé à photographier des musiciens en 1975, en fait c'étaient mes colocataires, le mouvement punk venait de naître, alors parfois je les prenais en photo.
Mais à San Francisco, c'était particulier. On appelait ça « Art and Music » : The Mutants, The Dills, Flipper, Crime, SVT, The Yanks, Tuxedo Moon, The Tubes, Los Lobos , The Avengers, Dead Kennedys et Romeo Void, U2. Beaucoup d'entre eux étaient étudiants au San Francisco Art Institute. Les membres de The Mutants et de Romeo Void, bien sûr. Chris Isaac des Silver Tones, aussi, et Bonnie Hayes and The Wild Bunch - Bonnie Hayes, l'une des filles les plus géniales de la scène punk. J'étais entouré de ces groupes de rock, à la fois punks et artistes. . Tout à coup ces groupes ont voulu des images. Ils m'appellent et me disent : « Stanley, je sais que tu as des photos, tu sais, tel magazine veut faire un article sur nous, etc. » Et sans m'en rendre compte, je suis devenu photographe professionnel alors que toujours étudiant en art.
À l'agence VU, quand je suis arrivé, ils voulaient ces photos, les photos punk ;
Un assistant m'a alors demandé où se trouvaient les planches-contacts.Mais il n'y avait pas de planche-contact».
C'est ainsi que 400 planches-contacts de cette époque ont été réalisées il y a quelques années seulement, quelques images ont été exposées à Perpignan il y a cinq ans et c'est à l'occasion du 25ème anniversaire de Visa que sort l'ouvrage. Depuis le succès de Black Passeport en 2009 (plusieurs fois primé et conçu par le même graphiste que pour cette ouvrage), Stanley Greene n'a rien publié, le livre est donc très attendu.
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Dans le prolongement de l'exposition Anticorps d'Antoine d'Agata qui s'est tenue au BAL (janvier-mars 2013), les coordinatrices de cet ouvrage, en collaboration avec le photographe, ont voulu poursuivre l'intention de l'exposition qui était de faire valoir la dimension politique - trop peu souvent prise en considération - de l'oeuvre photographique d'Antoine d'Agata, en la reprenant et l'augmentant sous différentes formes scripturaires et graphiques, lui faisant quitter les territoires dans lesquels on l'a souvent assignée.
L'ouvrage se présente sous la forme de quatre livrets, visant à une déclinaison et à une convergence de regards sur l'oeuvre d'Antoine d'Agata et sur sa portée politique, avec la volonté de faire de cet ouvrage un marqueur dans la réception de l'oeuvre du photographe.
Le premier livret - Expériences - reprendra certaines des interventions ayant eu lieu lors de l'exposition et fera appel à d'autres auteurs s'inscrivant dans divers champs (philosophie, littérature, photographie, anthropologie, cinéma, esthétique). La pluralité des approches convoquées ouvre un éventail de regards qui permet au lecteur de parcourir avec les auteurs les différentes lignes proposées et de se construire son propre regard.
Le deuxième livret - Abattage - entrera en écho avec l'idée de l'installation réalisée au rez-de-chaussée de l'exposition avec les voix des femmes.
Le troisième livret - Situations - sera un recueil des tracts politiques et des images présents au rez-de-chaussée de l'exposition. Le versant politique sera ainsi mis en évidence sous forme graphique.
Le quatrième livret - Agonie - fera voir des images du photographe en lien avec l'installation présentée au soussol de l'exposition.
Dans sa conception matérielle, iconique et discursive singulière, ce livre-objet se présente comme un espace pluriel offert au lecteur-regardeur pour continuer à voir et penser l'oeuvre d'Antoine d'Agata, photographe dont le geste artistique et le mouvement de la vie sont liés dans une visée éminemment politique et qu'il semble urgent de signifier.
L'idée est que l'ouvrage puisse sortir pour la date anniverssaire de l'exposition du BAL avec un évènement en cours de définition.
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Dans Ende und Anfang - Early Trips, sorte de " road movie ", J.H Engström revisite ses images prisent au siècle dernier et nous entraîne dans ses voyages de jeunesse, à travers l'Europe centrale et Les États Unis, époque où nous dit-il, son regard était bienveillant et étonné, comme il l'est toujours aujourd'hui.