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Littérature traduite
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Depuis la Seconde Guerre mondiale, le «réfugié» préfère en général l'appellation de «nouvel arrivant» ou d'«immigré», pour marquer un choix, afficher un optimisme hors pair vis-à-vis de sa nouvelle patrie. Il faut oublier le passé : sa langue, son métier ou, en l'occurrence, l'horreur des camps. Elle-même exilée aux États-Unis au moment où elle écrit ces lignes dans la langue de son pays d'adoption, Hannah Arendt exprime avec clarté la difficulté à évoquer ce passé tout récent, ce qui serait faire preuve d'un pessimisme inapproprié.
Pas d'histoires d'enfance ou de fantômes donc, mais le regard rivé sur l'avenir. Mais aux yeux de ces optimistes affichés, la mort paraît bien plus douce que toutes les horreurs qu'ils ont traversées. Comme une garantie de liberté humaine.
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Vivre écartelé entre une multiplicité de temps, de vies, de milieux. Naître et mourir plusieurs fois : telle est l'existence de l'homme déraciné. Dans ce texte inédit, paru en 1962 dans la revue allemande Merkur, Günther Anders livre sa vision déchirante de la condition de l'émigrant. Comme dans une lettre imaginaire, il s'adresse à un destinataire indéfini et saisit le lecteur. Menace de l'annihilation par l'assimilation, honte, infantilisation, impossibilité de partager la douleur du monde : Anders, lui-même juif émigré, donne toute sa dimension universelle et atemporelle à ce drame intime et le rend ainsi accessible au lecteur. Entre philosophie, histoire et témoignage, L'Émigrant fait entendre les échos d'un mal qui ne cesse de hanter notre époque.
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Célèbre surtout pour son oeuvre romanesque, Robert Musil (1880-1942) est aussi l'auteur de nombreux essais, conférences et aphorismes, qui le montrent attentif aux mutations de la conscience moderne. De la bêtise, qu'il considérait comme l'un de ses textes majeurs, aborde un sujet tabou dans la pensée classique : confrontée à son contraire, la réflexion ne court-elle pas le risque de vaciller sur ses bases ? «Si la bêtise ne ressemblait pas à s'y méprendre au progrès, au talent, à l'espoir ou au perfectionnement, personne ne voudrait être bête."
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Et si je suis desespéré que voulez-vous que j'y fasse ?
Günther Anders
- Allia
- Petite Collection
- 4 February 2016
- 9791030400922
Avec la spontanéité propre à l'oralité, Günther Anders livre dans cet entretien quelques anecdotes significatives, notamment l'étonnement du philosophe quand il s'aperçut que lui, juif, pouvait faire le poirier plus longtemps que ses autres disciples, tous grands et blonds. Mais ce livre est surtout le récit d'un parcours philosophique et politique, où l'on croise également Brecht et Husserl et qui révèle en France une personnalité comparable à celle de George Orwell par son courage intellectuel et sa lucidité.
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Au-delà de Blade Runner ; Los Angeles et l'imagination du désastre
Mike Davis
- Allia
- Petite Collection
- 26 January 2006
- 9782844852045
Blade Runner, le film de Ridley Scott, a imposé la vision futuriste et apocalyptique d'un Los Angeles dévasté, livré au chaos. Ce que montre Mike Davis dans cet essai, c'est que le visage futur de la ville, dont tous les éléments sont déjà en place, sera à la fois moins spectaculaire et, en un sens, beaucoup plus effrayant. Véritable laboratoire social et urbanistique, Los Angeles offre d'ores et déjà le modèle vers lequel tendent les mégapoles modernes : destruction de toute mixité sociale par cloisonnement strict des populations dans des quartiers réservés, certains laissés à l'abandon et à la domination des gangs, tandis que les couches les plus aisées se "bunkerisent" grâce à la généralisation de la vidéosurveillance et des milices de sécurité privées. La ville vit désormais dans un état perpétuel de "guerre sociale de faible intensité", susceptible à tout moment d'éclater, comme lors des émeutes provoquées par le tabassage de Rodney King. À la fois sociologique, urbanistique et politique, illustré de photos saisissantes, l'essai de Mike Davis, qui s'appuie autant sur des statistiques précises que sur son expérience personnelle, au-delà du cas de Los Angeles, offre un portrait saisissant de l'Amérique contemporaine et de l'évolution qui menace les sociétés occidentales.
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"Qu'on ne puisse avancer la moindre raison pratique, esthétique ou une quelconque considération d'utilité pour expliquer l'apparition de l'immense majorité des réalisations de la mode, voilà sans doute ce qui établit mieux que toute autre chose le fait que la mode est un pur produit des besoins sociaux. Alors qu'en général nos vêtements, pour prendre cet exemple, sont adaptés à nos besoins pratiques, pas une once d'utilité ne préside aux décisions par lesquelles la mode les façonne : la jupe peut se porter ample ou droite, la coiffure haute ou large, la cravate noire ou colorée. Au nom de leur modernité, nous sommes conduits à porter des choses parfaitement hideuses, comme si c'était là pour la mode une manière de faire la preuve de son pouvoir." Stilettos, sweat en néoprène Marc Jacobs, mini-short fluide en mousseline, chignon bas. La mode a ceci d'original qu'elle ne confère nulle utilité pratique aux choses utiles, en l'occurrence se chausser et se protéger du froid. Elle est fondamentalement arbitraire. Et c'est ainsi qu'elle exerce pour Simmel son empire. Elle n'est pas un besoin vital mais un besoin social. Ou, plutôt, elle résulte de deux besoins sociaux contradictoires : l'instinct d'imitation et l'instinct de différenciation. L'homme manifeste dans le choix de ses vêtements son appartenance à un groupe. Il s'adapte à travers eux au rôle que lui assigne la communauté dans laquelle il vit. Mais dans le même temps, il ressent le besoin de se différencier, d'accuser au coeur de la société son individualité. Adopter un style d'une autre communauté, c'est d'emblée se détacher de son groupe d'origine. En raison de la variété de ses contenus, la mode d'aujourd'hui affirme sa singularité par rapport à celles d'hier et de demain. Mais elle le fait d'autant mieux qu'elle marque ainsi la différence de classes. D'après Simmel, la classe moyenne serait la plus sensible à ses caprices. Prompte au changement, elle se reconnaît dans ce qui est le moteur de la mode : créer un présent sans cesse mouvant, comme toute marchandise.
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En 1960, Francis Gary Powers, pilote américain, est arrêté en mission en URSS en pleine Guerre froide. Günther Anders, inquiet des conséquences de cette arrestation et du risque de guerre nucléaire, écrit au pilote incarcéré. Sa «Lettre sur l'ignorance» reste sans réponse. Il en écrit alors une seconde : «Le rêve des machines», inédite en français comme en allemand.
Le Rêve des machines rassemble ces lettres qui éclairent l'évolution de la pensée d'Anders. En exposant à Powers comment il est devenu le rouage d'un système inhumain, il dénonce la toute-puissance de la technique et le monde des machines, produit d'un capitalisme qui annihile notre humanité. Anders déroule ainsi une pensée habitée par un souffle qui, à défaut d'être atomique, est d'une puissance philosophique sans équivalent.
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Simmel démontre ici le mécanisme psychologique qui a permis de transformer l'argent de moyen en fin. Or, en servant quantité de fins, l'argent devient «incolore», privé de valeur en soi. Simmel analyse des cas pathologiques, allant de l'avare au dépensier compulsif, aspects psychologiques complétés par de passionnantes observations d'ordre historique et sociologique. Il se penche également sur les liens générés par l'argent, source paradoxale de l'individualisme moderne. Si la possession d'argent procure une liberté personnelle, elle engendre une insatisfaction croissante, tant la dimension qualitative, inexprimable en termes économiques, s'efface au profit du quantitatif. L'argent n'en reste pas moins pour l'homme moderne un aiguillon de son activité, une promesse illusoire de bonheur.
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Kulturindustrie
Theodor W. Adorno, Max Horkheimer
- Allia
- Petite Collection
- 7 March 2019
- 9791030410662
«Il est une chose à propos de laquelle, il est vrai, l'idéologie creuse ne badine pas : la sécurité sociale. 'Nul ne doit avoir faim ou froid ; tout contrevenant ira au camp de concentration' : cette plaisanterie qui vient de l'Allemagne d'Hitler pourrait servir d'enseigne à toutes les entrées d'établissements de l'industrie culturelle.» Dans ce texte, Adorno et Horkheimer démontrent que toute manifestation culturelle et tout moyen de diffusion - film, radio, magazine - forment un système. Nulle voix ne peut s'en extraire, ni se faire entendre hors de lui. Obéissant aujourd'hui à une logique extensive, l'industrie culturelle devient, dans le capitalisme avancé, une industrie du divertissement. L'amusement n'est en outre que «le prolongement du travail». Aussi, celui qui en jouit, s'il échappe alors au travail automatisé, ne crée que les conditions pour être en mesure de s'y confronter à nouveau.
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La gloire posthume est le lot des inclassables. On n'a mesuré l'importance de Walter Benjamin qu'après sa mort. Au croisement de la biographie, de la philosophie politique et de la critique littéraire, Hannah Arendt retrace ici le destin et l'itinéraire spirituel d'un homme pris dans "les sombres temps". Elle analyse ses rapports tourmentés avec la judéité et le marxisme, son amour de Paris et de la flânerie ainsi que ses relations complexes avec les intellectuels de son temps. Plongeant au plus intime de l'oeuvre, elle décortique la façon, unique, que Benjamin avait de "penser poétiquement". Philosophe elle-même inclassable, Hannah Arendt était la plus apte à saisir la subtilité de cette figure.
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La mentalité de marché est obsolète !
Karl Polanyi
- Allia
- Petite Collection
- 19 August 2021
- 9791030415698
De tous temps, l'économie a fait partie des sociétés humaines. Sa place est naturelle. Nous n'avons pas de prise sur son développement. D'ailleurs, le marché satisfait tous nos besoins... Vraiment ?
Karl Polanyi bat en brèche cette « légende ». Depuis le XIXe siècle, l'omniprésence du marché et, par conséquence, de l'industrie et de la technique, n'a cessé de croître. « L'Ère de la machine » a vu cet ensemble s'étendre à toutes les sphères de nos existences. Elle nous impose ses valeurs et son fonctionnement.
Polanyi plaide pour une refondation de notre rapport à l'économie afin d'en retrouver le contrôle. Il affirme la nécessité de nouveaux principes directeurs. C'est à cette seule condition que nous pourrons nous extraire d'un engrenage qui ne peut mener qu'au totalitarisme.
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Le caractère fétiche de la marchandise et son secret
Karl Marx
- Allia
- Petite Collection
- 5 April 2018
- 9791030408713
Dans le monde de l'économie, le caractère fantasmagorique de la marchandise est nommé fétichisme par Karl Marx. Afin d'analyser les formes que prennent les rapports sociaux engendrés par l'échange marchand, l'auteur cherche à décrypter le secret de la valeur. De ces pages géniales, qui appartiennent au premier chapitre du livre I du Capital, sont directement issues la théorie de la réification de Luckacs et celle du spectacle de Debord.
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Le monde doit être romantisé.
C'est ainsi que l'on retrouvera le sens originel. cette opération est encore totalement inconnue. lorsque je donne à l'ordinaire un sens élevé, au commun un aspect mystérieux, au connu la dignité de l'inconnu, au fini l'apparence de l'infini, alors je les romantise.
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Avec Pancho Villa, John Reed nous entraîne dans une chevauchée épique aux côtés du chef révolutionnaire mexicain. Prenant pour cadre les années 1910, le jeune reporter nous livre le portrait aux accents cubistes d'un homme ordinaire au destin hors du commun. De Doroteo Arango à Pancho Villa, du péon au dirigeant charismatique, un homme que Reed décrit avec une admiration mêlée d'humour, sans jamais tomber dans l'apologie. On demeure fasciné par la complicité qui lie les deux hommes. L'intensité de leur vie, leur intuition de l'engagement et leur refus du recul intellectuel les rendront admirables... mais c'est aussi ce qui rendra leurs morts tragiques.
Rare document sur une période méconnue de l'Histoire, le livre de John Reed nous transporte dans un Mexique chaleureux, utopique et enchanteur, un pays en révolution où tout est possible.
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Avec L'Angoisse de l'ingénieur, à valeur de manifeste, Ernst Bloch démontre le piège que l'homme se tend à lui-même. Sentiment archaïque, l'angoisse naît de la quête de l'homme d'un accès à l'inconnu, autrefois reliée à l'obscure magie. Ernst Bloch évoque également l'ancienne croyance dans l'existence des fantômes et autres démons. Monde chassé par les Lumières et plus encore par la lumière artifi cielle, dont nulle magie n'émane plus. Bloch défend les archétypes énoncés dans les contes, où toute hiérarchie sociale est niée et où le moment utopique est encore tapi.
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L'auteur du Bref Été de l'anarchie et de La Grande Migration retrace dans cet essai l'histoire des terroristes russes qui, de 1862 à 1917, inlassablement, ont sacrifié leur vie pour renverser le régime tsariste. C'est peu dire que ces personnages sont romanesques ou hors du commun : ils se sont volontairement situés, par l'absolu de leur révolte, hors de l'humanité, poussant à son extrême le mépris de soi, des autres et de la vie en général. Mépris qui culmine dans les figures de Netchaiev ou Asev, qui organisèrent des dizaines d'attentats terroristes et travaillaient en même temps pour la police secrète du tsar.