Sciences humaines & sociales
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La valeur ne porte donc pas écrit sur le front ce qu'elle est.
Elle fait bien plutôt de chaque produit du travail un hiéroglyphe. ce n'est qu'avec le temps que l'homme cherche à déchiffrer le sens du hiéroglyphe, à pénétrer les secrets de l'oeuvre sociale à laquelle il contribue, et la transformation des objets utiles en valeurs est un produit de la société, tout aussi bien que le langage.
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Au-delà de Blade Runner ; Los Angeles et l'imagination du désastre
Mike Davis
- Allia
- 7 February 2019
- 9791030410464
Véritable laboratoire social et urbanistique, Los Angeles préfigure le modèle à venir des mégapoles modernes : destruction de toute mixité sociale par le cloisonnement strict des populations dans des quartiers réservés, laissés, pour certains, à l'abandon et à la domination des gangs, tandis que les couches les plus aisées se «bunkerisent» grâce à la généralisation de la vidéo-surveillance et des milices de sécurité privées. La ville vit désormais dans un état perpétuel de «guerre sociale de faible intensité», susceptible à tout moment d'éclater. À la fois sociologique, urbanistique et politique, l'essai de Mike Davis offre, au-delà du cas de Los Angeles, un portrait poignant de l'Amérique contemporaine et présage de l'évolution qui menace les sociétés occidentales.
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OEuvre de pleine maturité, qui préfigure La Science nouvelle, cet ouvrage relie raison et faits historiques, philosophie et philologie. Celle-ci, première de toutes les sciences, manifeste l'autorité de l'usage, en l'occurrence de la langue. Occasion de lumineux chapitres sur l'origine de la mythologie et de la poésie, où l'on retrouve l'éloquence du professeur soucieux de pédagogie. La philologie montre que le sens s'exprime en matière et par là s'inscrit dans l'histoire, de même que le droit l'oblige à se confronter à la réalité. Or, la philologie se soumet en retour à l'évaluation de la philosophie. Vico pose ainsi les principes rationnels de la jurisprudence, au point de déployer un système qui englobe toute la matière juridique et dresse une véritable philosophie de l'esprit humain.
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Préface à la phénoménologie de l'esprit
G.W.F. Hegel
- Allia
- Moyenne Collection
- 1 September 2016
- 9791030404531
«Travailler à cela, à ce que la philosophie se rapproche de la forme de la science - de ce but qui consiste pour elle à pouvoir déposer son nom d'amour du savoir pour devenir savoir effectif -, voilà le projet que j'ai formé. La nécessité interne que le savoir se fasse science réside dans sa nature, et la seule explication satisfaisante à ce propos est l'exposition de la philosophie elle-même.» Ce texte liminaire, initialement envisagé comme une "Préface au Système de la science", dont la "Phénoménologie de l'esprit" représentait une première partie, expose la mission et le but que Hegel s'est donné dans son projet philosophique global. En l'occurrence : "que le savoir se fasse science". Pour lui, la philosophie doit se rapprocher de la science pour démontrer sa propre nécessité et sa qualité d'oeuvre à part entière. Se tient aussi là tout le projet de l'idéalisme hégélien, consistant à "appréhender et exprimer le vrai non pas comme substance, mais tout aussi bien comme sujet". Une philosophie de la conscience de soi s'exprime dans ces lignes autonomes, par laquelle peut se concevoir une "phénoménologie de l'esprit". Hegel y énonce le mouvement dialectique au fondement de son système, par lequel l'opposition devient identité. Sans être supprimées, les dualités sont surmontées : la vie porte en elle son négatif, la mort, et s'y maintient. De ce fait, il devient possible de penser une vie de l'esprit au-delà de la mort. C'est aussi dans cette préface que Hegel met en valeur le "moment" du résultat, le mouvement par lequel la pensée accède au but qu'elle s'est donné. Cela fait aussi de Hegel un philosophe de l'histoire, l'esprit se développant selon lui selon trois degrés : conscience objective, autoconscience individuelle, enfin raison, qui est conscience de la communauté.
Cette nouvelle traduction restitue avec clarté les fondements de toute l'architecture philosophique de Hegel.
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Sur le modèle des Documents relatifs à la fondation de l'Internationale situationniste, ce volume rassemble, présentés et annotés par Gérard Berréby, tous les écrits, tracts, documents, monographies publiés entre 1957 et 1960 par les membres de l'Internationale situationniste et qui ne figurent pas dans la revue du même nom. On y trouve plusieurs textes de Debord restés jusqu'à présent inaccessibles comme les Remarques sur le concept d'art expérimental ou Préliminaires pour une définition de l'unité de programme révolutionnaire, ainsi que les tracts dont la violence est une des marques de l'IS (Aux producteurs de l'art moderne, Défendez la liberté partout). Mais surtout, ce volume permettra de découvrir quelques aspects ignorés de la production situationniste comme la revue de la section allemande de l'IS Spur, dont le graphisme révolutionnaire annonce tous les fanzines underground et les réalisations artistiques situationnistes, particulièrement importantes au cours de ces trois années, en particulier l'étonnante tapisserie d'Asger Jorn intitulée Le Long Voyage.
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Dès son enfance dans le territoire minier du Hainaut en Belgique, Raoul Vaneigem développe une forte conscience prolétarienne et un esprit de révolte insatiable. Sa rencontre avec Guy Debord en 1961 servira d'exutoire à la rage qu'il contient. Il entre dans les rangs de l'Internationale situationniste, dont il relate avec entrain les fêtes, les déboires et les dérives. De cette épopée truffée d'anecdotes et illustrée de documents inédits, éclate la clairvoyance de ces jeunes fossoyeurs du vieux monde qui, entre autres, dénoncèrent, à rebours de l'opinion, les dérives des révolutions castristes et maoïstes. Vaneigem ne se départit jamais de son humour, encore moins quand il décrit l'échec de la drôle d'Internationale à laquelle il a participé avec une conviction chevillée au corps.
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"Il n'était pas le talent qui se construit calmement mais le génie qui se trouve en nageant à contre-courant avec l'énergie du désespoir." Théodor W. Adorno
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J. Péladan (1859-1918) se disait mage et imperator de la Rose-Croix, ordre cabalistique dont il forma un groupe dissident imprégné de catholicisme. Dans ce texte paru en 1891, celui qui se faisait appeler Sâr Mérodak, développe une théorie de la beauté et aborde les représentations plastiques de l'androgyne, mythe primordial dans les civilisations égyptienne, grecque et chrétienne.
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Dans ce court essai, Joseph Gabel, se propose d'intégrer un concept clé de la pensée marxiste, la réification, à l'analyse psychopathologique d'une forme de schizophrénie. L'application du concept de réification, issu de la philosophie politique, au domaine de la psychiatrie, apparaît comme une tentative de l'auteur visant à jeter des ponts entre des disciplines distinctes. Par son élaboration d'analogies fécondes, Joseph Gabel espère parvenir à l'élargissement des champs de recherche respectifs de chacune des disciplines auxquelles il fait appel.
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Dans ces entretiens, Jean-Michel Mension évoque les années qui le menèrent à participer, de 1952 à 1954, à l'existence chaotique et alcoolisée de l'Internationale Situationniste. Dans un Saint-Germain-des-Prés aujourd'hui disparu, en compagnie de Guy Debord, mais aussi d'autres figures moins connues et souvent fascinantes, on découvre un Paris interdit : celui des marges, des bistrots et des truands. Dans le récit de cette avantgarde subversive, entre art, liberté sexuelle et dérèglements de tous les sens, on assiste à la naissance d'une révolte qui embrasera, plus d'une décennie plus tard, la jeunesse de Mai 68. Il paraît dans une nouvelle édition, illustrée d'une iconographie renouvelée et augmentée de documents inédits.
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Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel
Karl Marx
- Allia
- 19 June 1998
- 9782911188619
L'émancipation de l'allemand, c'est l'émancipation de l'homme.
La philosophie est la tête de cette émancipation, le prolétariat en est le coeur. la philosophie ne peut être réalisée sans la suppression du prolétariat ne peut être supprimé sans la réalisation de la philosophie.
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Le Consul, livre d'entretiens avec Gérard Berréby, retrace la vie du peintre Ralph Rumney : son enfance en Angleterre, sa découverte du marxisme, de la peinture... et ses innombrables rencontres. Dandy nomade, sa route croisera celles de Debord et des lettristes, de Marcel Duchamp, Max Ernst, Georges Bataille, Peggy Gugghenheim, William Burroughs, Cobra et l'Oulipo... Dans cette nouvelle édition abondamment illustrée, les anecdotes se mêlent aux réflexions théoriques et aux souvenirs sur Guy Debord, Asger Jorn ou Yves Klein. On retrouve intacte l'élégance d'un artiste dont le talent fut aussi de se trouver toujours là où bouillonnaient idées et agitateurs : une existence à l'image de son art, comme une expérimentation perpétuelle.
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C'est en mai 1888, quelques mois avant de sombrer dans la folie, que Nietzsche écrit Le Cas Wagner. Ses relations avec le compositeur ont toujours été passionnées, faites d'admiration et de répulsion. S'il a d'abord vu dans l'oeuvre de Wagner l'illustration géniale de ses propres conceptions de l'artiste tragique et dionysiaque, Nietzsche va s'éloigner rapidement de lui. Fondamentalement, il reproche au compositeur d'être un «menteur». Wagner joue à l'artiste de la puissance, alors qu'il est un musicien de la dégénérescence. Il joue à l'affirmateur de la vie alors qu'il est négateur. On le voit, la critique nietzschéenne de Wagner, loin d'être une attaque ad hominem mêlée de rancoeur, rejoint les thèmes les plus fondamentaux de sa pensée. C'est en 1876 que Nietzsche a rompu avec Wagner, et cette date n'est pas indifférente. C'est en effet l'année du premier festival de Bayreuth, qui consacre le musicien comme le pontife du nouvel art allemand. Seul véritable pamphlet écrit par Nietzsche, Le Cas Wagner est en effet moins dirigé contre l'auteur de Parsifal lui-même que contre tout ce que le wagnérisme incarne et que Nietzsche vomit : l'idéologie allemande et son exaltation des vertus morales, du nationalisme, de l'antisémitisme, son mépris de l'intelligence. Nietzsche résume tout cela d'une formule : « le crétinisme de Bayreuth». Contre cet esprit de lourdeur, il exalte la gaieté de Carmen. «Il faut méditérraniser la musique !», écrit-il.
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Un virus antimoderne se niche au coeur même de la modernité. Il s'attaque à la production d'images, ce que Masci nomme «la culture absolue», autre force propulsive, aux côtés de la technique, de la modernité. À l'essor effréné de la technique fait écho la promesse réitérée par les images d'un «homme nouveau». Or, le virus antimoderne réintroduit dans les images un contenu et donc de la croyance, aussi bien sentimentale que morale. Il ébranle leur statut d'artefact, de faux-semblant. Or, que devient une société où les images ont cessé de faire «comme si» ? Où elles invitent à croire en leur réalité ?
D'autant lorsque nous assistons, aujourd'hui, aux premiers balbutiements d'une fusion entre la technique et cette réalité imaginaire, source d'une superstition nouvelle.
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La société du chaos fonctionne sur l'entretien mensonger de la terreur ; elle gère et attise le désordre, l'effroi, la crainte religieuse, la panique sociale, la haine raciale, pour mieux affirmer son contrôle liberticide.
Le cynisme de sa pratique nous informe sur son projet idéologique celui d'un pouvoir seigneurial et sans partage. en cela, la société du chaos ignore les tourments de la morale bourgeoise qui revendiquait des valeurs au nom de la valeur. la société du chaos n'a pas de valeurs : elle se contente de les mettre en scène. jordi vidal.
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Il y a déjà plusieurs semaines que je suis à barcelone.
La ville m'est familière ; les miliciens dans leurs vêtements romantiques ne me font plus impression. lorsque je vois une femme coiffée d'un chapeau, je suis étonné. je trouve tout naturel d'être assis à la même table que des gens armés de fusils ou de revolvers comme dans un roman de pirates. mais la révolution donne toujours des impressions nouvelles. la vie est ici mille fois plus intense et cette suite rapide d'événements produit l'effet de piqûres de caféine.
Comment pourrai-je vivre désormais dans des pays tranquilles, dans des temps tranquilles ?.
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Lieu commun ; le motel américain
Bruce Bégout
- Allia
- Petite Collection
- 26 February 2003
- 9782844851178
" quelle qu'elle soit, l'expérience d'une nuit passée dans un motel oscille sans cesse entre la sécurité et l'insécurité, entre la volonté de se recroqueviller et celle de s'exposer, de rester dans son lit et d'écouter aux portes, voire de les ouvrir pour faire l'expérience de l'intimité interdite.
On s'y sent à la fois protégé par les cloisons blanches qui nous entourent et vaguement inquiété par l'environnement souvent désolé que l'on devine au-delà. on voudrait se soustraire au monde et l'on sent pourtant qu'il pourrait, un moment ou à un autre, frapper à la porte. " bruce bégout
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Chine trois fois muette est l'ouvrage qui a fait connaître Jean-François Billeter. S'y révèle la dimension politique de sa pensée, qui n'apparaît qu'en filigrane dans ses autres ouvrages. En effet Billeter n'a rien de l'érudit tout entier plongé dans la Chine du Moyen Âge. Bien au contraire sa connaissance directe du terrain autant que de sa philosophie l'ont amené à porter sur le fonctionnement de la société chinoise contemporaine un regard sans complaisance. Jean-François Billeter montre ici comment certains traits immuables du despotisme oriental ont été actualisés avec l'ouverture du pays au capitalisme et offre en même temps une virulente critique de notre propre société marchande occidentale.
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Il accompagne la réédition en fac-similé du premier livre de Guy Debord, Mémoires, apparemment une oeuvre de pure provocation où pas un mot n'est de l'auteur. Or cet essai révèle pour la première fois toute la portée de cette oeuvre majeure. B. Donné a retrouvé l'origine de la quasi totalité des éléments découpés et détournés dans ces Mémoires, et montre à quel point ils sont chargés de sens en restituant leur contexte primitif. Mais l'ouvrage n'a rien d'un aride inventaire de sources. Leur identification s'inscrit dans une véritable enquête pour retrouver le fil du récit que ces fragments tissent par allusion. L'histoire racontée secrètement dans ces Mémoires s'éclaire peu à peu : c'est celle des années décisives où Debord, âgé de 22 ans, oriente son énergie de révolte et son insatisfaction existentielle vers une critique radicale de la société dont l'insurrection situationniste ne sera que le développement. Cet essai révèle enfin la pleine charge de sens, de provocation et d'émotion de ce qui est rien moins que le livre des origines profondes et intimes de l'aventure situationniste.