Sciences humaines & sociales
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Schizophrénie numérique : de l'intelligence artificielle à l'exploitation attentionnelle
Anne Alombert
- Allia
- Petite Collection
- 7 April 2023
- 9791030429671
Les technologies numériques ont envahi nos existences à travers des dispositifs que leurs créateurs ne semblent plus maîtriser. Et si le mythe d'une intelligence artificielle réalisée par la révolution numérique ne servait qu'à dissimuler ses conséquences désastreuses ? Comment sortir de cette schizophrénie numérique ? Ce ne pourra être en opposant une fois de plus humain et machine.
Au contraire : il nous faut prendre soin de nos milieux numériques et ne pas laisser une poignée d'acteurs privatisés s'en emparer. Cet essai nous invite à transformer les technologies qui contrôlent nos cerveaux connectés en technologies réflexives et contributives. Pour, enfin, transformer le poison en remède. -
Dénonçant un illusoire droit au travail qui n'est pour lui que droit à la misère, Lafargue soutient qu'une activité proprement humaine ne peut avoir lieu que dans l'oisiveté, hors du circuit infernal de la production et de la consommation, réalisant ainsi le projet de l'homme intégral de Marx.
Un classique toujours autant lu, plus que jamais d'actualité.
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Que faisons-nous quand nous voyons ? C'est ce que Bonnard et Giacometti peuvent nous aider à comprendre parce qu'ils ont eux-mêmes cherché à le comprendre.
Quant à P., il est l'auteur du récit de la création sur lequel s'ouvre la Bible. Il a eu l'intuition du pouvoir créateur du langage mais, en le réservant à Dieu, il a commis un impair dont les conséquences se sont étendues jusqu'à nous. En remontant son histoire, nous découvrons quelque chose d'important sur une part de nous-mêmes. -
«Si la police peut paraître partout semblable jusque dans les détails, il ne faut pas finalement se méprendre : son esprit est moins dévastateur dans la monarchie absolue, où elle représente la violence d'un souverain qui réunit en lui l'omnipotence législative et exécutive, que dans les démocraties, où son existence, soutenue par aucune relation de ce type, témoigne de la plus grande dégénérescence possible de la violence.»
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Stilettos, sweat en néoprène Marc Jacobs, mini-short fluide en mousseline, chignon bas. La mode a ceci d'original qu'elle ne confère nulle utilité pratique aux choses utiles, en l'occurrence se chausser et se protéger du froid. Elle est fondamentalement arbitraire. Et c'est ainsi qu'elle exerce pour Simmel son empire. Elle n'est pas un besoin vital mais un besoin social. Ou, plutôt, elle résulte de deux besoins sociaux contradictoires : l'instinct d'imitation et l'instinct de différenciation. L'homme manifeste dans le choix de ses vêtements son appartenance à un groupe. Il s'adapte à travers eux au rôle que lui assigne la communauté dans laquelle il vit. Mais dans le même temps, il ressent le besoin de se différencier, d'accuser au cur de la société son individualité. Adopter un style d'une autre communauté, c'est d'emblée se détacher de son groupe d'origine. En raison de la variété de ses contenus, la mode d'aujourdhui affirme sa singularité par rapport à celles d'hier et de demain. Mais elle le fait d'autant mieux qu'elle marque ainsi la différence de classes. D'après Simmel, la classe moyenne serait la plus sensible à ses caprices. Prompte au changement, elle se reconnaît dans ce qui est le moteur de la mode : créer un présent sans cesse mouvant, comme toute marchandise.
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Leçons sur Tchouang-Tseu
Jean-François Billeter
- Allia
- Petite Collection
- 7 January 2014
- 9782844857934
Dans ces cinq leçons prononcées au Collège de France sur l'oeuvre de Tchouang-Tseu, figure tutélaire de la pensée taoïste, Jean François Billeter, en partant chaque fois du texte même, qu'il traduit de façon scrupuleuse et sans a priori philosophique, parvient à faire émerger le sens d'une pensée qui n'a rien d'abscons, déconcertante parfois mais toujours précise et profonde.
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Court traité du langage et des choses : tiré du tchouang-tse
Jean-François Billeter
- Allia
- Petite Collection
- 6 January 2022
- 9791030415124
Le Tchouang-tseu, l'ouvrage que l'on appelle ainsi parce qu'on en attribue la paternité à un certain Tchouang-tseu, contient les textes les plus étonnants que nous ayons de l'Antiquité chinoise. Le Court Traité, conservé dans son chapitre 2 et dont on ne connaît pas l'auteur, offre du sujet humain et de son rapport au langage, aux choses et à la réalité une vision qui mérite à plusieurs titres notre attention. Elle coïncide, dans son principe, avec celle du philosophe Héraclite. Un intérêt supplémentaire tient au fait que la vision du Court traité est restée incomprise en Chine comme celle d'Héraclite en Europe. Cela fournit un point de vue critique sur l'une et l'autre tradition et permet d'envisager leur dépassement par une véritable connaissance du sujet.
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Dans cet ouvrage formé de deux essais qui se complètent l'un l'autre, Jean François Billeter éclaire doublement ce qui se passe en Chine aujourd'hui :
D'abord du point de vue de l'histoire du capitalisme, de cette «réaction en chaîne non maîtrisée" dont il retrace l'histoire depuis son début en Europe, à l'époque de la Renaissance ; ensuite du point de vue de l'histoire chinoise, dont il offre également une synthèse dense, mais claire. Cet ouvrage intéressera les lecteurs qui s'interrogent sur la Chine actuelle, mais aussi ceux qui réfléchissent sur le moment présent de l'histoire et ses suites possibles. -
L'Europe ne sait plus où elle va. Les Européens ne se reconnaissent plus dans l'Union, au point que la plupart d'entre eux se replient sur leurs nations respectives. S'ils veulent un avenir, ils doivent se proclamer citoyens d'une République européenne. Qu'ils fassent comme les Français en 1789 : une révolution, non au sens d'un renversement du pouvoir établi au profit d'un autre, ni de la victoire d'une classe sociale sur une autre, mais un acte «politique», né de la décision des uns et des autres d'exercer leur liberté en commun, ce dont le capitalisme les prive.Avec la primauté du politique sur l'économique, sera aboli «l'assujettissement de la vie sociale à l'accroissement sans fin du capital», tandis que la République pourra satisfaire les besoins et désirs essentiels de chacun.
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Réflexions d'un historien sur les fausses nouvelles de la guerre ; la déinformation, arme redoutable de la guerre moderne
Marc Bloch
- Allia
- Petite Collection
- 2 May 2019
- 9791030410952
Rédigé en 1921, au lendemain du premier conflit mondial, cet essai expose la manière dont naissent et se propagent les rumeurs et les fausses nouvelles de la guerre et, bien sûr, la façon dont elles sont sciemment fabriquées et exploitées. Marquée par l'exigence de pluridisciplinarité de l'auteur dans d'autres domaines, cette leçon de méthodologie historique apparaît indispensable à l'heure où la désinformation constitue l'une des principales armes de la guerre moderne.
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Tout ce que le XIXe siècle a produit est aux yeux de Walter Benjamin fantasmagorie. Que ce soient les passages qui émaillent le tissu urbain parisien, émanations de la construction en fer, ou les expositions universelles et leurs étalages de marchandises. L'illusionnisme de ce siècle a son champion en la personne du baron Haussmann, et son satiriste le plus zélé en celle de Grandville, transformant tout être humain en objet fantoche. Benjamin décrit comment ce siècle fut pétri de forces contraires, révolution contre conservatisme, bourgeoisie contre milieu ouvrier. La course à la nouveauté, propre de la modernité, se retrouve ritualisée dans la mode. Paris, ville-lumière dont Benjamin dénonce le ballet des illusions, entre oppression et promesse.
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À mi-chemin du récit et de l'étude sociologique, Anthropologie est une enquête en creux, née de l'impression suscitée par le regard d'une jeune Rom mendiant devant un centre commercial. Troublé par ce visage, l'auteur évite d'abord la rencontre. Il décide finalement de rencontrer celle qui est à l'origine de son trouble. Mais elle disparaît à ce moment-là. Il tente alors de la retrouver et de percer le secret de cette figure devenue obsédante. À la façon du héros de Mr. Arkadin de Welles, il part à la recherche de tous ceux qui ont pu la croiser. De cette quête minutieuse, traque d'une absence, se dégage un tableau sociologique de la France contemporaine et de ses «exclus». Avec cet ouvrage, Éric Chauvier jette les bases d'une nouvelle façon de concevoir et de pratiquer l'anthropologie.
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Quatre cents ans après sa mort paraît pour la première fois en France cet opuscule qui résume son itinéraire intellectuel : métaphysique, cosmologie et gnoséologie se mêlent aux savoirs ésotériques de son temps. La magie est ici considérée non pas comme un moyen d'opérer des prodiges, mais plutôt comme un e ort pour pénétrer l'ordre et le fonctionnement secrets de l'univers :
Ponctué d'images frappantes, abondant en anecdotes diverses, ce texte se livre aussi à une satire de la doctrine et des jugements de l'Église et de toutes les autorités usurpées.
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George Orwell est connu pour avoir écrit 1984 ou La Ferme des animaux, satires du totalitarisme. Il l'est moins pour la réflexion qu'il a menée sur la condition des gens ordinaires.
Bruce Bégout rend ici hommage à l'humanisme d'Orwell. Il y a, dans sa pensée, la combinaison inédite d'une lucidité pessimiste et d'une joie de vivre. En parcourant son oeuvre, il cherche à définir la notion de «décence ordinaire». La «common decency» serait ce «sens moral inné» qui incite les gens simples à bien agir. Orwell se demande quel rôle politique elle peut jouer.
Partisan de l'engagement, il déplore la résignation des gens ordinaires. Sans jamais tomber dans un sentimentalisme à la Dickens, il défend l'idée d'un socialisme utilisant cette décence comme arme politique. Il dénonce, par contraste, l'indécence extraordinaire des intellectuels qui s'affilient au pouvoir et les dérives d'un socialisme coupé du quotidien. S'ensuit une critique de l'évolution technique de la société occidentale et une analyse de la dérive du langage vers une novlangue.
Bégout dissèque ici un nouvel aspect du monde de la vie quotidienne qui nourrit toute sa réflexion. En mettant en évidence la place majeure de cette préoccupation chez Orwell, il nous offre une nouvelle lecture de son oeuvre et met en valeur la finesse de son jugement politique.
C'est qu'il y a dans cette vie, si banale soit-elle, une certaine justesse, voire parfois de vrais moments de grâce.
Disons-le clairement : ce n'est pas par simple intérêt que l'homme ordinaire répugne à faire le mal (l'éthique ne relève pas d'un calcul), mais parce qu'il a en lui certaines dispositions morales qui l'incitent à prendre soin spontanément de ses semblables.
De plus en plus, les gouvernements dépêchent des psychologues sur tous les lieux du drame social afin de masquer ses origines non psychologiques.
Ce n'est pas Orwell qui est désespéré, c'est le monde qui est, de plus en plus, désespérant.
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En une cinquantaine d'esquisses, qui ont la valeur de motifs aisément mémorisables, Jean François Billeter éclaire le moment historique actuel, la crise que nous traversons et le moyen pour tenter d'en sortir : la critique ne suffit plus, il faut des idées neuves, en particulier une façon juste de se représenter l'être humain et ses besoins. Ces esquisses forment un essai philosophique (car c'est de l'homme en tant que sujet qu'il s'agit) et politique. Elles s'inscrivent dans le prolongement des travaux précédents de l'auteur, mais constituent une proposition nouvelle, présentée avec la limpidité, la sobriété et la clarté dont Billeter est coutumier. Comme Un paradigme, c'est un outil de compréhension de soi et du monde, un livre à conserver, en toutes circonstances.
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La paresse comme vérité effective de l'homme
Kazimir Severinovitch Malevitch
- Allia
- Petite Collection
- 19 May 1998
- 9782904235900
Le travail doit être maudit, comme l'enseignent les légendes sur le paradis, tandis que la paresse doit être le but essentiel de l'homme.
Mais c'est l'inverse qui s'est produit. c'est cette inversion que je voudrais tirer au clair.
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Lieu Commun constitue le deuxième volet d'une trilogie entamée avec Zéropolis, vaste entreprise d'archéologie des significations du monde quotidien et urbain. L'essai de Bruce Bégout parvient à restituer la poésie de cet élément essentiel de l'imaginaire contemporain qu'est le motel, tout en en décortiquant le mythe. Loin de n'être qu'un échantillon de l'american way of life, le motel concrétise en effet de nouvelles formes de vie urbaine où la mobilité, l'errance et la pauvreté prennent une place prépondérante. À la croisée de l'économie, de l'architecture et de la fiction, ce qui se dévoile ici, c'est que cette forme particulière d'architecture a donné naissance à un homme du motel, dont les comportements annoncent de nouvelles formes de vie.
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Sur le modèle des Documents relatifs à la fondation de l'Internationale situationniste, ce volume rassemble, présentés et annotés par Gérard Berréby, tous les écrits, tracts, documents, monographies publiés entre 1957 et 1960 par les membres de l'Internationale situationniste et qui ne figurent pas dans la revue du même nom. On y trouve plusieurs textes de Debord restés jusqu'à présent inaccessibles comme les Remarques sur le concept d'art expérimental ou Préliminaires pour une définition de l'unité de programme révolutionnaire, ainsi que les tracts dont la violence est une des marques de l'IS (Aux producteurs de l'art moderne, Défendez la liberté partout). Mais surtout, ce volume permettra de découvrir quelques aspects ignorés de la production situationniste comme la revue de la section allemande de l'IS Spur, dont le graphisme révolutionnaire annonce tous les fanzines underground et les réalisations artistiques situationnistes, particulièrement importantes au cours de ces trois années, en particulier l'étonnante tapisserie d'Asger Jorn intitulée Le Long Voyage.
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Berlin est aujourd'hui le pôle sentimental d'un pèlerinage culturel alimenté par un folklore de la révolte et de la création. Jadis au coeur même de la guerre civile européenne, elle est devenue l'avant-poste d'une capitulation généralisée à la fiction de l'individu autonome comme « forme abstraite toute prête », structure qui pourrait endosser tous les contenus. La subjectivité fictive a trouvé là l'environnement idéal aux épanchements festifs de son ego hypertrophié. C'est ici que la culture absolue, avec sa production d'événements interchangeables, a fini par se substituer entièrement à la densité politique du territoire, à ses contradictions, à ses oppositions latentes. L'ordre et l'obéissance s'y confondent alors avec la liberté et le chaos.
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Dès son enfance dans le territoire minier du Hainaut en Belgique, Raoul Vaneigem développe une forte conscience prolétarienne et un esprit de révolte insatiable. Sa rencontre avec Guy Debord en 1961 servira d'exutoire à la rage qu'il contient. Il entre dans les rangs de l'Internationale situationniste, dont il relate avec entrain les fêtes, les déboires et les dérives. De cette épopée truffée d'anecdotes et illustrée de documents inédits, éclate la clairvoyance de ces jeunes fossoyeurs du vieux monde qui, entre autres, dénoncèrent, à rebours de l'opinion, les dérives des révolutions castristes et maoïstes. Vaneigem ne se départit jamais de son humour, encore moins quand il décrit l'échec de la drôle d'Internationale à laquelle il a participé avec une conviction chevillée au corps.
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Le mythe de l'homme derrière la technique
José Ortega Y Gasset
- Allia
- Petite Collection
- 7 January 2016
- 9791030400687
La technique représente l'ensemble des moyens par lesquels l'homme modifie le monde naturel. À ce titre, elle constitue aux yeux d'Ortega y Gasset un palliatif pour l'humanité malade de son imagination. Pour le philosophe, nous sommes ces «enfants de l'imaginaire», faculté chez nous si puissante qu'elle fait déborder nos désirs bien au-delà de notre capacité à les satisfaire. Et la technique entend être ce «gigantesque appareil orthopédique». L'homme s'exclut de la nature en cherchant à la transformer par la technique. Il se trouve perpétuellement en quête d'un monde autre, entièrement nouveau et capable de combler ses désirs. Ortega y Gasset renverse le paradigme du progrès, démontrant que le développement des civilisations humaines n'est que le symptôme de leur agonie.
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J. Péladan (1859-1918) se disait mage et imperator de la Rose-Croix, ordre cabalistique dont il forma un groupe dissident imprégné de catholicisme. Dans ce texte paru en 1891, celui qui se faisait appeler Sâr Mérodak, développe une théorie de la beauté et aborde les représentations plastiques de l'androgyne, mythe primordial dans les civilisations égyptienne, grecque et chrétienne.
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Dans ce court essai, Joseph Gabel, se propose d'intégrer un concept clé de la pensée marxiste, la réification, à l'analyse psychopathologique d'une forme de schizophrénie. L'application du concept de réification, issu de la philosophie politique, au domaine de la psychiatrie, apparaît comme une tentative de l'auteur visant à jeter des ponts entre des disciplines distinctes. Par son élaboration d'analogies fécondes, Joseph Gabel espère parvenir à l'élargissement des champs de recherche respectifs de chacune des disciplines auxquelles il fait appel.
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Dans ces entretiens, Jean-Michel Mension évoque les années qui le menèrent à participer, de 1952 à 1954, à l'existence chaotique et alcoolisée de l'Internationale Situationniste. Dans un Saint-Germain-des-Prés aujourd'hui disparu, en compagnie de Guy Debord, mais aussi d'autres figures moins connues et souvent fascinantes, on découvre un Paris interdit : celui des marges, des bistrots et des truands. Dans le récit de cette avantgarde subversive, entre art, liberté sexuelle et dérèglements de tous les sens, on assiste à la naissance d'une révolte qui embrasera, plus d'une décennie plus tard, la jeunesse de Mai 68. Il paraît dans une nouvelle édition, illustrée d'une iconographie renouvelée et augmentée de documents inédits.