Généralités sur l'art
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L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique
Walter Benjamin
- Allia
- Petite Collection
- 18 October 2011
- 9782844854438
Dès son titre, l'ouvrage annonce le tournant opéré par la modernité. Benjamin montre dans cet essai lumineux et dense que l'avènement de la photographie, puis du cinéma, n'est pas l'apparition d'une simple technique nouvelle, mais qu'il bouleverse de fond en comble le statut de l'oeuvre d'art, en lui ôtant ce que Benjamin nomme son "aura". C'est désormais la reproduction qui s'expose, mettant en valeur la possibilité pour l'oeuvre d'art de se retrouver n'importe où. Capacité à circuler qui la transforme en marchandise. Benjamin met au jour les conséquences immenses de cette révolution, bien au-delà de la sphère artistique, dans tout le champ social et politique. Avec le cinéma, c'est la technique de reproduction elle-même qui désormais produit l'oeuvre d'art. Là, c'est l'image de l'acteur qui devient marchandise, consommée par le public qui constitue son marché. La massification du public de ces oeuvres a servi les totalitarismes. D'où "l'esthétisation de la politique" encouragée par le fascisme et la "politisation de l'art" défendue par le communisme.
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Petite apologie de l'expérience esthétique
Hans Robert Jauss
- Allia
- Petite Collection
- 22 February 2007
- 9782844852380
Cette Petite apologie de l'expérience esthétique est le texte d'une
conférence claire et concise, prononcée en 1972. Jauss y entreprend de réhabiliter la notion de jouissance esthétique à la fois contre la notion vulgaire de simple plaisir, car la jouissance est inséparable de la connaissance, et contre les attaques des ascètes modernes qui voudraient exclure toute jouissance de l'art, conçu comme pure intellectualité. Car il est impossible de faire abstraction de la jouissance que provoque l'expérience esthétique, il faut au contraire la prendre comme objet de réflexion. C'est à ce prix qu'une telle expérience peut devenir libératrice et donner naissance à une forme
nouvelle de sociabilité. L'expérience esthétique est amputée de sa fonction sociale si elle reste enfermée dans le cercle vicieux de l'art qui ne renvoie qu'à lui-même.
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John Cage rencontre Marcel Duchamp en 1941. Trente après, il confie dans le présent entretien les souvenirs qu'il conserve de cet homme. Et c'est un véritable hommage d'un artiste à un autre artiste et un témoignage drôle et émouvant sur celui qui «prenait le fait de s'amuser très au sérieux». Les oeuvres de ces deux artistes s'offrent l'une l'autre dans un miroir inversé : Cage explique avec une grande clarté avoir voulu développer la dimension physique de l'écoute quand Duchamp voulait réduire cette dimension dans la peinture. Cage rapporte aussi des anecdotes, et notamment la rare fois où Duchamp a perdu son sang-froid, lui d'ordinaire si magnanime : une mémorable partie d'échecs, que Cage aurait dû gagner mais qu'il a perdue, ce qui a mis Duchamp dans une colère noire...
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Dans cette Petite Anatomie de l'inconscient physique ou anatomie de l'image, qui date de 1957, Bellmer s'est analysé lui-même avec une remarquable précision. On connaît peu d'artistes qui ont poussé l'introspection et l'exploration de leur inconscient à ce point de lucidité. Il commente, entre autres, les obsessions qui ont présidé à l'élaboration de la Poupée, en les confrontant notamment à l'exégèse freudienne de certains jeux de mots et à des expériences d'origine hallucinogène vécues par son ami poète Joë Bousquet.
L'ouvrage est illustré de 9 dessins érotiques de l'auteur.
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De 1899 jusqu'à sa mort, Karl Kraus (1874-1936) fut le fondateur, et parfois l'unique rédacteur, de Die Fackel (Le flambeau), revue lue par les plus grands (Musil, Wittgenstein ou encore Adorno). Les milieux intellectuels et les journalistes redoutent cette plume acerbe, admirée par Thomas Bernhard et à laquelle Walter Benjamin rend hommage dans cet essai lumineux. Kraus fut un fin limier du langage et a su faire apparaître « le journalisme comme l'expression parfaite du changement de fonction du langage dans le capitalisme avancé ». Mais Benjamin ne fait pas que commenter des idées, il dresse le portrait sans concession d'un dramaturge qui fut aussi son propre personnage : « «Shakespeare a tout prévu» ; en effet ! Il a surtout prévu Kraus lui-même. »
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C'est sur le ton de la confidence et avec simplicité que Marcel Duchamp se livre à Pierre Cabanne. Il retrace sa vie, celle d'un artiste qui n'a voulu ni plaire ni choquer.
L'honnêteté de ses réponses n'exclut pas les pirouettes et les traits d'ironie. Après l'abandon de la peinture, l'auteur du ready-made s'intéresse au mouvement et à l'optique. Il a aussi cherché à «capturer le hasard» et à se détacher du pouvoir rétinien de l'oeuvre. Surtout, il n'hésite pas à avouer sa «paresse énorme», bien qu'il soit un touche-à-tout et un bricoleur sans égal. Ce témoignage authentique, parfois déconcertant, sur cette «vie de garçon de café» permet de pénétrer l'oeuvre mais aussi ses dessous. Car les amitiés et relations amoureuses sont loin d'être innocentes pour comprendre ce Grand Perturbateur.
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Inventé entre 1813 et 1829, le daguerréotype permet de fixer des images de la chambre noire sur des plaques d'argent sensibilisées à la vapeur d'iode. Le procédé promet d'emblée une fabrication mécanisée des images, confortant une foi largement partagée à l'époque dans le progrès industriel.
Inventeur du Diorama en 1822, reconnu comme un maître du trompe-l'oeil, Daguerre n'était toutefois pas jugé sérieux aux yeux des membres de l'Académie des Beaux-Arts. Raison pour laquelle, Arago, quand il défend l'invention de Daguerre devant la Chambre des députés en juillet 1839, précise l'éventail de découvertes scientifiques dont ce procédé révolutionnaire peut être à l'origine. À la portée de tous, le daguerréotype, à michemin entre l'art et la science, incarne alors un nouvel égalitarisme.
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La déshumanisation de l'art
José Ortega Y Gasset
- Allia
- Petite Collection
- 2 October 2014
- 9782844859358
Jean Cassou disait d'Ortega y Gasset qu'il ne craignait pas la frivolité, voire la recherchait.
Ce n'est pas le moindre des paradoxes, quand on lit ce texte-ci, mélange de critique « sérieuse » et de fascination-répulsion pour un art devenu aux yeux de l'auteur futile. L'auteur s'attaque à une tendance de l'art de l'époque (ce texte est publié pour la première fois en 1925) à éliminer la fi gure humaine de ses sujets au point de devenir autocritique, voire un jeu entre artistes. Cela conduit à le rendre impopulaire. Dégagé du sérieux et de tout pathos , l'art perd sa transcendance au profi t de la superfi cialité, du divertissement. Il est le symptôme d'une crise culturelle, qui annonce la décadence d'une société de plus en plus tournée vers le spectacle.
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L'art abstrait n'est pas né de l'art. Mais d'un contexte. Il émerge au moment où les conditions matérielles et psychologiques de la culture moderne connaissent une profonde mutation. Pour Schapiro, l'art abstrait n'est pas une révolte contre les mouvements artistiques précédents, mais une réaction, entre autres, aux transformations technologiques, qui métamorphosent notre rapport à la représentation. Puisant ses exemples dans différents mouvements artistiques, de l'impressionnisme aux avant-gardes historiques, Schapiro met au jour des aspirations humaines fondamentales, intimement liées à l'histoire. Cependant il montre également, par la voix des artistes, l'intimité de ce contexte avec lintériorité. L'uvre de Kandinsky est certes une lutte contre le matérialisme de la société moderne, mais provient aussi de cette "nécessité intérieure" par laquelle l'artiste, présenté comme le premier peintre abstrait, rejoint la quête expressionniste. Schapiro prend ici le contre-pied des penseurs de son époque, promoteurs du critère de la nouveauté purement artistique et du dualisme manichéen abstraction/figuration. L'art abstrait est au contraire une matière généreuse envers les autres disciplines et a permis de reconsidérer les autres arts, primitifs, les dessins d'enfants ou ceux des aliénés.
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On ne connaissait pas jusqu'à présent en France les réflexions esthétiques de Günther Anders. Dans ce domaine comme dans les autres il se montre encore une fois hérétique. Son George Grosz, qui n'a rien d'un essai traditionnel d'historien de l'art est sans conteste l'étude la plus pénétrante consacrée
au peintre berlinois, célèbre pour la cruauté de ses dessins. Les historiens de l'art ont généralement méprisé l'oeuvre de Grosz à partir des années 30 et de son exil aux États-Unis. Anders montre au contraire la profonde unité de cette oeuvre marquée par un pessimisme absolu et dont il montre de façon
convaincante qu'elle est l'une des plus importantes du siècle.
Mais ce texte bref va bien au-delà : dans un style qui va droit à l'essentiel, ce sont les questions les plus fondamentales de l'art moderne qui sont ici passées au crible de la réflexion iconoclaste d'Anders : celle de la figuration, de la force politique d'une oeuvre, du rôle véritablement démiurgique du créateur.
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L'on connaît de Malévitch, auteur du Carré blanc sur fond blanc, son oeuvre de peintre. L'on connaît moins ses écrits, ceux d'un théoricien hors pair. Ces productions sont pourtant indissociables, comme le montre le présent volume, première édition intégrale des écrits de Malévitch, dans une traduction revue de Jean-Claude Marcadé. Ces écrits débutent en 1913 pour prendre fin en 1930. Manifestes, cours et traités éclairent le cheminement intellectuel de l'artiste et ce qui l'a conduit au suprématisme. L'auteur pose un regard subtil sur l'oeuvre de Cézanne, de Van Gogh et de Monet, et apparaît comme un éminent pédagogue. En venir à peindre un Carré blanc sur fond blanc, premier tableau achrome de l'art moderne, véritable icône au plein sens du terme, devient une évidence logique.
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L'évolution de l'art vers l'immatériel
Yves Klein
- Allia
- Petite Collection
- 3 September 2020
- 9791030412567
Le 3 juin 1959, Yves Klein donne une conférence à la Sorbonne : "L'évolution de l'art vers l'immatériel". Porte d'entrée idéale vers son oeuvre et sa biographie, ce texte révèle les motifs constitutifs de son oeuvre: le rituel, la couleur, le vide, le judo, le ciel et le feu... Au-delà de la provocation et la performance, il élabore une théorie autant poétique que spirituelle d'un art sans limites, à l'instar du travail d'un John Cage sur le silence.
Nombre des pistes esquissées ici aboutiront dans les années suivantes. Yves Klein élaborera par exemple une Architecture de l'air, ou encore délivrera des reçus aux acquéreurs d'oeuvres immatérielles. Avant de mourir, il confie à un ami : "Je vais entrer dans le plus grand atelier du monde. Et je n'y ferai que des oeuvres immatérielles."
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Liquidation de l'art rassemble les premiers écrits de Teige, dans lesquels il proclame une culture poétiste de la quotidienneté dans laquelle l'homme est la mesure de toute chose. Délaissant son ambition de devenir peintre, Teige pressent que la photographie, le cinéma et ce qui sera bientôt appelé l'art cinétique sont les médias démocratiques par excellence. Très en avance sur son époque, il prône une culture populaire, un idéal social fondé sur ce qu'il appelle la « loi de l'antagonisme », tension dialectique des opposés. Ces premiers textes sont ainsi marqués par une double esthétique, unifiant non seulement la poésie et l'art mais aussi la poésie et l'architecture, synthèse résumée dans cet aphorisme : « Le constructivisme est la base du monde. Le poétisme est le couronnement de la vie. » L'ouvrage concentre toute l'énergie inventive et attentive aux transformations du monde moderne d'un homme reconnu comme l'un des plus grands hommes d'idées de l'époque moderne. Celui qui sera ensuite surnommé le « Breton tchèque », devenant le porte-parole du surréalisme en Tchécoslovaquie, aura d'abord été un passeur des idées modernes et avant-gardistes dans toute l'Europe de l'entre-deux-guerres.
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Dans Le Mythe tragique de l'Angélus de Millet, écrit en 1938, Dalí applique son procédé d'interprétation paranoïaque-critique au tableau de Jean-François Millet, l'analysant en termes d'associations personnelles, irrationnelles et obsessionnelles, produites par les éléments distincts qui le composent. Il renverse ainsi complètement les analyses habituelles de ce maître naturaliste, peintre de la vie paysanne française. Dalí décrit en effet tout un réseau de significations cachées, qui feraient basculer le tableau dans le plus complet érotisme. Pour lui, la fourche plantée dans la terre, avec une avidité résolue pour la fertilité, signifie la pénétration sexuelle. Mais elle évoque aussi le scalpel employé pour la dissection...
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La morale des lignes
Mecislas Golberg, André Rouveyre
- Allia
- Moyenne Collection
- 5 October 2017
- 9791030407532
En s'inspirant des dessins d'André Rouveyre, Golberg écrit un véritable traité d'esthétique de portée générale. Sa Morale retrace une sorte de généalogie intellectuelle de la ligne qui annonce les recherches formelles du cubisme. Golberg réclame un langage visuel nouveau et défend la simplification des formes. De ce processus d'abstraction avant l'heure, il souhaite un renouvellement de l'art. Résolument moderne, sa pensée dialogue volontiers avec la tradition, poursuivant un raisonnement dialectique qui fait tout l'intérêt de son ouvrage. Et les artistes ne s'y sont pas trompés, tant ils sont nombreux, Picasso en tête, à se réclamer de cette pensée. Précurseur et inspirateur, Golberg aborde là la déformation par simplification, le rire, la géométrie, la spiritualité même de la ligne.
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L'ensemble d'essais "L'Art est en danger" de George Grosz et Wieland Herzfelde a paru aux éditions Malik Verlag à Berlin, en 1925. Il donne son titre à ce volume qui comprend également "La canaille de l'art" de George Grosz et John Heartfield et enfin "Sur le photomontage" du militant et philosophe Günther Anders.
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" Sur l'exhortation de Michel-Ange, la Nuit leva alors la tête et se mit à bouger.
" Ernst Kris et Otto Kurz
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Avec un humour constant, une ironie un rien désabusée, Piet de Groof revisite l'histoire de l'avant-garde en Belgique, dont il fut l'un des actifs protagonistes. Editeur d'une petite revue de poésie, Tapt?, ce qui signifie aussi bien couvre-feu que fanfare militaire, il participe à l'activité de la galerie du même nom, qui exposera Asger Jorn, Maurice Wyckaert ou Walasse Ting. Discret mais constamment au front, Piet de Groof accompagne avec passion le travail des artistes. On découvre les péripéties rocambolesques qui accompagnèrent l'exposition de Jorn à Bruxelles, dont il transporta les toiles en contrebande, ou des portraits tantôt chaleureux, tantôt mordants de figures célèbres comme Christian Dotremont, Hugo Claus ou Pierre Alechinsky. Mais aussi quantité d'autres, moins connus, comme Reinhoud, Roel d'Haese, Hugues C. Pernath, Paul Snoek, Serge Vandercam, qui tous contribuèrent à l'effervescence régnant en Belgique dans ces années-là. On plonge dans les coulisses du scandale organisé à Bruxelles par les situationnistes à l'occasion de l'assemblée de l'Association Internationale des Critiques d'art en 1958. C'est à Piet de Groof que fut confié le soin de lancer un tract injurieux sur cette respectable assemblée et il y fit preuve d'un savant savoir-faire en matière de propagande. Cependant, il fut peu après ce haut fait «relevé de ses fonctions» au sein de l'Internationale situationniste. M ais l'ambiguïté du personnage ne laissera pas néanmoins d'intriguer Debord. Volubile, le général ne se contente pas d'enchaîner anecdotes et portraits. On trouvera dans son livre des analyses passionnantes sur la peinture, le rôle fondamental de James Ensor dans la modernité, sans compter quelques réflexions pointues sur les mérites comparés de différents avions de chasse. Composé comme un entretien au long cours, cet ouvrage est aussi un montage visuel riche de documents et d'images méconnus. Une autre manière de retracer un destin personnel comme d'écrire l'histoire.
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Paru en 1970, Sensorialité excentrique est le dernier livre publié par Hausmann de son vivant, alors que, installé à Limoges depuis la guerre il commence, après une longue période d'oubli à recevoir les témoignages d'admiration des jeunes générations (des situationnistes aux poètes sonores). Si l'ouvrage est bref, il n'en est pas moins d'une ambition immense : il ne s'agit pas moins que
d'ébaucher une nouvelle conscience psychologique et sociale en faisant table rase de deux mille ans d'histoire. C'est à l'homo sapiens en tant que tel que s'attaque Hausmann, qui n'a rien perdu de la radicalité de ses années dada. C'est lui en effet qui, à ses yeux a inventé la dictature capitaliste et restreint nos connaissances à un niveau purement matérialiste, empêchant l'évolution
d'un type humain doté de capacités cérébrales et sensorielles plus universelles. L'homme nouveau sera muni d'une « sensorialité excentrique », une sorte de sixième sens, d'une énergie mentale transcendant les limites du corps et de l'esprit. En ce sens, Sensorialité excentrique est à la fois une utopie et une critique impitoyable et foncièrement pessimiste de la civilisation dite moderne et du mythe du progrès.
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Nouvelle methode pour assister l'invention dans dessin
Cozens/Alexander
- Allia
- 27 April 2005
- 9782844851789
La Nouvelle méthode pour assister l'invention dans le dessin fut publiée par Cozens en 1785. C'est l'ouvrage qui restitue le mieux l'originalité de son approche de la peinture. Avec plus d'un siècle d'avance, il érige l'accident en modèle, imaginant des compositions dessinées à partir de simples taches d'encre jetées sur le papier. Le hasard fait surgir les idées et donne naissance à une composition originale. Le peintre n'imite plus la nature : il crée lui-même des paysages. Quasi inconnu au XIXe siècle, l'ouvrage de Cozens reparut
dans les années 1920, et est considéré depuis lors comme un texte fondateur de l'art moderne. Les nombreux exemples de paysages créés à partir de taches reproduits dans ce volume permettent de mesurer à la fois l'audace et la fécondité de la méthode mise au point par Cozens.
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"Nous avons lié l'art à la vie. Après un long isolement des artistes, nous avons appelé la vie à voix haute et la vie a fait irruption dans l'art, il est temps que l'art fasse irruption dans la vie." Ce volume rassemble - dans une nouvelle traduction et avec de nombreuses illustrations - les différents manifestes artistiques publiés par Larionov dans les années dix. L'ensemble témoigne de l'extraordinaire ébullition intellectuelle qui a agité la Russie à cette époque. Tous, "futuristes", "rayonnistes" ou "aveniriens" remettent en cause l'art occidental, nouveau ou ancien et appellent à "l'irruption de l'art dans la vie".
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A cosio, j'avais proposé de faire une exploration psychogéographique de venise.
Le projet était de créer un tracé qui montre des quartiers où personne n'allait et qui sont tout à fait autres que le grand canal. l'idée consistait à déspectaculariser venise en suggérant des parcours inédits. la psychogéographie se préoccupe du rapport entre les quartiers et les états d'âme qu'ils provoquent. venise, comme amsterdam et le paris d'antan, se prête à plusieurs possibilités de dépaysement.
Ralph rumney.
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Que se vérifient de nouvelles conditions et que se posent de nouveaux problèmes, cela implique, outre la nécessité de nouvelles solutions, de nouvelles méthodes et de nouvelles mesures ; on ne s'arrache pas à la terre en courant ou en sautant ; il faut des ailes ; des modifications ne suffisent pas, la transformation doit être intégrale.
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Il existe plusieurs versions du De Pictura. Rédigé d'abord en toscan en 1435, Alberti le reprit et l'améliora entre 1439 et 1441 lorsqu'il le traduisit en latin. C'est cette version, la plus complète, que nous donnons ici, accompagnée d'un appareil critique et d'une iconographie qui rendent justice à ce traité qui, depuis plus de cinq siècles constitue une référence majeure de la réflexion esthétique. L'ouvrage est divisé en trois parties : la première est consacrée à l'artifice au service de la peinture. Alberti y fait passer le fruit de ses recherches en optique dans le champ pictural et expose les lois de la perspective géométrique, dont l'application allait révolutionner la peinture. Il définit en termes mathématiques les lignes, les angles et les surfaces. La seconde s'attache à l'art du peintre. Alberti y traite de la circonscription, de la composition et de la réception des lumières. Il reconnaît quatre couleurs fondamentales, le rouge, le bleu, le vert, le gris, qu'il compare aux quatre éléments. La dernière pose les bases de la réflexion sur le statut nouveau de l'artiste qui va se dessiner au cours du Quattrocento. Ainsi, avec le De Pictura, Alberti a formulé, ordonné et explicité, dans un langage théorique et communicable, un grand nombre de données fondamentales en peinture, ouvrant une ère nouvelle à la fois pour la définition du beau et la place des artistes au sein de la cité. Son traité, qui introduit l'esprit rationaliste dans l'esthétique, marque la sortie de l'ère proprement religieuse. Mais, tout en expliquant comment le beau répond à certaines lois bien précises, jamais Alberti ne perd de vue que la fin de la peinture est avant tout la délectation individuelle.