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tristan garcia
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Qu'est-ce qu'une chose ?
Abattant les dernières barrières philosophiques qui circonscrivaient le champ des choses, ce Traité considérera sur un plan d'égalité une table, un silex taillé, un quark, un gène, une personne humaine, le mot « vérité », une robe rouge, la couleur d'un tableau abstrait, un tiers de branche d'acacia, l'espèce chimpanzé, cinq secondes, un rite de passage, l'inexistence d'un fait ou un cercle carré. Voilà les choses qui sont aujourd'hui les nôtres : un tohu-bohu de réel, de possible, de matière, de mots et d'idées. Face à ce paysage nouveau, ce Traité ne propose ni une phénoménologie réinventée, ni une analyse du concept de « chose », ni une pensée critique de la réification. Il invite plutôt à prendre le large pour une toute autre aventure théorique. Il suggère d'explorer d'abord notre monde comme s'il était vraiment plat, en lui ôtant toute détermination, toute intensité, tout relief.
Dans un second temps seulement, à l'aide de concepts forgés dans cette pauvreté ontologique radicale, il invite à retrouver la possibilité d'un univers, c'est-à-dire l'ensemble de choses non plus seules, mais les unes dans les autres. Le désert formel se transformera en encyclopédie luxuriante de nos objets contemporains, de leur ordre et de leur désordre. Ainsi verra-t-on se dessiner les grandes querelles actuelles sur le classement des objets autour de nous, des objets en nous et de nous-mêmes en tant qu'objets : par parties, par espèces, par genres ou même par âges. Comment découper les choses pour vivre parmi elles et en être une soi-même ?
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Empruntant à toutes les traditions, du marxisme au fascisme, de la pensée libérale à la pensée réactionnaire, du féminisme, de l'anticolonialisme, de l'éthique animale ou de l'écologie profonde au fondamentalisme religieux, Tristan Garcia propose ici un modèle original des identités politiques et tente d'élucider notre condition embrouillée.
De ce « nous », perçu comme une superposition de calques, de plans transparents de notre imaginaire, sur lesquels nous prétendons tous découper l'espace social en espèces, en genres, en races, en classes ou en générations, pour nous y situer, ressort ici un portrait inédit et vivant de ce que nous sommes, une identité dynamique qui s'étend et se replie sans cesse.
Un essai exigeant et puissant. Télérama.
Un des jeunes philosophes les plus intéressants de sa génération. Les Inrocks.
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Pierre Huyghe. liminal
Tristan Garcia, Pierre Huyghe, Patricia Reed, Anne Stenne, Chiara Vecchiarelli
- Dilecta
- 14 June 2024
- 9782373722055
À l'occasion de la grande exposition de Pierre Huyghe qui ouvrira au printemps 2024 à Punta della Dogana (Venise), les Éditions Dilecta, associées à Marsilio et à Pinault Collection, publient une ample monographie retraçant toute la carrière de l'artiste, des années 1990 à nos jours. Né à Paris en 1962, Pierre Huyghe étudie à l'école nationale supérieure des Arts décoratifs de 1982 à 1985. Son travail a été exposé dans de nombreux musées et à l'occasion d'événements internationaux comme la Biennale de Venise et la documenta de Cassel. L'artiste semble avoir fait sienne la phrase du philosophe Michel de Certeau selon lequelle « la fiction est un moyen de saisir le réel ». Depuis le début des années 1990, il réinvente les moyens de création et interroge les liens multiples entre oeuvre, spectateur et réalité. Par-delà leur grand éclectisme formel (vidéos, performances, objets ou photographies), ses oeuvres partagent de mêmes questionnements. La relation au temps et à la mémoire collective sont parfois explorées au travers d'expositions, véritables modes d'expression, qui dévoilent les dessous de la création. Les oeuvres de l'artiste sont conçues comme des « initiateurs d'événements » : « Il s'agit d'exposer quelqu'un à quelque chose, plutôt que quelque chose à quelqu'un. » Figure majeure de l'interrogation des rapports au non humain dans l'art, Pierre Huyghe adopte, dès ses premières oeuvres, une autre perspective que celle de l'humain pour laisser apparaître quelque chose hors de notre compréhension, hors de notre possibilité d'en faire l'expérience. Pierre Huyghe remet en question notre perception de la réalité et propose, par la construction d'autres possibles, d'être comme étrangers à nous-mêmes. Pour Pierre Huyghe, le rituel de l'exposition est une rencontre avec un milieu sensible où s'opèrent de nouvelles possibilités d'interdépendance entre les événements et les éléments qui s'y déploient. Ses oeuvres sont conçues comme des fictions spéculatives et se présentent souvent comme une continuité entre plusieurs formes d'intelligences qui apprennent, se modifient et évoluent au cours de l'exposition. À Punta della Dogana (Venise), l'artiste réalise sa plus grande exposition à ce jour : il transforme le lieu en un environnement dynamique, un état transitoire dans lequel le temps et l'espace, comme tout ce qui y pénètre, visible ou invisible, font partie intégrante de la constitution des oeuvres. L'exposition est le lieu de formation de subjectivités, qu'elles soient sans corps ou incarnées ; elles circulent et se manifestent de façon imprédictible à travers les oeuvres, qui sont autant de relais sensibles. Un langage inconnu - sans fin et sans destinataire, habitant des voix, des gestes, des images - s'y invente et génère de nouvelles situations, réelles ou fictionnelles. Peuplée d'entités inhumaines, humaines et non humaines, affectée par des phénomènes naturels ou artificiels, l'exposition explore, en temps réel, les conditions pour que différentes entités coexistent, parfois même s'hybrident, sans distinction hiérarchique ni détermination spécifique.
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Camille Henrot propose une version « augmentée » d'un catalogue des collections préhistoriques du musée d'anthropologie d'Alger édité dans les années 50. Elle y a inséré des photographies couleur d'objets trouvés dans son atelier ou collectés sur e-bay, mais aussi des découpages, des dessins et des phorographies érotiques amateurs.
Les raccourcis visuels et historiques qu'elle provoque par ces superpositions révèlent comme une évidence les liens qui unissent les temps présents aux origines.
Du silex au téléphone portable, des connections s'établissent, des récits possibles émergent qui esquissent une histoire de l'humanité et des formes.
Ces associations suggèrent que les outils empruntent aux formes biologiques et à la manière dont le corps fonctionne. Les formes des armes sont inspirées de la sexualité et les outils pour tuer deviennent des outils pour façonner. Ce passage de l'érotisme à la guerre, puis à la technologie laisse supposer que l'outil est façonné par un imaginaire conditionné par le désir sexuel. Ainsi, cette préhistoire de la technologie devient une anthropologie des phantasmes.
La mise en page et les textes du livre initial ont été scrupuleusement conservés, comme un fac-similé « augmenté » des interventions de l'artiste. Dans sa conception même, Collections préhistoriques rend compte du processus de création de l'artiste.
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tous les titres sont organisés autour d'une structure commune : des repères, rappelant le contexte historique des concepts et des textes étudiés.
- des grandes "thématiques'', indispensables à la compréhension du thème ou au commentaire éclairé des textes au programme ; une synthèse offrant des pistes de réflexion personnelles et originales. - des outils méthodologiques, notamment bibliographiques ; un système de circulation entre les fiches et les références bibliographiques.