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erik bullot
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Si Fernando Pessoa a laissé dans sa malle prodigieuse quelques esquisses de films, mené des projets chimériques de production, au bord de la rêverie, son oeuvre reste assez éloignée du cinéma au sens strict. Les allusions sont rares et ténues. Pourtant une lecture attentive nous permet d'observer les relations fulgurantes entre sa poétique et le septième art, révélant combien la multiplicité des hétéronymes, sa conception prophétique du temps, le rappel du rêve rencontrent des coïncidences troublantes avec l'art des images animées. Ces points de contact, ces fusées, montrent à quel point le cinéma est chez lui le lieu d'une sorte de cristallisation ontologique paradoxale dont la figure la plus troublante est celle de la négation.
Tout en ménageant une « légère aura poétique d'incompréhension », selon le conseil donné par le poète lui-même au critique, cet essai, qui alterne interprétation du texte et analyse de films tirés de son poeuvre, propose une réflexion sur les possibles et les impossibles du cinéma. -
Pour cet ouvrage, Érik Bullot s'est inspiré de notes et de fragments sur le devenir du cinéma du poète Saint-Pol-Roux (1861-1940), écrits dans les années 1930, réunis et publiés par Gérard Macé en 1972 sous le titre Cinéma vivant.
L'ouvrage d'Érik Bullot est composé en trois parties : un essai principal sur le cinéma mental et imaginaire en vingt-quatre images ; un portfolio de 12 images produites par l'IA et un court essai sur l'anti-cinéma. L'auteur emmène son lecteur avec beaucoup de finesse de la préhistoire du septième art (Daguerre) à son histoire (Lumière), pour terminer avec une proposition de post-histoire du cinéma. Par l'insertion de la série de douze photographies, produites en 2024 avec l'intelligence artificielle générative, Erik Bullot se propose d'illustrer le programme visionnaire de Saint-Pol-Roux et ouvre ainsi un dialogue entre les générations et les techniques.
Une certaine actualité en 2025 permettra d'accompagner la sortie de l'ouvrage. En janvier, s'ouvrira une exposition personnelle, Voyages en kaléidoscope, de l'artiste au centre d'art contemporain Le Tanneries, Amilly, où sera présentée sa série de photographies générées par l'intelligence artificielle. Cette série sera également montrée dans l'exposition, Le Monde selon l'IA, au Jeu de Paume du 11 avril au 21 septembre 2025. -
La figure du ventriloque accompagné de sa marionnette sur les genoux est contemporaine de l'invention du cinéma. Simple coïncidence ? Son art, remarquons-le, s'inscrit dans l'histoire des médias techniques qui ont dissocié le corps de la voix, qu'il s'agisse du phonographe ou du téléphone, actualisant les puissances de la voix acousmatique. Curieusement le ventriloque apparaît à l'écran dès l'âge du muet en jouant sur le registre de l'étonnement et de l'inquiétude par des effets de dissociation et de dédoublement. Nombreux sont les films qui explorent sa personnalité insolite, ambivalente, en proie au larcin, à la simulation, au désordre psychique.
Au-delà de la présence littérale du ventriloque, on peut observer un usage plus métaphorique de la ventriloquie dans les effets fantastiques de la voix dissociée, le rôle du bonimenteur ou du traducteur, le contrepoint du visuel et du sonore. Autant de stratégies qui permettent, en dénudant le procédé cinématographique, en renversant le principe d'autorité, de donner à entendre des voix dissidentes.
Sans doute la ventriloquie trouble-t-elle l'opposition par trop schématique de la lettre et de la métaphore au gré de ses jeux de symétrie et de réversibilité. Qui est le ventriloque de qui ? Le critique est-il le ventriloque du film, ou l'inverse ? Ne sommes-nous pas devenus désormais les ventriloques de l'histoire du cinéma ?
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Notes, souvenirs et séquences de choses vues
Raoul Ruiz
- Dis Voir
- Cinéma - Fictions
- 10 August 2022
- 9782381620053
Une méditation sur le cinéma et sa fabrication : le Journal de Ruiz, miroir nomade du cinéaste entre 1990 et 2011, marque une nouvelle étape de sa vie et de sa carrière, caractérisée par des productions plus ambitieuses mais aussi par une désillusion concernant l'évolution du cinéma.
Notas, recuerdos y secuencias de cosas vistas, ici traduit en version française, réunit des extraits du Journal de Ruiz écrit en espagnol entre 1990 et 2011. Ruiz observe avec tristesse, au vu du montage financier de ses projets toujours plus difficile et chaotique, les transformations du paysage audiovisuel s'éloignant à jamais de ses rêves d'un cinéma artisanal, non industriel, d'inspiration chamanique, exposés dans sa Poétique du cinéma.
Cette sélection d'extraits du Journal réunis ici par Bruno Cueno et Érik Bullot - tous deux aussi amis de Ruiz - que constituent Notas, recuerdos y secuencias de cosas vistas expose sa pensée et le développement de la mise en pratique de sa Poétique définissant de nouvelles conceptions du temps, de la mémoire et des manières de faire du cinéma. « De cette façon, je développerais les idées de Poésie du Cinéma (...) J'essaie d'expliquer - de m'expliquer - le fonctionnement des fictions dans le film. De quelle manière elles s'articulent pour permettre, multiplier et intensifier la circulation des images réelles et mentales. (...) Peu à peu, douloureusement, une nouvelle méthode de filmer, radicalement différente de toutes celles qui circulent, commence à prendre une forme. » Un tel témoignage de cinéaste sur sa manière de faire du cinéma est plutôt rare. On connaît ceux de Jean Cocteau lors du tournage de La Belle et la Bête ou ceux d'Andreï Tarkovski ou Yasujirô Ozu. Ruiz, avec les traductions de Notas, recuerdos y secuencias de cosas vistas, accompagnées de notes établies par Bruno Cuneo et d'une préface d'Erik Bullot, constitue ainsi une contribution précieuse à l'histoire du cinéma.
Ces traductions s'inscrivent dans la suite de Poétique du cinéma 1 et Poétique du cinéma 2, ses premiers recueils d'essais sur le cinéma devenus incontournables dans le paysage de la culture contemporaine, à la recherche de nouveaux modes narratifs comme outils d'appréhension du monde d'aujourd'hui, des manifestes qui proposent de nouvelles manières de filmer, d'écrire et de concevoir les images. -
Cinéma Roussel : pour un cinéma roussellien
Erik Bullot
- Yellow Now
- Cote Cinema
- 22 October 2021
- 9782873404796
L'univers singulier d'un écrivain rencontre parfois des échos inattendus dans des films qui lui sont a priori étrangers. C'est la thèse paradoxale de ce livre, inspiré par l'oeuvre énigmatique de Raymond Roussel, admiré des surréalistes. Révélés de façon posthume, ses procédés d'écriture, basés sur la stricte permutation des lettres, favorisent curieusement un imaginaire visuel féerique et fabuleux.
Si ses livres ne connurent pas d'adaptations au cinéma, leur influence secrète et latente transparaît en revanche, à la manière d'un fil rouge, dans de nombreux films. Il suffit pour l'observer de prêter attention à l'affleurement de figures poétiques chez des cinéastes qui opèrent des courts-circuits entre les mots et les images sous les motifs de la permutation (Buñuel, Greenaway, Ruiz), du rébus (Frampton, Smith, Snow), du double (Chaudouët, Duras, Fitoussi, Rivette) ou de la métamorphose (Maddin, Ottinger, Quay, Švankmajer).
D'où l'hypothèse d'un cinéma roussellien, à la croisée de l'expérimentation plastique et de l'invention narrative, caractérisé par une certaine dissipation figurative, quasi pyrotechnique.
« Et je me réfugie, faute de mieux, dans l'espoir que j'aurai peut-être un peu d'épanouissement posthume à l'endroit de mes livres », écrivit Roussel, ingénu, en guise de consolation.
Cinéma Roussel se propose d'offrir à l'écrivain un peu d'épanouissement posthume à l'endroit de ses films virtuels.
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Roussel et le cinema
Erik Bullot
- Nouvelles Editions Place
- Le Cinéma Des Poètes
- 4 March 2020
- 9782376280613
Découverte et louée par les surréalistes, l'oeuvre du poète et écrivain Raymond Roussel ouvre un pan de la modernité artistique et littéraire à l'orée du vingtième siècle, de Marcel Duchamp à Georges Perec. Étudier les relations entre Roussel et le cinéma relève toutefois d'une gageure. Il n'est pas sûr que l'écrivain soit jamais entré dans une salle de cinéma. Mais les fictions rousselliennes multiplient les références aux jeux d'optique, au dispositif de la projection, aux tableaux vivants. Ses poèmes (La Vue, Nouvelles Impressions d'Afrique) court-circuitent les relations entre le mot et l'image à travers un usage explosif de la description. Le gala des Impressions d'Afrique est accompagné d'un discours explicatif qui rappelle le cinéma des premiers temps et la présence du bonimenteur. Les scènes de Locus Solus sont autant de boucles narratives, énigmatiques et transparentes, à la manière d'un cinéma vivant.
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Sortir du cinéma ; histoire virtuelle des relations de l'art et du cinéma
Erik Bullot
- Musee D'Art Moderne Et Contemporain De Geneve
- 1 February 2013
- 9782940159536
Une enquête sur les relations entre le champ du cinéma, dans son histoire et son devenir, et celui de l'art.
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Renversement 1 : notes sur le cinéma
Erik Bullot
- Paris Experimental
- Sine Qua Non
- 2 November 2009
- 9782912539397
À l'heure du cinéma d'exposition et de la diffusion des films sur les écrans domestiques de l'ordinateur ou du téléphone mobile, le cinéma semble être l'objet d'une profonde transformation.
Est-il renversé, au sens d'une fin de règne, par de nouveaux médias et de nouvelles pratiques, ou inverse-t-il, en termes dialectiques, ses propres éléments en vue de sa relève ? " L'envers vaut l'endroit ", écrit Jean Epstein dès les années vingt. Curieusement, le motif du renversement, qu'il soit optique, plastique, dramatique, structurel ou musical, a longtemps hanté l'histoire du médium.
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Le film et son double ; boniment, ventriloquie, performativité
Erik Bullot
- Musee D'Art Moderne Et Contemporain De Geneve
- 1 October 2017
- 9782940159932
Le Film et son double explore l'hypothèse du cinéma performatif, à savoir la façon dont le cinéma peut s'actualiser en dehors de son dispositif technologique traditionnel, notamment par la parole. L'ouvrage s'essaie à définir des catégories comme celles du film papier, du film script ou du film conférence, à l'aide d'oeuvres du cinéma moderne, expérimental, du lettriste et de l'art contemporain.
Déplacé de la salle à l'écran de l'ordinateur, dissocié de son dispositif technologique traditionnel, le film rencontre aujourd'hui de subtiles métamorphoses. Il semble persister sous son avatar numérique à la manière d'une promesse, d'un fantôme ou d'un double. On observe en effet dans le champ du cinéma expérimental et de l'art contemporain de nombreuses stratégies artistiques qui tentent de remplacer le film par un simple énoncé sous la forme de conférences illustrées, de lectures ou de performances. Peut-on faire un film avec des mots ?
Faisant suite à Sortir du cinéma, publié par le MAMCO en 2013, Le Film et son double se propose d'étudier le devenir performatif du cinéma à travers cinq catégories spéculatives : le film papier, le film script, le film conférence, le film boniment, le film mouvement. Un film peut-il exister sous la forme d'un collage ou d'une suite visuelle ? Le script peut-il se substituer à l'oeuvre ? Une conférence est-elle un film performatif ? Peut-on pénétrer dans l'écran pour raconter une fable ? Les mouvements sociaux d'occupation des places relèvent-ils du cinéma vivant ?
Au fil de cet ouvrage sont étudiées des oeuvres du cinéma classique (Sacha Guitry) ou moderne (Marguerite Duras, Jean Eustache, Marcel Hanoun), du champ expérimental (Hollis Frampton, Isidoro Valcárcel Medina) ou du mouvement lettriste (Isidore Isou, Roland Sabatier) ainsi que des performances d'artistes contemporains (Tony Conrad, Rabih Mroué, Peter Miller). Deux études consacrées respectivement aux apports du lettrisme et à la disparition du projectionniste complètent cette enquête. Le cinéma à venir sera-t-il performatif ?
Cinéaste et théoricien, Erik Bullot (né en 1963) a réalisé plus d'une vingtaine de films, à mi-chemin du film d'artiste, du documentaire et du cinéma expérimental.
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De nombreuses performances artistiques aujourd'hui se proposent de remplacer le film par son énoncé sous la forme d'une conférence illustrée ou d'une lecture. Des fragments d'un film à venir (photographies, documents, fragments de scénario) sont présentés en guise du film lui-même. On peut s'interroger sur ces nouveaux formats. De quoi sont-ils le symptôme ? S'agit-il d'un futur performatif du cinéma ?
Proposons cette définition du film performatif : un événement, unique ou susceptible de reprises, qui actualise, à travers une série d'énoncés, verbaux, sonores, visuels, corporels, émis par un ou plusieurs participants en présence de spectateurs, un film virtuel, à venir ou imaginaire. Situé entre les différents médiums - conférence, film, théâtre, performance -, le film performatif en exacerbe chacune des puissance. Réduit à son simple énoncé, le film s'actualise sous les yeux des spectateurs en exposant l'ensemble de la chaîne de fabrication, de la simple intuition à sa cristallisation plastique, renvoyant l'artiste à la fonction de producteur.
Du film performatif esquisse une cartographie de ces nouvelles pratiques en proposant à des artistes et des cinéastes de livrer des documents relatifs à leur expérience performative : textes, comptes-rendus, suites visuelles ou entretiens.
--- Sous la direction d'Érik Bullot.
Avec Filipa César, Esperanza Collado, Thomas Clerc, Alexis Guillier, Franck Leibovici, Silvia Maglioni & Graeme Thomson, Peter Miller, Rabih Mroué, Uriel Orlow, Simon Ripoll-Hurier, Roland Sabatier, Clara Schulmann.
Direction artistique : Ludovic Burel.
Conception graphique : Camille Garnier.
Traduction : Zoé Baraton, Érik Bullot, Thibaut Gauthier, Marie-Laure Lapeyrère.
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Renversements Tome 2 ; notes sur le cinéma
Erik Bullot
- Paris Experimental
- Sine Qua Non
- 16 February 2013
- 9782912539465
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Sayat nova, réalisé en 1968 par le cinéaste arménien serguei paradjanov, est apparu comme un météore dans le ciel des étoiles fixes du cinéma.
Ses tableaux vivants, ses poses hiératiques, son recours à l'allégorie en font, au-delà de sa beauté plastique frappante, une oeuvre teintée d'énigme qui déjoue la possibilité de son exégèse. la frontalité exacerbée des plans et le regard des modèles adressé au spectateur imposent le face-à-face. au fil d'une relation précise de ses images, l'auteur de cet essai s'exerce à déplier le film en privilégiant différentes lignes d'interprétation comme l'enfance, la magie ou le présage, en vue d'instruire son extrême singularité.
Sous le langage d'objets, la circulation des offrandes, le tissage complexe des motifs, le jeu des métamorphoses se révèle un film à la beauté cristalline qui actualise, entre cinéma primitif et modernité, une puissance poétique du cinéma.