Antonio José Bolivar connaît les profondeurs de la forêt amazonienne et ses habitants, le noble peuple des Shuars. Lorsque les villageois d'El Idilio les accusent à tort du meurtre d'un chasseur blanc, le vieil homme se révolte. Obligé de quitter ses romans d'amour - seule échappatoire à la barbarie des hommes - pour chasser le vrai coupable, une panthère majestueuse, il replonge dans le charme hypnotique de la forêt.
Monté à douze ans dans les arbres, Côme, baron du Rondeau, décide de ne plus jamais en descendre. Nous sommes en 1770. Des années plus tard, toujours perché, il séduira une marquise fantasque et recevra Napoléon en grande pompe. Ou comment un individu passe toute sa vie dans les arbres, pour prouver à ses contemporains ce que c'est que la liberté et l'intelligence.
Autoportrait, conte philosophique, Le Baron perché est une éblouissante invention littéraire, où Côme circule au milieu des yeuses comme Calvino dans les lignes.
Victor Zolotarev a recueilli chez lui un pingouin que le zoo de Kiev, au bord de la faillite, n'avait plus les moyens de nourrir. Micha est comme tous les animaux grégaires : sans ses congénères, il est perdu, désorienté et plonge dans la neurasthénie. Dépressif, Victor l'est aussi. Journaliste au chômage, c'est à peine s'il a de quoi survivre. Et nourrir deux personnes n'est pas une mince affaire dans un pays déboulonné. Lorsqu'un patron de presse lui propose d'écrire des « petites croix », des nécrologies pour des personnalités pourtant encore en vie, Victor ne se pose aucune question et fonce. C'est un boulot tranquille et lucratif. Il rédige avec fougue des notices fleuries, jusqu'au jour où les « petites croix » se mettent à mourir, de plus en plus nombreuses. S'agit-il de crimes mafieux, de règlements de comptes politiques ? Malgré les ballets de limousines, les visites nocturnes dans son appartement, les enterrements somptueux où Micha parade, Victor reste témoin passif d'un monde déboussolé et sans règles, où domine la loi du plus fort, métaphore de l'ex-Union soviétique.
« Un historien talentueux, double´ d'un e´crivain qui bouscule l'acade´misme ».
Libération.
Ivan Jablonka explore sa « garçonnité » dans les années 1970-1980. De sa famille au service militaire en passant par l'école, il raconte sa formation au fil d'une enquête souvent poignante, parfois drôle - toujours passionnante - où beaucoup pourront se reconnaître. Car cette « autobiographie de genre » dévoile une intimité à la fois individuelle, sociale et politique : l'histoire d'une génération. Avec une honnêteté troublante, Ivan Jablonka analyse le « malaise dans le masculin » qui fut le sien, restituant le vif et l'éclat de l'enfance dans ses enthousiasmes, ses émois et ses peines.
S'abîmer Absence Adorable Affirmation Altération Angoisse Annulation Ascèse Atopos Attente Cacher Casés Catastrophe Circonscrire Coeur Comblement Compassion Comprendre Conduite Connivence Contacts Contingences Corps Déclaration Dédicace Démons Dépendance Dépense Déréalité Drame Écorché Écrire Errance Étreinte Exil Fâcheux Fading Fautes Fête Fou Gêne Gradiva Habit Identification Image Inconnaissable Induction Informateur Insupportable Issues Jalousie Je-t-aime Langueur Lettre Loquèle Magie Monstrueux Mutisme Nuages Nuit Objets Obscène Pleurer Potin Pourquoi Ravissement Regretté Rencontre Retentissement Réveil Scène Seul Signes Souvenir Suicide Tel Tendresse Union Vérité Vouloir-saisir
Notre vie quotidienne se nourrit de mythes : le catch, le striptease, l'auto, la publicité, le tourisme... qui bientôt nous débordent. Isolés de l'actualité qui les fait naître, ils apparaissent soudainement pour ce qu'ils sont : l'idéologie de la culture de masse moderne. Le mythologue Roland Barthes les décrypte ici avec le souci - formulé dans l'essai sur le mythe aujourd'hui qui clôt l'ouvrage - de réconcilier le réel et les hommes, la description et l'explication, l'objet et le savoir.
" Nous voguons sans cesse entre l'objet et sa démystification, impuissants à rendre sa totalité : car si nous pénétrons l'objet, nous le libérons mais nous le détruisons ; et si nous lui laissons son poids, nous le respectons, mais nous le restituons encore mystifié. " Roland Barthes
De 1941 à 1943, à Amsterdam, une jeune femme juive de vingt-sept ans tient un journal. Le résultat : un document extraordinaire, tant par la qualité littéraire que par la foi qui en émane. Une foi indéfectible en l'homme alors qu'il accomplit ses plus noirs méfaits. Car si ces années de guerre voient l'extermination des Juifs en Europe, elles sont pour Etty des années de développement personnel et de libération spirituelle. Celle qui note, en 1942, " Je sais déjà tout. Et pourtant je considère cette vie belle et riche de sens. A chaque instant. ", trouve sa morale propre et la justification de son existence dans l'affirmation d'un altruisme absolu. Partie le 7 septembre 1943 du camp de transit de Westerbork, d'où elle envoie d'admirables lettres à ses amis d'Amsterdam, Etty Hillesum meurt à Auschwitz le 30 novembre de la même année.
Apprenez à penser en couleurs, et vous verrez le monde autrement !
En 1860, une aristocratie décadente et appauvrie, sourde aux bouleversements du monde, règne encore sur la Sicile. Mais le débarquement des troupes de Garibaldi amorce le renversement d'un ordre social séculaire. Conscient de la menace qui pèse sur les siens, le prince de Salina se résigne à accepter l'union de son neveu Tancrède avec la belle Angélique, fille d'un parvenu. Ultime concession qui signe la défaite du Guépard, le blason des Salina...
La décolonisation faite, cet essai de compréhension du rapport noir-blanc garde toute sa valeur prophétique : car le racisme, malgré les horreurs dont il a comblé le monde, reste un problème d'avenir.
Il est ici abordé et combattu de front, avec toutes les ressources des sciences de l'homme et avec la passion de celui qui allait devenir un maître à penser par beaucoup d'intellectuels du tiers monde.
Les villes que voici n'ont leur place sur aucun atlas, et on ne sait à quel passé ou présent ou futur appartiennent ces cités qui portent toutes le nom d'une femme. Peu à peu, le lecteur est conduit au milieu d'une mégalopolis contemporaine près de recouvrir la planète. Et tout au long passent des villes qui ne peuvent exister qu'en rêve : filiformes, punctiformes, dédoublées, effacées. Relation de voyage d'un Marco Polo visionnaire auprès d'un grand Khan mélancolique, ces nouvelles d'un monde rêvé forment un fragile et merveilleux catalogue d'emblèmes.
L'Homme sans qualités n'est pas seulement l'une des oeuvres majeures du XXe siècle. Elle en condense de manière incomparable les interrogations et les potentialités, les contradictions et les craintes. Elle nous offre l'extraordinaire tableau d'un monde qui allait être précipité dans la catastrophe, et dont Vienne fut le laboratoire.
La domination masculine est tellement ancrée dans nos inconscients que nous ne l'apercevons plus, tellement accordée à nos attentes que nous avons du mal à la remettre en question. La description ethnographique de la société kabyle, véritable conservatoire de l'inconscient méditerranéen, fournit un instrument extrêmement puissant pour dissoudre les évidences et explorer les structures symboliques de cet inconscient androcentrique qui survit chez les hommes et les femmes d'aujourd'hui. Mais la découverte des permanences oblige à renverser la manière habituelle de poser le problème : comment s'opère le travail historique de déshistoricisation ? Quels sont les mécanismes et les institutions, Famille, Eglise, Ecole ou Etat, qui accomplissent le travail de reproduction ? Est-il possible de les neutraliser pour libérer les forces de changement qu'ils parviennent à entraver ?
Un indispensable contre la rhétorique masculiniste.
Malheureux, désemparés, culpabilisés... À en croire certains, les hommes traverseraient une crise de la masculinité dans les sociétés occidentales hyper féminisées. De quoi cette prétendue « crise » est-elle le symptôme ? Dans une enquête éclairée et nécessaire, Francis Dupuis-Déri discute l'origine et la signification politique de cette rhétorique qui a pour effet de susciter la pitié envers les hommes, de justifier les violences masculines contre les femmes et de discréditer le projet de l'égalité entre les sexes.
Mythe du chevalier se battant contre les moulins à vent, dessin de gustave doré, de picasso, de dali, tel est le don quichotte qui survit aujourd'hui dans nos mémoires.
Pourtant, ce fou de littérature, ce dévoreur de romans de chevalerie, qui part à l'aventure pour voir si ce que disent les livres est vrai, est le héros du premier roman moderne.
Retraduire don quichotte, c'est tenter de redonner au lecteur d'aujourd'hui le même plaisir et la même passion qu'éprouvèrent les lecteurs contemporains de cervantes. en restituant l'originalité des dialogues et des jeux de mots, en faisant rebondir l'aventure qui va et vient entre réalité et fiction, en rendant à sancho sa dimension de personnage, aline schulman fait tout à coup surgir la merveilleuse modernité du quichotte enfouie sous un palimpseste de traductions archaïques.
"Ce livre étincelant, qui maintient de la façon la plus exquise le difficile équilibre entre l'essai et la comédie épique, n'est plus, Dieu soit loué, un "roman" au sens habituel du terme. Son ironie, son intelligence, sa spiritualité relèvent du domaine le plus religieux, le plus enfantin, celui de la poésie" Thomas Mann, Journal, 1932.
Dans un jardin sur les hauteurs de Reykjavik, un bébé mâchouille un objet étrange... Un os humain ! Enterré sur cette colline depuis un demi-siècle, le squelette mystérieux livre peu d'indices au commissaire Erlendur. L'enquête remonte jusqu'à la famille qui vivait là pendant la Seconde Guerre mondiale, mettant au jour les traces effacées par la neige, les cris étouffés sous la glace d'une Islande sombre et fantomatique...
Je brille comme une étoile, l'animal qui me regarde, est ébloui.
La création mythique des peuples indiens, l'usage et l'invention des noms indiens, les métamorphoses animalières, les litanies des chamans et médecins, tels sont les grands thèmes regroupés dans cette anthologie de référence. Poèmes, petites chansons, légendes, incantations, épopées se déploient au fil du livre et tracent une conception toute particulière de la langue, de la parole, de l'écrit. Pour les Indiens d'Amérique du Nord, qui s'appelaient simplement « Les Hommes » ou « Le Peuple », le mot était un acte, le poème agissait, l'art était la vie même. Véritable partition poétique, à la fois cosmogonique et musicale, d'une liberté d'imagination sans pareille, cette anthologie est un formidable hymne à la beauté.
Le temps de l'indépendances du Congo est arrivé. Patrice Lumumba, homme politique et poète visionnaire, va tenter de rendre à son peuple une liberté depuis longtemps perdue. Mais la jalousie, la corruption et la quête du pouvoir sont des murailles difficiles à franchir. A travers le destin d'un homme, c'est toute l'histoire d'un continent qui se joue de manière exemplaire et symbolique dans cette pièce de théâtre.
Depuis 2004, Philippe Lançon raconte, à la faveur de ses chroniques dans Charlie Hebdo, ce qu'il voit, ce qu'il pense et ce qu'il imagine : ici une rencontre dans un avion entre une bourgeoise et un banlieusard à casquette, là les confessions de Bernadette sur le plateau de Sophie Davant, là encore Catherine Deneuve dans un palais marocain, entourée d'une « cour de vieux critiques célibataires, venimeux et pâmés »... Des instantanés qui dessinent, avec humour et lucidité, les contours de notre société.
David Lurie, 52 ans, deux fois divorcé, enseigne à l'université du Cap. Une jeune étudiante, parmi ses nombreuses conquêtes, finit par l'accuser de harcèlement sexuel. Contraint à la démission, David se réfugie auprès de sa fille, Lucy, qui vit dans une ferme isolée. Mais les temps ont changé et sa retraite vire au drame. La bourgeoisie sud-africaine doit payer pour les crimes de l'apartheid...
" Tout ce que je laisse après moi (...) doit être brûlé sans restriction et sans être lu ".
Ainsi Kafka demandait à son exécuteur testamentaire de détruire ses manuscrits, dont celui, inachevé, intitulé Le Château. On y rencontre un homme, K, face au chaos de la bureaucratie. Les personnages, incapables d'agir, s'obstinent dans une confusion absurde. Plus que tous ses autres textes, c'est ce roman qui installe la définition du mot " kafkaïen ".
L'histoire de la couleur bleue dans les sociétés européennes est celle d'un complet renversement pour les Grecs et les Romains, cette couleur compte peu : elle est même désagréable à l'oeil. Or aujourd'hui, partout en Europe, le bleu est de très loin la couleur préférée (devant le vert et le rouge). L'ouvrage de Michel Pastoureau raconte l'histoire de ce renversement, en insistant sur les pratiques sociales de la couleur (étoffes et vêtements, vie quotidienne, symboles) et sur sa place dans la création littéraire et artistique, depuis les sociétés antiques et médiévales jusqu'à l'époque moderne. Il analyse également le triomphe du bleu à l'époque contemporaine, dresse un bilan de ses emplois et significations, et s'interroge sur son avenir.
Le rouge est en Occident la première couleur que l'homme a maîtrisée : ainsi elle est longtemps restée la couleur « par excellence », la plus riche du point de vue matériel, social, artistique, onirique et symbolique.
Admiré des Grecs et des Romains dans l'Antiquité, le rouge prend une forte dimension religieuse au Moyen Âge. Mais il est aussi, dans le monde profane, la couleur de l'amour, de la gloire et de la beauté, comme celle de l'orgueil, de la violence et de la luxure. Au XVIe siècle, les morales protestantes partent en guerre contre le rouge, couleur indécente et immorale, liée aux vanités du monde. Dès lors, partout en Europe, rouge est en recul. Toutefois, à partir de la Révolution française et ce jusqu'à nos jours, le rouge devient politique : c'est la couleur des forces progressistes ou subversives.