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Sciences humaines & sociales
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La fabrique du sexe ; essai sur le corps et le genre en Occident
Thomas Laqueur
- Folio
- Folio Essais
- 30 May 2013
- 9782070450787
L'Occident n'a cessé depuis les origines de s'interroger sur la différence des sexes. Mais parle-ton de l'homme et de la femme que l'on a encore rien dit : se réfère-t-on au genre - définition culturelle par des qualités morales, affectives, sociales... - ou au sexe - définition par des spécificités anatomiques ?
Jamais, en effet, les deux notions ne se recouvrirent. Dès l'Antiquité, Aristote, par la définition de l'ordre des êtres, et Galien, par la définition du corpus anatomique, fondent le modèle du sexe unique, qui sera dominant jusqu'au XVIIIe siècle, et dans lequel le genre définit le sexe.
Au XVIIIe siècle, émerge l'autre modèle de la différence sexuelle : le modèle des deux sexes, dans lequel, au contraire du premier, le sexe définit le genre : parce que, au niveau de l'anatomie comme de la physiologie, femmes et hommes sont incommensurablement différents, les genres définissent dès lors qualités, vertus et rôles selon des racines biologiques.
Ces deux modèles, toutefois, ne se succèdent pas dans une histoire linéaire : dès le XVI> siècle, des auteurs posaient l'irréductible différence anatomique ; au XXe siècle encore, d'autres - tel Freud - pensent la sexualité selon le modèle du sexe unique... Les deux modèles coexistent dans le temps ; si leur prégnance sur les esprits peut être liée à des évolutions générales - économiques, culturelles, sociales - elle ne peut en aucun cas être strictement expliquée par celles-ci, et moins encore par les progrès de la connaissance anatomique qui se moulent le plus souvent dans les représentations dictées par chacun de ces modèles...
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Le travail des morts ; une histoire culturelle des dépouilles mortuaires
Thomas Laqueur
- Gallimard
- Nrf Essais
- 6 September 2018
- 9782070178469
Voilà presque 2 500 ans, Diogène demandait à ses disciples qu'à sa mort ils jettent son corps par-dessus le mur, où il serait dévoré par des bêtes sauvages. Quelle importance puisqu'il aurait quitté ce monde? Pourtant Diogène fit scandale. Pourquoi - quel que soit le contexte religieux et idéologique, et même lorsque la croyance en l'âme est imprécise - le corps sans vie est-il considéré, en tous lieux et à toutes époques, comme important? Comment la persistance de l'être se substitue-t-elle au cadavre? Les vivants ont bien plus besoin des morts que l'inverse, et les morts sont à l'origine de mondes sociaux. Mobilisant poésie et peinture, architecture et médecine, statuaire et géographie, littérature et théologie, ce grand livre délimite les manières dont les morts ont façonné le monde moderne, malgré le désenchantement supposé de notre ère. Trois questions le structurent. «Où sont géographiquement les morts?» Laqueur décrit la naissance, au Moyen Âge, du lieu de repos dominant des morts - l'enclos paroissial - et expose les motifs pour lesquels, aux XVIII?
Et XIX? siècles, il fut largement supplanté par le cimetière moderne. «Qui sont les morts?» explicite les raisons qui ont rendu insupportable l'inhumation anonyme et conduit, depuis le XIX? siècle et à une échelle sans précédent, à réunir les noms des défunts sur de longues listes et des monuments commémoratifs. «Que sont les morts?» éclaire l'échec de la crémation:cette technique sophistiquée - la transformation du corps en matière inorganique -, commencée comme une fantaisie moderniste visant à dépouiller la mort de son histoire, est venue buter sur l'inacceptable anonymat des cendres du Génocide. L'originalité foncière de Laqueur est de révéler les manières dont les morts font la civilisation à grande échelle comme au niveau intime, en tous lieux et en tous temps; leur poids historique, philosophique et anthropologique est immense et presque sans limite ni comparaison.