C'est à Augustin, plus qu'à aucun autre, qu'il fut donné de réaliser la synthèse de la pensée antique et de la pensée chrétienne, dont a vécu, de longs siècles, la civilisation occidentale. Par lui, la culture gréco-latine fait alliance avec la Bible, la sagesse platonicienne donne la main à la « folie de la Croix », une tradition nouvelle se crée, qui portera, nourrira, fera fructifier les plus beaux génies du genre humain.
Récit d'une quête de Dieu, Les Confessions n'en est pas moins un livre très humain. Car avant d'être un saint, Augustin a été un homme comme nous, étranger à aucun sentiment de la terre.
Voici ce qu'écrit Possidius, son biographe, qui a été son compagnon et disciple : « Je n'entreprendrai pas de rappeler ici tout ce que le bienheureux Augustin, dans ses Confessions, raconte de lui-même, ce qu'il avait été avant de recevoir la grâce et ce qu'il devint après l'avoir reçue. Il voulut rendre ce public témoignage, de peur que, selon l'expression de l'apôtre Paul, quelqu'un ne s'avisât de l'estimer au-dessus de ce qu'il se savait être, ou de ce que ses paroles faisaient connaître de lui... »
Frédéric Boyer a voulu, par une nouvelle traduction intégrale des Confessions de Saint Augustin, rendre justice à cette véritable odyssée personnelle, à ce voyage intime d ans le temps, la mémoire de soi et l'écriture. Interpellations, confidences, exhortations, aveux, micro narrations, souvenirs, hymnes, fictions, louanges, analyses exploratoires, déplorations, cris, anathèmes, psaumes, discours, chants. Augustin révolutionne ainsi la confession antique, détourne la littérature classique, et fait exploser les cadres anciens à l'intérieur desquels nous avons l'habitude de nous réfugier et de penser notre vie.
Jamais le texte des Confessions n'avait bénéficié d'un tel travail. Toutes les traductions françaises existantes, y compris les plus récentes, restent fidèles à la réception religi euse et académique de l'oeuvre, au langage pieux et savant de l'augustinisme.
Frédéric Boyer a voulu s'en affranchir. Ou plus exactement ne pas asservir la traduction à des automatismes de langage. Il enfonce le clou d'un débat capital : la nécessité de remettre en cause, de venir bouleverser nos traditions de réception des textes anciens.