Après quatre décennies d'expérimentation qui ont ouvert le nouvel art de la photographie à tous les registres de la représentation, survient en 1880 une révolution technique : le gélatino-bromure d'argent permet de passer de la photographie posée à la photographie instantanée. Des balbutiements des premiers appareils portables dans les années 1880 à la mythification de « l'instant décisif » de Cartier-Bresson dans les années 1950, Quentin Bajac en explore les grandes tendances. La période voit également les débuts timides de la couleur, l'émergence de la figure de l'amateur et le triomphe du photoreporter. Art de masse par excellence, objet de fascination pour les avant-gardes artistiques et langage universel incontournable, la photographie devient, à l'instar du cinéma, un des principaux emblèmes de la modernité.
Lorsqu'en 1839 est annoncée, à Paris, l'existence d'un procédé qui permet de fixer les images de manière chimique, la nouvelle fait sensation : le daguerréotype, ce «miroir qui garde toutes les empreintes», est perçu comme un prodige ; Daguerre, son inventeur, est l'objet de toutes les sollicitations. Bientôt, d'autres procédés sont mis au point : d'abord le calotype puis le collodion, qui va s'imposer pour plus de trente ans. L'invention du format dit «carte de visite» et la standardisation des pratiques ouvrent alors la voie à d'importants ateliers, spécialisés dans le portrait. Appréciée pour son caractère «objectif», la photographie est utilisée à des fins documentaires : se succèdent missions d'inventaire, relevés topographiques, clichés d'identité, enquêtes scientifiques et premiers reportages. Diffusée par le livre et les premières revues illustrées d'épreuves, elle accompagne l'essor industriel de la seconde moitié du XIX? siècle. C'est à cette aventure de «l'image révélée» qu'invite Quentin Bajac qui, en explorant les limites et les avancées des cinquante premières années de la photographie, montre aussi comment certains des plus grands photographes de l'époque entendent la faire reconnaître comme un art.
Avec l'arrivée de l'Instamatic Kodak et du Polaroïd dans les années 1960, la photographie passe aux mains des amateurs. Dans le même temps, la photographie de presse, face au règne croissant de la télévision et aux contraintes du droit à l'image, redéfinit ses règles de diffusion : de nouvelles agences sont créées, un nouveau type de reportage d'«auteur» apparaît. Les artistes, eux, s'emparent de la photographie pour en faire une pratique «anti-artistique» majeure, qui se voit conférer une valeur marchande sans précédent. Avec la création de musées et de grandes biennales dédiés à la photographie, celle-ci s'inscrit définitivement dans l'histoire de l'art. En analysant les enjeux esthétiques et sociaux de la photographie, Quentin Bajac retrace avec brio 50 ans de pratiques, jusqu'à la révolution numérique. En ce XX? siècle saturé d'images, il pose la question de l'autorité du médium : la photographie dit-elle encore le réel ?
Un baiser à l'Hôtel de Ville, des gamins turbulents, des ouvriers à l'usine, des gens du monde, des anonymes, des portraits de Picasso, de Tati...
Robert Doisneau (1912-1994) est surtout connu pour ses photographies gaies, spontanées, poétiques de Paris et de sa banlieue. Mais ses soixante ans de vie de photographe vont bien au-delà, avec près de 500000 images produites. On a pu qualifier le regard de Robert Doisneau de reportage humaniste, réalisme poétique, humour tendre..., mais au fond, aucune catégorie n'est parvenue à définir la richesse et la diversité de son oeuvre.
Une piste cependant : il s'est situé lui-même comme un "pêcheur d'images" par opposition aux photographes "chasseurs". En effet, pour Quentin Bajac, le style de Doisneau, c'est avant tout la recherche d'une certaine simplicité, d'une immédiateté et d'une économie de moyens : une volonté de ne pas se disperser, pour demeurer toujours en alerte, léger, mobile et à l'affût du monde. De ses dessins de jeunesse à ses agendas personnels, des reportages sur la libération de Paris aux soirées mondaines pour Vogue, des illustrations pour La Vie Ouvrière aux commandes de Life, des tatoués aux enfants de banlieue, des rues de Paris aux cygnes de Palm Springs, 120 documents pour aborder l'oeuvre de Doisneau.
Du 19/11/17 au 28/05/18, le MoMA expose les réalisations de Stephen Shore sur plus de 50 ans, de ses premières photographies argentiques sur gélatine à ses dernières oeuvres digitales produites pour les réseaux sociaux. Cet ouvrage retrace la carrière du photographe et permet ainsi une meilleure compréhension de son travail, incarné par la quête perpétuelle d'explorer les multiples possibilités offertes par la photographie.
Depuis le début de mon travail, je construis, avec des images, des mondes.
Ces mondes existent mais on ne les voit pas, on ne les connaît pas, ils n'arrivent pas à agir. Ainsi, en traversant des territoires, je figure des corps, des architectures ou des hommes, et j'habite des lieux où je peux représenter ces mondes. Ces éléments photographiés sont là pour toucher un niveau universel, dans lequel chacun puisse se projeter. Les localisations ne sont jamais explicitement indiquées dans mon travail, depuis aujourd'hui vingt ans.
Ici, si certaines des images sont réalisées dans un lieu " d'actualité ", elles ne le sont pas uniquement en " territoire palestinien " car elles ouvrent sur une problématique plus large. Je ne veux pas qu'elles perdent leur connexion avec " notre actualité ". J'aimerais que les gens soient baignés de ces images sans les avoir vraiment analysées ou localisées, après avoir vu ces photographies. C'est ce " bain " que je travaille : je cherche, au moyen des images, à baigner le corps de l'autre.
Ce montage d'images, choisies pour leur vibration, peut imprégner le spectateur d'un univers particulier et agir sur lui. Mon intention est aussi de dessiner un pays qui déborde d'existence malgré les clichés médiatiques, et de faire entrevoir une utopie qui deviendra réalité.
La Collection de Photographies privilégie une approche thématique, transversale, voire poétique, de la photographie moderne et contemporaine, illustrée d'une soixantaine d'oeuvres choisies parmi les 70 000 que compte la collection photographique du Centre Pompidou, l'une des plus importantes sur le plan international.
Le Corps en Eclats : La fragmentation du motif, trait distinctif de l'esthétique moderne, trouve dans l'acte photographique un parfait vecteur : par le cadrage, la prise de vue, la focalisation, particulièrement celle obtenue par le gros plan, la photographie découpe et métamorphose le réel. Ce faisant, elle modifie profondément les deux genres fondamentaux de la saisie du modèle humain :
Le portrait et le nu.
Des photomontages surréalistes aux productions contemporaines, les artistes, en jouant de la concentration du regard sur un détail anatomique, de l'abolition des repères d'échelle et de la distance vis-à-vis du sujet, ou encore des effets de surface obtenus par le verre grossissant, recomposent de nouvelles cartographies du corps.
Cet ouvrage rassemble 60 photographies exceptionnelles acquises par le MoMA grâce au soutien de Robert B. Menschel et sélectionnées par Quentin Bajac, allant de William Henry Fox Talbot à Andreas Gursky en passant par Brassaï ou Eugene Smith.
Après la rétrospective consacrée à Mimmo Jodice à la Maison européenne de la photographie en 2010, le Louvre accueille pour la première fois le grand photographe italien. Mimmo Jodice s'empare de l'aile Sully, de mai à août 2011, afin d'y installer son nouveau projet : Les Yeux du Louvre. L'exposition présente une cinquantaine d'oeuvres - portraits en noir et blanc - de dimensions sensiblement égales. Les yeux des personnes photographiées, alignés à la même hauteur, fixent le visiteur.En juxtaposant des photographies de portraits célèbres du musée avec des portraits de personnes contemporaines, fréquentant le Louvre, simples visiteurs ou salariés du musée, le photographe se lance dans une entreprise de double abolition : abolir le temps et la différence entre peinture et photographie. «Photographier un visage peint signifie le mettre au présent, annuler le temps et la différence entre deux langues, celle de la peinture et celle de la photographie», écrit Mimmo Jodice. À travers cette «mise à plat» du temps, qui se donne à voir par la linéarité même de la succession des portraits dans la salle, le photographe montre la constance des sentiments à travers les âges : «Mon projet est de mélanger la réalité d'aujourd'hui avec celles des siècles passés et de montrer dans les visages d'hier et d'aujourd'hui les mêmes sentiments, comme la passion, l'anxiété, la noblesse, l'arrogance, la stupeur, l'ironie.» Le photographe propose ainsi une nouvelle rencontre entre peinture et photographie, pour faire parler au présent le riche passé du musée.Quentin Bajac, responsable de la photographie au centre Georges Pompidou, est l'auteur du texte accompagnant cet ouvrage.
Après les périodes 1920-1960 et de 1960 à nos jours, Quentin Bajac continue son exploration des collections de photographies du MoMA en s'intéressant aux années 1840 à 1920. Divisé en huit périodes, l'ouvrage présente une multitude de thèmes et de sujets couvrant presque un siècle d'essais et de découvertes photographiques.
Un très bel ouvrage qui présente la collection de photographies du MoMA, sous la direction de Quentin Bajac. Réalisées entre 1920 et 1960 par une pléiade de photographes internationaux, on découvre des styles et des sujets variés, allant de la nature morte à la photographie sociale en passant par le surréalisme. Découpé en huit parties, il présente de manière chronologique les différents courants.
Née officiellement en 1839, avec l'invention du daguerréotype, la photographie a prodigieusement renouvelé les représentations du monde au point, aujourd'hui, d'en modifier la perception et d'interroger notre rapport au réel.
De ses origines aux plus récents développements du numérique, cet ouvrage retrace la passionnante histoire de la photographie : le temps de l'invention, de 1839 à la fin des années 1870, marqué par la multitude des expérimentations techniques, l'industrialisation des procédés et l'émergence d'un discours théorique, souvent inquiet, sur le médium. Celui, ensuite, d'une certaine maturité technique, des années 1880 à la fin des années 1950, sous le règne de l'image instantanée et des procédés argentiques : des premiers appareils portables à la mythification de " l'instant décisif " de Cartier-Bresson, de l'émergence de la figure du photographe amateur au triomphe du photoreporter, la photographie s'affirme comme un élément clé de la culture moderne et urbaine.
Enfin, de 1960 à l'entrée dans l'ère du numérique, le temps du paradoxe : d'une part, la pleine reconnaissance artistique, culturelle et économique de la photographie, d'autre part, le déclin de ses usages historiques et documentaires face à la concurrence accrue de l'image animée et aux dérives de certains traitements des images. En analysant ses enjeux esthétiques et sociaux, ce livre démontre aussi la capacité d'adaptation de la photographie, qui sans cesse se réinvente pour afficher une éternelle modernité.
Picasso, Duchamp, Cocteau, mais aussi Hemingway, Joyce ou Chanel: Man Ray les a tous photographiés.
En 1921, lorsqu'il arrive à Paris, l'artiste américain devient portraitiste, pour gagner sa vie. Dans son studio de Montparnasse, il photographie autant ses amis dadaïstes et surréalistes que les Américains de Paris ou les personnalités de la mode, du spectacle et du cinéma. En 1940, l'invasion allemande l'oblige à retourner aux Etats-Unis. Installé à Hollywood, il photographie l'intelligentsia européenne qui s'y est réfugiée, les acteurs et les producteurs américains : Thomas Mann, Jean Renoir, Paulette Goddard ou Ava Gardner.
De retour à Paris en 1951, c'est désormais en couleurs qu'il fixe l'image des vedettes du moment: Yves Montand, Juliette Gréco ou Line Renaud. Sans équivalent pour la période, cette extraordinaire archive dessine le visage d'une époque. Elle prend place aux côtés des autres grandes collections de portraits de la vie culturelle française, celles d'un Nadar pour la seconde moitié du XIXe siècle, ou du studio Harcourt pour l'après-guerre.
En 1994 et 1995, le Centre Pompidou-Musée national d'art moderne recevait en dation et donation 12 304 négatifs provenant de l'atelier de Man Ray. Cette collection unique au monde est aux deux tiers constituée de portraits. Ce n'est qu'après un long travail d'inventaire, d'identification et de numérisation qu'il a été possible de mesurer l'importance historique et documentaire de ce fonds. Le présent ouvrage vient parachever ce processus.
Avec près de 500 négatifs reproduits en positif, des notices biographiques recontextualisant les personnes représentées, deux essais de Quentin Bajac et Clément Chéroux, ainsi que des textes de Man Ray lui-même expliquant sa façon de travailler, ce livre souhaite faire découvrir à un large public cette étonnante collection de visages. Il a aussi pour ambition de redonner à Man Ray la place qu'il mérite dans l'art du portrait au XXe siècle.
Présentation de la collection photographique contemporaine, réunie depuis la fin des années 1980 par la Caisse des dépôts et consignations, à l'occasion de sa donation au Centre Pompidou. Retrace l'histoire de ce fonds et présente des oeuvres de soixante-dix artistes représentés dans la collection : R. Amae, N. Araki, Y. Barrada, G. Basilico, R. Blees Luxemburg, B. Casas Brullet, etc.
miroslav tichy a créé, dans la tchécoslovaquie communiste, du début des années 1960 au milieu des années 1990, une oeuvre photographique obsessionnelle autour de la figure féminine, réinventant de toutes pièces la photographie en marge de tout courant artistique.
ses images, saisies de manière instinctive ou automatique avec des optiques approximatives et des appareils bricolés à l'aide de matériaux de rebut, proposent une réalité extraordinaire, érotisée et onirique: elles révèlent un artiste hors normes, marqué par des influences picturales classiques, mais dont la méthode s'apparente parfois à certaines pratiques amateur et de l'art "outsider". montrées pour la première fois en 2004, les photographies de miroslav tichy, inclassables et intemporelles, témoignent d'un talent singulier.
ce catalogue constitue le premier ouvrage sur l'artiste disponible en français.
Le catalogue de l'exposition qui se tient au Jeu de Paume à Tours en 2022, avec plus de 250 photographies réalisées après-guerre par Frank Horvat, entre 1950 et 1965.
Né en Italie en 1928, de parents juifs originaires d'Europe centrale, réfugié en Suisse en 1939, Frank Horvat commence la photographie au début des années 1950. De 1952 à 1955, ses premiers voyages au Pakistan, en Inde, en Israël et en Angleterre lui valent de nombreuses parutions dans la presse internationale. Parvenant à capter en gros plans des scènes d'une grande intensité et parfois des lieux interdits, il se révèle un photographe du corps et de l'intime. Une fascination qu'il exprimera aussi dans ses images de mode pour Jardin des modes, Vogue, Harper's Bazaar ou dans les vibrations hallucinées d'un tour du monde effectué en 1962-1963, resté largement inconnu.
Publié à l'occasion de l'exposition au Jeu de Paume-Tours, ce catalogue se concentre sur les quinze premières années de la carrière de Frank Horvat, période durant laquelle il affirme une personnalité hors norme d'auteur-reporter et de photographe de mode. Cet ouvrage constitue la première monographie historique sur l'oeuvre de Frank Horvat, renouvelant la vision et l'analyse de son travail, à travers un ensemble de photographies, de documents inédits et de textes de spécialistes.
La collection Thomas Walther du Museum of Modern Art (New York) est un fonds photographique réunissant près de 350 photographies. Elle s'avère unique non seulement au regard de la qualité exceptionnelle des tirages, exclusivement d'époque, mais aussi parce qu'elle reflète un moment clé de l'histoire de la discipline, à travers une centaine de figures emblématiques de l'avant-garde européenne des années 1920 et 1930 comme Berenice Abbott, Manuel Alvarez Bravo, Claude Cahun, André Kertész, Germaine Krull, Alfred Stieglitz, Paul Strand ou Edward Weston, pour ne citer que les plus connues.
Pendant près de 40 ans, Thibaut Cuisset (1958-2017) a construit une Å«uvre sur le paysage à travers des campagnes successives, en France et à l'étranger. Arpentant les paysages, il développe un style singulier qui s'appuie sur un équilibre ténu entre sujet, couleur et lumière. Les campagnes françaises et le cours des fleuves représentent un champ de recherche essentiel dans les recherches de Thibaut Cuisset sur le paysage. Le corpus d'images constitué autour de la Loire en est une démonstration notable, témoignant à la fois de la constance de l'écriture du photographe et de son évolution, tant dans la composition que dans les modalités d'exposition des photographies. Ainsi, l'exposition présentée au Château de Tours montre le travail réalisé par Thibaut Cuisset autour de la Loire pendant près d'une décennie, au gré de plusieurs commandes et prix photographiques. Réunissant pour la première fois l'ensemble de ces séries et proposant certaines photographies inédites, LoireÂ: Thibaut Cu
«C'est pour saisir la nuit de Paris que je suis devenu photographe.» L'oeuvre de Brassaï trouve sa source dans le Paris nocturne des années trente. C'est au contact de la réalité de la rue et des lieux de plaisir, lors de ses marches en compagnie d'écrivains et amis, Henry Miller ou Léon-Paul Fargue, comme lui amoureux de Paris, que Brassaï apprend à voir et à photographier la ville. À ce Paris nocturne, qu'il fut le premier à photographier de manière aussi assidue, Brassaï consacra trois ouvrages, d'approche très différente:Paris de Nuit (1932), où éclatent la beauté muette des lieux et l'inquiétante étrangeté de la vision nocturne, Voluptés de Paris (1935), publication un peu leste, réalisée malgré lui, et qu'il n'a jamais revendiquée, et Le Paris secret des années 30 (1976), au contenu social plus marqué, où le photographe se fait aussi conteur. Reprenant l'essentiel des images publiées dans ces ouvrages et en en proposant d'autres, pour certaines inédites, cette publication est la première à analyser, en la replaçant dans le contexte de l'époque, la singularité de cette vision de Brassaï:entre reportage, documentaire social et recherche poétique, c'est bien son Paris nocturne des années de l'entre-deux-guerres qui lui assure une place majeure dans l'histoire de la photographie du XX? siècle.
La Fondation Louis Vuitton expose les chefs d'oeuvres du MoMA à l'automne 2017. Deux cents oeuvres retracent l'histoire du MoMA et la formation de la collection, de sa première décennie (House by the Railroad d'Edward Hopper acquis en 1930), en passant par l'après-guerre (Pollock et De Kooning) puis au pop art et au minimalisme jusqu'aux oeuvres contemporaines acquises très récemment comme Untitled (Club Scene) de Kerry James Marshall ou un jeu de carte de Shigetaka Kurita. Certaines n'ont encore jamais été exposées en France. Également disponible en anglais (9780500239797).