« Quel âge avez-vous ? » Cette question, depuis quelque temps, me plonge dans l'embarras. D'abord pour ceux ou celles qui me la posent, parce qu'elle me semble témoigner d'une forme d'indélicatesse dont je ne soupçonnais pas l'existence. Ensuite parce que je dois réfléchir avant de répondre.
La question de l'âge est une expérience humaine essentielle, le lieu de rencontre, entre soi et les autres, commun à toutes les cultures, un lieu complexe et contradictoire dans lequel chacun d'entre nous pourrait, s'il en avait la patience et le courage, prendre la mesure des demi-mensonges et des demi-vérités dont sa vie est encombrée. Chacun est amené un jour ou l'autre à s'interroger sur son âge, d'un point de vue ou d'un autre, et à devenir ainsi l'ethnologue de sa propre vie.
Marc Augé.
Après La Traversée du Luxembourg, Un ethnologue dans le métro et Domaines et châteaux, Marc Augé poursuit son anthropologie du quotidien en explorant les non-lieux, ces espaces d'anonymat qui accueillent chaque jour des individus plus nombreux. Les non-lieux, ce sont aussi bien les installations nécessaires à la circulation accélérée des personnes et des biens (voies rapides, échangeurs, gares, aéroports) que les moyens de transport eux-mêmes (voitures, trains ou avions). Mais également les grandes chaînes hôtelières aux chambres interchangeables, ou encore, différemment, les camps de transit prolongé où sont parqués les réfugiés de la planète. Le non-lieu est donc tout le contraire d'une demeure, d'une résidence, d'un lieu au sens commun du terme. Dans ce livre, Marc Augé ouvre de nouvelles perspectives en proposant une anthropologie de la surmodernité qui nous introduit à ce qui pourrait être une ethnologie de la solitude.
Ce livre, qui se présente comme un petit traité de l'emploi du temps, met l'accent sur la nécessité de l'oubli.
L'oubli est nécessaire à la société comme à l'individu. il faut savoir oublier pour goûter la saveur du présent, de l'instant et de l'attente, mais la mémoire elle-même a besoin de l'oubli. mêlant les références ethnologiques et littéraires, marc augé identifie trois formes de l'oubli qui sont autant de manières de vivre le présent.
Quoi de plus familier que le métro ? Comment le regard ethnologique, accoutumé à nous rapporter les pratiques lointaines pourrait-il éclairer ce qui s'y joue ? Tel a pourtant été le pari de Marc Augé dans cet ouvrage qui révèle tout ce que le métro recèle de conventions, de rites et d'institutions. Mais c'est aussi l'occasion d'une présentation buissonnière des principaux thèmes classiques de l'anthropologie, depuis le « fait social total » de Marcel Mauss, jusqu'à la question du symbolique, en passant par le problème de l'« individu moyen ». Le livre inaugural d'une « ethnologie du proche », devenu un classique. Remise en vente avec nouvelle couverture. Ce livre a été publié dans la collection « bibliothèque du XXe siècle » chez Hachette Littératures en 1986 et en Pluriel en 2002.
Six essais, six sujets qui interrogent la surmodernité, et une question : comment se libérer du mythe ? Du rituel et de la passion sportive à la « nature » du paysage, en passant par l'espace public et les non-lieux de nos villes, l'adage selon lequel les amoureux sont seuls au monde, ou des considérations sur l'écriture, Marc Augé explore notre rapport au rite, à la nature, à l'amour et au temps.
A une époque où l'on parle à la fois de "mondialisation de la culture" et de " respect des différences ", l'anthropologie est plus que jamais nécessaire et possible.
Elle est nécessaire pour analyser la crise du sens social généralisée à l'ensemble de la planète. Elle est possible dans la mesure où sa tradition, sa démarche et son objet (le rapport à autrui chez les autres) lui permettent de s'adapter aux changements d'échelle qui accompagnent l'accélération de l'histoire, le rétrécissement de la planète et l'individualisation des destins. Partant d'un réexamen des rapports de l'anthropologie avec l'histoire et d'une critique des théories qui privilégient les unes l'unité, les autres la pluralité des sociétés humaines, l'auteur examine quelques phénomènes caractéristiques de notre temps: les médias, la communication, le rituel politique, les cultes nouveaux ou renouvelés qui fleurissent sur tous les continents, l'espace chaque jour plus étendu des concentrations urbaines.
Aucune ville au monde ne compte autant de bistrots au kilomètre carré que Paris. Ils sont une composante du spectacle de la rue. Avec le temps, les bistrots changent, comme la ville, dans le regard de celui qui vieillit. Résister à cette sensation, c'est continuer à vivre : telle est la leçon des bistrots parisiens, dont beaucoup sont nommés et décrits. Derrière les silhouettes de tel garçon de café, de telle serveuse ou de tel consommateur c'est la vie de Paris qu'on peut cerner comme sur une photo. L'éloge du bistrot, c'est l'éloge du paysage urbain auquel il participe, des « relations de surface » qui s'y tissent, de sa temporalité qui lui est propre (ex : happy hours, ouverture permanente, etc.). Le bistrot est un attrape souvenirs. Aller d'un bistrot à l'autre, c'est souvent voyager dans son passé. Dans ce livre, l'auteur évoque donc des souvenirs, rencontres ou expériences, mais aussi des références littéraires.
Un nouveau régime de fiction s'instaure. Il affecte la vie sociale au point de nous faire douter de la réalité. Les reportages télévisés prennent des allures de fictions et celles-ci miment le réel. Des idylles se nouent sur Internet où l'on dialogue avec des interlocuteurs sans visage. Insensiblement, nous passons au « tout fictionnel ». Aux médiations, qui permettent le développement de l'identité, la prise de conscience de l'altérité et des liens sociaux, se substituent les médias de la solitude. La vision des désastres planétaires est désormais soumise au caprice de la télécommande.Ces nouveaux partages entre le réel et la fiction conditionnent aussi la circulation entre l'imaginaire individuel (le rêve), l'imaginaire collectif (les mythes, les rites, les symboles) et l'oeuvre de fiction. Dans ce livre, Marc Augé rappelle la menace que fait peser, sur toute vie sociale, la confusion de ces trois pôles distincts de l'imaginaire. Chaque culture institue des frontières spécifiques entre le rêve, la réalité et la fiction.Toute société suppose de ne pas identifier le modèle et la réalité.Dans son ethno-fiction, parcourant l'Europe et les Etats-Unis, l'Afrique et l'Amérique latine, l'ethnologue nous conduit aux sources de toute anthropologie sociale. Celle-ci a pour objet, à travers l'étude des institutions et des représentations, la compréhension des relations entre les uns et les autres.Pour Marc Augé, La Guerre des rêves a commencé. Nous n'en voyons pas toujours clairement les tenants et les aboutissants. Sans être fatale l'explosion « fictionnelle » est désormais possible. La catastrophe serait de comprendre trop tard que, si le réel est devenu fiction, il n'y a plus d'espace possible pour la fiction, ni pour l'imaginaire. Pour conclure, l'auteur nous invite à une « morale de la résistance ».
De disneyland au mont-saint-michel, de center parc aux châteaux de bavière, de paris à new york, la ronde du tourisme n'en finit pas de tourner.
L'oeil rivé sur la caméra, les touristes transforment en images un monde lui-même envahi par les images.
Ce qui met en mouvement ces touristes, pourtant, c'est peut-être la nostalgie du voyage de " découverte " que nous ne ferons jamais plus et qui aurait pu nous ouvrir l'espace de la rencontre et des autres, un voyage qui a tourné court et menace aujourd'hui de s'achever dans le stéréotype généralisé de la fiction urbaine.
Dans ce bref journal de guerre, on trouvera quelques pages d'humeur et de réaction vive qui se nourrissent de l'actualité et, en même temps, retrouvent la trace de réflexions amorcées au fil du temps, de notre temps.
On a déjà beaucoup glosé sur l'attentat du 11 septembre 200 1. Mais cet événement, cet " événement mutation " qui change les repères et les critères, oblige à repenser quelques catégories générales d'usage courant (l'événement lui-même, la colonisation et la décolonisation, la politique intérieure et extérieure, la religion), pour essayer de comprendre ce qui se passe et ce qui se vit, pour résister au flux impétueux des évidences programmées et reprendre le souffle sans perdre l'esprit.
Journal de guerre. À suivre sans doute. Car c'est une guerre civile planétaire qui vient de commencer, mais c'est aussi, avec ses pauses et ses reprises toujours inattendues et néanmoins prévisibles, une nouvelle guerre de Cent Ans qui s'annonce.
Umberto Eco avec bonheur et humour, Marc AUGÉ avec sa générosité et son sens de l'observation, Georges Didi-Huberman avec sa créativité et sa liberté, nous offrent ici leurs expériences des images.
C'est bien une pensée sur les images en société qu'ils nous racontent, chacun selon son parcours, chacun selon ses sciences humaines et sociales. La sémiologie et la langue imparfaite des images pour Umberto Eco. L'anthropologie et ses multiples rivages pour Marc Augé. L'histoire et la philosophie pour dire la condition humaine qui se dessine sous les usages que nous faisons des images pour Georges Didi-Huberman.
Les entretiens de MédiaMorphoses accueillent la parole et l'expérience d'auteurs singuliers. Pour penser les médias et les problématiques inhérentes à leurs circulations dans les champs pluriels de nos cultures : leurs formations, leurs déformations, leurs traductions. Pour entendre des auteurs dans les registres créatifs de leurs recherches et ne jamais perdre de vue les horizons du politique. Pour confronter les méthodes et les terrains des sciences humaines et sociales aux fabriques du contemporain : ses pages, ses langages, ses images.
Pour soustraire les écrans de l'information et de la communication à leurs étourdissantes simultanéités.
Un regard inspiré sur les statues de Paris qui ornent les façades des musées (Trocadéro, musée d'Art moderne), les jardins et les places, les arcs de triomphe. Le photographe en révèle la sensualité, parfois l'incongruité, la véhémence ou la discrète poésie, qui échappent souvent au regard distrait des passants. Dans la veine de Paris retraversé ou de Venise d'eau et de pierre, le texte de Marc Augé, anthropologue et romancier, souligne la beauté méconnue de ces corps dévoilés, de ces rêves de pierre, figés au coeur de la ville, à l'ombre des grands maîtres.