Dans cette magistrale synthèse de l'histoire du développement humain, Lewis Mumford, face à l'énigme de l'asservissement total de l'homme moderne au système technique qu'il s'est créé, est amené à repenser de fond en comble le processus de l'humanisation. Il bat en brèche l'idée d'un homme essentiellement fabricant et utilisateur d'outils et montre que l'intelligence humaine s'est développée, tout autant sinon davantage, grâce à la création de symboles, de rites et d'idées.
Pour Mumford, la nouvelle organisation sociale qui apparaît au quatrième millénaire, fondée sur la royauté de droit divin et sanctifiée par un corps de prêtres professionnels, fut bien plus le produit des mythes et du rituel que le résultat d'innovations techniques majeures. C'est à ce moment que prit corps un archétype de « machine invisible », baptisée « Mégamachine » par l'auteur et dont sont tributaires les grands ouvrages de l'Antiquité.
Depuis lors, sous des formes variables nous la retrouverons à travers l'histoire au fondement de toutes les organisations sociales complexes, sous les triples espèces de la machine travail, de la machine militaire, de la machine bureaucratie.
À travers sa généalogie de la violence mécanique, Mumford nous dévoile cette cruelle vérité que devraient méditer les chantres de la rédemption informatique de l'humanité globalisée : à attendre des remèdes aux méfaits de la technique en recourant à des solutions techniques, on ne fait que précipiter le désastre. Il démonte la façon dont le système technologique détruit l'autonomie individuelle, les bases d'une démocratie authentique et la civilisation elle-même. Ainsi, cinquante ans après sa parution, le livre de Mumford garde son caractère prémonitoire.
Paru en deux tomes aux États-Unis en 1966 et 1970, Le Mythe de la machine, qui clôt le cycle d'ouvrages amorcé avec Technique et civilisation (1934), avait été traduit en français de façon quelque peu indigente et publié chez Fayard en 1974. Espérons que la présente version du premier tome saura mieux que la précédente rendre justice à ce texte prophétique.
Deux essais de Lewis Mumford, Technique autoritaire et technique démocratique (1963) et L'héritage de l'homme (1972) où il défend sa conception d'un être humain inventeur de symboles plus que d'outils techniques, et expose son concept de Mégamachine. Une excellente introduction à l'auteur du Mythe de la machine.
Qu'est-ce que la cité ? Comment a-t-elle commencé ? Quelles ont été les phases de son développement ? Est-elle destinée à disparaître, ou notre planète se transformera-t-elle en une immense ruche urbaine, ce qui serait, pour les villes individualisées, une autre façon de disparaître ? Les besoins qui conduisirent les hommes vers ce mode d'existence recevront-ils un jour les satisfactions qu'ont pu promettre autrefois Jérusalem, Athènes ou Florence ? Est-il encore possible de construire une cité permettant à l'homme de poursuivre un développement harmonieux ? Avant de penser un nouveau mode d'existence urbaine, il faut comprendre la nature historique de la cité et l'évolution de son rôle primitif. Nous serons mieux à même alors d'envisager les décisions qui nous incombent. Il nous appartient de diriger nos efforts vers l'accomplissement de la plus profonde valeur humaine ; ou sinon de subir l'automatisme des forces que nous avons déclenchées. Par l'analyse de la formation des regroupements urbains, ce classique fait apparaître les limites démographiques, technologiques et économiques au-delà desquelles la cité ne rend plus possible la survie d'une unité communautaire. Critique d'une organisation économique qui sacrifie le progrès de l'humanité au perfectionnement des machines, l'auteur revient au souci du bien public, à la recherche d'un équilibre écologique et à la coopération sociale comme base de notre milieu de vie.
Technique et Civilisation - paru initialement aux États-Unis en 1934 sous le titre Technics and Civilization -, est publié pour la première fois en français en 1950 (Seuil).
Lewis Mumford y analyse le mode de pensée industriel et retrace l'histoire de l'évolution technologique, du règne de la machine et de la paupérisation de l'homme au travail.
L'ouvrage est alors considéré à bien des égards comme révolutionnaire et visionnaire. Lewis Mumford y présente le développement technique dans le cadre d'une écologie sociale plus générale, comme un élément de la culture humaine. Véritable pionnier, il développe une vision du monde où la surenchère technologique est observée à l'aune des effets dévastateurs qu'elle a sur l'environnement et sur le rapport de l'homme au travail.
Dans ces conférences, inédites en français, tenues en 1951, Mumford précise que « l'art et la technique représentent deux aspects inhérents à l'organisme humain », constate que « la technique devient de plus en plus automatique, de plus en plus impersonnelle, (...) tandis que l'art, par réaction, semble devenir plus névrotique et plus autodestructeur », et expose son but : « rétablir la relation fonctionnelle entre ces deux aspects de la vie ». Si les notions d'équilibre et de mesure, chères à Mumford, n'ont pas suffi à elles seules à restaurer quoi que ce soit, elles semblent indispensables à la menée de la dernière aventure humaine : l'instauration de la liberté individuelle et collective.