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En 1920, Roth, le correspondant allemand le plus réputé de son époque, arriva à Berlin. Ses articles influencèrent toute une génération d'écrivains, parmi lesquels Thomas Mann. Ces textes, traduits et réunis ici pour la première fois, se font l'écho des violents paroxysmes sociaux et politiques qui menaçaient sans cesse l'existence de cette fragile démocratie qu'était la République de Weimar.
Roth s'aventura à Berlin jusqu'au coeur de la cité, ce que ne fit aucun autre écrivain allemand de son temps, tenant la chronique de la vie qu'y menaient ses habitants oubliés, les infirmes de guerre, les immigrants juifs, les criminels, la faune qui hantait les bains publics, sans compter tous les cadavres anonymes qui remplissaient les morgues, et dépeignant aussi les aspects plus fantaisistes de la capitale, les jardins publics et l'industrie naissante du spectacle. Un des premiers à comprendre la menace nazie, Roth évoqua un paysage de banqueroute morale et de beauté débauchée, dressant au passage un remarquable portrait de la ville, à un moment critique de son histoire.
Roth saisit et résume à lui seul l'Europe de ces temps incertains qui précédèrent le grand effondrement d'un continent et l'annihilation d'une civilisation.
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« Je n'écris pas de "commentaires divertissants". Je dessine le visage de notre époque. » Telle est l'ambition maintes fois proclamée par Joseph Roth, qui refusait que l'on considérât son activité de journaliste et de chroniqueur comme celle d'un aimable causeur et ne l'estimait pas inférieure à sa prose romanesque. Les esquisses et portraits ici réunis confirment la validité de cette exigence. Observateur minutieux de la surface chatoyante du monde, qu'il sait rendre en quelques traits de plume suggestifs, l'écrivain brosse un panorama subjectif de la modernité qui est en même temps une quête de sens. Des Images viennoises, écrites dans les tout premiers temps de sa carrière de journaliste, jusqu'aux pages ciselées de Cabinet des figures de cire, où il a rassemblé de son vivant les plus beaux textes rédigés pour le compte de la Frankfurter Zeitung quelques années avant la période de l'exil français, Joseph Roth s'affirme au travers de sa prose toujours lumineuse et alerte comme un maître incontesté de la forme brève.