Que faisons-nous quand nous voyons ? C'est ce que Bonnard et Giacometti peuvent nous aider à comprendre parce qu'ils ont eux-mêmes cherché à le comprendre.
Quant à P., il est l'auteur du récit de la création sur lequel s'ouvre la Bible. Il a eu l'intuition du pouvoir créateur du langage mais, en le réservant à Dieu, il a commis un impair dont les conséquences se sont étendues jusqu'à nous. En remontant son histoire, nous découvrons quelque chose d'important sur une part de nous-mêmes.
L'Europe ne sait plus où elle va. Les Européens ne se reconnaissent plus dans l'Union, au point que la plupart d'entre eux se replient sur leurs nations respectives. S'ils veulent un avenir, ils doivent se proclamer citoyens d'une République européenne. Qu'ils fassent comme les Français en 1789 : une révolution, non au sens d'un renversement du pouvoir établi au profit d'un autre, ni de la victoire d'une classe sociale sur une autre, mais un acte «politique», né de la décision des uns et des autres d'exercer leur liberté en commun, ce dont le capitalisme les prive.Avec la primauté du politique sur l'économique, sera aboli «l'assujettissement de la vie sociale à l'accroissement sans fin du capital», tandis que la République pourra satisfaire les besoins et désirs essentiels de chacun.
Georg Christoph Lichtenberg (1746-1799) est mal connu dans les pays de langue française :
Un littérateur marginal, croit-on savoir, auteur d'aphorismes, de paradoxes et d'observations amusantes.
On ignore qu'il fut l'un des représentants les plus remarquables des Lumières en Allemagne. Ses Cahiers , où il notait au jour le jour tout ce qui lui passait par la tête, montrent un esprit d'une qualité rare s'interroger et se parler à lui-même sur tous les sujets qui l'intéressent. Billeter a pris le parti de réunir et de traduire les passages qui ont le plus retenu son attention au fi l des années, et de présenter au lecteur français son Lichtenberg. Il a ajouté un aperçu de la vie de cet auteur, de son oeuvre et un bref essai où il explique son intérêt pour cet esprit exceptionnel.
En une cinquantaine d'esquisses, qui ont la valeur de motifs aisément mémorisables, Jean François Billeter éclaire le moment historique actuel, la crise que nous traversons et le moyen pour tenter d'en sortir : la critique ne suffit plus, il faut des idées neuves, en particulier une façon juste de se représenter l'être humain et ses besoins. Ces esquisses forment un essai philosophique (car c'est de l'homme en tant que sujet qu'il s'agit) et politique. Elles s'inscrivent dans le prolongement des travaux précédents de l'auteur, mais constituent une proposition nouvelle, présentée avec la limpidité, la sobriété et la clarté dont Billeter est coutumier. Comme Un paradigme, c'est un outil de compréhension de soi et du monde, un livre à conserver, en toutes circonstances.
Un sinologue parle de ce qu'il fait lorsqu'il traduit du chinois classique en français.
Ces deux langues sont si différentes que le passage de l'une à l'autre exige une conscience particulièrement aiguë de ce que c'est que traduire. Ce cas d'école est aussi du plus grand intérêt pour les non sinologues. Ils verront le sinologue au travail, découvriront quelquesunes des propriétés remarquables de la langue chinoise classique et, par contraste, certains traits propres au français. Ils découvriront surtout quelques très beaux textes chinois anciens, poèmes ou fragments philosophiques. Dans ces quatre essais, qui sont d'une clarté lumineuse, l'auteur fait aussi quelques propositions sur le perfectionnement de l'art de traduire du chinois - ou de toute autre langue.