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Guilhem Lesaffre
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Ces scènes parfois anodines - photographiées en Italie, en France, au Danemark, en Finlande ou encore au Népal -, sont souvent teintées de mélancolie et révèlent l'univers poétique du photographe.
Ses images en noir et blanc témoignent d'une attention particulière accordée aux détails, à la lumière qui modèle les espaces, aux étendues silencieuses dans lesquelles surgit soudain une présence humaine ou animale. La forte présence de la nature, le mimétisme entre le vol des oiseaux, le mouvement des arbres dans le vent, le poids de la neige, l'étendue des nuages... confèrent à ses images la puissance évocatrice de contes visuels. La contemplation du monde à travers l'objectif de Pentti Sammallahti donne à voir une nature sensible, parfois même lyrique.
L'expérience de l'image est double : au-delà de sa virtuosité narrative, son usage de la bichromie, avec des blancs immaculés, tel le plumage de ses cygnes ou de ses flamands roses, confrontés à des noirs profonds, crée un jeu sur les textures et restitue avec force un monde où les oiseaux tiennent une place singulière.
Pour cet ouvrage, Guilhem Lesaffre met en lumière la relation aux saisons qui est un aspect fondamental de la vie des oiseaux. Là où il existe, l'hiver est une contrainte importante avec laquelle les oiseaux doivent composer et qui induit notamment des stratégies de recherche de nourriture et d'économie d'énergie, ou encore le grégarisme. L'auteur associe ici la vie des oiseaux en hiver avec les photographies de Pentti Sammallahti.
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Le temps, la mémoire, la beauté sont des thèmes qui traversent toute l'oeuvre des photographes. « Nous cherchons à expérimenter la beauté de la découverte », précisent-ils. Entre réel et illusion, l'image interroge notre rapport au monde tangible. « La photographie nous aide à comprendre la réalité, les images sont comme des notes visuelles dans un carnet. » Chaque image est comme une histoire arrêtée. Ses nuances chromatiques, nous immergent dans la couleur. Cabrera et Albarrán utilisent de nombreux procédés : tirage platine, au palladium, cyanotype, gélatine argentique, impression pigmentée... L'image se fait vibration sensible. Pour la collection Des oiseaux, le duo a réalisé des photographies spécialement pour le livre. La beauté de l'éphémère, une certaine mélancolie mais aussi la fragilité de l'instant saisi par l'objectif se révèlent au fil d'images en couleurs mordorées ou en monochrome. Les oiseaux semblent tout droit sortis de contes fantastiques ; ils prennent leur envol sur des surfaces miroitantes, se dispersent parmi de sombres frondaisons. Les cadrages serrés soulignent leur présence physique. Les oiseaux deviennent presque abstraits. Cou souple bicolore d'un couple de cygnes, bec immaculé d'une poule d'eau d'un noir lustré, ailes de palombes déployées aux pennes argentées, plumes de paon au somptueux tombé : le jeu formel des formes sert de contrepoint à la saturation des couleurs. Cabrera et Albarrán laissent l'interprétation de leurs images à la mémoire du spectateur, s'inscrivant dans la démarche de Joan Miró, qui dans son tableau Bird in Space, donne une représentation minimale de l'oiseau, à travers des points ou des ombres, pour laisser voler notre imagination.
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En Inde, en Italie, en Andalousie, en Grèce, en France, Plossu dérobe des fragments du monde. Faisant alterner scènes urbaines et paysages majestueux, le photographe pose sur les oiseaux un regard à la fois tendre et curieux que souligne la qualité onirique et « surréelle », comme l'a précisé le critique Francesco Zanot, de ses images. Partout où il promène son appareil, Plossu s'impose une seule et même règle : la sobriété, obtenue grâce à un objectif de 50 mm. « C'est mon seul style, précise-t-il, ce qui me permet d'affirmer que mon style, c'est de ne pas faire de style ». Les oiseaux de Bernard Plossu nous semblent parfois bien familiers, peuplant cours d'immeubles, toits des campagnes ou fils électriques, d'autres, les ailes déployées, jouent avec les vents ascendants qui sifflent en altitude et attisent la fascination et le désir qu'ont depuis toujours les hommes de voler.
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« J'aime les détails, les petites choses qui nous entourent. Le quotidien me fascine. Dans mon travail, je cherche à découvrir la richesse du monde », énonce Rinko Kawauchi. Pour la collection Des oiseaux, la photographe japonaise - figure de sa génération et qui a déjà publié aux Éditions Xavier Barral/Atelier EXB Halo et Illuminance - a porté son regard sur le printemps des hirondelles au Japon, saison des naissances. À l'abri des curieux, dans l'embrasure des fenêtres ou dans les sous-pentes des toits, ces minuscules oiseaux construisent des nids composés de terre, d'argile, d'eau et d'herbes sèches afin d'y protéger leurs couvées. Avec la poésie et le sens du détail qui la caractérisent, Rinko Kawauchi fait surgir la beauté éphémère d'instants suspendus : la fulgurance d'un vol, l'avidité d'une becquée, l'agilité des postures. Petites créatures fragiles faites de quelques grammes de plumes, les hirondelles, grâce à leurs ailes aiguës, se perchent partout avec aisance et grâce.
Immergées dans la lumière de ciels opalescents, en équilibre sur des fils électriques, perdues parmi la densité des feuillages, les hirondelles s'envolent avec fulgurance toutes ailes déployées, filant tel l'éclair pour nourrir leurs oisillons : leur vie se dévoile sous nos yeux émerveillés. Les cadrages décentrés, les trajectoires de vol semblant filer hors champ, les vues en plongés et contre plongés, les effets de lumière surexposée, les associations visuelles, l'immersion dans la nature, l'infiniment petit, la perception des textures - plumes, brins d'herbe, becs lustrés... - donnent à voir le merveilleux du monde.
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Qu'il s'agisse de la campagne aux lignes d'horizon basses, de ciels découpés à travers des toits, de vues en contre-plongée montrant la cime d'arbres automnaux, ses images invitent à la contemplation. Les oiseaux planent, dessinent des figures aériennes dans des ciels moutonneux, patientent sagement sur des branches...
Vols suspendus, moments arrêtés : le temps se fige, se fait immuable. Dégradés de gris, tons au léger virage sépia et profondeur de champ insufflent aux photographies de Michael Kenna une certaine mélancolie. Le monde est silence. Les changements incessants de la matière céleste, l'épaisseur, l'éclat ou la fluidité de la lumière donnent l'impression que la durée d'apparition a été suspendue. Les oiseaux deviennent palpables, leur être au monde se fait enchantement. Tels des tableaux issus de la grande tradition classique, les photographies d'oiseaux de Kenna donnent à voir une nature vide de toute présence humaine et où seuls règnent les oiseaux.
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Enfermé dans son appartement parisien, en haut d'un immeuble de la rue Voltaire, Christophe Maout décide de photographier les oiseaux qu'il voit furtivement passer au loin lorsqu'il sort sur son balcon. Pour mieux les identifier, il utilise une technique simple et bien connue des amateurs : la jumelle. Il plaque alors l'objectif de son appareil photo sur l'oeilleton de celle-ci et s'approche au plus près des volatiles pour les photographier.
Variant les moments de la journée, les orientations du soleil et les espèces d'oiseaux, le photographe renoue avec la tradition ornithologique de l'observation, tout en ajoutant un geste artistique dans le cadrage et la couleur. Nous plongeons alors dans le noir de l'appareil et notre oeil est focalisé, grâce au cercle de la jumelle, sur cette petite tache noire, sur ce petit accent circonflexe inversé, qui nous indique la présence de l'animal. Maout nous transporte dans un univers de légèreté, alternant les points de vue, allant du ciel au immeubles, avec comme seuls repères visuels les nuages et l'horizon. Ce 12e titre de la collection Des oiseaux célèbre cette liberté magnifique qui n'appartient qu'aux oiseaux et qui nous fait lever les yeux au ciel pour les regarder. -
Cadrages décentrés, effets graphiques et puissance des ombres élaborent un univers poétique où le sentiment d'étrangeté se mêle à celui d'une réalité crue. L'équilibre puissant de ses compositions donne à voir des ciels saturés d'oiseaux, des situations cocasses et inattendues où des poulets attendent sagement sur des étals de marché, où des pigeons se disputent avec des singes, ailleurs se sont des nuées mouvantes qui ressemblent à de véritables organismes vivants aux mouvements souples et fluides. Pour Iturbide, les oiseaux vivants représentent la liberté. Mais la mort n'est jamais loin et un certain esprit surréaliste non plus. Oiseaux morts alignés sur un bout de trottoir, oiseaux carnassiers attendant leur proie au milieu du désert, corbeaux survolant des arbres secs, mésanges inertes posées sur les yeux d'une femme : les photographies de Iturbide sont souvent des tableaux énigmatiques.
La dimension organique, liée au sang, à la chair, à la boue, à la sueur ou encore à la terre, imprègne également la plupart de ses images. La photographe entretient un rapport particulier au réel en saisissant des moments singuliers. Les oiseaux et les hommes cohabitent, se frottent les uns aux autres. De l'Inde au Mexique, des fronts de mer aux terrasses urbaines, mouettes, aigles, pigeons, hérons, corbeaux envahissent l'espace des hommes ou s'y glissent de manière inopinée et solitaire. Les oiseaux de Graciela Iturbide suscitent à la fois attraction et répulsion : leur fragilité mais parfois aussi leur puissance menaçante interpellent et séduisent.
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Des oiseaux (version francaise)
Paolo Pellegrin, Guilhem Lesaffre
- Xavier Barral
- 7 October 2021
- 9782365113120
Son esprit curieux le mène à poser son objectif sur des sujets parfois plus contemplatifs, où la nature tient une place majeure. Ainsi, lors d'un séjour au Japon, le photographe, parti assister au célèbre sakura zensen ou éclosion des cerisiers, est davantage saisi par la majesté d'une colonie d'aigles. À Kyoto, le temple de Shimogamo, situé dans le delta de la rivière Kamo-Gawa, se dresse au coeur de la forêt Tadasu no Mori, ou « forêt de la vérité ». Ce sanctuaire shinto, datant du VIIe siècle, niche au coeur d'une forêt primaire peuplée d'aigles. Planant au-dessus des visiteurs, surgissant aux détours de feuillages toutes ailes déployées, les aigles virevoltent tout près du photographe. Leur fulgurante vitesse est captée dans des cadrages serrés : les oiseaux semblent surgir du cadre ou en sortir à toute allure. Les chorégraphies se succèdent : en soliste, en duo ou en groupe, ces fascinants rapaces semblent glisser dans l'espace. Se détachant sur des ciels aux noirs et blancs saturés, les aigles de Pellegrin nous fixent, nous défient, nous surprennent. Leur majesté force l'admiration : ils planent, esquissent moult acrobaties. Leurs rémiges se font doigts, leurs ailes deviennent capes. Défiant les lois de la pesanteur, immergés dans les profondeurs des sous-bois, les oiseaux de Pellegrin nous invitent à pénétrer dans un monde mystérieux et fantomatique, où seule règne la présence animale.
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Ses oeuvres étranges invitent le spectateur à pénétrer dans son esprit pour un voyage extrême : l'exploration des recoins de l'inconscient et de ses pulsions secrètes. Pour la collection Des oiseaux, Ballen a réalisé une série de photographies spécialement pour l'ouvrage. Dans des univers clos, où s'accumulent graffiti, signes, ombres et fragments, se jouent des histoires qui viennent bousculer notre regard. La frontière entre fantaisie et drame se floute. Le monde non logique d'une Alice au pays des merveilles, malicieuse et parfois pas si gentille, semble s'animer sous nos yeux. Oiseaux sagement posés parmi un décor de poupée, surgissant derrière un mur de carton pâte, évoluant au milieu de jouets abandonnés et brisés par un enfant mécontent, ou encore jouant à l'équilibriste sur des ballons, s'acoquinant avec des ours en peluche, réels ou dessinés : tous participent au délire amusé de l'artiste. Un géant patibulaire tient délicatement dans sa main une colombe, deux pigeons semblent élire pour leur future nichée une perruque d'inspiration surréaliste, ailleurs, deux tourterelles sont perchées sur une cage à oiseau dans laquelle se tient... un chien. Mains, pieds et bouches percent les murs, surgissent de manière incongrue. Entre effroi et rire, fantastique et poésie de l'absurde, l'univers de Roger Ballen rappelle celui des films de Cocteau où se mêlent lyrisme et sentiment de l'étrange.
Les oiseaux de Roger Ballen pulvérisent les codes de la représentation, mais l'absurde n'est-il pas le miroir de nos songes ? -
Le plissement velouté de l'eau, le vol lent d'un oiseau, une ligne d'horizon ponctuée d'oiseaux marins aux ailes ourlées de gris : le photographe capte une réalité qui fourmille de détails. Les métamorphoses de la nature le fascinent. Travaillant exclusivement en noir et blanc, Byunghun Min rend abstrait un moment éphémère. Brouillards sur lesquels se détache une mouette, variations de la lumière sur un rivage où se baignent des oiseaux migrateurs, ciels chargés de nuages et traversés par des nuées dansantes, sa perception de l'espace entraîne le regardeur dans les profondeurs de l'image, l'instant fugace se dérobe sous nos yeux.
Les oiseaux de Min habitent un espace impalpable. Ils semblent enveloppés dans un voile blanc, dans une lumière argentée. La quasi monochromie de l'image, l'uniformité des tons oscillant entre blancs et gris, l'absence de perspectives et de contrastes, la simplicité de la construction et le minimalisme des formes restituent un réel devenu fantastique. Le long travail lors du tirage du négatif permet au photographe de rendre non seulement ce qu'il a vu mais aussi perçu. Les oiseaux de Min invitent à la contemplation.
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Réalisées dans l'espace de son jardin personnel, elles révèlent la vie cachée des mésanges, moineaux et autres passereaux qui nichent dans les jardins urbains. Oscillant entre fantastique et réel, ses images semblent prises à la dérobée. Elles montrent des instants volés : vols suspendus, oiseaux dissimulés dans les feuillages, solitaire crânement posé sur une branche, mais aussi ballets aériens de linottes et courses poursuites entre geais et grives. Prises le plus souvent au ras du sol, le nez dans l'herbe, l'objectif de l'appareil perdu dans les fleurs, ses photographies semblent se substituer à l'oeil de l'ornithologue, celui qui observe, fasciné, un monde autre : celui des oiseaux.
Les saisons se succèdent, les couleurs du jardin varient, passant des orangés, aux bleus et verts vifs de l'été au blanc immaculé de l'hiver. Lumières et couleurs saturées, jeux entre flou et ultra netteté du détail, arrêts sur image dessinent une « supra réalité ». Terri Weifenbach nous immerge dans l'infiniment petit, nous transportent dans un monde particulièrement animé où les oiseaux filent à toute allure, dansent, ou se posent, se figent et tiennent des conciliabules. Elle révèle le merveilleux de leur monde.
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Nouveau titre de la collection de livres photographiques des Éditions Xavier Barral "Des Oiseaux" : Figure de la jeune photographie japonaise, Yoshinori Mizutani revisite l'espace urbain de sa ville, Tokyo.
Profondément imprégné de la tradition picturale japonaise, le photographe explore la vie quotidienne tokyoïte et capture des scènes aux confins du fantastique. Ses cadrages et ses couleurs acidulées confèrent à ses images une certaine étrangeté. Formes, textures, nuances colorées, profondeur de champ élaborent un vocabulaire visuel à la fois poétique et pop. " Ce sont les interprétations variées qu'a un spectateur d'une image qui rendent la photographie intéressante ", précise le photographe. Yoshinori Mizutani observe avec minutie l'espace urbain et ses excentricités. Sa série Parrots présentait les perroquets sauvages aux couleurs acidulées qui peuplent désormais la ville de Tokyo. Ici, corbeaux, hirondelles, moineaux et autres passereaux des villes saturent l'environnement urbain, ciel, arbres, poteaux électriques, lignes téléphoniques sont envahis, réinvestis. Ils deviennent alors autres, et le passant les perçoit différemment. Parfaitement posés et alignés en rangs serrés sur les fils électriques qui sillonnent le ciel de toute capitale, les oiseaux se font armées, colonies ordonnées. Les lignes graphiques qu'ils forment redessinent l'espace urbain. Visions de rêve ou de cauchemars, les oiseaux de Yoshinori Mizutani saturent par leur présence le monde de la ville et lui restitue son mystère. -
Photographe et vidéaste australienne, Leila Jeffreys est née en Papouasie-Nouvelle-Guinée d'une mère indienne et d'un père anglo-australien. Elle a passé une grande partie de son enfance à voyager et a grandi entouré d'animaux sauvages.
En 2008, elle commence à réaliser des portraits photographiques d'oiseaux en travaillant aux côtés d'ornithologues dans des réserves naturelles. Sujets particulièrement difficiles à saisir en raison de leur grande mobilité et de leur furtive attention, les oiseaux requièrent un art de l'attente que Leila a développé depuis des années passées dans les forêts et jungles tropicales. " J'ai toujours remarqué que beaucoup d'oiseaux avaient des expressions particulières. Pour les capter, il m'a fallu trouver comment les photographier de manière à faire surgir leur caractère propre, souligne-t-elle. Ma façon préférée de les photographier est d'installer un studio de portrait dans un endroit qui leur est familier. Je leur parle pendant que je travaille afin qu'ils interagissent avec moi. " Les temps de pose sont extrêmement longs de même que le travail en post-prod - nécessaire pour séparer ces merveilleuses créatures de leur environnement naturel. Cacatoès noirs, perruches sauvages, hiboux fauves, pigeons roses ou pinsons jaunes, tous semblent parés de leurs plus beaux atours. Tour à tour, gracieux, espiègle, farouche, fier, timide, poseur : chaque oiseau photographié laisse transparaître sa personnalité. Galerie de portraits à la fois fantaisistes et hyperréalistes, les images de Leila Jeffreys invitent à la rencontre d'espèces exotiques ou plus connues qui toutes semblent vouloir dialoguer avec le regardeur. Les somptueuses couleurs des plumes, du rose poudré au jaune citron, du vert émeraude au bleu cyan, confèrent à ces graciles personnages un chic pop et élégant.