La dimension politique des études visuelles, entre études francophones et studies anglo-américaines.
Les études visuelles francophones ont l'avantage de leur faiblesse : non « labellisées » et distribuées entre historiens, historiens de l'art, anthropologues, sociologues, spécialistes des médias, elles n'ont pas à subir l'interrogatoire sourcilleux et sans fin auquel les chercheurs anglo-saxons soumettent la visual culture pour avoir été portée au rang de champ (de studies), avec ses revues, ses programmes, ses débats à double fond, selon la même mécanique que le genre, le postcolonial ou les sciences. Là où, dans le monde anglo-américain, les disciplines se sont comme retrouvées précipitées dans l'arène étroite bien que vertigineuse de l'image, du visuel et du regard, sur le « continent », le dialogue entre les disciplines traditionnelles aura su jouer à plus grande échelle son rôle critique et inspirant.
Cet ouvrage contient l'un et l'autre de ces destins scientifiques et met l'accent sur leur dimension « politique ». Car si nous avons bien affaire à un cousin venu d'Amérique, la réunion de famille ne va pas de soi. Le fauteur de troubles pour certains affiche de surcroît un certain engagement. Le politique est bien cet « autre » des sciences continentales des images qui, en réinscrivant le chercheur dans la cité, lui demande sans doute plus de perspicacité et de pratique que la sainte neutralité de principe professée aux étudiants. La dimension la plus ambitieuse des approches américaines, résultat croisé des cultural studies britanniques et de la French theory, n'est cependant pas une importation : le politique est l'une des figures fécondes du passage de l'étude des images comme représentation à celle des images comme agent social performatif, incluant les arts (de faire voir) et le puits historique d'où sort la pensée démocratique du visible.
Avec des essais de Gil Bartholeyns, Mathias Blanc, Maxime Boidy, Rémy Besson, Gaby David, Ralph Dekoninck, Pierre-Olivier Dittmar, Daniel Dubuisson, Thomas Golsenne, André Gunthert, Carl Havelange, Gianni Haver, Pierre Lagrange, Audrey Leblanc, Arnaud Maillet, Nicholas Mirzoeff, Morad Montazami, Magali Nachtergeal, et la traduction par Isabelle Decobecq du questionnaire d'October avec : Svetlana Alpers, Emily Apter, Carol Armstrong, Susan Buck-Morss, Tom Conley, Jonathan Crary, Thomas Crow, Tom Gunning, Michael Ann Holly, Martin Jay, Thomas Dacosta Kaufmann, Silvia Kolbowski, Sylvia Lavin, Stephen Melville, Helen Molesworth, Keith Moxey, D. N. Rodowick, Geoff Waite, Christopher Wood.
Grille-pain, machine à coudre ou à laver... Chaque foyer occidental posséderait une centaine d'objets techniques. Ces objets qu'on utilise sans savoir comment ils fonctionnent, ce livre propose de les ouvrir. De retirer leur carrosserie. De regarder de quoi ils sont faits. Chacun porte sa part d'insolence et de design, d'improvisation et de standardisation, de conformisme et de détournement...
Ils incarnent une histoire de l'ordinaire, nichée au coeur du quotidien.
Au grand récit des innovations, trop souvent ethnocentrique et progressiste, nous préférons les mains qui apprennent. À l'histoire héroïque du chemin de fer ou de l'atome, nous proposons de substituer la description de familles agglutinées autour du poste de télévision ou le désir plus récent de « faire soi-même ». Toute une série de pactes curieux entre kes hommes et les objets se dévoilent alors. L'électricité sert d'abord à allumer les bougies. Les premiers ascenseurs ont l'allure de chaises à porteur. En Afrique centrale, porter une montre cassée était une façon de refuser le temps du colon.
Ce petit livre propose au lecteur d'ouvrir les yeux sur le monde matériel qui l'entoure. De réapprendre, en un sens, à se demander pourquoi les choses sont telles qu'elles sont.