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Georges Bataille
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«Un jour, enfin, à l'heure où le soleil oblique de six heures éclairait la salle de bains, un oeuf à demi gobé fut envahi par l'eau et, s'étant empli avec un bruit bizarre, fit naufrage sous nos yeux ; cet incident eut pour Simone un sens extrême, elle se tendit et jouit longuement, pour ainsi dire buvant mon oeil entre ses lèvres. Puis, sans quitter cet oeil sucé aussi obstinément qu'un oeil, elle s'assit, attirant ma tête, et pissa sur les oeufs flottants avec une vigueur et une satisfaction criantes.»Un jeune garçon de seize ans tombe éperdument amoureux de la jeune Simone, s'adonnant à des jeux sexuels inventifs, les deux adolescents emportent dans leur débauche une dénommée Marcelle, facilement influençable. À trois désormais, ils vont toujours plus loin dans la frénésie et la transgression, comme envoutés par leurs sens. Une clé psychanalytique éclairera à la fin, offrant une deuxième lecture de ce texte unique.Publié clandestinement en 1928 sous pseudonyme, cette oeuvre dérange autant qu'elle intrigue. Le lecteur est ébloui et aveuglé par une écriture inclassable : ni érotique, ni pornographique, ni même entre les deux. L'Histoire de l'oeil ou qu'est-ce qui sépare l'horreur du sublime ?
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Le projet de ce livre est de réunir les plus remarquables des courts textes critiques consacrés par Georges Bataille à la littérature. Pas à sa littérature propre - on ne le lira pas ici la définir -, mais à celles des autres, ses contemporains pour la plupart. Ils datent tous d'après la guerre, c'est-à-dire, dans la vie qui a été la sienne, aux dix premières années de la revue Critique, qu'il a créée à la Libération et qu'il a dirigée jusqu'à sa mort (1962). On ne le lira pas certes pas définir ici la littérature selon lui, « définition » qu'il s'est, il est vrai, toujours abstenu de formuler précisément ; il n'empêche, le lisant lire ses contemporains, on l'entend former une autre affirmation, et complémentaire, de sa propre représentation de la littérature, de son « rôle », comme on disait alors - de son absence de rôle, plus justement.
Précisément : contre Sartre. La littérature doit servir dit l'un ; s'asservissant, dit l'autre, la littérature n'en est plus une.
Son grand livre sur ce sujet, sur le sujet de la littérature, celui où se mesure le mieux le sens qu'il en a, le sens et l'exigence, considérables, irréductibles, qu'il en a, c'est La Littérature et le mal (1957). Grand livre (théorique), mais livre restrictif aussi. Idée d'éditeur, ou idée d'auteur qui sait que le temps et les forces lui manqueront pour en concevoir un plus ambitieux. La Littérature et le mal : huit textes, sur huit écrivains selon son goût et son coeur , essentiels (Brontë, Baudelaire, Blake, Genet, Kafka, Michelet, Proust, Sade.), mais... qui y manque-t-il ? Beaucoup qu'on peut sans mal imaginer. Qu'il n'y a pas même lieu d'imaginer, il le dit lui-même : « Il manque à cet ensemble une étude sur Les Chants de Maldoror. » Cette étude manque, certes, mais il ne manque pas qu'elle. Il manque après coup, le temps venu de faire le compte des oeuvres qui se sont imposées depuis les années 1950-1960, toutes celles que ce livre réunit, et que lui-même aurait peut-être réunies si le temps lui en avait été laissé. Un seul exemple: la première étude en France sur Beckett (sur Molloy), c'est lui qui l'écrit. C'est un choix parmi ces textes que propose ce livre auquel il a semblé bon de donner ce titre - Non serviam -, parce que c'est la devise du diable, dit-on, et parce que la littérature, selon Bataille, est et se doit d'être diabolique. -
À la mort de son père, Pierre tombe sous la griffe d'une femme terrifiante et sulfureuse, à l'adoration dévoratrice : sa mère. Initié par elle à l'orgie et la débauche, l'adolescent découvre une vie de perdition où se mêlent honte, jouissance, dégoût et respect. Face à un monde en dérive, perverti, comment aimer encore et apprendre à grandir ?
Roman posthume, Ma mère est l'un des textes les plus scandaleusement beaux de Georges Bataille, qui disait de lui-même : " Je ne suis pas un philosophe, mais peut-être un saint, peut-être un fou. " -
Les êtres qui se reproduisent, les êtres reproduits, sont des êtres distincts entre eux, séparés par un abîme, une fascinante discontinuité. Mais, individus mourant isolément dans une aventure inintelligible, nous gardons la nostalgie de la continuité perdue. L'activité sexuelle de reproduction, dont l'érotisme est une des formes humaines, nous la fait retrouver ; au moment où les cellules reproductrices s'unissent, une continuité s'établit entre elles pour former un nouvel être à partir de leur mort.
C'est aussi par la mort, la mort violente, que cet effort de libération s'est manifesté dès l'origine des activités de l'homme. Mais le désir de meurtre met en cause toute l'organisation de communautés fondées sur le travail et la raison. D'où la naissance d'interdits, à quoi s'oppose, ou plutôt s'ajoute, en un dépassement nécessaire, leur propre transgression. Guerre et chasse rejoignent ici l'inceste ou l'orgie sacrée...
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Lors de la parution de La Part maudite, en 1949, Georges Bataille révélait qu'il travaillait depuis dix-huit ans à l'élaboration de cette représentation du monde, dont, seize ans auparavant, " La notion de dépense " - publiée dans la revue La Critique sociale - constituait une première approche.
Pour Georges Bataille, La Part maudite abordait, " en dehors des disciplines particulières, un problème [...] à la clé de tous ceux que pose chaque discipline envisageant le mouvement de l'énergie sur la terre - de la physique du globe à l'économie politique, à travers la sociologie, l'histoire et la biologie [...]. Même ce qui peut être dit de l'art, de la littérature, de la poésie est en rapport au premier chef avec le mouvement [...] de l'énergie excédante, traduit dans l'effervescence de la vie ".
Le sens le plus intime de cette entreprise est donné par le fait que cette ébullition du monde, voué à l'" abandon ", à l'" écoulement " et à l'" orage ", est conçue à l'image de celle qui n'a cessé d'animer la vie de l'auteur. Aussi La Part maudite occupe-t-elle une place centrale dans l'oeuvre de Georges Bataille.
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«Dans cette nuit opaque, je m'étais rendu ivre de lumière ; ainsi, de nouveau, Lazare n'était devant moi qu'un oiseau de mauvais augure, un oiseau sale et négligeable. Mes yeux ne se perdaient plus dans les étoiles qui luisaient au-dessus de moi réellement, mais dans le bleu du ciel de midi. Je les fermais pour me perdre dans ce bleu brillant : de gros insectes noirs en surgissaient comme des trombes en bourdonnant.» G. B.
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Georges Bataille (1897-1962) est une figure singulière dans la philosophie et l'anthropologie contemporaines. Son itinéraire - profondément désordonné et tout à la fois spirituel, politique et littéraire - répond, par-delà les limites du convenu, à la volonté de révéler une vue souveraine, dégagée des servitudes qu'impose la vie. L'expérience intérieure en fournit une belle illustration, qui s'interroge sur la souffrance s'avouant du désintoxiqué, une fois que l'homme se convainc de ses deux seules certitudes : qu'il n'est pas tout et qu'il est mortel. Alors l'esprit se meut dans un monde étrange où l'angoisse et l'extase se composent. Bataille en décrit ainsi le mouvement : «C'est jouer l'homme ivre, titubant, qui, de fil en aiguille, prend sa bougie pour lui-même, la souffle, et criant de peur, à la fin, se prend pour la nuit».
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Madame Edwarda ; le mort ; histoire de l'oeil
Georges Bataille
- 10/18
- Domaine Français
- 14 May 2002
- 9782264035790
Penser ce qui excède la possibilité de penser, gagner le point où le coeur manque, les moments où l'horreur et la joie coïncident dans leur plénitude, où l'être nous est donné dans un dépassement intolérable de l'être qui le rend semblable à dieu, semblable à rien.
Tel est le sens de ce livre insensé. les trois récits rassemblés ici sont l'expression la plus concise de la terrible exigence d'un homme qui avait voué sa vie et son écriture à l'expérience des limites.
à travers le blasphème et l'indécence, c'est bien la voix la plus pure que nous entendons et le cri que profère cette bouche tordue est un alléluia perdu dans le silence sans fin.
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«La littérature est l'essentiel, ou n'est rien. Le Mal - une forme aiguë du Mal - dont elle est l'expression, a pour nous, je le crois, la valeur souveraine. Mais cette conception ne commande pas l'absence de morale, elle exige une hypermorale.La littérature est communication. La communication commande la loyauté : la morale rigoureuse est donnée dans cette vue à partir de complicités dans la connaissance du Mal, qui fondent la communication intense.La littérature n'est pas innocente, et, coupable, elle devait à la fin s'avouer telle. L'action seule a les droits. La littérature, je l'ai, lentement, voulu montrer, c'est l'enfance enfin retrouvée. Mais l'enfance qui gouvernerait aurait-elle une vérité ?»Georges Bataille.
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Sous le patronage du désir et de la mort, de la volupté et de l'horreur, Georges Bataille explore les passions irrépressibles de l'homme. À travers une histoire intuitive de la peinture, depuis la Préhistoire jusqu'au Surréalisme, il jette une lumière implacable sur notre grandeur et notre tragique. Pour qu'au seuil de la raison, le coeur exulte.
L'ultime ouvrage de Georges Bataille, dans lequel il livre le sens caché de son art, aux souffles poétique et philosophique saisissants.
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Ouvrage historique à plus d'un titre que celui que Georges Bataille consacra à Lascaux.
Dans ce livre paru en 1955, quinze ans après la découverte de la grotte, l'écrivain se propose de formuler une première synthèse philosophique qui vienne en quelque sorte unifier les relevés de la science. Procédant avec une nécessaire prudence, dans le tâtonnement d'observations progressives et d'hypothèses fragiles, complétées et rectifiées au fil des avancées de la recherche, ces spécialistes que sont les préhistoriens ne peuvent se permettre de prendre toute la mesure de leurs propres découvertes, explique Bataille ; c'est aussi ce qui les empêche de « célébrer » Lascaux comme l'un des sites, sinon le site même de la « naissance de l'art ». Cette tâche revient à la philosophie. En s'appuyant au garde-fou de la rigueur scientifique, décrire cette « aurore » de l'humanité, ce « miracle de Lascaux » qui supplante ce qu'on nommait jusqu'alors « miracle grec » : tel est en somme le but inédit que s'assigne Bataille.
Aujourd'hui, six décennies plus tard, les conclusions momentanées auxquelles l'écrivain adossait son travail sont dépassées, la grotte de Lascaux elle-même, si elle le fut jamais sérieusement, a cessé d'être reconnue comme le lieu de l'enfance de l'art, et l'étude de Bataille, quelle que soit sa valeur historique, risque fort de passer pour un texte daté. Ce qui la sauve pourtant de la péremption est cela même par quoi elle sublimait déjà les hypothèses scientifiques de son temps : son caractère spéculatif, sa hardiesse philosophique, le brio et la verve de sa célébration de l'art. Lascaux, en ce sens, est bien une oeuvre de Bataille, sans laquelle ses autres oeuvres ne peuvent être entièrement comprises. Lorsqu'il assimile les figures de la grotte aux premières manifestations d'un « rire » proprement humain, à une « fête », à une « transgression » ponctuelle des « interdits » primordiaux et solidaires de la mort et de la sexualité, nul doute que ces développements n'excèdent, n'aient excédé d'emblée le cas spécifique de Lascaux.
Sa pérennité, cet ouvrage le doit aussi et enfin à la somptuosité de l'édition originale de Skira, dont on ne sait trop si c'est elle qui le magnifie ou lui qui se met à son service. En reprenant le texte de Bataille et les photographies originales - qui surent, dès 1955, rendre justice à la beauté de Lascaux dans ses nuances et sa totalité -, L'Atelier contemporain réédite également un geste éditorial d'une élégance rare. -
Georges Bataille avait un grand projet : élaborer, à partir d'une critique de l'utile, une économie générale qui désaliène l'homme rivé au travail et restitue sa « part maudite » - la consumation, libre, gratuite.
Il fait l'hypothèse d'un temps originaire où le monde se serait donné à l'homme dans un pur rapport d'immanence et d'immédiateté. Le monde était alors l'intime de l'homme, il était excès, il était passion : « Le monde intime s'oppose au monde réel comme la démesure à la mesure, la folie à la raison, l'ivresse à la lucidité ».
Désormais, dans le monde transcendant - ce monde où l'homme rivé au travail s'invente des fins hors de lui et à atteindre dans l'avenir - l'érotisme permet de redécouvrir la possibilité de dépenses d'énergie sans cette utilité immédiate qui nous asservit. L'érotisme enfièvre, dépense, gaspille. Puisque sur lui seul l'avenir n'a pas de prise, il est « la voie la plus puissante pour entrer dans l'instant ».
Cet ouvrage est extrait du tome VIII des OEuvres complètes de Georges Bataille.
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La mutilation sacrificielle et l'oreille coupée de Vincent Van Gogh
Georges Bataille
- Éditions Allia
- Petite Collection
- 25 August 2006
- 9782844852229
Au point de départ de ce bref essai rédigé en 1930 et paru dans la revue Documents, un fait divers : au Père-Lachaise, un certain Gaston F., après avoir fixé le soleil, "reçut de ses rayons l'ordre impératif de se trancher un doigt". Ce qu'il fait aussitôt, avec les dents. À partir de ce cas, Bataille étudie le geste de Van Gogh se tranchant l'oreille, qu'il éclaire et par l'analyse de son oeuvre et par la comparaison avec les rituels sacrificiels d'automutilation des sociétés primitives. Ce qui le conduit à élaborer une réflexion sur le sens du sacrifice dans nos sociétés modernes, vu comme l'action qui peut rompre l'homogénéité habituelle de la personne, imposée par la société. Au-delà de la réflexion sur l'oeuvre et la vie de Van Gogh, qui préfigure le texte d'Antonin Artaud, Van Gogh, le suicidé de la société, on retrouve dans cet essai très dense beaucoup des thèmes fondamentaux qui ont nourri l'oeuvre de Bataille. En annexe, nous reproduisons le compte rendu des Annales médico-psychologiques qui étudie le cas de Gaston F.
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L'archangélique et autres poèmes
Georges Bataille
- Gallimard
- Poésie Gallimard
- 15 May 2008
- 9782070349814
« L'oeuvre poétique de Georges Bataille est restée à l'écart, non parce qu'elle manquerait de qualité, mais plus certainement parce qu'elle représente un danger pour la poésie. Elle n'en conteste pas seulement les manières, elle les déchire, les salit ou bien les rend dérisoires. Ainsi la poésie est attaquée dans sa nature même et bientôt pervertie ou, plus exactement, souillée. On se protège de cette souillure mentale en l'attribuant aux sujets souvent obscènes ou scatologiques, alors qu'il s'agit d'une chose tout autre - qu'il s'agit d'un saccage interne faussant les articulations ordinaires du poème pour leur faire desservir leur propre élan. Il y a de la brutalité dans ce retournement : une façon de trousser le vers pour exhiber sa nudité sonore scandée à contresens de ce qu'il dit. » Bernard Noël.
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Manet ne cria pas, ne voulut pas s'enfler : il chercha dans un véritable marasme : rien ni personne ne pouvait l'aider. Dans cette recherche, seul un tourment impersonnel le guida. Ce tourment n'était pas celui du peintre isolément?: même les rieurs, sans le comprendre, attendaient ces figures qui les révulsaient mais qui plus tard empliraient ce vide qui s'ouvrait en eux. Manet, accoucheur «?impersonnel?» de l'art moderne?? Paru pour la première fois chez Skira en 1955, ce Manet-là - comme l'analyse utilement la préface de Françoise Cachin à la réédition de 1983 - est celui de Georges Bataille - et donc une oeuvre en prise directe sur les débats esthétiques de son temps, dont elle parle aussi le langage. C'est ce qui lui confère sa singularité impérissable, ainsi que sa portée historique. Le Manet de Bataille est presque un personnage. Personnage littéraire d'abord, ami des plus grands poètes et écrivains de son temps, Baudelaire, Zola, Mallarmé, qui tous lui ont écrit ou ont écrit sur lui. C'est à ces sources privilégiées que s'abreuve Bataille pour dépeindre un Manet déjà romanesque, quoique falot?: «?un homme du monde, à vrai dire en marge du monde, en un sens insignifiant?», «?au-dedans, rongé par une fièvre créatrice qui exigeait la poésie, au-dehors railleur et superficiel?», «?un homme entre autres en somme, mais charmant, vulgaire... à peine.?» Manet utilité, donc - mais en même temps nécessité de l'histoire de l'art, «?instrument de hasard d'une sorte de métamorphose?», homme par qui le scandale arrive bien malgré lui, initiateur innocent de la «?destruction du sujet?»?: «?c'est expressément à Manet que nous devons attribuer d'abord la naissance de cette peinture sans autre signification que l'art de peindre qu'est la «peinture moderne»... C'est de Manet que date le refus de «toute valeur étrangère à la peinture».?» C'est alors en continuateur des grandes exégèses de Valéry et surtout de Malraux que Bataille s'exprime. Là où il est tout entier lui-même, et inimitable, c'est dans les intuitions par lesquelles il traverse l'oeuvre du peintre comme la foudre, appuyant sa vision sur une sélection de tableaux qu'il légende avec brio. À supposer que ce Manet ne soit pas le vrai, il n'en possède pas moins sa valeur propre.
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Somme athéologique Tome 2 ; le coupable / l'alleluiah
Georges Bataille
- Gallimard
- L'imaginaire
- 5 March 1998
- 9782070404957
Le Coupable est le récit d'une expérience «mystique» paradoxale, formé à partir des pages d'un journal rédigé de 1939 à l'été de 1943. Cette expérience, en dépit des apparences troublées par les événements, n'appartient pas à une religion définie. Paradoxale, elle ne s'oppose nullement à l'érotisme : elle se joue néanmoins dans l'extase ; immorale, elle n'a d'autre possibilité que la chance. C'est une sorte de jeu sans refuge, égarement, angoisse au départ, essentiellement violence rentrée. Au Coupable est joint L'Alleluiah, invitation brûlante à l'érotisme de l'amant à l'amante.
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Contre-Attaque : Union de lutte des intellectuels révolutionnaires
Georges Bataille, André Breton
- Ypsilon Éditeur
- 12 March 2013
- 9782356540270
L'importance de Contre-Attaque, dont l'existence fut courte, tient à la personne de ses deux animateurs Georges Bataille et André Breton. Dernier sursaut public de Bataille, après sa participation au Cercle Communiste Démocratique, avant d'abandonner l'idée d'action sinon purement littéraire ; première prise de position politique de Breton après la rupture avec le P.C.F. Cette union très hétérogène d'intellectuels révolutionnaires produit un discours intempestif et circonstancié qui frappe par sa violente lucidité et son actualité. L'unique numéro des Cahiers de « Contre-Attaque » et tous les documents produits dans cette courte période - déclarations, tracts, interventions - sont réunis, pour la 1re fois, dans ce volume.
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Le gros orteil ; les sorties du texte
Roland Barthes, Georges Bataille
- Verdier
- Farrago
- 12 October 2006
- 9782844901873
Les doigts de pied ont rarement retenu l'attention des écrivains.
Avec le gros orteil, bataille fait en quelque sorte exception et son anti-idéalisme trouve dans cette contemplation sa justification et sa mesure. aussi élevé que soit son idéal, l'homme reste en quelque sorte, par ce gros orteil, solidement attaché à la boue. déjouant l'analyse linéaire, barthes s'empare de ce texte pour en explorer les marges et les silences, nous suggérer des sorties oú triomphent la subjectivité, le rire, le burlesque.
Le gros orteil a paru pour la première fois en 1929 dans la revue documents. le texte de barthes aura été lu en public en 1972, lors du colloque bataille de cerisy ces deux essais n'ont jusqu'à ce jour jamais été rapprochés. c'est chose faite désormais.
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Les livres de Bataille sur l'art, peu nombreux, sont connus : son Manet, essentiel, son Lascaux ou la naissance de l'art ; et aussi, quoique différemment, ses Larmes d'Éros qui ne constituent certes pas à proprement parler un livre sur l'art, mais que l'art illustre surabondamment (qui fait à l'art une part non pas illustrative mais presque conceptuelle).
On connaît beaucoup moins, par contre, pour ne pas dire du tout, ses « courts » écrits sur l'art, nombreux ceux-ci (il convient de préciser : les arts de la photographie, de la peinture - Van Gogh, Picasso et Goya, mais aussi Masson, Klee, Ernst, etc., du cinéma - Bunuel et Dali, Eisenstein) ; des articles pour la plupart, publiés avant guerre dans la maintenant prestigieuse, mais à l'époque hétérodoxe ou frénétique revue Documents (quelques articles définitifs, entre autres : « OEil », « Le gros orteil », « Métamorphose », « Le jeu lugubre », « Informe », « Les écarts de la nature ») ; après guerre, en partie dans la revue Critique. Des préfaces plus rarement.
Ici rassemblés pour la première fois, ces textes témoignent du constant souci de Bataille de « voir » auquel l'art invite certes, mais auquel Bataille a toujours, en toute matière invité, auquel il enjoint, et dont il n'est pas loin de faire une condition supplémentaire de la pensée.
Dans certains de ces textes, il est question de l'art pour lui-même, de la question qu'en tant que tel l'art pose. Dans d'autres, de la pensée, en tant que l'art pense et se pense.
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«Historiens, sociologues, ethnologues ou rêveurs, économistes et philosophes (dussent-ils traîner les pieds), artistes ou poètes et nous qui passons par là sommes conviés à cet étrange banquet de la pensée. Son actualité et sa force ne vont pas manquer de remuer. Les deux derniers volumes des Oeuvres complètes de Georges Bataille couvrent une activité décisive et considérable : elle tient en cent vingt-sept longs articles, aujourd'hui méconnus, écrits entre 1944 et 1949 (tome XI), 1950 et 1961 (tome XII) : Seule la mort se dérobe à l'effort d'un esprit qui s'est proposé de tout embrasser. La plus grande partie d'entre eux a été rédigée pour la revue que Bataille fonde et dirige à partir de 1946, Critique. Mais d'autres ensembles au ton très singulier (pour Troisième convoi ou Botteghe Oscure) se dégagent et font cavalier seul. Pour mieux marquer le mouvement de la pensée, l'ordre chronologique a été ici suivi. Voici donc regroupée et lisible cette impressionnante somme qui, au fond, sert d'exercice préparatoire, d'escorte et de commentaire permanent aux livres imprimés : pour Bataille, le premier sous son nom date, on le sait, de 1943, il a alors quarante-sept ans ; c'est L'expérience intérieure. On assiste ici à une extraordianire dépense énergétique qui couvre les dix-huit dernières années de sa vie. Toutes les polémiques, tous les débats de l'époque, toutes les amitiés y figurent en première ligne : Breton, Sartre, Heidegger, Char, Prévert, Blanchot, Beckett, Miller, Camus, Masson, Leiris... Les études sont longues, attentives, fouillées. Elles prétendent donner un aperçu de l'esprit humain dans tous les domaines. Elles révèlent une pensée en travail, en état de recherche, d'excitation et de jeu, au jour le jour. À mi-route entre la parole vive et le livre, elles évoquent le rythme, la pulsation et parfois, ponctuation aidant, la respiration de l'imperceptible colère du bonheur qui les porte.» Francis Marmande.
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Oeuvres complètes Tome 5 ; la Somme athéologique Tome 1
Georges Bataille
- Gallimard
- Blanche
- 5 April 1973
- 9782070278800
Réunis ici (dans les tomes V et VI) et augmentés de nombreux inédits, L'Expérience intérieure, Le Coupable et Sur Nietzsche, rédigés de 1939 à 1944, sont d'abord le journal d'une expérience : expérience de l'extase, du non-savoir, de l'érotisme, expérience de la guerre, expérience de Nietzsche tout à la fois. Jusqu'à sa mort, Bataille tentera de prolonger ce journal en Somme athéologique : rééditions, adjonctions, préfaces, plans de parution, ébauches marquent cette oeuvre sans cesse reconsidérée, sans cesse en projet, sans cesse en dialogue avec cette autre «somme», La Part maudite. Les Annexes du tome VI replacent dans leur contexte plusieurs inédits ou des articles parus en revues, directement contemporains de «l'expérience». On y trouvera également tous les plans et projets de Bataille pour compléter cette Somme athéologique.
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«Parce que le rayonnement solaire est sans contrepartie, parce que le soleil donne la vie pour rien, à la surface du globe, pour la matière vivante en général, l'énergie est toujours en excès. Si l'univers se dilapide ainsi lui-même, l'homme ne peut être que prodigue, un rieur, un danseur, un donneur de fête. Seule son avarice d'être séparé le sépare de cette vérité solaire ; qu'il la nie, il ne peut cependant dépenser moins : il faut qu' une quantité déterminée d'énergie soit dépensée en pure perte. Ma volonté décide de la modalité, non de la quantité de la perte. En pure perte, ce peut être l' accroissement du niveau de vie mondial : la multiplication du luxe, ou ce peut être la guerre atomique. Si l'oeuvre entière de Bataille développe cette théorie de l'excès (part maléfique que nous tentons de dépenser pour le bien commun - Sur Nietzsche), La Part maudite devait en être l'exposé systématique, comme fondement de l'économie générale, science de l'usage des richesses. Un premier livre, La Consumation, parut en 1949. L' actualité (le plan Marshall, la guerre froide) l'inspire, mais cet ouvrage est d'abord le fruit d 'un long travail, dont ce volume retrace les étapes : La Limite de l'utile (1939-1945), fragments d'une version abandonnée aux marges de l'expérience intérieure, L'Économie à la mesure de l'univers (1946), notes préliminaires à la rédaction, enfin Théorie de la religion (1948), qui fait de la religion (fût-elle athéologique) l'ordinatrice de la dépense, en tant qu'elle est recherche de l'intimité perdue, effort de la conscience claire pour devenir en entier conscience de soi. Les Conférences et les Annexes (Sade et la morale, La Religion surréaliste, Les Problèmes du surréalisme, une Notice autobiographique) qui complètent ce volume annoncent la suite, restée inédite, de La Part maudite : Histoire de l'érotisme (1951) et La Souveraineté(1954), qu'on trouvera dans le tome VIII de ces Oeuvres complètes, avec les Conférences sur le non-savoir.» Thadée Klossowski.
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«"Je me sens très seul à chercher, dans l'expérience du passé, non les principes mis en avant, mais les lois ignorées qui menèrent le monde et dont la méconnaissance nous laisse engagés sur les voies de notre malheur." (L'Histoire de l'érotisme.) "Si la vision du monde actuel donnée dans la pensée liée au primat de la subjectivité consciente se répandait, le monde des choses échapperait au gouvernement déraisonnable d'une pensée objective incessamment faussée par le jeu d'une subjectivité inconsciente." (La Souveraineté.) Voici donc ce projet d'une suite à La Part maudite, avec L'Histoire de l'érotisme (1950-1951), première version abandonnée de L'Érotisme, et La Souveraineté (1953-1954), dont ne parurent que quelques chapitres donnés à des revues. S'y ajoutent, prolongeant encore le tome précédent de ces oeuvres complètes, des souvenirs sur le surréalisme (1951 - portraits de Leiris, Breton, Aragon, Artaud) et des conférences (1951-1953) sur Le non-savoir, Le sacré au XXe siècle, L'angoisse du temps présent... Les Annexes donnent le texte de quelques articles utilisés dans la rédaction de La Souveraineté. Signalons enfin, dans les Notes, quantité de plans et d'ébauches : pour un livre sur l'érotisme (La Phénoménologie érotique, Sade et l'essence de l'érotisme, De l'angoisse sexuelle au malheur d'Hiroshima) ; pour Le Système inachevé du non-savoir (L'Athéologie) ; pour un livre sur Albert Camus (A .C., la Morale et la Politique, La Sainteté du Mal...) ; finalement, pour une première rédaction de La Souveraineté, sous le titre éloquent de Nietzsche et le communisme. Tous ces textes (où paraissent dans une lumière éblouissante les figures de la prostituée, de Sade, Nietzsche ou Staline...) se composent en un mouvement de connaissance violente, à la mesure de "ce moment souverain où l'impatience et la connaissance se confondent", "moment de grandeur inconditionnelle où le silence se fait, où la tête qui ne tourne pas est plus forte que la douleur, où la pensée a la pureté du vice".» Thadée Klossowski.
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Oeuvres complètes Tome 11 ; 1944-1949
Georges Bataille
- Gallimard
- Blanche
- 22 April 1988
- 9782070712670
«Historiens, sociologues, ethnologues ou rêveurs, économistes et philosophes (dussent-ils traîner les pieds), artistes ou poètes et nous qui passons par là sommes conviés à cet étrange banquet de la pensée. Son actualité et sa force ne vont pas manquer de remuer. Les deux derniers volumes des Oeuvres complètes de Georges Bataille couvrent une activité décisive et considérable:elle tient en cent vingt-sept longs articles, aujourd'hui méconnus, écrits entre 1944 et 1949 (tome XI), 1950 et 1961 (tome XII):Seule la mort se dérobe à l'effort d'un esprit qui s'est proposé de tout embrasser. La plus grande partie d'entre eux a été rédigée pour la revue que Bataille fonde et dirige à partir de 1946, Critique. Mais d'autres ensembles au ton très singulier (pour Troisième convoi ou Botteghe Oscure) se dégagent et font cavalier seul. Pour mieux marquer le mouvement de la pensée, l'ordre chronologique a été ici suivi. Voici donc regroupée et lisible cette impressionnante somme qui, au fond, sert d'exercice préparatoire, d'escorte et de commentaire permanent aux livres imprimés:pour Bataille, le premier sous son nom date, on le sait, de 1943, il a alors quarante-sept ans; c'est L'expérience intérieure. On assiste ici à une extraordinaire dépense énergétique qui couvre les dix-huit dernières années de sa vie. Toutes les polémiques, tous les débats de l'époque, toutes les amitiés y figurent en première ligne:Breton, Sartre, Heidegger, Char, Prévert, Blanchot, Beckett, Miller, Camus, Masson, Leiris... Les études sont longues, attentives, fouillées. Elles prétendent donner un aperçu de l'esprit humain dans tous les domaines. Elles révèlent une pensée en travail, en état de recherche, d'excitation et de jeu, au jour le jour. À mi-route entre la parole vive et le livre, elles évoquent le rythme, la pulsation et parfois, ponctuation aidant, la respiration de l'imperceptible colère du bonheur qui les porte.» Francis Marmande.