Cet ouvrage propose une plongée dans l'ensemble de l'oeuvre de cette photographe précoce et intense dont les photographies sont des énigmes visuelles poétiques et étranges qui, malgré la brièveté de sa production, n'a cessé d'influencer la création contemporaine. " Elle a 22 ans, elle a pleinement conscience du désordre qui l'anime ; elle cherche sa place, presque gouluûment, en utilisant quasi exclusivement son corps dans ses images, ainsi je suis toujours à portée de main, explique-t-elle, quand l'urgence de la représentation se manifeste.
La décrépitude des intérieurs, les miroirs qui permettent de voir la face cachée des choses, les coins et recoins constituent le cadre de ces performances où un corps évolue, fantomatique et drôle, pour celle qui affirme ainsi des liens plus qu'intimes avec l'appareil photo. Serait-elle un ange ? La question la taraude. Elle y revient régulièrement : une créature invisible, en apesanteur, sans problèmes ni avec l'espace, ni avec le langage, c'est peut-être une solution.
Ce jeune prodige encore adolescent, libre, pure incarnation du génie de l'ange un peu démoniaque, met en oeuvre d'éphémères actions photographiques, à la limite du visible parfois. " Extrait de l'introduction d'Agnèss Sire.
C'est toujours pareil, l'enchaînement des jours, les silences bout à bout. Quand je ferme les yeux je vois des chemins pour après. Je guette l'animal tapi au fond de mon corps, qui attend. Et dire qu'il va falloir retourner au dehors, à la terre. Je soupèse chacun de mes pas, je sais ce qu'il en coûte de rester, de repartir. J'attends que s'achève le jour.
Francesca Woodman appartient à la légende de la photographie. Née en 1958 à Denver, elle commence à prendre des photographies à l'âge de treize ans. Elle se suicide à vingt-deux ans et laisse derrière elle une oeuvre dense, qui continue à influencer de nombreux photographes contemporains.
Ses photographies ont nourri l'écriture des Yeux fermés, les yeux ouverts.
Virginie Gautier s'attache à y suivre les pas d'une jeune femme en rupture avec la société. Alors qu'elle s'arrête dans un village où elle cherche un endroit pour la nuit, un ouvrier, R, lui propose de l'accompagner et lui offre un havre où faire halte et se reposer quelque temps...
Comme dans Les zones ignorées, l'écriture sensible et précise de Virginie Gautier s'empare d'un personnage en marge, qui trouve dans l'errance un moyen de se dissoudre, de se fondre dans le paysage.
Catalogue en anglais de l'exposition au Moderna Museet à Stockholm (05/09-06/12/15), au Foam Museum à Amterdam (15/12/15-09/03/206) puis à la Fondation Henri Cartier-Bresson à partir de mai 2016.