«Pourquoi jouer tant de notes alors qu'il suffit de jouer les plus belles?»Miles Davis (1926-1991), trompettiste au son bouleversant, a profondément marqué l'histoire du jazz, de la musique. Sa vie, c'est la musique. Sa voix unique, fragile et puissante, intense, c'est la trompette.Son père l'éclaire dès le plus jeune âge sur le racisme auquel il sera confronté tout au long de sa vie. Son combat, Miles décide de le mener à travers la musique, en devenant un artiste noir respecté.Au fil de sa carrière, celui que l'on présente comme le «Picasso du jazz» n'a de cesse d'innover, de se réinventer:les albums se suivent mais ne se ressemblent pas. Même si l'homme derrière la trompette est réputé difficile et colérique, le musicien fascine et hypnotise, au point de devenir l'une des rares icônes du jazz au succès planétaire.
Qui connaît Toto ? Roi de la cour de récré, maître en l'art du zéro pointé, tout le monde connaît Toto ! Une histoire drôle en BD par page pour retrouver l'univers plein d'humour et de blagues de Toto et de sa bande de rigolos !
«Francis Bacon incarne, plus que tout autre artiste, "la" peinture. Il est l'homme le plus extraordinaire qu'il m'ait été donné de connaître. Dans les années 1980, je l'ai rencontré à plusieurs reprises. À Londres, tout d'abord, dans son atelier de South Kensington, puis en diverses occasions, lors de ses passages à Paris. Nous conversions aussi parfois au téléphone, tôt le matin. Il parlait en toute liberté, sans tabou, de tout et de choses sans importance. Bacon adorait parler, parler l'excitait.
Je l'observais, l'enregistrais, prenais des notes, rien ne le gênait.
Rendez-vous dans son atelier, dans les restaurants, les bars londoniens ou parisiens, de jour comme de nuit, à discuter, boire, manger, jouer : ce livre retrace ces moments rares partagés avec Bacon, joyeux nihiliste, et éclaire l'homme exquis qu'il fut, loin de sa réputation de "monstre"».
Franck Maubert.
ALORS QUE LE CENTRE POMPIDOU LUI CONSACRERA UNE RÉTROSPECTIVE EN MARS 2023, IMMERGEZ-VOUS DANS LE CINÉMA DE JOANNA HOGG, FIGURE MAJEURE DU CINÉMA INDÉPENDANT ANGLO-SAXON, MÉCONNUE EN FRANCE JUSQU'À LA SORTIE DE SON DIPTYQUE THE SOUVENIR.
POUR LA PREMIÈRE FOIS EN FRANCE, L'ENSEMBLE DE SON OeUVRE SE DEVOILE DANS UN LIVRE INÉDIT.
Auteur d'une oeuvre aussi personnelle que singulière, Joanna Hogg a été révélée tardivement au public français grâce au diptyque The Souvenir sorti en salles début 2022. Pourtant, la réalisatrice anglaise a déjà signé quatre autres longs métrages, dont son dernier opus, The Eternal Daughter, présenté à la Mostra de Venise cette année. Une oeuvre passionnante dont la singularité méritait qu'on lui consacre ce livre qui s'appuie essentiellement sur des documents visuels esquissant, en creux, un portrait de l'artiste.
Entre les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, Madrid, la Suisse et l'école du Louvre à Paris, Martine Franck, belge d'origine, a connu des années de formation et d'études qui ont forgé sa vision transculturelle du monde et de sa diversité. De là, peut-être, son aptitude naturelle à appréhender l'universalité des conditions mais aussi, dans l'acception sartrienne du terme, la spécificité des situations.
La photographie, qu'elle commence à pratiquer dans sa vingt-cinquième année, comble et exacerbe cette disposition aux voyages, à l'observation et aux enquêtes. Dès cette période s'engage aussi son indéfectible complicité avec Arianne Mnouchkine et le Théâtre du Soleil dont elle partagera photographiquement les aventures en en construisant la mémoire visuelle. Après avoir été l'assistante de plusieurs photographes, elle entame une carrière de photographe indépendante et publie régulièrement dans la presse internationale avant de rejoindre Magnum en 1980.
Si l'on évoque parfois le classicisme de son style, c'est pour en souligner l'évidente rigueur comme l'exigence formelle qui s'y déploie. C'est dans ses célèbres portraits d'artistes, d'intellectuels ou de moines tibétains (univers avec lequel elle entretient de longue date une proximité revendiquée), et dans ses paysages d'Inde ou d'Irlande que s'affirme cette sérénité construite qui semble signer sa manière.
Réservée, elle confesse dans une correspondance avec l'écrivain John Berger : " J'ai souffert d'être timide... parler aux gens me coûtait ; tenir un appareil m'a donné une fonction, une raison d'être quelque part comme témoin " et précise : " L'appareil est en lui-même une frontière, une barrière telle qu'on la brise constamment pour se rapprocher du sujet. " Cette pudeur, adossée à une forte conviction, confère à ses reportages humanitaires - on pense par exemple à son exemplaire collaboration avec l'association Les petits frères des pauvres - une dimension particulière où Martine Franck, en évidente empathie avec les êtres qu'elle photographie, nous les restitue dans la digne plénitude de leur humanité.
« Il existe un moment commun, dans certaines manières de faire de la sociologie ou de l'art, où les pratiques se recoupent. dans notre réflexion consistant à re-décrire les sciences sociales et les arts non plus en tant que disciplines constituées, mais en tant qu'ensembles de pratiques à inventer, bricoler, le découpage entre arts et sciences est alors peut-être à rejouer, des frontières peuvent se déplacer. » Ce cahier rassemble 32 exercices - instruments pour se former a` l'observation sociologique autant qu'instructions de performance - propose´s par Howard S. Becker et discute´s avec franck leibovici, pour mettre en oeuvre ces pratiques communes. Tous niveaux.
L'ouvrage contient e´galement :
« Des usages de ces exercices », par Howard Becker « comment en vient-on a` publier un tel livre ? », par franck leibovici « e´change´s a` la naissance », entretien avec les deux auteurs
Après Bohèmes et Libertad !, Dan Franck poursuit son histoire des artistes et des intellectuels. Il évoque ici la période de la Seconde Guerre mondiale, de la débacle de 1940 à la Libération, avec des traîtres et des héros, des petites mains et des grandes plumes. André Malraux, Sartre, Aragon, Picasso, Marguerite Duras, Drieu la Rochelle... Une grande partie de la France qui peint, écrit, dessine, qui parfois trahit, et souvent collabore.
Né en 1933 à Zurich, René Burri est partout où l'histoire se joue. Membre de l'agence Magnum depuis 1955, il photographie le Moyen-Orient, la Guerre des Six Jours et celle du Viêt Nam ; il parcourt le Japon, la Chine, l'Europe, l'Amérique du Nord et du Sud. De nombreuses personnalités sont passées devant son objectif : Picasso, Le Corbusier, Niemeyer, Giacometti ou Tinguely. En 1963, il réalise le célèbre portrait du « Che au cigare » qui le fera connaître dans le monde entier.
Les liens entre le Musée de l'Élysée et René Burri sont anciens et profonds. En 1987, son exposition « Les Ruines du futur » y est présentée, suivie, en 2004, d'une première rétrospective. En 2013, René Burri crée sa fondation, qu'il adosse à l'institution.
Début 2020, le Musée de l'Élysée présente une nouvelle rétrospective issue de ce fonds exceptionnel. On y verra, pour la première fois, l'ensemble de l'oeuvre, multiple, de Burri - photos, carnets de voyage, collages, dessins et aquarelles - dévoilant ainsi la part la plus intime d'un des plus grands photoreporters de notre temps. Ce livre en est le reflet.
Lieu emblématique de l'histoire de la psychiatrie en France, l'hôpital Maison- Blanche à Neuilly-sur-Marne fut construit en 1900 a n de « désencombrer », selon les termes de l'époque, les autres asiles du département de la Seine. Il fut entièrement dédié aux femmes jusqu'en 1970. Au fil de leur cheminement, entre les lignes de registres, dans la patine des murs, dans les allées du parc, les couloirs ébranlés, les vestiaires désertés et les détails effacés, les auteurs cherchent à interroger la base ancienne et actuelle de leur fondement. Surtout, entre les mailles du passé et du présent, ils en convoquent, à leur manière, la part d'héritage et de renoncement.
De l'amour de Franck Leibovici est une tentative d'organisation de la production littéraire amoureuse à l'heure numérique. Le premier volet reprend le genre épistolaire de la « prisonnière espagnole » qui sévit depuis le 16ème siècle en Occident et qui se retrouve de nos jours sous la forme de ces sollicitations non-désirées de jeunes femmes qui envahissent les boites mail. Franck Leibovici s'emploie ici à répondre systématiquement à ces e-mails en s'imposant un protocole d'écriture. Les trois autres chapitres trouvent leur matière première dans une application de rencontres, un forum de compte-rendu de rencontres amoureuses, ou dans la retranscription phonétique d'une scène de sexe. Franck Leibovici trouve dans ces plateformes la matière à une écriture non créative ambitieuse et souvent drôle.
Saluer l'inattendu, c'est ce qu'entreprend de faire Martine Franck tout au long de son oeuvre. En témoigne sa pratique photographique, caractérisée par son attrait pour l'instantané, malgré le soin apporté à la composition et au cadrage. Cette monographie, la plus exhaustive à ce jour, est dirigée par Agnès Sire. Le choix des images résulte d'une collaboration avec Martine Franck, avant son décès. La construction chronologique met en lumière l'approche singulière de la photographe, dont les images en noir et blanc sont marquées par la géométrie, les courbes et les lignes. Parmi ses portraits de personnalités et d'artistes, ses photographies des manifestations de Mai 1968 et de carnavals, son étude sur la vieillesse ou encore ses nombreux voyages aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Irlande ou en Asie, on retrouve ses photos emblématiques et d'autres moins connues. Relatant son engagement, ses rencontres, ses idées et cette élégance qui la caractérise si bien.
« La photographie était ma raison d'être. J'étais photographe. J'ai été extrêmement photographe, passionnément photographe, hanté par la photographie.
Mon amour immodéré s'est mué en une haine qui n'a d'égale que celle d'un amant trahi. » Avant son entrée remarquée en littérature (Autorisation de pratiquer la course à pied, Lattès, 2013), Franck Courtès a été photographe de presse pendant vingt-six ans. Hommage vibrant à l'art de la photographie, mais aussi récit initiatique nourri de ses voyages et de ses rencontres, La Dernière photo révèle ce qui se cache sous la surface sensible des êtres.
Chacun sait que la « critique sociale » n'a pas son origine au cinéma et qu'elle est née quelque part du côté de chez Marx. Mais, dans une période où se multiplient des films comme It's a free world ! (K. Loach), Louise Wimmer (C. Mennegun), Une vie meilleure (C. Kahn), Dans la tourmente (C. Ruggia) ou La mer à boire (J. Maillot), la question du rapport entre le cinéma et la critique sociale retrouve une actualité qu'elle n'a plus eue depuis les années 70. Dans ce contexte, Franck Fischbach montre que la critique sociale n'est ni un genre, ni un style cinématographique, mais une fonction que certains films mettent en oeuvre parmi d'autres fonctions et quel que soit leur genre d'appartenance. Mais comment situer alors la fonction de critique sociale par rapport au genre du cinéma politique ? Et quels sont les instruments et les dispositifs proprement filmiques d'une critique sociale cinématographique ?
Après la publication des Poèmes déjeuner, matrice de leur collection américaine, les éditions Joca Seria publient donc le premier recueil publié 7 ans auparavant. Il ne s'agit pas ici de poèmes écrits sur le pouces pendant la pause déjeuner d'O'Hara à Manhattan, bien que la ville n'en soit pas absente. Le livre naît de la rencontre du style post-surréaliste d'O'Hara avec la rapidité de la peinture des années cinquante (l'expressionnisme abstrait) dans laquelle le poète « baigne », la vitesse imbattable de la musique et la force irrésistible du cinéma.
« Nerve » : du nerf, voilà ce qui pourrait résumer ces méditations dans l'urgence qui s'accommodent du rythme trépidant de la vie moderne pour en goûter et transcrire l'intensité.
Déjà, dans ce livre, O'Hara ne s'arrête pas pour méditer : les méditations sont en plein dans l'urgence, portées par l'instant et le moment. Une extension d'un présent qui déroule, de vers en vers. C'est un livre jeune, non un livre de jeunesse. Jeune au sens où il est vigoureux. Plein de l'élan qui va donner les chefs d'oeuvre que sont les poèmes comme « A l'industrie cinématographique en crise », longue liste de stars de cinéma à qui O'Hara déclare son amour, « Méditations dans l'urgence », « Pour James Dean », « Dormir en plein vol » et « Maïakovski ».
L'urgence n'enlève rien aux méditations, au contraire, elle leur donne leur force. Et c'est une voix, une sensibilité, une personne qui émergent de ce livre, de ce remue ménage de peinture, films, musiques, livres cités : une personnalité se constitue de page en page, un « moi » qui nous parle et qui (se) tient parce qu'il va vite - immédiateté de l'urgence - et qu'au milieu de tout cela il trouve le temps, si infime soit-il, de réfléchir, de regarder son image se constituer.
Mais c'est aussi un appel au regard du lecteur, une invitation à ce qu'il ou elle se retrouve dans ce reflet ou vienne y mêler sa propre image.
Il n'est à ce sujet pas étonnant que le 2e épisode de la saison II de la série américaine Madmen se termine sur une lecture par le personnage principal, Don Draper, en proie à une crise personnelle, des derniers vers du poème « Maïakovski », qui sont aussi les derniers du livre.
Franck Leibovici s'intéresse ici aux écritures ordinaires, liées à des routines qui échappent à notre attention ou à notre champ de vision et, pour cela, demeurent innommées. Partant d'exemples tirés de la poésie des vingt dernières années, des literacy studies, des media studies, de l'anthropologie ou du droit international pénal, le présent ouvrage traite de l'écriture comme action : écrire (noter, transcrire, récrire, indexer, republier), c'est activer un écosystème social composé non plus de textes, mais de documents.
Plutôt que d'observer des objets d'écriture tenus a priori pour littéraires, Franck Leibovici examine leurs relations avec la documentalité la plus ordinaire. Quel type de fonctionnement et d'usage ces objets partagent-ils avec des pièces dont l'établissement, la production et la circulation déterminent l'ordre présent de nos sociétés ? La dimension politique et éthique de la littérature réside dans sa capacité à concentrer, redistribuer, reconsidérer les marques de pouvoir qui circulent dans les documents que nous visons, paraphons, signons chacun quotidiennement. Le présent ouvrage esquisse, par là, une reconception radicalement non essentialiste de l'« art » et de la « poésie ».
Une ombre entrevue, imaginée, le surgissement à créature d'outre-tombe, d'un monstre aux chairs assemblées par d'horribles cicatrices, un vol d'oiseaux familiers qui fond sur d'innocents écoliers.
La raison vacille, la peur surgit. tout le monde reconnaît là le point de départ d'un film fantastique. pourtant, tout ce qui semble échapper au rationnel ne relève pas du fantastique. issu d'un genre littéraire né au début du xixème siècle avec hoffmann et ses contes fantastiques, mary shelley ou edgar p?, le fantastique a des frontières bien précises qui ne sont pas simplement celles d'un genre. franck henry suit son émergence régulière à travers l'histoire du cinéma : expressionnisme allemand, âge d'or universal des années trente, épouvante gothique britannique des années 50-60 (la hammer), série b, science-fiction sur fond de guerre froide, blockbusters des " horror pictures ", effets spéciaux et nouveaux mythes des dernières décennies.
Il nous fait rencontrer nosferatu, dracula, la créature de frankenstein, jekyll et hyde, king kong, alien, terminator, loups-garous, zombies et profanateurs de sépultures. , leurs interprètes mythiques (lon chaney, bela lugosi, boris karloff, christopher lee, peter cushing, johnny depp. ), leurs auteurs (f. w. murnau, tod browning, terence fisher, jacques tourneur, john carpenter, george romero, david lynch, m.
Night shyamalan, bong joon. ) et leurs techniques. une bibliographie et une filmographie sélectives complètent l'ouvrage.
Inspiré par l'engouement récent pour les cahiers de coloriages mais aussi déçu par la qualité quelque fois médiocre des dessins proposés au public, Semiose éditions a eu l'envie de faire appel à des artistes confirmés pour dessiner spécialement des motifs à colorier pour les enfants - et les grands enfants, évidemment ! Ces albums color me s'inscrivent dans la plus pure tradition du cahier de coloriage : petit format (A5), pelliculage brillant de la couverture sur papier cartonné, dessin en ligne claire.
La série a débuté en octobre 2016 avec 6 premiers albums. Chaque dessin est une création originale et véhicule une histoire, un trait d'esprit, dans un goût partagé pour l'humour, l'absurde et l'imaginaire. Un court texte en quatrième de couverture situe l'oeuvre de l'artiste et le rend familier au jeune public. Surtout, la valeur pédagogique de l'exercice n'est plus à démontrer : en exprimant leur libre talent pour la couleur, les enfants observent et se familiarisent avec la manière dont un dessin est construit.
Depuis quelques années, Franck Pourcel voyage sur les traces d'Ulysse. Cette relecture contemporaine du texte d'Homère, qui l'a mené dans plus de 15 pays (Albanie, Algérie, Égypte, Grèce, Israël, Italie, Libye, Maroc, Palestine, Turquie.), interroge une Méditerranée en mouvement que parcourent les enjeux de notre monde. Sur la carte, il a réalisé des tracés subjectifs qui suivent les étapes de son périple et forment des constellations imaginaires le guidant au-dessus d'un territoire confus et mouvant. Il explore ainsi une mémoire enfouie, des paysages méditerranéens qu'il saisit dans leurs aspects d'immuabilité, de modernité ou de changements. Avec ce travail conséquent, commenté par Gilles Mora, Franck Pourcel élabore de nouvelles géographies, plus humaines et plus personnelles.
« ...face à une oeuvre d'art, je me demande souvent quelle forme de vie se trouve derrière. C'est-à-dire, quelle forme de vie son auteur a mis en place pour que la production d'une telle pièce soit rendue possible. Je me demande aussi, inversement, quelle forme de vie découle de l'oeuvre qui est devant mes yeux... » Franck Leibovici a entamé en 2011 une recherche portant sur les « formes de vie » et les « écosystèmes » que produit une pratique artistique. Avec l'aide des Laboratoires d'Aubervilliers, il a contacté près de 200 artistes et leur a demandé de produire un document, sans contrainte de support, qui rende compte de cette « écologie de l'oeuvre ». Les éléments ainsi collectés et rassemblés sont rendus publics sous la forme d'un atlas bilingue et d'une série d'événements.
Un des postulats de l'enquête est en effet qu'une « forme de vie », un « écosystème » ou une pratique artistique, ne relèvent jamais du privé, mais sont toujours publics, dans le sens où ils impliquent, même involontairement, une forme de collectif hétérogène. Afin d'éviter qu'elle soit un simple catalogue illustratif mais pour qu'elle reconduise plutôt ce processus collectif, il a été décidé que la présente publication prenne la forme singulière d'un atlas conçu comme un album à autocollants de type « Panini ».
Les lecteurs devront donc entrer en contact les uns avec les autres pour se livrer à des échanges, ou trocs, en vue de compléter l'album de l'enquête. Ils formeront ainsi le collectif des lecteurs.
La publication a par ailleurs pour objet d'organiser et de classer les réponses afin de dégager une taxinomie, souple et utile, des « formes de vie » des artistes. Ainsi, à la suite du traitement des réponses, a été mise au jour une série de tags, ou mots-clés, issus de l'analyse des matériaux qui permettront, par l'intermédiaire d'un index, de naviguer très librement parmi les contributions.
«Le seul trait qui soit commun à ces artistes, c'est d'avoir un jour désiré Paris, d'y avoir fait oeuvre, et de lui être resté, d'une manière ou d'une autre, profondément attaché. Ce sont des êtres de conviction et d'expérience auxquels Martine Franck rend visite. Leur apparence pourrait sembler ordinaire s'ils n'étaient pas totalement habités par le projet qui inspire leur vie. La photographe sait capter, pour chacun, ce qui fait signe : le regard, le langage des mains qui trahissent l'inquiétude ou le jeu qui est au coeur de toute oeuvre (.).
Certains de ces portraits affirment le vertige d'un éphémère éternel et toujours inattendu, comme ceux de Rebecca Horn ou de Yaacov Agam ; une violente détermination face à un réel qui s'impose pour Avigdor Arikha ou Raymond Mason ; la méditation de Lee Ufan sur l'acte de peindre, ou celle de Zoran Music face à la mémoire d'une humanité perdue. Martine Franck capte aussi bien Antonio Seguí, confondu dans l'alignement anthropomorphe de ses urnes funéraires précolombiennes, que la farce proliférante des créatures fictives qui semblent cerner Erró. Elle saisit l'acuité du regard de Vladimir Velickovic ou le défi de Dado face à la mort. Dans l'une de ces images, Fermín Aguayo, jeune encore, est atteint par la maladie et l'on comprend que sa fin est proche.
En acceptant de se livrer au portraitiste, le modèle propose ou accepte la pose qui pourra le caractériser. Au-delà de cette première approche, Martine Franck sait surprendre chez Léonor Fini, Valerio Adami, Gao Xingjian, Christian Jaccard, Judit Reigl ou Barthélémy Toguo des attitudes simples, éternelles, qui composent autant de figures emblématiques de l'inquiétude du créateur.
On y découvre rarement la nostalgie du pays perdu et l'évocation directe des aléas de l'existence comme chez Oscar Rabine. C'est sans doute l'intelligence d'un parcours accompli qui domine cette galerie de visages habités, mais aussi la modestie devant les surprises du destin, la lumière d'un entendement d'enfance ou d'une nostalgie surmontée, une ultime vivacité, le pétillement d'un regard qui affirme un possible avenir.» Germain Viatte
Garde-fou explore les rapports entre expérience et photographie, avenir et mémoire. Les images de Franck Deglise forment un tissu serré qui donne consistance au temps et tel un filet capture sa durée. On peut suivre au fil des pages les lignes d'émergence et de fuite du sens: il s'offre et se dérobe, perce l'image et la déplace, s'enlise dans la matière pour resurgir, hors de l'image, sur le point extrême où l'oeil d'un portrait en noir et blanc fait écho au bleu d'une masse d'eau lourde, entre une radiographie crânienne et une capture d'écran. Au fil d'un vécu sourd, la photographie s'expose ici à l'expérience de l'absurde. La rencontre est d'autant plus violente que le photographe tente sans cesse de rattraper le sens, de produire et reproduire ses effondrements pour donner à voir sa fragilité extrême.