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Ernst Bloch
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Suivez le regard d'Ernst Bloch jusqu'à l'horizon et un peu au-delà, où se fomente l'avenir. Les Spuren sont bien des Traces, mais surtout comme jalons plantés dans le gué, le sable ou la neige pour sonder, et flécher le parcours du troupeau humain chassé vers l'Histoire. L'auteur de L'Esprit de l'Utopie (1918) conte des histoires, des faits divers, des légendes (chinoises, hassidiques), anecdotes et souvenirs... Dans cette miniaturisation du tragique, il n'est rien qui ne soit trace d'une absence, celle de l'homme qui n'est pas encore - qui ne se cherche même pas encore. Ce bric-à-brac philosophique (imperméable à quiconque n'est pas fasciné par Munich ou Berlin des années 20), constamment déroutant, violences expressionnistes et chinoiseries allusives, est le plus dense entassement de signes jamais jeté sur la rive de l'Allemagne weimarienne : le tout-est-possible filtre par les fissures de la banalité. À nous d'essayer des recoupements.
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L'esprit de l'utopie
Ernst Bloch
- GALLIMARD
- Bibliotheque De Philosophie
- 14 October 1977
- 9782070295487
Nous ne sommes pas encore nés.
Pris dans l'obscur de ce qui n'est qu'une préhistoire, nul d'entre nous ne peut prétendre être l'héritier du passé, nul ne peut y chercher la lumière. Livre de rupture et de passion écrit tout au long des années de guerre, d'avril 1913 à mai 1917, L'esprit de l'utopie, première, oeuvre provocante plus que démonstrative d'Ernst Bloch, est animé d'un double mouvement de révolte et d'espérance. Sa révolte s'élève contre un univers qui a perdu le sens du Nous, de la communauté, qui a réifié l'être, qui a réduit Dieu à un simple fait, lui qui est une " question inconstructible ".
La musique, objet central du livre, est la voix privilégiée de cette révolte, car elle fait exploser la distinction entre le sujet et l'objet, entre l'âme et le monde. Sans conclure aucune paix avec le monde, Bloch veut nous apprendre à espérer à partir de notre ici-bas. Il déchiffre comme autant de signes tangibles de noter réalité encore à naître, comme autant de traces de la venue de la " vraie patrie ", comme autant d'utopies concrètes et agissantes, l'oeuvre la plus humble d'un potier inconnu, l'audace plastique du cubisme et du futurisme, le mystère de la musique - le plus utopique de trous les arts -, enfin la grande voix libératrice d'un marxisme réconcilié avec son essence prophétique.
Car ces chemins expriment tous l'effervescence du réel, sa tendance utopique interne. En pleine Apocalypse donc, Bloch découvre l'" esprit de l'utopie ", le génie paraclétique de la culture et les racines métaphysiques de toute espérance révolutionnaire. Il renoue ainsi avec la tradition millénariste. Depuis, ce livre n'a cessé de représenter une véritable force de vie et de combat qui animera Ernst Bloch tout au long de son oeuvre, jusqu'au Principe Espérance et aux derniers textes du solitaire de Tübingen.
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Le principe espérance Tome 2 ; les épures d'un monde meilleur
Ernst Bloch
- GALLIMARD
- Bibliotheque De Philosophie
- 26 May 1982
- 9782070267286
Aboutissement des thèses formulées dès 1918 par L'Esprit de l'Utopie et développées par les oeuvres suivantes, Le Principe Espérance, qui parut en R.D.A. entre 1954 et 1959, fut sinon la cause du moins le prétexte idéologique de la rupture entre Bloch et le marxisme officiel.Le livre mettait en oeuvre sur le front philosophique de l'histoire une subjectivité active, la conscience anticipante, où le marxisme officiel vit une véritable agression contre le matérialisme dogmatique de l'orthodoxie. Ce risque d'idéalisme, volontairement encouru, n'est certes pas le seul paradoxe de l'oeuvre blochienne. Mais son enjeu livre le sens de tous les autres : lutter contre la pétrification de la dialectique, combattre toute clôture péremptoire en métaphysique. Car la reconquête de soi entreprise par l'homme, le dépassement du règne de l'aliénation et de la marchandise, la réalisation de ce monde nouveau dont toutes les utopies sont l'anticipation abstraite - en un mot : le projet même du marxisme - ne sont pas encore accomplis. En ce sens le système hégélien constitue pour Bloch le carcan à briser pour se libérer de l'envoûtement de l'anamnèse et penser le futur.Oeuvre-système, Le Principe Espérance remet en cause toute idée de système, tout système culminant en une Idée : il s'ouvre sur le futur de l'homme et du monde. Tel est le sens de l'affirmation de ce principe que la sécularisation de la religion permet d'identifier comme celui de l'Espérance - principe d'un combat qui reste le nôtre et dans lequel, par un rappel de l'histoire, nous entreprenons l'apprentissage de l'espérance.Le tome I de l'oeuvre (qui en comprendra trois en français) constitue le premier moment de la réflexion. Bloch y enracine l'espérance dans une anthropologie des besoins et des désirs, des forces subjectives qui se mêlent aux avant-postes du réel avec les tendances historiques et trouvent en elles leur corrélat objectif : le monde naturel et social dans son mouvement.
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Rêve diurne, station debout et utopie concrète
Ernst Bloch
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 18 October 2016
- 9782355261626
En 1974, le grand philosophe Ernst Bloch (1885-1977), auteur du Principe espérance, se prête à un long entretien réalisé par José Marchand pour la télévision française (et qui ne sera jamais diffusé). Passionnant entretien, où le philosophe âgé de 89 ans revient dans le détail sur la vie qui fut la sienne.
Sur son enfance, longuement : milieu familial modeste, acculturé, ville natale ouvrière - Ludwigshafen : « ville laide, marquée par ce que le capitalisme moderne a de dur et d'impitoyable, et où vivait un prolétariat affamé, exploité, en haillons », dont le hasard veut qu'en face il y ait Mannheim, la ville de résidence du Palatinat. « D'un côté le lumpenprolétariat et de l'autre la bourgeoisie. » Sa pensée et sa politique s'enracinent dans ce paysage frontal là.
Sur la formation de sa pensée, ensuite.
Schopenhauer, pour commencer, essentiel ;
Schelling ensuite (« que probablement personne au monde ne connaît mieux que moi ») ; mais, simultanément, secrétaire du parti communiste de la RDA et président du Conseil d'État, en l'exhortant à « démissionner », « dans l'intérêt du peuple, de la démocratie et du socialisme », ce qui lui vaut d'être arrêté le lendemain. Le 13 août 1961, la nouvelle de la construction du mur de Berlin le décide à ne plus jamais retourner en RDA et à s'installer à Tübingen. En 1968, il salue avec enthousiasme le soulèvement du peuple tchèque. Ses oeuvres complètes, en 15 volumes, sont publiées de son vivant et sous son contrôle chez Suhrkamp.
Une erreur. Le Parti a formulé sa propagande dans un langage qui n'atteignait pas les couches sociales qu'il voulait atteindre. Il aurait fallu intégrer l'enivrement, le montage et l'expressionnisme dans le mouvement communiste. [...] Les nazis n'ont pas cessé de nous dépouiller ; ils tiraient le plus grand profit du fait que nous avions abandonné ces territoires de la grande tradition révolutionnaire, et n'en utilisions plus, au mieux, que les noms - par exemple : Spartacus. » Les livres aussi sont longuement évoqués et explicités. D'Héritage de ce temps (célébration de l'expressionnisme) à l'oeuvre maîtresse, Le Principe Espérance.
Et évoqué le dur travail sur le concept : de « matière », par exemple, et des paradoxes par lesquels il faut en passer selon lui - le paradoxe de l'idéalisme. De même sur le concept de « morale » dans le matérialisme. De même du « non-encore-conscient », et de son corollaire objectif-réel, le « non-encore-devenu », La biographie, dans cet entretien, n'est jamais distincte de l'analyse ; elles s'entremêlent. Ainsi, fin novembre 1956, Ernst Bloch interpelle personnellement Walter Ulbricht, le premier Bloch parle ensuite de ceux grâce auxquels cette formation s'est affinée : Georg Simmel, en tant que professeur, mais par qui il se lia d'amitié avec Lukács. Puis, plus tard, après 1918, et après avoir publié son premier livre, L'Esprit de l'utopie :
Benjamin, Kracauer, Adorno, Klemperer, Weill et Brecht, dont il fait autant de portraits vivants, et beaux. Benjamin : « [...] un peu bizarre, excentrique, mais son excentricité était extrêmement productive. » Adorno : « [...] ses yeux d'un noir très dense, étrangement privés d'arrière-fond, exprimaient la tristesse, d'une façon que je n'ai jamais vue chez aucun autre homme. » Brecht : « [...] il n'est ni quelqu'un qui dit oui, ni quelqu'un qui dit non, ni non plus quelqu'un qui dit peut-être », qui, s'il avait vécu plus longtemps « aurait ouvert la voie à une forme de connaissance très différente ». Les échanges intellectuels avec chacun sont minutieusement restitués ; les motifs d'affinités établis, et les raisons des brouilles éventuelles rendues sans procès, attribuées aux seules évolutions des oeuvres et de la vie de chacun (l'orthodoxisation de Lukács, le conservatisme final d'Adorno, par exemple).
Bloch s'attarde aussi, bien sûr, sur la politique ;
Sur les rapports du communisme au nazisme :
Ce que le Parti communiste a fait avant l'accession d'Hitler au pouvoir était juste et bon ; ce qu'il n'a pas fait, par contre, relève de l'erreur. Le fait qu'il n'ait pas remarqué l'enivrement et qu'il ne se soit pas inspiré du montage qui captive l'imagination était Luxemburg, Marx et Engels, premières lectures politiques. La lecture de Hegel surtout sera essentielle, à une époque où celui-ci « était considéré comme un chien galeux dans toutes les universités allemandes ».
Résumé de cette formation peu orthodoxe : « Les Mille et une nuits, Fidelio et la Phénoménologie de l'Esprit sont les oeuvres qui ont, dès mes années de jeunesse, exercé sur moi une influence décisive. »
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Thomas Munzer ; théologien de la Révolution
Ernst Bloch
- Prairies Ordinaires
- Singulieres Modernites
- 21 March 2012
- 9782350960609
Thomas Münzer était un prédicateur révolutionnaire du début du XVIe siècle.
Maître en théologie d'abord rallié à Luther, il prit la tête du soulèvement armé qui, en 1525, traversa l'Allemagne des rives du lac de Constance jusqu'à la Thuringe et la Franconie en passant par le Tyrol, la Forêt-Noire et l'Alsace, contre les seigneurs féodaux et le clergé, ramassis diabolique "d'anguilles" et de "serpents", selon son Sermon aux princes de 1524. Ce soulèvement regroupa des ouvriers des mines, des paysans, des hommes "du commun" dans une guerre qui devait passer à la postérité sous l'appellation de Guerre des Paysans.
Peu après l'extermination des insurgés à la bataille de Bad Frankenhausen en mai 1525, Thomas Münzer fut arrêté, torturé et décapité. Une première fois. Car par la suite, entre occultations, oublis et résurgences, Münzer devient l'un de ces noms à travers lesquels se déploient nombre des aspirations, des craintes, des affrontements dans lesquels s'articule la politique moderne. Pour la pensée libérale du XXe siècle, c'est un terroriste, un fanatique, un précurseur du totalitarisme.
Ernst Bloch prend toute cette tradition à contre-pied : en prônant avec intransigeance une lecture littérale de la Bible, Münzer revendiquait l'égalité concrète de tous avec tous. C'est une figure éternelle de l'utopie, une allégorie de l'émancipation populaire.
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Le principe espérance Tome 3 ; les images-souhaits de l'instant exaucé
Ernst Bloch
- GALLIMARD
- Bibliotheque De Philosophie
- 27 November 1991
- 9782070714643
Aboutissement des thèses formulées dès 1918 par L'Esprit de l'Utopie et développées par les oeuvres suivantes, Le Principe Espérance, qui parut en R.D.A. entre 1954 et 1959, fut sinon la cause du moins le prétexte idéologique de la rupture entre Bloch et le marxisme officiel.Le livre mettait en oeuvre sur le front philosophique de l'histoire une subjectivité active, la conscience anticipante, où le marxisme officiel vit une véritable agression contre le matérialisme dogmatique de l'orthodoxie. Ce risque d'idéalisme, volontairement encouru, n'est certes pas le seul paradoxe de l'oeuvre blochienne. Mais son enjeu livre le sens de tous les autres : lutter contre la pétrification de la dialectique, combattre toute clôture péremptoire en métaphysique. Car la reconquête de soi entreprise par l'homme, le dépassement du règne de l'aliénation et de la marchandise, la réalisation de ce monde nouveau dont toutes les utopies sont l'anticipation abstraite - en un mot : le projet même du marxisme - ne sont pas encore accomplis. En ce sens le système hégélien constitue pour Bloch le carcan à briser pour se libérer de l'envoûtement de l'anamnèse et penser le futur.Oeuvre-système, Le Principe Espérance remet en cause toute idée de système, tout système culminant en une Idée : il s'ouvre sur le futur de l'homme et du monde. Tel est le sens de l'affirmation de ce principe que la sécularisation de la religion permet d'identifier comme celui de l'Espérance - principe d'un combat qui reste le nôtre et dans lequel, par un rappel de l'histoire, nous entreprenons l'apprentissage de l'espérance.Le tome I de l'oeuvre (qui en comprendra trois en français) constitue le premier moment de la réflexion. Bloch y enracine l'espérance dans une anthropologie des besoins et des désirs, des forces subjectives qui se mêlent aux avant-postes du réel avec les tendances historiques et trouvent en elles leur corrélat objectif : le monde naturel et social dans son mouvement.