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Elias Canetti
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«Le professeur Peter Kien, un homme long et maigre, savant sinologue [...], avait l'habitude de jeter un coup d'oeil aux devantures de toutes les librairies devant lesquelles il passait. Il trouvait presque plaisant de constater que la mauvaise graine et l'ivraie gagnaient chaque jour du terrain. Lui-même possédait la plus importante bibliothèque privée de cette grande ville. Et il en emportait toujours une parcelle sur lui. La passion qu'il éprouvait pour elle, la seule qu'il se permît dans sa vie sévère et studieuse, le contraignait à des mesures de prudence.».
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Elias Canetti (1905-1994) parle de Masse, comme Michelet du Peuple ou Tocqueville de la Démocratie. Il propose une théorie des rapports qui unissent les phénomènes de masse à toutes les manifestations de la puissance.Poussée d'irrationnel ? Explosion d'un fond primitif mal avoué ? Résurgence d'une panique collective jamais analysée ? C'est tout cela à la fois : Masse et puissance - Masse und Macht dans le titre original - est l'oeuvre d'une vie. Non celle d'un universitaire ou d'un savant, mais celle d'un écrivain dont le style, par la force et l'éclat de ses formules, parvient à convaincre le lecteur de la réalité quasi biologique de sa démonstration.Quel contemporain des guerres mondiales et des révolutions, des fascismes et du national-socialisme, ne sentira à quel point cette intuition nourrie de forte érudition anthropologique et psychanalytique s'enracine au plus intime, au plus charnel des bouleversements du siècle ?
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« La mort me brûle » : tout au long de sa vie, le prix Nobel de littérature Elias Canetti n'a cessé d'écrire et de réfléchir au thème de la mort. Conçu comme le pendant de Masse et Puissance, le livre qu'il projetait de lui consacrer voit enfin le jour.
Principalement composé d'inédits découverts après la disparition, en 1994, de l'auteur d'Auto-da-fé, ce recueil mêle notes, aphorismes, portraits et réflexions. Le regard de l'anthropologue alterne avec celui du romancier qui commente poètes, philosophes et scientifiques, tandis que le critique invoque mythes et satires. Et toujours, au coeur de sa réflexion, ce questionnement, qui illustre la blessure du XXe siècle : pourquoi les hommes se tuent-ils avec tant de fougue ?
À l'image d'un auteur au talent protéiforme, ce livre déploie les multiples facettes d'une pensée hors normes et toujours d'actualité.
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Hebel - Le Levier ; Hebel et Kafka
Elias Canetti, Frédéric Metz
- Pontcerq
- 17 January 2025
- 9782919648399
Hebel, écrivain en Allemagne admiré de Kafka, Benjamin, Bloch, Tucholsky, Wittgenstein, Heidegger, Canetti, Sebald, est en France presque entièrement inconnu. Le but de ce livre est de l'y introduire subrepticement, au moyen de trois études brèves abordant chacune un ou plusieurs aspects de l'oeuvre et de la vie de l'écrivain. Dans la seconde par exemple est, entre autres fils, suivie la manière dont la réception de Hebel changea en Allemagne dans les années 1920-1930 - sur fond de montée du nazisme, ou d'exil et de « repli ». Y est présentée la thèse, peu connue ici, que c'est autour de Hebel que Walter Benjamin, pour la première fois, eut l'intuition d'une alliance nécessaire entre théologie et matérialisme historique (où s'annonce la célèbre partie d'échecs de la Thèse n° 1 sur l'histoire).
Ces « Trois études » accompagnent une vaste opération de « kolportage » d'historiettes de Hebel vers la France, initiée en 2016 depuis Rennes - et sur laquelle sont dits quelques mots, en introduction.
Frédéric Metz
N. B. Ce n'est pas tous les jours, comme on sait, qu'est offert de découvrir - après un temps très long - un nouveau grand écrivain allemand du passé. Les « Trois études » proposées ici sont suivies d'une traduction du très beau discours prononcé par Elias Canetti à Hausen en 1980, inédit en français : « Hebel et Kafka ». -
Heureux ceux qui sèment et ne récoltent pas
Elias Canetti, Lea Goldberg, Marco Filoni
- Accro Editions
- 7 November 2023
- 9782931137079
Imaginez un homme, un poète, qui au cours de sa vie ne publie que onze poèmes. Rien que onze poèmes, en hébreu - une langue qui renaît après des millénaires d'oubli. Contre toute attente, son auteur se voit aussitôt reconnu par ses pairs comme l'un des poètes les plus doués et audacieux en ce début de XXe siècle. Abraham Sonne, ou Abraham Ben-Yitzhak sous son nom de plume, incarne alors l'espoir de l'ancienne langue ressuscitée. Mais cet espoir ne se concrétisera que partiellement, car Ben-Yitzhak cesse complètement de publier pendant douze longues années. Puis, en 1928, il réapparaît avec un dernier poème, intitulé « Heureux ceux qui sèment et ne récoltent pas ».
Alors Ben-Yitzhak cède la place au « Dr. Sonne ». Le premier rejoint l'Olympe des lettres, le second fréquente, tous les jours à la même table, le Café Museum de Vienne. Avec son regard d'ascète et son visage émacié, cet homme réservé mais doté d'un charisme singulier, qui avait écrit peu et à contrecoeur, impressionnait - par son érudition, son intelligence, et surtout par ses silences épiques - des intellectuels tels que Hermann Broch, Elias Canetti, James Joyce, Soma Morgenstern, Arthur Schnitzler, Robert Musil, Hugo von Hofmannsthal, le musicien Arnold Schonberg, le peintre Georg Merkel... (Marco Filoni, La Repubblica) Fascinés par le personnage, le prix Nobel de littérature Elias Canetti et la pionnière de la poésie hébraïque Leah Goldberg ont relaté de leurs plumes vivaces leurs tête-à-tête avec cet esprit exceptionnellement vaste et profond : Canetti dans la Vienne d'avant l'Anschluss, épicentre de la culture européenne, et Goldberg ensuite, à Jérusalem et dans la ville moderniste de Tel-Aviv. Leurs récits accouplés ici en un même ouvrage se lisent telle une oeuvre de fiction tant la tension y est forte et y vibre la passion. Face au Dr. Sonne, écrit Canetti, on sentait cette supériorité intangible qui faisait que quand il avait épuisé un argument on se sentait illuminé. Pour Goldberg, Sonne était le premier poète hébreu dont l'horloge n'indiquait pas seulement l'heure aux Hébreux, mais scandait le temps de la littérature mondiale.
Chapitre 1 : « L''Homme bon », de Elias Canetti, traduction de l'allemand, Walter Weideli (© Albin Michel) Chapitre 2 : « Rencontre avec un poète », de Leah Goldberg, traduction de l'hébreu, Dan Drai (© Accro Éditions) Préface : Marco Filoni