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La disparition des lucioles ; réflexions sur l'acte photographique
Denis Roche
- Seuil
- Fiction Et Cie
- 19 May 2016
- 9782021311839
Rien n'est plus grave que l'acte photographique. Pour un écrivain, s'y livrer c'est signer chaque fois un « départ d'orgueil ». C'est aussi abandonner à tout bout de champ les simulacres et les stratégies, échapper à la contrainte des persuasions, à la subtilité obligatoire des enchaînements. J'ajouterais même : au savoir-faire, si je n'étais sûr du contraire, sûr qu'il s'agit là d'un leurre qu'on rajoute tous les jours au débat sous une forme différente. Tout gain de liberté (et chaque instantané photographique en gagne) va de pair avec une augmentation de savoir-faire. C'est ça qui fait le style. Et c'est le vertige éprouvé à leur course commune, au sursaut qu'ils font sur l'abîme, qui définit bien sûr cet art.
D'où l'importance accordée tout au long de ce livre ? par le biais d'approches voulues aussi diversifiées que le sont l'essai, l'interview, la fiction, le journal intime, ou encore une série de photos commentées comme autant de schémas pensifs ? à la prise photographique elle-même, moment de sensation éperdue qui dit textuellement ceci : toute photo est une intelligence qu'épuise une lumière.
Les lucioles disparaissent peu à peu, cantonnées dans quelques réduits occasionnels de la nature. Mais tandis que ces charmants animaux à la lumière se font rares, nous autres photophores prenons le relais. La fabrication des photos ne laisse rien dans l'ombre, et surtout pas l'instant de folie pure qu'abrite le déclenchement de la photo.
Devant la gravité de telles certitudes, l'écrivain que je suis est renvoyé à la solitude, à l'angoisse, à la pénombre de sa durée. Mais à la beauté aussi, circulant entres elles et lui, qui valait bien le voyage.
Chaque photo répète la phrase de Proust : « Nous disions : après, la mort, après, la maladie, après, la laideur, après, l'avanie ».
On verra bien.
Denis Roche.
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La photographie est interminable ; entretien avec Gilles Mora
Denis Roche
- Seuil
- Fiction Et Cie
- 4 October 2007
- 9782020962742
Après plus de trente-cinq années de pratique photographique, et un certain nombre d'écrits qu'il a consacrés tantôt aux photographies des autres, tantôt à ses propres images, il revenait à Denis Roche de tracer non pas le bilan, mais le parcours, l'itinéraire, de la manière la plus chronologique possible, d'un artiste qui va lier sans cesse, en les approfondissant, l'autobiographie et la réflexion sur l'acte photographique, le hasard de la prise de vue et l'inconscient au travail.
Il s'est avéré que la meilleure façon de le faire était de recourir à l'entretien, d'abord parce que les questions de Gilles Mora étaient souvent inattendues et, quelquefois, dérangeantes. Ensuite parce que la parole , ainsi soumise au dialogue, se révèle plus libre et que, dans sa flexibilité, elle permet de faire sauter quelques verrous, sur l'intime, par exemple, et son rapport quasi obsessionnel avec la mort, ou bien encore sur la tentation de ce que Denis Roche lui-même appelle « la dernière photographie ».
On y verra aussi percer, çà et là, l'écho - c'est lui qui le dit - d'une autre recherche, d'un autre approfondissement, purement littéraire celui-là, qui serait, lui aussi, interminable.
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Un très bel ouvrage pour découvrir ou redécouvrir l'un des photographes majeurs de notre siècle.
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Le boîtier de mélancolie ; la photographie en 100 photographies
Denis Roche
- Hazan
- 2 December 2015
- 9782754108751
C'est une histoire de la photographie éminemment personnelle que nous propose Denis Roche (1937-2015) photographe, écrivain et poète. Cent photographies, cent textes, qui composent un parcours, de Nicéphore Niepce à Bernard Plossu, en passant par les plus grands artistes mais aussi par quelques inconnus, dénichés dans des boîtes en carton ou des albums de famille. Ici, rien n'est dû au hasard, chaque image ayant été choisie avec lenteur et discernement, chaque texte, dans la vie de l'artiste, dans le moment photographique. On apprend beaucoup à la lecture de ces textes et, plus que tout, on apprend à regarder la photographie.
« Je voulais faire le tour de ma table, aller ouvrir ma bibliothèque vitrée, sortir un appareil photo, n'importe lequel, dévisser l'objectif qui serait dessus et plonger mon regard dans le creux du boîtier à la recherche de ce trouble et de cette douceur que la mélancolie de cet art y mise depuis le début. » Paru en 1999 aux éditions Hazan, Le Boîtier de mélancolie est devenu un livre mythique, un ouvrage unique, dans lequel Denis Roche écrivain rejoint Denis Roche photographe.
Cet ouvrage a reçu le prix André Malraux décerné à une création artistique représentant le thème de l'engagement. -
Le livre de Denis Roche que publie lamaindonne sous le titre Les Nonpareilles regroupe un ensemble de 60photos - dont une quinzaine d'inédites - qui témoignent du goût de ce grand photographe, disparu en 2015, pour l'expérimentation visuelle. Cet ouvrage déborde largement la traditionnelle approche de son oeuvre, souvent réduite à l'autobiographie et tranche par son parti pris de mise en page: photographies présentées la plupart du temps seules, en pleine page et à bords perdus, choix graphique permettant de mettre en avant les qualités formelles de ces oeuvres. Ce livre montre comment la filiation constante de Denis Roche avec les avant-gardes photographiques et picturales et sa remise en question des codes habituels influencent sa façon d'envisager la prise de vue: formalismes des nus, reflets, angles et perspectives, choix de 2 contacts successifs, etc...Une mise en pratique de ce que Denis Roche appelait «l'impérieux besoin des structures, des lignes et des formes» sans jamais renier la part jubilatoire, le surgissement de l'inattendu, ou la charge sentimentale de l'acte photographique.
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Ce livre intitulé Aller et retour dans la chambre blanche, réunit un ensemble d'une cinquantaine de photographies dont certaines inédites, commentées de la main de l'artiste et issues du livre La disparition des Lucioles paru en 1982, ainsi que d'autres, iconiques ou moins connues, mais qui relèvent toutes d'une même logique du déplacement.
Cette relation au déplacement à l'oeuvre dans les photographies présentées intervient ainsi dans le déplacement physique de Denis Roche, entre l'ici (le lieu où il appuie sur le déclencheur) et l'ailleurs (l'endroit où il n'est pas ou plus), comme dans la manipulation de son appareil photographique qu'il n'hésite pas à retourner ou à détourner de ses usages, de ses cadrages habituels ou de sa qualité signifiante. Cet appareil, récurrent dans bon nombre de ses photographies, peut alors s'envisager comme une extension et une incarnation de l'artiste, ou bien encore comme un questionnement de l'acte photographique. Au-delà de ce seul déplacement physique, ce déplacement apparaît également dans sa dimension temporelle, entre rapprochement ou espacement des prises de vue, dans la distance entre le temps vécu et le temps représenté, comme dans le transfert du regard du photographe à un instant donné à celui d'un regardeur à un tout autre moment.
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Le boitier de la melancolie ; la photographie en cent photographie
Denis Roche
- Hazan
- Beaux Livres Hazan
- 24 February 1999
- 9782850256721
"Il me fallait, non pas remonter le cours de cette histoire, mais le descendre, de sa source unique jusqu'aux ramifications dernières de son estuaire, avec ma façon de regarder et ma manière d'écrire, avec des choix qui ne relevaient en rien de la science des historiens ou de la position du critique, mais au gré de ma fantaisie, de mes goûts et de mes opinions, en suivant les méandres du parcours sans chercher à en justifier le dessin.
En d'autres termes, je voulais faire le tour de ma table, aller ouvrir ma bibliothèque vitrée, sortir un appareil photo, n'importe lequel, dévisser l'objectif qui serait dessus et plonger mon regard dans le creux du boîtier à la recherche de ce trouble et de cette douceur que la mélancolie de cet art y a mise depuis le début." D.R.
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Le voyage mexicain, livre mythique de Bernard Plossu paru en 1979 est enfin réédité dans sa version originale accompagné de Jungle, un livre inédit de photographies couleurs qu'il réalisa à la même époque lors d'une expédition dans la jungle du Chiapas mexicaine.
L'ensemble ainsi constitué révèle comment un jeune homme d'à peine vingt ans, amateur de cinéma d'auteur et de films grand public met spontanément en place dès ses débuts de photographe une esthétique personnelle sans rien connaitre des photographes importants de son époque. Et dans le même temps, que ce soit sur la route à travers l'approche poétique du Voyage mexicain ou narrative de Jungle, on sent que tout est déjà en place : la conscience de son devenir d'auteur et son approche conceptuelle à travers les livres conçus comme des oeuvres à part entière.
Les deux ouvrages tirés à 1000 exemplaires vendus exclusivement ensemble sont présentés dans un fourreau.
Le voyage mexicain, préface de Denis Roche
C'est un témoignage optimiste de la beat génération, une rupture dans l'histoire de la photographie avec des cadrages à l'opposé de la tradition française, des images qui nous en disent autant sur le photographe que sur le pays traversé. La critique fut enthousiaste à la sortie de ce petit livre en 1979, et son auteur qualifié de « Robert Frank heureux ». Dans sa mémorable préface Denis Roche explique ce qu'est la liberté de la photographie qui permet qu'un savoir et une esthétique soient mystérieusement spontanés comme chez Bernard Plossu.
Jungle, textes de Bernard Plossu et Claude Nori
Début 1966, Bernard Plossu qui n'a que vingt ans est engagé comme photographe dans une expédition anglaise à la recherche d'un temple maya. Ce sera pour lui une façon d'améliorer sa technique mais aussi l'art de la débrouille et de la survie au contact d'une nature souvent hostile avec les quatre autres jeunes membres de l'expédition. Il tiendra tout le long de cette expérience, un journal dont des extraits sont publiés dans l'ouvrage, donnant à cette approche de son périple mexicain une dimension aventurière.
" Dans la vieille Packard 50, on file vers Guanajuato, dans l'infini de l'espace, des routes, dormant n'importe où autour d'un feu sous les étoiles, réveillés par les paysans, déjeunant dans les marchés ou les cantinas, dansant, chantant partout, bavardant avec des vieillards aux chapeaux de paille esquintés par le temps... ». -
"Photographier est pour moi un acte amoureux et un comportement face au temps qui passe intimement lié à ma rencontre avec Colette en 1991. Je photographie par envie et besoin en choisissant les moments dont je veux garder le souvenir, prenant les images de notre vie à bout de bras avec un appareil photo amateur autofocus qui tient dans le creux de ma main. Ne pouvant regarder à travers le viseur, je cadre bien souvent avec le sentiment incertain de découper l'espace au bon endroit. Sûr du moment je le suis moins de l'instant : il me faut alors prendre plusieurs clichés de la même scène. Le fait de cadrer sans regarder et de ne jamais décider de là où la mise au point sera faite font du hasard une des constantes les plus magiques de la photographie. Le hasard se mêlant au désir et au plaisir du moment dont il faut garder la trace.
La photographie est certainement l'art dont on peut le plus dire qu'il se tente. La brièveté de la prise rendant l'immédiate répétition de l'acte photographique toujours possible plonge souvent le photographe dans le doute et l'incertitude quant à l'image obtenue. Tenter à nouveau, toujours et encore. Le doute ne partira qu'une fois le film développé, face aux instants saisis réussis. Regarder mes planches de contact me procure alors un sentiment de redécouverte totale du moment vécu et je vois à ce moment-là très précisément ce que j'avais plus perçu que réellement vu." G.G.