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Andre Frere
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Anders Petersen
Christian Caujolle, Anders Petersen
- Andre Frere
- Juste Entre Nous
- 7 November 2013
- 9791092265101
«L'ancien élève et ami de Christer Stromhölm reste comme toujours attaché à l'humain, à son énigme, à sa solitude et à la profondeur des sentiments complexes qu'il a su mettre en évidence aussi bien à l'hôpital psychiatrique qu'en prison. Pour aboutir à cette profonde « vérité », il vit avec ceux qu'il photographie. Il résume parfaitement le dilemme qui est le sien : « Je sais que pour faire de bonnes photographies, pour être à la distance juste, il faut que j'aie un pied dedans et un pied dehors. Mon problème, c'est que je finis toujours par avoir les deux pieds dedans !
Cela date du tout début, quand, en 1967, il s'installe pour trois ans dans un bistrot du port de Hambourg, le café Lehmnitz, hanté par les marins en goguette, les prostituées, les paumés et les alcooliques du quartier. Là, on boit, on danse, on s'aime, on pleure, on chante. Anders vit là, prend des photos au vol et dresse un portrait bouleversant d'une humanité en dérive qu'il aime profondément. Et il révèle, dans des situations de marginalisation, une intensité et une vérité rares des sentiments. Poète d'un monde souvent noir, raisonnable à sa manière parce qu'excessif, Anders Petersen est en constante prise de risque.»
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Paolo Roversi par Christian Caujolle
Paolo Roversi, Christian Caujolle
- Andre Frere
- Juste Entre Nous
- 17 November 2022
- 9782492696121
Si on le connaît surtout pour ses photographies dans le domaine de la mode, Paolo Roversi n'est surtout pas photographe « de » mode. Ce grand connaisseur de la photographie - qu'il collectionne avec un goût très sûr -, cet amateur, au plus beau sens du terme, de livres qui, dès sa jeunesse l'ont familiarisé avec les classiques comme avec les auteurs de sa génération, est photographe, tout simplement.
Il considère chaque photo comme un « portrait », qu'il s'agisse d'un visage, d'une robe, d'un paysage ou d'une cafetière, et affirme sa passion pour August Sander, Diane Arbus ou Richard Avedon. Et évidemment Robert Frank dont il fut proche. Simplement parce qu'il cherche à « placer au centre du monde » ce qu'il photographie, qu'il s'efface pour pouvoir éliminer et épurer au maximum. Avec une grande élégance.
Au début, cela n'a pas été facile. Le COVID 19 nous a empêchés de nous voir en face à face et nous avons dialogué par écrans interposés, ce que ni l'un ni l'autre n'aimons et qui ne se prête guère au type d'échange qui est la règle, la base et le fondement de ces discussions. Dès la première rencontre physique sur la terrasse du Studio Luce et malgré l'intempestif passage d'un hélicoptère, la parole est devenue plus fluide. D'autant que le lieu est accueillant, que le studio, dans un immeuble des années trente au sud de Paris fait cohabiter espaces de vie et de travail. Comme une évidence. Retrouvailles complices, échanges, partage. Et toujours cette bonne humeur élégante, ce sourire qui plisse au coin des yeux, ce rire fréquent et jamais haut, cet humour léger, une façon de ne pas se prendre au sérieux, une forme de prédestination au bonheur comme une décision de vie. On sent à chaque instant une exigence, par nécessité et, tout aussi forte, l'indispensable liberté qui ouvre les portes. Le rythme est souple, musical, à la fois ferme dans ses convictions et jamais arrogant. Français parfait et précis pour le plus italien des parisiens, ou, peut-être, le plus parisien des italiens. Peu importe, d'ailleurs. Oui, une évidente élégance. Comme, plus tard, dans son appartement lumineux au dernier étage d'un bel immeuble. Un univers habité, ni en désordre ni vraiment rangé, surtout pas arrangé. Un monde de livres, dès l'entrée et dans presque toutes les pièces. Des livres de tous types, poésie, roman, philosophie, littérature, photo évidemment, livres d'art et de remarquables exemplaires reliés de belles éditions anciennes- vu une originale de Paul et Virginie, un ouvrage de 1776 sur l'Italie avec des aquarelles magnifiques ou un exemplaire des oeuvres complètes de Jules César - qui viennent de son épouse, Laetitia, ancienne top model descendante des imprimeurs typographes Firmin Didot. Un monde de photographies, partout, dans toutes les pièces, au mur ou sur des rangements en bois à croisillons. Peu de photographies du maître des lieux, finalement, mais beaucoup de pépites, de Robert Franck - beaucoup - à Diane Arbus - dont le si rare autoportrait enceinte - à Kertész - un petit tirage inédit d'une vue de Paris -, plusieurs Shoji Ueda ou Louis Faurer. Et tant d'autres, mêlés à quelques photos de famille. Face à un mur entièrement couvert de photographies, bouleversant, un Lucio Fontana blanc, d'un format inhabituellement grand, très pur d'une seule entaille verticale. On aperçoit, dans une bibliothèque dont les portes vitrées protègent des livres particulièrement précieux, un petit paquet carré, emballage mystérieux des tout débuts de Christo. D'autres peintures au mur, dont une d'un ami. Ici, rien n'est décoration, on vit dans un environnement où l'art trouve tout naturellement sa place pour que l'on vive avec lui. On le respire. Mais il ne s'agit ni d'un musée, ni d'une monstration, encore moins d'une démonstration. Pas de logique, pas de hiérarchie, une manière plutôt d'autoportrait fait de bribes de souvenirs, de moments d'une vie, d'émotions préservées.
Nous n'avons, finalement, pas tellement parlé de mode. Sans doute parce que ce n'est pas vraiment le propos, même si celui qui dit avoir été fortement influencé par August Sander est catalogué comme photographe « de mode » et que c'est son activité professionnelle principale. Mais il est évident que pour celui pour qui « tout est portrait » l'enjeu, le seul, est la photographie. Donc la lumière. Et une indispensable liberté que l'on retrouve dans la façon d'évoquer et sa pratique et des souvenirs, de se dire sans toujours se dévoiler, avec une pudeur qui n'est pas un calcul ou une cachotterie.
La parole est fluide, les émotions et les souvenirs reviennent, les convictions, les commentaires, sans affectation. On se parle. Juste entre nous. -
Raymond Depardon
Raymond Depardon, Christian Caujolle
- Andre Frere
- Juste Entre Nous
- 4 November 2014
- 9791092265217
Après Anders Petersen, Christian Caujolle, nous fait découvrir dans cet ouvrage l'univers du grand photographe de l'agence Magnum: Raymond Depardon.
En confiance, Raymond Depardon parle. Beaucoup, longuement, sans hésitation mais avec un débordement de digressions. Les repères temporels sont parfaitement en place, l'histoire présente, les souvenirs se combinent et les mots semblent en appeler toujours d'autres qui mènent la pensée ailleurs, ou plus loin qu'au moment où elle s'était mise en oeuvre.
De l'enfance rurale à «la montée à Paris», de l'agence Dalmas entre people quotidien et terrains d'actualité et de guerre à la fondation de Gamma dont il devient un jour rédacteur en chef embauchant de jeunes photographes, puis de Magnum au cinéma, puis du livre - essentiel - à l'exposition, un Raymond que l'on pense parfois taiseux se révèle volubile.
Il s'épanche sur ses motivations, ses envies, ses rapports, très importants et pensés en permanence à la technique, pour la photographie comme au cinéma. Choix d'appareil, de machines - dont il possède un très grand nombre, du Rolleiflex à la chambre grand format, et qu'il choisira en fonction du projet - qui détermineront un rapport au monde parce qu'elles imposent un angle de vision et une conception du plan. Il dit aussi sa relation à l'écriture, au texte, à la façon dont il les pratique et les lie.
Il dit, pudiquement, des aspects intimes de son parcours, les envies d'emmener avec lui en reportage celle dont il est amoureux à un moment, ses départs parce qu'une relation sentimentale n'aboutit pas, n'est pas satisfaisante, des départs entre besoin de ne pas souffrir et de prouver, à lui et à l'autre, ce qu'il est, ce qu'il peut dire et donner.
Une parole touffue qui correspond bien à ses tensions - qui ne sont jamais que des réalisations - entre photographie et cinéma qu'il transpose ou transporte l'une dans l'autre et vice-versa.
Des mots qui disent et tentent de cerner les « photos de colère » qui l'ont toujours animé, en Afrique comme en Amérique Latine ou en France, avec les paysans ou les paysages qui ressemblent encore quelque peu à ceux qu'il a connus dans sa prime jeunesse.
Des mots qui, souvent, lorsqu'ils s'apaisent, s'interrompent sur la permanence d'une solitude profonde. Celle qui le ramène toujours, sans que l'on le lui demande jamais, vers la ferme du Garet.