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Alain Brossat
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Ordo sexualis ; pour une critique de la morale sexuelle
Alain Brossat, Alain Naze
- Eterotopia
- Rhizome
- 8 October 2019
- 9791093250366
Jusqu'à quel point est-il possible de placer de façon prioritaire dans les champs du droit et de la loi des enjeux concernant la vie sexuelle, les rapports entre les sexes, les questions de genre ? C'est l'enjeu central de la discussion ouverte par cet essai.
Le « mariage pour tous », les débats autour de la majorité sexuelle, la campagne contre le harcèlement sexuel, les scandales de pédophilie dans l'Eglise catholique - autant de thèmes actuels de discussion qui, aussi divers soient-ils, se trouvent placés, d'une façon toujours plus impérieuse et exclusive, dans le champ de l'instance juridique, appelée à trancher. Et ce, que ce soit sous la forme de l'établissement de nouveaux droits ou bien sous celle de la codification de nouveaux délits et de leur sanction.
L'extension proclamée de la sphère des droits devient ici indissociable d'une accentuation de la répression frappant les inconduites sexuelles. L'accent est désormais placé avant tout sur les protections et les garanties immunitaires que les sujets individuels se voient accorder, sous ce nouveau régime de la politique et de la morale sexuelles. Ce nouveau pli contraste vivement avec d'autres topographies dans lesquelles la sexualité se trouvait étroitement associée à l'émancipation individuelle et collective, domaine d'exposition et d'expansion, associée aussi à la euête du bonheur, à l'expérimentation, inscrite dans l'horizon des plaisirs.
A l'évidence, notre époque est celle d'une accélération en matière de changements des normes régissant la vie sexuelle et les relations entre les sexes, la codification des questions de genres. Cette évolution rapide se place ellemême spontanément sous le signe du progrès. Les choses sont-elles cependant aussi simples ? Ce sont précisément les évidences nouvelles dont sont tissés ces processus qu'examine dans une perspective critique et ouverte cet essai.
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Comparer l'incomparable : naissance d'une nation et le juif Süss
Alain Brossat
- De L'Incidence
- 6 May 2021
- 9782918193647
L'écriture de ce livre s'agence autour du rapprochement entre deux des films les plus célèbres de l'histoire du cinéma mondial - Naissance d'une nation de D. W. Griffith (1915) et Le Juif Süss (1940) de Veit Harlan.
Les facteurs qui tendent dans l'esprit du public et de la critique à dissocier ces deux films sont si puissants que le premier n'a jamais cessé d'être réputé comme un chef d'oeuvre absolu et associé à la naissance même du cinéma états-unien, tandis que le second, tout aussi continûment, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, est désigné comme un objet criminel, ceci au point que sa diffusion se trouve soumise aux plus rigoureuses restrictions.
Et pourtant : deux films promouvant sans détour l'idéologie suprémaciste blanche, deux films dans lesquels la mise au ban de la race inférieure (les Noirs dans l'un, les Juifs dans l'autre) est présentée comme la condition de la survie et du rétablissement de l'intégrité de la race supérieure (blanche, aryenne), deux films obsédés par le motif du mélange des sangs et des espèces humaines, deux films violemment mixophobes, hantés par des images de viol - dans l'un comme l'autre, l'inférieur racial est un vibrion lubrique, entièrement adonné à son désir de la jeune femme aryenne innocente et pure.
Une même matrice fantasmatique parcourt ces deux films - celle qui agence le désir de mort de l'autre assigné à sa race dégénérée sur la hantise du mélange des sangs, du métissage racial et culturel.
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« La culture n'est pas une marchandise comme les autres. » Telle est aujourd'hui l'antienne consensuelle, voire unanime, qui réussit le tour de force de pouvoir être chantée à tue-tête par un ministre de la culture - qu'il soit de droite ou de gauche - comme par un intermittent du spectacle, par le président d'un groupe international d'édition comme par un modeste libraire de province, par un manager de maison de disques comme par un guitariste amateur de hard core, voire un pirate du net.
D'où vient pareille unanimité ? Comment comprendre que cette inflation vertigineuse de la « sphère culturelle », omniprésente, en tout lieu et à chaque instant de notre vie quotidienne, ne suscite qu'enthousiasme ou indifférence, mais jamais opposition ou inquiétude ? Alain Brossat part de cette énigme plutôt déstabilisante pour dessiner les contours de la « démocratie culturelle » dans laquelle nous baignons désormais, gavés et assoupis, et néanmoins isolés et insatisfaits. Ce nouveau régime de « gouvernance » supplante chaque jour un peu plus notre vieille « démocratie politique », vaincue par le marché et ses irrésistibles attraits : précisément les marchandises culturelles !
Non content de donner, avec les armes des plus grands philosophes, à commencer par Nietzsche et Foucault, un grand coup dans la fourmilière de notre tout-culturel, de ce « toujours plus de culture » que l'édition et la librairie connaissent si bien, non content d'être un livre de combat contre une pensée plus que dominante (il faudrait dire hégémonique), cet essai résolument à contre-courant dévoile l'ampleur de ce qui se joue dans ce glissement progressif de la politique à la culture : tout simplement notre servitude.