Pourquoi le Québec est-il une terre d'accueil singulière pour la communauté juive ? Comment la communauté juive l'a-t-elle transformé ? Comment s'exprime le judaïsme québécois et montréalais ?
Pierre Anctil dépeint ici l'histoire juive québécoise comme une succession de migrations venues d'Europe qui portaient en elles l'expérience d'une minorisation souvent douloureuse. Plus récemment, le Québec a accueilli des Juifs nord-africains, israéliens, sud-américains et français, qui se sont ajoutés aux premiers arrivants sans se fondre complètement à eux.
Les quatre siècles qu'embrasse cet ouvrage ont produit une prise de conscience aiguë, chez les Juifs du Québec, qu'ils appartenaient à une société à nulle autre pareille. Les droits qu'ils ont systématiquement réclamés et leurs contributions soutenues aux multiples sphères d'activité ont aussi donné naissance à un Québec bien différent de celui qui aurait été échafaudé à partir des seules valeurs traditionnelles du Canada français et du Canada anglophone. Il y a un judaïsme québécois et montréalais distinct de tous les autres en Amérique du Nord, et cette originalité émerge avec force du récit historique lui-même.
Après plus de trois décennies de questionnements et d'avancées, le temps était venu de réunir en un seul volume tous les constats auxquels étaient arrivés différents chercheurs dans ce champ d'études inédit. Une telle synthèse nous permet de retracer le récit historique de la présence juive au Québec dans toute sa durée, c'est-à-dire depuis les débuts du Régime français jusqu'au tournant du XXIe siècle.
Born in the Ukraine in 1896, and settling in Montreal in 1910, Segal became one of the first Yiddish writers in Canada. His poetry, infused with lyricism and mysticism, along with the numerous essays and articles he penned, embodied both a rich literary tradition and the modernism of his day.
Pierre Anctil has written so much more than a biography. For the first time, Segal's poetic production is referenced, translated and rigorously analyzed, and includes over 100 pages of appendices, shedding light on the artistic, spiritual, cultural and historical importance of his oeuvre. By introducing the reader to the poet's work through previously unpublished translations, Anctil demonstrates that in many respects it reflects the history of the Jewish immigrants who arrived in North America from Russia, the Ukraine and Poland at the beginning of the 20th century, as well as the tragic experiences of Jewish intellectual refugees of the interwar period.
This admirably written, sweeping yet subtle, work will appeal both to scholars and to a broader audience.
The original French version was awarded the prestigious 2014 Canada Prize in the Humanities by the Canadian Federation for the Humanities and Social Sciences.Né en Ukraine en 1896, J. I. Segal arrive à Montréal en 1910 et allait devenir un des premiers écrivains yiddish au Canada. Sa poésie lyrique et mystique, de même que les nombreux essais et articles qu'il a signés, incarnent à la fois une riche tradition littéraire et le modernisme de son temps.
Pierre Anctil a écrit bien plus qu'une biographie. Pour la première fois, la production poétique de Segal est référencée, traduite et analysée de manière rigoureuse. Elle est accompagnée de plus de 100 pages d'appendices qui jettent la lumière sur l'importance artistique, spirituelle, culturelle et historique de son oeuvre. En initiant le lecteur à l'oeuvre du poète grâce à des traductions inédites, Anctil montre qu'à plusieurs égards, Segal est le reflet de l'histoire des immigrants juifs arrivés en Amérique du Nord depuis la Russie, l'Ukraine et la Pologne au début du XXe siècle, de même que des expériences tragiques des intellectuels juifs réfugiés d'entre-deux-guerres.
Cet essai admirablement bien écrit, ambitieux et pourtant tout en nuances, plaira tant aux chercheurs qu'à un plus grand public.
La version originale française (Presses de l'Université Laval) a reçu le prestigieux Prix du Canada en sciences humaines remis par la Fédération canadienne des sciences humaines.
Quelle fut la réaction des francophones du Québec aux premières manifestations de la diversité culturelle à l'aube du XXe siècle ? Comment, en particulier, ont-ils accueilli les immigrants irlandais, juifs est-européens et chinois dans la ville de Québec ? En ces temps de bouleversement et de conditions économiques extrêmement difficiles, la population francophone majoritaire semble pour le moins inquiète, confuse et très réticence face à la venue de ces immigrants qui doivent surmonter de nombreux obstacles pour s'intégrer à la société canadienne-française. C'est du moins ce que révèle l'étude qu'a menée l'auteur de ce livre qui, par le prisme du journal L'Action catholique - soutenu par l'Église et représentatif des opinions d'une grande partie des élites francophones conservatrices -, décrit l'apparition de commerces juifs dans la capitale provinciale, et notamment l'ouverture, en 1931, du grand magasin Pollack.
Avec une écriture limpide, et appuyé par plusieurs images d'archive et des sources écrites, l'historien trace le portrait précis d'un sujet qui donne à mieux comprendre les enjeux politiques et idéologiques de la diversité religieuse jusqu'à aujourd'hui.
La position du journal Le Devoir à l'endroit de la communauté juive de Montréal et du judaïsme en général représente l'un des enjeux historiographiques les plus discutés de l'histoire juive canadienne. Les travaux rédigés en anglais évoquent souvent Le Devoir comme un exemple patent du repli idéologique et nationaliste du Canada français au cours des années 1930.
Or, aucune étude sérieuse ne semblait jusqu'à aujourd'hui étayer ou réfuter ces thèses. Pierre Anctil s'est donc attaqué à cette question dans ce quatrième ouvrage d'une série d'études consacrées au journal Le Devoir.
Des deux cents éditoriaux consacrés entièrement ou de manière partielle à la présence juive à Montréal, à l'antisémitisme en Allemagne et à la Shoah, soixante ont été retenus et reproduits en entier, en plus d'être commentés. À la lecture de ces textes, on peut percevoir le trouble et la confusion des éditorialistes à l'endroit de la modernité qui s'affirme peu à peu dans le Canada français, en même temps que se dessine un projet de société basé sur de nouvelles formes de solidarité sociale.
Pierre Anctil est professeur titulaire au Département d'histoire de l'Université d'Ottawa, où il enseigne l'histoire canadienne contemporaine. Docteur en anthropologie sociale de la New School for Social Research de New York, ses principaux champs de recherche sont l'histoire de l'immigration au Québec et au Canada et la culture juive de Montréal.