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« Si j'ai changé de vie et de langue maternelle, c'était pour pouvoir respirer alors que j'avais toujours étouffé. »Lori naît au Canada, à Kitchener, dans une petite ville anglophone de l'Ontario où le destin semble joué d'avance pour une fille de la classe ouvrière. Dès l'enfance, elle ressent un malaise que l'adolescence amplifie. Elle rêve de fuir, de se transformer pour devenir pleinement elle-même. Première étape : elle apprend le français et décide d'en faire sa langue maternelle. La littérature sera son sésame vers une autre existence. Conquérir les mots, c'est gagner son indépendance, trouver la voix du courage.
À l'éternelle question de sa mère, Who do you think you are ?, Lori Saint-Martin réplique par ce livre. Pour qui je me prends est le récit lumineux d'une femme qui a su se réinventer. -
La traduction, c'est une rencontre. Rencontre éprouvante, émouvante, exigeante, passionnée et féconde; espace de chevauchement, de frottement, de création; passage qui donne une deuxième, une énième vie aux textes. C'est de cette rencontre dans ses diverses dimensions que Lori Saint-Martin parle ici. Elle mêle réflexions, opinions et exemples concrets. Elle nous explique comment la traduction nous sauve de l'abîme, pourquoi elle est beauté, gloire et plénitude.
Cette traductrice de réputation internationale s'en prend à la vision répandue de la traduction comme perte, trahison, déformation. Elle affirme que l'idéal d'une traduction en tous points identique à l'original ne tient pas la route, puisque traduire, c'est toujours refaire, remanier.
Elle aborde également les aspects pratiques de la traduction littéraire, nous parle des conditions particulières dans lesquelles elle l'exerce : la collaboration entre le Québec et la France, et la traduction à deux. Elle s'intéresse à la réception des traductions, aussi bien chez les spécialistes universitaires que parmi le grand public, où la contribution des traductrices et traducteurs est trop souvent passée sous silence. Elle évoque la baisse inexorable des tarifs dans beaucoup de pays, la montée des traductions machine, pour revenir à l'éloge de la traduction comme entreprise artisanale : lente, belle, indispensable.
Enfin, en coda de ce livre, elle se prononce sur la question brûlante, neuve, essentielle, de la traduction et de la diversité.
« On voit souvent la traduction littéraire comme un mal nécessaire. On a tort. Elle est un bien nécessaire, comme l'eau, comme l'air. Non pas un pis-aller, mais une oeuvre en soi. Elle transporte, enrichit, vivifie. Pour qui veut échapper à l'enfermement et connaître le monde, elle est la vie même : le vent de l'ailleurs, le parfum des autres cultures, le sel de l'esprit, le souffle vaste et multiple des langues et des oeuvres du monde. »
Lori Saint-Martin -
Lori Saint-Martin quadrille, arpente et concentre en de très courtes proses le territoire de l'intimité entre amants, couples et familles. Elle fait les comptes et dresse un inventaire des haines et des désirs, des peurs et des plaisirs. Sa plume détaille et dévoile, experte à épingler les enchantements du passé et les désenchantements du présent. La chair blanche du mangoustan parfume l'adultère ; le miroir noircit le visage d'une jeune fille ; la maison menace ruine tant la rancoeur mine la vie conjugale ; une tache de thé sur une nappe blanche amplifie l'ombre écrasante d'une mère ; une robe fleurie maquille un deuil ; l'échine ployée dissimule le ressentiment d'un vieillard ; une allumette qui flambe scelle le destin d'un adolescent.
L'auteure de Mathématiques intimes nous offre des portraits d'une finesse rare. Chaque récit réfléchit l'image exacte du fatum : rester sur le seuil de la vraie vie ou franchir le pas. -
Le nom de la mere. meres, filles et ecriture dans la litterature
Lori Saint-martin
- Alias
- format poche
- 20 February 2017
- 9782924787168
Mise en doute par certains et considérée comme allant de soi par d'autres, la spécificité de l'écriture au féminin est au coeur de nombreux débats. Lori Saint-Martin prend ici
parti et propose une explication éprouvée, inspirée de la théorie littéraire et de la psychanalyse féministe : le rapport mère-fille, pivot de l'identité des femmes, est tout aussi déterminant pour leurs écrits. Un essai subtil, provocant et tout à fait actuel. -
Philippe et Catherine. Ils sont peintres tous les deux. Il fait de grandes toiles, elle des petits formats. Il est riche, célèbre. Elle est connue d'une poignée d'admirateurs et de connaisseurs.
Il s'enferme tout le jour dans son atelier pour travailler. La porte close, elle ne la franchit jamais. C'est une convention tacite entre eux. Elle fait marcher la maison. C'est elle qui a élevé leurs trois filles. Il reçoit les modèles qu'il peint. Des jeunes femmes qu'il ne revoit plus jamais ensuite.
Quel est ce mystère qui fait que deux personnes traversent la vie ensemble ? Est-ce que cela s'appelle toujours l'amour ? Malgré les trahisons, les rapports de force, les jeux de séduction, la manipulation, la jalousie, la haine, l'envie de tout détruire. Malgré les enfants qui emportent chacun un morceau de notre chair. Malgré le fantôme des parents qui ne cesse de nous hanter. À quel prix un couple réussit-il à durer jusqu'à la fin ? Faut-il nécessairement qu'il y ait une victime ?
Avec une lucidité impitoyable, servie par une écriture d'une rare maîtrise, Lori Saint-Martin explore cette folie à deux qu'est un couple. Couche après couche, elle élimine tous les mensonges, toutes les illusions, tous les simulacres, pour arriver à dessiner ce mystère, le plus grand qui soit, peut-être.
« J'ai regardé sa main sur la table, une main longue et fine mais aujourd'hui tavelée, parcheminée, aux doigts légèrement déformés par l'âge et le travail. Des mains que j'ai vues peindre, bien sûr, et manipuler les couverts, et tenir le volant pour nous guider dans les tempêtes, et me caresser sans qu'alors je regarde. Et je me suis dit : oui, on restera sans doute toujours ensemble même si, par moments, je rêve de franchir le seuil pour la dernière fois.
Et encore, qui sait ? Je regarde vers la porte, vers le vaste monde, mesure la distance qui m'en sépare, un chat prêt à bondir. » -
L'enfance moud le langage et en tire des métaphores. Un monde nouveau est donné à voir par le biais des consciences alertes, avides, généreuses des personnages d'enfants créés par Lori Saint-Martin. Mais il arrive qu'à la lumière des expressions succèdent les ténèbres d'une chambre de petite fille dans laquelle pénètre un père, la nuit, alors que le « non » fait défaut.
La succession des nouvelles permet à l'auteure de créer un véritable tourbillon dont l'on sort tantôt en état de choc, tantôt dans l'émerveillement, toujours ému. -
Au-dela du nom - la question du pere dans la litterature quebecoise actuelle
Saint-Martin Lori
- Les Presses de l'Université de Montréal
- 14 July 2011
- 9782760626829
Qu'est-ce, aujourd'hui, qu'un père ? Dans la plupart des sociétés, le père a longtemps incarné une figure d'autorité tantôt rigoureuse, tantôt bienveillante, mais le plus souvent assez lointaine. Le « nom du père » symbolisait toute l'assurance d'une culture fondée sur un ordre patriarcal. Qu'advient-il désormais de cette figure paternelle dans un contexte qui a transformé la famille et redéfini les rapports sociaux entre l'homme et la femme ? Qu'en disent les écrivains contemporains, hommes ou femmes, dans leurs fictions ? En se penchant sur un vaste corpus de textes écrits pour la plupart au cours des vingt dernières années, Lori Saint-Martin fait ici le pari d'explorer tant les voies nouvelles que les impasses suscitées par cette « crise de la paternité ». Dans un essai rigoureux mais vivant et accessible, elle montre que loin de s'être éclipsé, le père est présent en force dans la fiction québécoise, sous des formes plus variées que jamais. Il prend aussi la parole pour dire son expérience quotidienne, alors que jusque-là, c'est l'enfant-narrateur qui l'encensait ou le jugeait. « Au-delà du nom » transmis aux enfants par l'état civil et d'un pouvoir parfois abusif, une paternité nouvelle se dessine.