La poésie moderne "enfonce" le monde et l'esprit pour y appréhender un sens enseveli. Elle naît de la profondeur multiple ; elle la mime, l'anime et l'opère, comme physiquement, par le jeu de son langage.
Ces essais, consacrés aux œuvres de Nerval, Baudelaire, Verlaine et Rimbaud, s'efforcent de saisir un moment originel de la création littéraire. Ils tentent d'analyser les quelques bonheurs d'expression à travers lesquels tout écrivain découvre sa voix et sa vérité d'homme.
Balzac, Hugo, Lamartine, Vigny, Musset, Guérin, Sainte-Beuve : pour chacun de ces grands écrivains romantiques, Jean-Pierre Richard a voulu dessiner le paysage qui lui était propre : ce monde singulier de sensation, de rêverie, d'écriture, où se retrouve, chaque fois différent, le plaisir de la lecture.
Pour la phénoménologie, a-t-on dit, "les sens ont un sens" : si elle a raison, c'est bien ce "sens des sens" que ces études tentent de repérer, d'amener progressivement au jour.
Voici un petit livre consacré à quatre écrivains d'aujourd'hui : deux d'entre eux, Pierre Michon, Pierre Bergounioux ont fait l'objet déjà d'une large reconnaissance. Deux sont encore à découvrir : Yves Bichet, Dominique Barbéris. Entre eux, bien des différences, certes, mais un aspect commun aussi : le lien original, singulier et comme fondateur que leur oeuvre réussit à établir entre invention verbale et saisie de ce que Merleau-Ponty nommait chair du monde. La pensée y vit au vent des choses. La littérature ne se contente pas de s'écrire : on dira, avec un philosophe moderne, qu'elle s'excrit.
J.-P. R.
« J'ai épousé la plus belle paire de seins des Beaux-arts, j'ai une situation stable, ce qui est rare pour un artiste, je suis employé comme sculpteur pour un musée de cire. Je modèle des hommes et des femmes politiques, quelques savants et, de temps en temps, un nageur ou un footballeur. Chaque fois que je façonne un de mes personnages, je me sens empli de fierté et d'un sentiment de puissance. Le « syndrome de Gepetto ».Et puis un beau jour, moi, dont la seule aventure était le trajet entre mon appartement et mon atelier, je me suis retrouvé projeté au coeur de l'un des plus ahurissants complots de l'Histoire ! Gepetto était devenu Pinocchio. »Avec son sens de l'humour et son goût pour la fantaisie, Jean-Pierre Richard, l'auteur de La Fille tombée d'un rêve, nous entraîne dans une comédie pétillante où il épingle joyeusement les travers de notre société spectacle...
Qu'ont-ils donc en commun tous ces personnages : piquante danseuse dans un bar à touristes, voisin de bar roublard, acteur sans emploi à cause de sa petite taille, copain de classe retrouvé par hasard, vieille dame suavement indigne au passé sulfureux ?
Une invisible étincelle qui court de l'un à l'autre et qui va réveiller un passé enfoui, déclencher un amour, faire basculer un destin...
Jean-Pierre Richard, l'auteur du Président du marigot et d'Un ange distrait, nous offre avec ces nouvelles pétillantes et pleines de charme un bouquet d'émotions, une mosaïque d'éclats de vie.
"Notre moindre désir, bien qu'unique comme un accord, admet en lui les notes fondamentales sur lesquelles notre vie est construite." Par ces quelques mots, Proust ne nous indique-t-il pas l'une des manières possibles de le lire ?
Nouant magistralement la critique thématique à ces deux pratiques voisines que sont la sémiologie et la psychanalyse, Jean-Pierre Richard reconstruit ici les trois champs essentiels où s'investit le désir proustien : la matière (ou l'euphorie de la consistance), le sens (ou l'objet herméneutique), la forme (ou le travail des figures sur le monde sensible et dans l'écriture romanesque).
Prisonnier de guerre, Antoine est affecté comme jardinier d'un de ces " lebensborn ", laboratoires de la race chargés de produire de parfaits aryens. Dans ce Jardin en enfer installé dans la villa même du grand écrivain Thomas Mann, contraint de fuir le régime hitlérien, va naître une improbable histoire d'amour entre le jeune homme juif et une infirmière allemande. Un amour fou autant qu'impossible, un grain de sable glissé dans la machinerie nazie.
Journaliste et réalisateur de fictions télévisées, Jean-Pierre Richard signe ici son cinquième roman, où des destins se croisent et font surgir l'espoir au milieu des décombres.
Whisquierda : Contraction composée de Whisky et Izquierda (gauche), utilisée par certains révolutionnaires d'Amérique latine pour définir ironiquement les intellectuels de gauche vivant confortablement dans les pays capitalistes. Quelque part en Amérique du Sud, une montagne, au sommet de laquelle se dresse une tour : le Palacio de las Nubes. Là, vit le dernier dictateur de la planète, Herrera. Près de lui, une jeune femme silencieuse, Eva, et un chien hargneux, Don Miguel. Le Président a fait dynamiter toutes les routes. Le seul lien qui rattache désormais son palais à la capitale est un téléphérique contrôlé par une garde prétorienne, la sinistre Légion Noire. C'est que, dans les forêts d'alentour, se terrent des guérilleros qui ont juré de l'abattre. Un jour, dans ce décor insolite, arrive Paul, écrivain sur commande que le Dictateur a fait venir de Paris pour y recueillir ses mémoires. Dans ce repaire fou, entre ce personnage à la Orson Welles et cette Eva au visage énigmatique, Paul sent basculer son petit univers fait de bonne conscience : à Paris, ses amis, intellectuels de gauche, lui avaient décrit Herrera comme un tyran inculte et brutal : Paul découvre tout le contraire... A la fois roman politique et roman d'aventures, Whisquierda est aussi un conte cruel qui instruit le procès de notre société où l'on se pare d'idéologie comme d'une mode : la Révolution se porte cintrée une année et taille basse l'hiver suivant.
Parlant d'un écrivain, qu'appellerons-nous son paysage ? D'abord l'ensemble des éléments sensibles qui foment la matière et comme le sol de son expérience créatrice. Ce décor peut, on le sait aujourd'hui, être interprété. Chez Chateaubriand par exemple, à travers la hantise du vide, le sentiment d'un objet inconsistant ou effrité, la recherche des écarts, des déhiscences, à travers aussi les images obsédantes du père, du roi, de la soeur, on lira les grandes lignes d'un projet : celui d'être, comme il l'écrit lui-même, un "homme de la mort" et "aimé d'elle", membre de ce "troupeau choisi qui renaît".
Mais comment renaître d'un néant qu'on a dès l'abord élu pour sa demeure ? En se fabriquant certaines figures concrètes de réanimation du négatif (ici l'écho, la provocation sensible, l'effluence, le souvenir, l'histoire). Et surtout en écrivant. Car tout grand écrivain meurt et renaît par la littérature. Voici que s'offre alors un deuxième sens possible du mot paysage : le paysage d'un auteur c'est aussi peut-être cet auteur lui-même tel qu'il s'offre totalement à nous comme sujet et comme objet de sa propre écriture. C'est en somme cet espace de sens et de langage dont le critique essaie de manifester la cohérence unique, de fixer le système, - sans avoir pourtant jamais fini d'y cheminer.
Jean-Pierre Richard
"On s'accorde assez communément aujourd'hui à reconnaître à la littérature une fonction et des pouvoirs qui débordent largement son rôle ancien de divertissement, de glorification ou d'ornement. On aime à voir en elle une expression des choix, des obsessions et des problèmes qui se situent au cœur de l'existence personnelle. Bref, la création littéraire apparaît désormais comme une expérience, ou même comme une pratique de soi, comme un exercice d'appréhension et de genèse au cours duquel un écrivain tente d'à la fois se saisir et se construire.
C'est dans cette perspective qu'il faut lire les études ici réunies. On y verra Flaubert, Stendhal, Fromentin, les Goncourt, successivement occupés, souvent d'ailleurs sans le savoir eux-mêmes, à la recherche de certaines solutions intérieures." J.-P. R.
Le jour o Antoine Pezner, photographe, sauve le dernier rhinocros du Cameroun, il ne peut imaginer quel point sa vie va en tre bouleverse. Bless la cuisse, rapatri Paris, condamn rester clotr chez lui, il tourne en rond... jusqu' ce qu'une inconnue, s'abritant derrire un trange pseudo toile furtive , surgisse de l'cran de son ordinateur avant de disparatre aprs cet ultime message : Sachez que tous les soirs cette mme heure, je penserai vous. Vous me manquerez. Antoine dcide alors de traverser le miroir...
Des bords du lac Tchad aux rives de la Garonne, entre manipulation, magie noire et jeu de sduction, toile furtive nous entrane dans un tourbillon hallucinant o se croisent d'nigmatiques et insaisissables personnages. Un vritable plongeon dans un univers hitchcockien, avec la touche de fantaisie de Jean-Pierre Richard.
Nul, au temps de Shakespeare, n'a su autant que lui transmuer l'obscénité verbale en énergie dramatique, jusqu'à produire sous l'intrigue officielle de ses pièces un tout autre spectacle, fait des péripéties salaces du langage lui-même.
C'est à cette production parallèle, à cet autre théâtre, le plus souvent désopilant, que nous sommes invités à assister ici. On y découvre un pan méconnu du génie créateur de Shakespeare. Car ce montreur d'hommes est aussi un pornographe hors pair, assurément le plus doué de sa génération. De sa première à sa dernière (39e ?) pièce, il a cultivé systématiquement une double entente saturée d'obscénité, qui va bien au-delà de la trouvaille ponctuelle, dans le cadre d'une véritable stratégie dramaturgique de l'équivoque.
Ce voyage d'exploration pourra éclairer les anglicistes, les traducteurs ou les gens de théâtre. Il se lit aussi comme un recueil des mille et un contes grivois qui composent, pourrait-on dire, le Décaméron de Shakespeare.
Onze études sur la poésie moderne
Pierre Reverdy, Saint-John Perse, René Char, Paul Éluard, Georges Schehadé, Francis Ponge, Guillevic, Yves Bonnefoy, André du Bouchet, Philippe Jaccottet, Jacques Dupin.
Quel est le projet de ces études ? Saisir la création littéraire à son origine, surprendre la conscience poétique au moment où elle se découvre à elle-même dans l'aventure d'un monde et d'un langage. Pour chacun des poètes considérés, l'auteur a tenté de dessiner les grandes lignes de son univers imaginaire : système de sensations favorites, de formes préférées, d'images récurrentes – paysage mental né du paysage réel, et l'inventant cependant, le réarticulant dans un espace neuf de mots et de choses.
Jean-Pierre Richard
Professeur, de 1969 à 1984, aux universités de Paris-Vincennes puis de Paris-Sorbonne, critique littéraire influencé par la phénoménologie et la psychanalyse, il a introduit la matière et la sensation dans les études littéraires.
Personne n'a oublié ce 4 juin 2007, lorsque toutes les télévisions du monde interrompirent leurs programmes pour diffuser l'incroyable nouvelle : «L'avion du président de la République française vient de disparaître des écrans radar au-dessus de l'Afrique équatoriale.»
Au bout de cinq semaines, on abandonna les recherches. Il était évident que le Président et sa suite de ministres, d'hommes d'affaires et de journalistes avaient été engloutis à jamais par la forêt primaire.
On décréta un jour de deuil national et la vie reprit son cours.
Nous sommes en mesure de vous révéler aujourd'hui les singuliers événements qui suivirent le crash de l'avion présidentiel.
À travers le regard goguenard des habitants de la brousse, Le Président du Marigot raconte l'extravagante aventure de ces élites de la nation qui prétendent régir le monde et sont incapables de dépecer un singe...
Imaginez votre stupéfaction en découvrant un beau jour que vos enfants sont la réincarnation de votre grand-père et de votre grand-tante qui sont aux cieux depuis bien longtemps ! Et tout ça par la faute d'un ange stagiaire qui a interverti la mémoire des enfants et celle de leurs aïeux... Les bavures divines existent et cette étrange aventure survenue dans une paisible petite ville des bords de la Gironde en est la preuve...
Avec ce récit original, drôle et tendre, Jean-Pierre Richard brosse un portrait décapant de notre société à travers le regard de deux enfants centenaires.
Pierre, impuissant face au temps qui passe, regarde l'amour que sa femme lui porte se dissoudre et s'échapper entre ses doigts, comme le sable poussé par le vent.
Pourtant, la sensualité d'Adeline le subjugue toujours autant. Il n'est malheureusement pas taillé pour se battre contre les émotions qui le bouleversent et qu'il ne comprend pas.
De plus, il y a ces nouveaux voisins qui arrivent, peut-être juste au mauvais moment, dans une période où, justement, Adeline doute. Naufrage des sentiments.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Avec son premier roman intitulé Le temps ne fait rien à l'affaire, Pierre-Michel Richard exprime tout l'amour qu'il a pour les humains et pour la littérature.
La science moderne réalise de véritables prodiges en matière de procréation. Une grand-mère porte et met au monde les triplés de sa fille. À l'inverse, une jeune célibataire se charge de fabriquer le descendant que sa mère remariée ne peut donner à son second époux. Une femme sans ovaires parvient à concevoir. Grâce aux banques de sperme, un mort peut continuer à faire des enfants à sa veuve. Quant aux bébés, ils accomplissent, eux aussi, de sensationnels exploits. Certains viennent au monde sous l'eau et peuvent ensuite y évoluer ou dormir en flottant à sa surface. Au Better Baby Institute de Philadelphie, des bambins de moins de trois ans étudient les mathématiques, les langues étrangères, la musique. Voilà les cas incroyables, mais vrais, que la presse nous signale. Mais que se passe-t-il ensuite ? Le journaliste, qui doit s'en tenir aux faits, ne peut évidemment pas le dire. En revanche, le romancier peut l'inventer. C'est donc une véritable biographie imaginaire que Pierre-Maurice Richard entreprend ici d'écrire, lorsqu'une « fantaisie de la nature » fait naître Eugène Adam - un être hors-série, doté d'une programmation et de facultés à première vue inexplicables. Avec une lucidité volontiers moqueuse, l'auteur explore le mystère, puis relate toutes les étapes du fabuleux parcours de ce personnage d'exception, promis à un éminent destin, mais qui - malgré ses singularités et ses dons - demeure profondément humain et proche de nous. Pierre-Maurice Richard sait l'art de rendre crédible même « l'extra ordinaire » et entraînera le lecteur aux confins du réel et d'un fantastique qui garde toujours sa propre logique. Un roman, lui aussi « différent », où la drôlerie voisine avec le dramatique, l'humour avec la gravité, l'exubérance avec la sobriété et qui possède le secret de distraire, aussi bien que d'émouvoir.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, en 1945, Eugénie Droz fondait les Textes Littéraires Français, une collection dévolue à l'édition critique des textes significatifs du patrimoine littéraire de langue française du moyen âge au XXe siècle. Accessibles, dans un petit format maniable, chaque édition est accompagnée d'une introduction, de notes, d'un glossaire, si nécessaire, et d'index. Cet appareil critique exigeant accueille l'érudition des meilleurs spécialistes pour éclairer la genèse des oeuvres et, quelle que soit leur époque, livrer au lecteur contemporain les explications les plus minutieuses sur le contexte historique, culturel et linguistique qui les a vues naître. Depuis soixante-dix ans, la collection a accueilli, outre quelques édicules, plus de 600 monuments littéraires français.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.