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Henri Corbin
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« Sinon l'enfance, qu'y avait-il alors qu'il n'y a plus ? » Saint-John Perse, Eloges, 1948.
Ces deux mots simples, mais riches d'évocations, Henri Corbin les a empruntés à l'illustre poète guadeloupéen pour raconter les premières années de sa vie. La même île les a vus naître, mais les milieux qui les ont accueillis sont différents. Différentes seront les visions qu'ils en auront, pas seulement à cause du temps historique qui les sépare, mais aussi parce que les situations de départ, les origines, les conditions de vie, sont fortement séparées. Le monde préservé de l'enfant Alexis Léger, qui deviendra Saint-John Perse, n'est pas celui de l'enfant Henri Corbin et les destinées qui au départ sont censées leurs être offertes, ne sauraient être les mêmes. Certes, tout homme, dans le déroulement de son existence, dispose d'une marge de liberté qui lui ménage un en-deçà ou un au-delà de ce que sa naissance pourrait lui imposer là réside, pour le lecteur le prix du témoignage d'Henri Corbin sur lui-même : il y révèle comment, malgré un début dans la vie plein d'aléas et d'angoisses, peut se dégager la voie de l'accomplissement, surtout si on a eu recours aux ressources de l'esprit et à la création. -
Le Privilège de l'Histoire
Henri corbin
- Coédition NENA/Panafrika/Silex/Nouvelles du Sud
- 9 May 2019
- 9782379181962
Voici un livre nouveau, un livre simple comme d'ouvrir les yeux à la naissance d'un cheminement, un livre qui demande si son obscur parcours produira des fruits de lumière et si une vie qui s'est levée sur des bruits de morts vaut la peine qu'on s'y attarde. Mais le chant altier de ceux qui partent du bon pied pour vivre commodément ne prodigue pas toujours les joies attenantes et le cri qui s'envole en bouleversant la mer n'est pas toujours une semence perdue. Par bonheur, la terre natale sait d'instinct irriguer l'image. Elle nous appelle de sa haute fièvre dans l'écoulement du soir, sans fausseté aucune et jamais à bout d'espoir. L'ouvre d'art qu'elle fertilise plonge toute cahotante aurore, toute aventure ruineuse dans un flux de joie repeuplée, son maternel langage sait raccorder les cours soupçonneux, faire baisser l'arme de détresse. Est-il autre espace plus rassurant pour confirmer l'audace des enjambées peureuses? Que son peu de bleu qui ne soit pas défloré par le temps permette de conserver intact le ciel. Quant à moi, j'ai trop vécu au dehors, exposé aux froidures, tourmenté par le don des ruines et l'incendie longé, exempt de la densité de l'amour proche à s'accomplir. Les mirages qui de leurs sables s'ouvrent et illusionnent le rivage, les tentatives d'existences rêvées ne prolifèrent plus à ma vue. Les ornières passées ne s'interrogent plus comme à regret. L'heure est venue de me retirer dans les feuillets d'un livre qui emprunte par plaisir aux brumes de l'enfance rappelée et de me tenir dans les parages crépusculaires du soleil déclinant des fins de vie.
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La terre où j'ai mal
Henri Corbin
- Coédition NENA/Panafrika/Silex/Nouvelles du Sud
- 9 May 2019
- 9782379182068
Personne mieux qu'Édouard Glissant n'a su évoquer l'univers poétique d'Henri Corbin, y jeter un instant de lumière vraie. Ce fragment de la préface de Plongée au gré des deuils pourrait introduire La Terre où j'ai mal plus entièrement consacrée à l'espace du quotidien et du passé antillais. Il faut plonger aux méandres de la mémoire pour mieux profiter de la poésie d'Henri Corbin. La lecture introduit d'abord à un monde d'images : la ferveur la plus immédiate y confronte un instinct savant du rythme. On sent que ce monde est tissé de clartés neuves, nourri de contacts avec tout ce qui autour de nous prépare aux illuminations, aux plongées, à l'effervescence de la mer et des sables. Mais on voit aussi que ces touchers délicats sont soutenus non par la connaissance besogneuse qui régit les hommes de lettres mais par une logique des profonds, la même qui organise l'univers des choses, le mouvement et la force, la grâce des arbres touchés par la lumière. Henri Corbin nous parle de ce qui l'entoure et le convainc, sans répit, dans son pays. Il n'y a là qu'un seul chemin. De même que c'est en notre mémoire que le poème se commue, de même est-ce en la mémoire (en l'histoire) du pays antillais, inscrite dans les roches et la terre offensée, que la beauté perçue par un seul irradie à la fin en connaissance partagée.
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Anthologie sémaphore
Chantal Allizard, Michel Bariod, Norman Bragg, Richard Chambon, Claude Dufour, Anthony Fillet, cl Jean
- FeniXX réédition numérique (La Bruyère)
- 25 March 2020
- 9782307423096
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.